Alors que la 4e de couverture mentionne que l'intrigue transforme les « modalités traditionnelles de la narrativité », annonçant une histoire de la narrativité occidentale, cette histoire se trouve en fait à survoler les poétiques et les théories du récit. C'est dire que Villeneuve utilise indifféremment l'un et l'autre terme - du moins n'établit-elle aucune distinction -, réduisant la narrativité à la forme du récit. Pourtant, les propos qu'elle tient sur la narrativité semblent déborder du cadre strict dans lequel on enferme généralement le récit. Ainsi :
- « [L]a narrativité se déploie au milieu des contingences, demeurant irréductible à une “essence”, bien qu'elle alimente l'épistémologie de la civilisation occidentale moderne en “essences” de toutes sortes en même temps qu'elle ne cesse de mettre en doute l'assignation d'une vérité » (p. xviii). Elle « se conçoit dans l'esprit aporétique des paradoxes. Loin de nuire à la narrativité et d'en verouiller [sic] les dispositifs, c'est cette paradoxie qui, en ouvrant la voie à l'imagination des intrigues, rend possible son efficacité. C'est alors l'impossibilité même de rendre compte de l'expérience […] qui enrichit la narrativité et permet de la définir non plus comme la “possibilité de raconter”, mais comme le processus par lequel s'élabore l'imagination d'un impossible récit » (p. xxi).
Fiche de lecture
Le sens de l'intrigue ou La narrativité, le jeu et l'invention du diable