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FICHE DE LECTURE de Sam de François Blais

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE
Auteur : François Blais
Titre : Sam
Éditeur : L’instant même
Collection : -
Année : 2014
Éditions ultérieures : -
Désignation générique : roman (page de grand titre)

Quatrième de couverture :
« Elle avait en toute confiance mis au propre ce petit bout de son âme, l’avait imprimé, l’avait rangé au fond d’une boîte de pêches en conserve avec quelques-uns de ses livres (qui eux aussi, en un sens, constituaient une parcelle de son âme), avait abandonné la boîte aux Artisans de la Paix et, depuis, elle attendait tranquillement que je vienne sonner à sa porte
D’entrée de jeu, un carton de livres soldés. Parmi une collection d’ouvrages québécois très XIXe siècle se trouve une pièce de choix, le journal de Marie Bashkirtseff, une contemporaine de Maupassant. Et tout au fond de la boîte, une centaine de pages du journal de S-, une diariste chevronnée, qui plus est, native de Grand-Mère, comme le narrateur. Il n’en faut pas davantage pour que celui-ci s’engage dans une quête pour retrouver celle qu’il baptise Sam et qu’il croit être « La femme de sa vie ». D’indices en suppositions, de coïncidences en recoupements établis grâce à son journal, il la suit à la trace : à la campagne, dans sa petite maison du chemin Saint-François-de-Pique-Dur, à Limoilou, là où habite sa mère, et même jusqu’à Parent, en Haute-Mauricie.
Cette petite musique familière et ironique, jouant en mode continu dans le récit du quotidien très ordinaire d’une trentenaire insaisissable, est bien celle de François Blais, passé maître dans l’art d’exploiter le filon du journal intime. Avec Sam, son huitième roman, il se pose en meneur d’un habile jeu de piste. Mais c’était sans compter sur le solide tempérament critique et agissant de son narrateur. Le journal de S- pourrait bien devenir l’enjeu d’une rivalité imprévue entre l’auteur et son personnage, ainsi qu’une réplique vive à la question posée à la fin de Vie d’Anne-Sophie Bonenfant : « Depuis quand un auteur n’a-t-il pas tous les droits sur son personnage ? »

II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre :
Un jeune homme trouve un extrait de journal intime dans le fond d’un bac de livre aux Artisans de la Paix et tombe follement amoureux de la jeune femme qui en est l’auteure. Il recopie l’entièreté de son manuscrit et l’entrecoupe de toutes les démarches qu’il fait pour la retrouver : notamment, une visite à Parent, à Saint-Sévère et à Limoilou à la recherche des lieux qu’elle a habités. Le livre se clôt [spoiler alert] sur une jolie mise en abîme où le narrateur entre en contact avec François Blais qui s’avère être l’auteur de ce journal intime fictif et donc, la femme de la vie du narrateur. François Blais récupère son manuscrit et les notes du narrateur pour le publier. Il y a plein de topoï du XIXe (roman de quête, manuscrit trouvé, références au captatio benevolentiae) sûrement à lier avec la grande présence de ce siècle dans les lectures de “Sam”.
Thème(s) : Amour, Quête, Québec

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix :
Je considère ce roman que peu pertinent pour la recherche en cours. Comme c’était le cas dans Encyclopédie du petit cercle, la plupart des informations encyclopédiques (qui, dans ce cas, ne le sont elles-mêmes que lâchement associées à de l’encyclopédisme en tant que tel) sont insérées dans la prose par les intérêts et les obsessions du personnage principal. La toponymie et les fleurs emblématiques des villes et villages ne sont que peu significatifs à mon avis personnel.

Appréciation globale :
Comme le dit François Blais lui-même à la fin de son texte, on a l’impression qu’on a déjà vu ces personnages écrits tels quels, avec les mêmes mots, dans d’autres de ses romans. Sam est comme Tess et Jude (Document 1), mais sans le projet de Bird-in-Hand, ce qui la rend moins sympathique. Le livre, bien que contenant quelques moments rigolos, n’est pas un plaisir de lecture. « Le monde se porterait mieux s’il y avait moins de gens comme moi. À peu près tout le monde est comme moi. » (119) dit Sam. Et c’est un peu fâchant/lassant.

Cote : 3

IV – CONSTRUCTION GÉNÉRALE DE L'OEUVRE :
V – ENCYCLOPÉDISME :
Contenu (Types de données imbriquées, à quoi servent-elles dans l'économie générale du roman, dans la construction des personnages, etc.):

Dès les premières pages, le narrateur justifie la plupart des listes exhaustives et des détails minutieux qui suivront :
« Si j’écrivais ceci dans le but d’être lu par autrui, [il faudrait f]aire de la littérature. Dieu merci, j’en suis dispensé. Je me contenterai de relater les événements dans l’ordre, en m’efforçant d’être le plus clair et le plus exhaustif possible. Et si, une fois dans le bain, je me surprenais à rechercher l’effet, à « ventiler l’information » pour créer le suspense, à accrocher des guirlandes à mes phrases, je m’engage à me donner une tape sur les doigts, à effacer et recommencer. Exposer les faits sèchement […] » (8-9)
D’ailleurs, dès la page 12, il dresse la liste des livres de Sam « dans leur ordre de disposition dans la boîte » qu’il se justifie également d’insérer : « si je prends la peine d’en dresser la liste, c’est qu’ils auront peut-être leur importance dans la suite du récit ». Il rapporte avec précision plusieurs éléments de son enquête (57 – définitions Wikipédia & Encyclopaedia Britannica pour « œil-de-bœuf ; 88 – répertorier les Caca sur Facebook ; 143 – explication des municipalités de La Tuque et environ / trajet Google Maps. ; 144 – histoire socio-économique de Parent ; 147 – extrait du site de Tourisme Québec). On mentionne aussi quant à son souci du détail, la description du carnet d’où provient supposément le manuscrit :
« un paquet de feuilles format standard, imprimées recto en Garamond douze points et paginées de 1 à 142. Les premières lignes du manuscrit m’informèrent qu’il s’agissait de la transcription du contenu d’un cahier “Quo Vadis ligné Duo Habana Smooth” faisant partie du journal intime d’une fille se désignant elle-même par “S-” » (15) Il semble épouser une manie qu’avait également Sam qui note profusion de broutilles et d’information plus ou moins encyclopédique. Dans les entrées recopiées dans leur intégralité par le narrateur, en pages 32 à 35 du roman, elle dresse, dans le cadre de ses préparatifs pour son voyage à Yamachiche, un portrait de la ville marqué par les statistiques, l’histoire du nom, les illustres habitants et parle également des poèmes de Nérée Beauchemin, et évalue les rues attribuées aux deux auteurs ayant vécu à Yamachiche (Gérin-Lajoie et Beauchemin ; p. 39). Elle copie également dans son journal nombre de documents peu importants ou elle nous convie à aller les lire sur internet. (par exemple : 73 – url vidéo de chat (test effectué : effectivement, une vidéo de chat) ; 73-82 – liste des catégories de vidéos porno en streaming sur keandra.com ; 129 – commentaires de la page IMDb de Carey Mulligan ; 137-139 – ordre du jour du conseil municipal de Charrette et extraits de procès-verbal). Elle décide également à un certain point de faire des descriptions exhaustives de certaines choses (63-64 –l’édition des PUM d’Angéline de Montbrun ; 97 – description du papier à lettres moche de l’hôpital). Elle commence perpétuellement des explications qu’elle abandonne ou remet au lendemain. On note à ce titre : 48 – début (suite de la promesse de la page 37) de l’explication des deux présumées églises (mais en fait une seule église), explication abandonnée en page 54 pour la raison du nom de la rue Saint-François-de-Pique-Dur. Elle se perd également dans de longs questionnements où elle s’appuie sur le Greviss concernant l’accord des mots au pluriel (85-86)
Sam fait également des résumés détaillés de ses lectures (par exemple : 46-47 – l’histoire de Catherine-Aurélie Caouette du Précieux-Sang ; 91-96 – résumé et commentaires sur Héros de Saint-Eustache, Jean Olivier Chénier traversés d’une parenthèse toponymique sur l’iniquité entre Fréchette et ses contemporains). On a l’impression que Sam ne fait des résumés, des copies de listes et de procès-verbaux parce qu’elle n’a rien d’autre à raconter. Comme je le disais plus haut, l’encyclopédisme à proprement parler relève surtout de ses passions personnelles et donc, principalement de la toponymie et des fleurs emblématiques des villes, qu’elle prend la peine d’insérer entre parenthèses après presque toutes les mentions d’une rue, d’une ville, d’un village : 67 – « Saint-Léon-le-Grand (956 habitants ; emblème floral : géranium rouge) » ; 54-55 – toponymie « Huet » avec un certain Théodule Huet qu’elle considère ne pas mériter sa rue ; 54 raison du nom de la rue Saint-François-de-Pique-Dur et authentique message de la Commission de la Toponymie lorsqu’aucun résultat ne s’affiche ; 117-118 – « on a bifurqué vers Vanier (général Georges-Philias Vanier, gouverneur général du Canada de 1959 à 1967), où on a emprunté le boulevard Wilfrid-Hamel (maire de Québec de 1953 à 1965) […] deux généraux côte à côte, rue Général-Vanier et rue Général McNaughton (commandant de la première division d’infanterie canadienne, puis ministre de la défense pendant la Seconde Guerre mondiale), suivis de deux vainqueurs de 1945, rue Roosevelt et rue Churchill. Rien pour Staline-le-pas-fin, à la place une rue de Verdun et, perpendiculaire à tout ça, une rue de la Victoire d’aspect un brin loser. Si tu marches quelques minutes dans Saint-Vallier en direction de Saint-Sacrement, tu croises une rue de l’Armée, une rue de la Marine et une rue de l’Aviation » etc. etc. etc. Ses obsessions occupent donc une immense place. À la page 159, elle parle à nouveau du fonctionnement de la Commission de toponymie et à la page 111, de la dénomination des cratères de la lune.

Forme (narration, comment elles sont intégrées):
Intégrées entre parenthèses ou entre crochets, soit pour l’enquête ou pour satisfaire une obsession, en tant que note. Peu importantes en termes de nombre.

ranx/sam.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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