ranx:synthese_sur_les_plus_values_des_maisons_d_edition_quebecoises

Synthèse

Les plus values des maisons d’édition québécoises

Après avoir étudié les plus values d’un vaste corpus de maisons d’édition québécoises, trois grandes tendances sont perceptibles dans cette sous-culture littéraire : les éditeurs leur confèrent une valeur mémorielle, promotionnelle et ludique.

Les plus values comme objets souvenirs

Le milieu de l’édition au Québec bien qu’en constante effervescence, tend à être un milieu où il est difficile de se tailler une place et encore plus d’y survivre au fil des ans. Plusieurs éditeurs, pour célébrer leurs 5, 10, 15… ans dans le domaine, font paraître des publications à tirage limité ou organisent des évènements pour cette occasion. C’est le cas de la maison d’édition Alto qui publia en 2010, cinq nouvelles inédites pour souligner leur 5e anniversaire. Ces nouvelles furent imprimées en quantité limitée et distribuées gratuitement lors d’évènements littéraires. Pour les 10 ans du Quartanier, en 2013, cette maison d’édition fit paraître la Série Nova ainsi que 200 exemplaires d’un coffret comprenant les dix novellas. Dans le même ordre d’idée, les éditions La Pastèque célébrèrent en grand leur 15 ans. En 2013, La Pastèque fut le sujet d’une exposition au Musée des beaux-arts de Montréal. Cette exposition a été accompagnée d’un album anniversaire retraçant les 15 ans de cette maison d’édition. On retrouve, dans ce livre, un grand nombre d’archives, d’entrevues et de témoignages démontrant l’apport considérable de La Pastèque dans l’univers de la bande dessinée québécoise. Pour les 25 ans de Septentrion, l’éditeur a organisé plusieurs évènements, dont différentes visites guidées gratuites du Vieux-Québec et de l’Île d’Orléans. Également, on répertorie une anthologie et un essai parus aux Herbes rouges pour souligner leur quarante ans, un concours organisé par Québec Amérique pour son 40e anniversaire où quelqu’un aura la chance de gagner quarante titres du catalogue de cet éditeur et un abécédaire sur la bagnole pour les 10 ans des Éditions de la Bagnole.

Ces plus values témoignent du chemin parcouru par ces différents éditeurs et permettent au lectorat de prendre part aux célébrations et de posséder un pan de l’histoire de ces maisons d’édition.

Les plus values comme outils de promotion

Grâce, entre autres, à Internet et aux réseaux sociaux, les éditeurs possèdent une vitrine supplémentaire pour promouvoir leurs livres, leur ligne éditoriale et leur(s) genre(s) littéraire(s). Le Web permet aux maisons d’édition d’être toujours en contact avec leur lectorat. Une grande majorité des éditeurs québécois utilisent leur page Facebook pour annoncer leurs nouvelles publications, pour recenser les différentes critiques sur leurs livres et pour inviter les gens à des lancements de livres et à des évènements spéciaux. Outre cette utilisation des réseaux sociaux, qui s’avère être, au final, très courante, quelques maisons d’édition proposent à leurs lecteurs une nouvelle forme d’interaction. Plusieurs annoncent des promotions et des concours « express » sur leur page Facebook. Les éditions Alto ont réinventé l’idée de concours en cachant cinq billets dorés dans les 1793 exemplaires du livre Révolutions. Les chanceux remportent 100 $ dans la librairie de leur choix. Cet éditeur a poussé le concept d’interaction à un autre niveau en demandant l’avis des lecteurs sur les futures couvertures de certains de ses romans.

La proximité ainsi créée par les médias sociaux entre éditeurs et lecteurs a levé le voile sur le domaine de l’édition. Par le partage de photographies des bureaux des éditeurs, des différentes étapes de mise en marché du livre, des concepts photo de couvertures, etc.; le lecteur saisit mieux toute la complexité du travail d’édition.

D’autre part, les plus values proposées par les maisons d’édition s’avèrent être des outils de promotion de la littérature. Plus précisément, ces à-côtés sont des incitatifs pour la diffusion de la littérature. Lors du mouvement collectif Oublie un livre quelque part, VLB Éditeur et Alto ont caché plusieurs livres dans les villes de Montréal (VLB) et de Québec (Alto). Héliotrope a fait de même à Montréal lors de la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur. Quant aux Écrits des forges, ce dernier propose des ateliers de poésie à ses lecteurs. Plusieurs maisons d’édition approfondissent leur réflexion sur le milieu littéraire grâce à la création de revues. C’est le cas, entre autres, d’Atelier 10, du Quartanier et de Tryptique qui pilotent (ou ont piloté) une revue. Dans le cas d’Alto, la revue Aparté, publiée sur le Web trois fois par année, a une portée moins réflexive. Elle conjugue plutôt informations, promotion et textes inédits des auteurs publiés chez Alto.

Que ce soit par le biais de concours, d’évènements, de mouvements sociaux ou autres, les plus values mènent à une diffusion des livres et des réflexions sur la littérature; à une démocratisation du monde de l’édition et à la fidélisation du lectorat.

Les plus values comme objets ludiques

Cette sous-culture littéraire a un caractère amusant; elle se veut un enrichissement, un boni, à la lecture. Un certain nombre de plus values se concrétisent de manière matérielle, que ce soit sous la forme de signets, de macarons, de sacs, de t-shirts et même de livres en canne (Les Éditions Ta Mère). Cependant, cet aspect ludique ne se limite pas à la matérialité des objets. Elle se dessine également dans la pluridisciplinarité des plus values. Plusieurs éditeurs créent des vidéos pour promouvoir leurs livres. C’est le cas, entre autres, des éditions La Peuplade et leurs Livres vus, de courts-métrages très esthétiques imageant certains de leurs romans. À l’inverse, quelques maisons d’édition offrent des entrevues et vidéos sur leurs dernières parutions qui s’avèrent d’un intérêt très quelconque. De plus, certains éditeurs mettent en lumière le travail d’artistes visuels. C’est le cas de La Peuplade et de son projet Peuplade Résidence qui permet, durant une année, à un artiste de créer les couvertures de toutes les publications de cette maison d’édition. À une moindre échelle, Alto utilise Pinterest pour créer des « moodboards » et faire découvrir ses sources d’inspiration pour les couvertures de ses livres, et par le fait même, il fait découvrir à ses lecteurs une foule d’artistes visuels.

En somme, les plus values des éditeurs québécois s’avèrent protéiformes et pluridisciplinaires. En conjuguant ainsi plusieurs médias, l’expérience du lecteur se trouve décuplée et ne se limite plus uniquement à la lecture d’un livre.

ranx/synthese_sur_les_plus_values_des_maisons_d_edition_quebecoises.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki