1. Propriétés du personnage
Ses caractéristiques physiques:
Nous ne savons pas beaucoup de choses sur le physique du narrateur/protagoniste du roman. Nous savons que c’est un homme de plus de quarante ans. Il se livre surtout à travers la description de son reflet dans le miroir qui l’obsède. « Le reflet de mon visage n’a rien de particulier dans le miroir de la salle d’eau. Je fais mon âge. Je ne suis pas pâle, je n’ai pas l’air triste, avec des rides bizarres qui me lacèrent les joues et le milieu du cou. Mais j’ai des plaques rouges sur les pommettes et de part et d’autre de mes sourcils ; et mes gencives paraissent gonflées. » (p. 20) Il est aussi très critique à son égard et il est fasciné par ses photos de lui-même et ses vidéos. Il donne parfois des descriptions de ses défauts : « Moi aussi je perds mes cheveux. Ma peau est sèche, mes dents se déchaussent ; je discerne parfois des traces de sang dans mes crachats, et je commence à être ridé ailleurs qu’au front. » (p. 33) Il semble parfois être atteint d’une maladie, mais j’ai de la difficulté à discerner le vrai de l’hallucination, puisqu’il rêve régulièrement qu’il a le cancer. Il rêve que son corps est pourri et qu’il a les ganglions très enflés et les traits enlaidis. Il dit avoir ce qu’on appelle une dermatite séborrhéique, une sensibilité de la peau qui lui donne des pellicules et qui fait en sorte que son visage ne tolère pas l’eau de la douche ni du robinet. Il doit donc s’appliquer des crèmes spéciales sur les joues et les sourcils. Ses gencives aussi sont sensibles, elles saignent facilement, il doit donc se rincer la bouche avec de l’eau oxygénée. Sa description de l’octogénaire, à la page 79, nous apprend qu’il a une boucle d’oreille au lobe gauche.
Ses caractéristique psychologiques:
Encore une fois, le personnage est un peu difficile à cerner, puisque lui-même ne se comprend pas et cherche ses propres motivations qui le poussent à agir comme il le fait. Pour des raisons ignorées, il souhaite connaitre le plus d’informations possible au sujet de la ville qu’il visite et sur les gens qu’il y côtoie. Il note d’ailleurs dans un fichier tout ce qui lui semble digne d’être retenu des lieux et des personnes qu’il croise. Il tente de revivre ou de revisiter certains souvenirs de colonie de vacances. Il semble chercher à se connaitre : « Je refuse que mon séjour aux Coquillages se borne au compte rendu borné de la routine ou des actions des autres. J’ai un espoir. Car si je comprends ce qui préside au choix de ces broutilles que je stocke sans cesse depuis dix ans sur des carnets et des fichiers informatiques – si je comprends pourquoi je suis venu ici, après autant d’années, je fais le pari qu’avant le terme de mon séjour j’aurai enfin en main la clé de voute de ma personnalité. » (p. 102) Il ne veut pas que personne entre dans sa chambre durant son absence, même pour faire le ménage : « Ça ne me plaît pas qu’on me dérange, et encore moins qu’on modifie la place de mes affaires quand je m’absente, même si c’est juste un gant de toilette ou une serviette que j’ai laissé traîner. » (p. 22) Il est obsédé par ce que les autres pensent de lui : « Je serai content le jour où quelque chose se sera produit dans ma vie sans que je me sois posé la moindre question. Mais en même temps, agir sans me poser de questions, même si c’est ce que je vise depuis longtemps, je ne crois pas encore en être capable. Je suis peut-être trop exigeant avec moi-même. Mais je ne vois pas comment faire autrement. » (p. 60-61) « J’en ai assez de me remettre en question, de douter de moi, de me dire que j’ai tort. Assez, lorsque j’écoute les gens de Metz et de la Maxe, de me dire qu’ils ont raison, qu’ils en savent plus que moi, qu’ils sont plus intelligents, meilleurs, plus mûrs, plus avancés – qu’ils réussissent alors que je rate ce que j’entreprends. J’en ai assez d’être secret, d’être timide, de me replier, de croire que je suis mauvais. Assez d’être jaloux de ce pour quoi je n’ai pas d’estime, des gens que je n’apprécierai jamais. » (p. 67)
Ses caractéristiques relationnelles:
En arrivant à Kernevec’h, le narrateur ne connaît personne. Il est seulement accompagné de ses deux poupées, Pierre et Élisabeth. Il observe les gens autour, mais le but de son opération n’est pas clair dès le départ. Il a plutôt du dédain pour tout le monde : « Leur vie me consterne. Elle gâche la mienne. Leur piètre organisation des choses a vidé de sens toutes mes occupations. Et tous ces gens, tous ces objets, ces paysages autour de moi ne sont rien de plus que le résultat de cette organisation. Et qu’ont-ils donc à me proposer ? Des objets froids. Des corps grimés, exténués. Des corps honteux. Des corps résiduels, maintenus debout par des moyens artificiels. Ce que je ressens ne regarde que moi. » (p. 67-68) À la fin du roman, il explique brièvement qu’il est allé dans cette petite ville où il ne connaissait personne afin d’oublier sa vie à la Maxe et se remodeler une nouvelle image juste et maîtrisée. On ignore toutefois ce qui s’est passé à la Maxe. Il n’a de véritable attachement que pour Élisabeth et Pierre, qui sont des objets : « Ce sont mes proches, ils me soutiennent dans tout ce que je fais. » (p. 233) Sa relation avec les autres ne lui importe que parce qu’il veut savoir ce qu’il pense de lui.
Le cadre dans lequel il évolue:
Il vient de Metz et habite habituellement dans un quartier qui se nomme la Maxe, mais son histoire se déroule à Kernevec’h, une petite ville des Côtes-d’Armor. Il se promène beaucoup dans la ville, de son hôtel Les Coquillages à la plage de la ville, en passant par le magasin de la rue Sémaphore.
Son rôle dans l'action:
Il est le narrateur de son histoire. Toutefois, il ne semble pas en être en pleine possession. Il cherche qui il est et ce qui le pousse à agir. Il est plutôt à la traine des événements.
Son discours:
Son discours ne présente pas de traits particuliers. Il n’est ni familier, ni soutenu.
Constante dans son comportement:
Il se regarde constamment dans le miroir pour s’assurer qu’il n’a pas de nouveaux symptômes d’une maladie fictive. Il s’en fait aussi énormément avec l’opinion des gens et l’image qu’ils se font de sa personne. Il observe donc constamment les autres et lui-même.
Identité et désignations:
Il donne son prénom à une seule reprise, à un des adolescents. Il se nomme Martin. Pour le reste du roman, il se désigne par je ou par moi.
Passé/hérédité:
Nous en savons très peu sur son passé. Il a plusieurs souvenirs de camps de vacances, la plupart mauvais, mais il ne les partage pas avec le lecteur. Le lecteur sait également que le personnage a déjà séjourné dans un sanatorium.
Situation, classe sociale, métier:
Nous ne savons pas quel est son métier ou sa classe sociale.
Psychologie fixe ou évolutive:
Sa psychologie me paraît évolutive. Il se questionne beaucoup et il a l’impression d’être en quête d’une réponse à ses questionnements. À la fin du livre, il trouve une certaine sérénité à travers son aventure et ses actions, alors qu'il est seul avec Élisabeth et Pierre, sa seule famille.
2. Textualisation des procédés de caractérisation
Focalisation:
La focalisation est interne. Le lecteur en sait toutefois moins que le personnage. Le narrateur nous livre ses questionnements et plusieurs de ses pensées, mais il nous laisse aussi beaucoup de vides et d’absences. Il n’explique pas ses comportements, ni sa relation avec Élisabeth et Pierre, ce qui force le lecteur à interpréter et à supposer plusieurs éléments de réponse.
Narration:
La narration est autodiégétique, du début à la fin du roman.
Discours:
Indirect
Niveaux de langue:
Le niveau de langue est plutôt standard.
Identification:
Je, moi
Introduction (première occurrence):
Le narrateur consacre les premières pages du roman à la description de la salle à manger de l’hôtel Les Coquillages et des personnes qui y sont présentes. Il commence à parler de lui-même en évoquant un souvenir de colonie de vacances.
Scène de révélation/dissimulation/travestissement, qui mène à une identification normaile, fausse, empêchée, différée:
Au tout début du livre, alors qu’il parle de Pierre et d’Élisabeth, rien ne porte à croire qu’il s’agit en fait de poupées. Les descriptions deviennent toutefois rapidement révélatrices.