I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE
Auteur : Grégoire Courtois
Titre : Révolution
Éditeur : Le Quartanier
Collection : Série QR
Année : 2011
Éditions ultérieures : Aucune
Désignation générique : Roman
Quatrième de couverture : Je ne vais pas mentir. En écrivant cette épopée loufoque, j'avais décidé de me moquer. Je voulais rire en posant un regard sarcastique sur ce groupe d'individus que nous connaissons tous, cette jeune bourgeoisie contemporaine, branchée et bavarde, qui ne trouve pas incongru de dénoncer l'oppression capitaliste tout en courant les boutiques, à la recherche du dernier vêtement à la mode. Or, tout en faisant agir et parler ces révolutionnaires du dimanche, l'énergique Jean-Christian et ses acolytes, je me suis aperçu qu'il m'était impossible d'en faire de parfaits idiots. Avec appréhension, je prenais même conscience que les questions qu'ils se posaient et les actions qu'il entreprenaient, censément stupides, écrites pour l'être, rejoignaient étrangement mes propres interrogations. Je réalisais avec horreur que le vrai réactionnaire, c'était moi, l'auteur, balayant d'une bonne blague la colère de mes personnages. Alors je me suis mis à les aimer, mes révolutionnaires. Parce que, malgré leur mode de vie, eux s'élevaient. Ils refusaient l'inertie et se lançaient tête baissée, avec ridicule mais une profonde sincérité, dans la grande aventure insurrectionnelle. Parce qu'u fond, je me disais, si eux ne le font pas, qui le fera ? Moi ? Vous ?
II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre : Un groupe d'amis (Jean-Christian, Françoise, Géraldine, Marie-Mireille, Fabien, François-Mirin, Simon, Vivien et Alexis) décident de faire la révolution. Ils se rencontrent, un soir, autour de plusieurs bouteilles de vin, pour déterminer quel sera leur plan. La soirée dégénère et tous se réveillent, le lendemain, en n'ayant plus aucun souvenir de la veille.
Tous les événements qui suivent se produisent simultanément
- Jean-Christian, le chef du groupe, recherche désespéramment un manifeste révolutionnaire que le groupe aurait écrit la veille. Ses recherches étant vaines, il décide de suivre les conseille que lui a donné Karl Marx en rêve : faire une action violente.
- Françoise, amoureuse de Jean-Christian, est en sa compagnie.
- Géraldine se rend à l'entrepôt Yves-Saint-Laurent pour se procurer des vêtements révolutionnaires. Elle se casse la jambe et se fait enlever par un homme qui l'enferme dans une cave, avec d'autres filles blondes.
- Marie-Mireille et Firmin annoncent à Fabien qu'ils ont drogué tout le monde pour mettre Marie-Mireille enceinte (elle a couché avec tous les garçons). Cela fait partie d'un plan qu'ils ont depuis longtemps.
- Fabien perd la tête et hallucine une Méduse qui lui dit quoi faire.
- Simon et Vivien deviennent des jumeaux cosmiques, jusqu'à se combiner et disparaître dans un “ploup”.
- Alexis pratique avec son groupe de raggae. Il conclut que la vie n'a pas d'intérêt et se suicide en se jetant du bas du premier étage de la Tour Eiffel.
Finalement, le groupe entreprend un action terroriste dans un zoo, en prenant en otage les animaux et en menaçant de tout faire exploser, ce qui se produit. Le réservoir d'eau sous-terrain se trouvant sous eux, une grande vague est libérée, amenant avec elle les fauves du zoo qui attaquent ceux qu'ils croisent. Géraldine, elle, accepte son sort et décide d'être heureuse dans la cave où, ses besoins (nourriture, maquillage et vêtements de luxe) seront comblés.
Thème(s) : révolution, jeunesse, société, enlèvement, suicide
III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix : J'hésitais si le livre correspondait réellement au projet ou non. J'ai décidé que oui (en lui donnant la côte 3) puisque les actions des personnages sont souvent montrées comme inadéquate dans le contexte et que plusieurs d'eux perdent la notion de la réalité.
Appréciation globale : C'est un livre qui m'a fait rigolé. J'aimais beaucoup et serait même allée jusqu'à le conseiller à des amis, mais la fin (disons le dernier quart) m'a semblé vraiment étrange… l'histoire prend des tournants inattendus et pour le moins… étranges. J'ai trouvé que c'était un fin en queue de poisson.
IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture
a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc.
Les personnages ont définitivement des intentions, mais on dirait que les actions qu'ils réalisent pour les mener à bien sont futiles.
Le groupe a des intentions floues qui, au bout de la ligne, un peu comme un horoscope, ne veulent pas dire grand chose : “trouver des solutions pratiques au mal-être qui le rongeait” (7), “Il faut changer tout ça, prendre en main notre destin” (7-8) Ils restent longtemps dans la seule idée de faire la révolution et ne pensent pas à comment, ne pensent qu'à l'action sans penser à la réalisation : “ “Pourquoi”, “comment” et “à quel prix” étaient des questions secondaires, car pour l'instant ne demeurait que la soif de voir l'injustice annihilée et le système s'écrouler” (37).
Les actions qu'ils entreprennent pour réaliser leurs intentions sont futiles et sans effet : “Si on commençait par boire un coup [?]” (9), tous parlent de la soirée et font des commentaires du genre “OK, j'amène des olives.” (11) ou “Je me demande comment je dois m'habiller” (15) et en parlent comme d'une “petite fête” (15). L'un d'eux décide d'aller faire les courses avant : “Il jugeait qu'une reprise en main de son existence pitoyable passait par la participation aux courses” (23). Françoise appelle les autres “camarade” parce que “elle trouvait ça très mignon” (27). Jean-Christian regrette de faire la révolution et de choquer Fabien parce que ce dernier pouvait lui procurer des billets pour Roland-Garros. (30) “Quand s'apaisa enfin ce vent de protestation, il fut convenu que, pour toutes ces raisons, il était primordial, primo, de détruire le système et, secundo, d'ouvrir une troisième caisse de bordeaux.” (39)
etc. etc. etc. etc.
Fabien dit : “On va boire du rouge, on va parler de choses et d'autres, on sera pas d'accord, comme d'habitude, et personne fera jamais de révolution” (29).
Jean-Christian, l'instigateur de l'événement, est reconnu pour avoir eu plusieurs passions éphémères et celles-ci sont souvent nommées au même titre que son désir de révolution, un peu pour discréditer ce dernier en montrant que ce n'est que passager, qu'une intention sans réel futur.
b) interprétative : difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc.
Alexis est souvent défoncé : “Tout comme il ignorait son nom, celui de la ville dans laquelle il se trouvait, du pays dans lequel il était né, ainsi qu'une somme considérable d'informations qui auraient pu l'aider à prendre conscience de lui-même.” (17), “être défoncé non-stop” (18)
Le lendemain de la réunion, tous se réveillent l'esprit embrumé : l'alcool et le GHB qui leur a été donné leur a complètement fait la soirée sur laquelle est pourtant supposé se fonder tout leur programme révolutionnaire.
Fabien perd complètement le contact avec la réalité. Il se met à halluciner une Méduse et n'agit que sous les ordres de celles-ci. Il perd complètement toute conscience du monde extérieur, ne se vouant qu'à cette Méduse.
V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)
L'ironie de la narration discrédite sans cesse les actions des personnes. Le ton laisse sans cesse sous-entendre que leurs actions sont ridicules et leurs intentions sans dessein réel.