Nord Alice
Présentation de l'éditeur
Le narrateur est obsédé par Alice, médecin comme lui, dont il n’arrivera jamais à calmer les angoisses. Lorsqu’il la laisse à Queens, c’est pour se retrouver à Kuujjuaq, son monde à elle. Entre deux patients, quand il n’en peut plus de penser à elle, il consomme des femmes sur le web – des centaines de femmes – ou va pêcher. Là, enfoncé jusqu’à mi-cuisse dans les eaux d’un torrent ou le ventre étendu sur la banquise qui fond, il calme sa faim en mangeant du poisson cru. Et il remonte le temps, pour essayer de s’expliquer. Il s’invente une histoire, s’inspirant des hommes qui l’ont précédé, depuis Roméo, l’arrière-grand-père, le premier de sa généalogie à avoir tué un homme, sur les rives du Klondike. Quelles traces ont laissées ceux qui ont traversé les années avant les nôtres ? Que sème-t-on derrière soi dans la fuite ?
Le Nord que propose Marc Séguin n’est pas seulement blanche immensité et splendeurs boréales ; ce Nord est aussi celui de l’exploitation d’uranium et des excès d’alcool. Mû par un profond respect pour le territoire et ceux qui l’ont marché pendant des siècles, l’auteur de Nord Alice témoigne néanmoins d’une déroute. Mais, justement, c’est peut-être jusqu’au bout de ses échecs qu’on devrait avoir l’humilité d’aller pour se trouver.
Justification
Le roman présente la quête initiatique d'un jeune médecin qui quitte New York pour s'installer à Kuujjuaq, croyant que cet éloignement lui permettra de dresser un bilan de sa vie. Il profite de son séjour dans le Grand Nord (d'où est native son ex-petite amie Alice) pour se retrouver, se (ré)inventer, mais aussi confronter ses préjugés sur la culture inuite. Face à ce peuple qui chasse et pêche pour survivre, un peu comme ses ancêtres devaient travailler sur leurs terres pour subsister, le protagoniste effectue une sorte de retour aux sources. Les patients qu'il soigne à l'hôpital (le seul à des kilomètres à la ronde) lui apprennent à relativiser son rapport à la vie et à la mort. Bref, « Nord Alice ressemble à un voyage initiaque où le héros découvre les racines culturelles d’Alice ainsi que son propre Nord intérieur, où ses racines et ses valeurs sont ancrées. » (Lettres québécoises, n° 162 (2016), http://id.erudit.org/iderudit/82100ac)