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I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE
Auteur : Jean-François Beauchemin
Titre : Le jour des corneilles
Éditeur : Les Allusifs
Année : 2004
Désignation générique : Roman
Quatrième de couverture : Une cabane au fond des bois abrite deux êtres hallucinés : le père Courge et son fils. Menacés de névrose parmi les apparitions des morts, ces asociaux vivotent en autarcie jusqu'au jour du meurtre du père. Mandé à comparaître en jugement, le fils dévoilera alors le destin tragique de son père et fera la lumière sur sa propre carence affective. Mais ce qui étonnera le plus est le langage même de cet ermite illettré, un verbe inouï, inventif et archaïque, qui coule les questions existentielles dans une forme sans pareille. Jean-François Beauchemin est né au Québec en 1960.
II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre :
Thème(s) : L’amour, le langage, le sens de la vie, la violence
III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Le narrateur ne connait que ce que son père, déconnecté et retiré du monde, lui a appris. Son interprétation de celui-ci est donc modulée par la névrose et la rancœur du père violent et solitaire. Bien que l’histoire en tant que telle soit racontée de façon traditionnelle, c'est-à-dire en ordre chronologique et sans particularités structurelles, la poétique du discours me paraît grandement influencée par la rupture du narrateur. Il emploie et mélange, en effet, des termes archaïques, des néologismes et des régionalismes. Il utilise «esgourdes» (p. 101) pour qualifier ses oreilles, son «casque» (p. 7) pour sa tête, il parle de «pétulante sensibleté» (p. 91) et affirme que les gens «pleuroyaient» (p. 91). Les tournures de phrases et certaines expressions sont également témoins du déphasage du narrateur, qui n’est «instruit de vocabulaire» qu’à la fin de l’histoire et qui fait donc usage de certains mots pour la première fois. La poétique du discours du narrateur et son regard décalé par rapport au monde m’ont paru assez intéressants pour que l’œuvre soit étudiée.
Appréciation globale : : Ce roman me faisait beaucoup penser à La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaëtan Soucy. Après une rapide vérification de la réception critique de l’œuvre, mon sentiment de ressemblance a été confirmé, puisque plusieurs critiques qualifiaient Le jour des corneilles de pastiche de l’œuvre de Soucy.
IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture
b) interprétative : Le narrateur est isolé de la civilisation depuis toujours. L'absence de précision par rapport au temps et aux lieux où l'histoire se déroule témoigne dès le début du roman de ce décalage. Ce n'est qu'assez tard dans le livre que le fils Courge devra aller au village et s'apercevra de son déphasage langagier, alors qu'il essayera de se faire comprendre par les habitants. Hors de ce que son père lui a présenté (la déesse Lune et la vie en forêt), le narrateur perd prise sur son univers. C'est d'ailleurs sa rencontre avec Manon qui le poussera à vouloir comprendre son monde et à le remettre en question, sans toutefois posséder les ressources nécessaires. Il se questionne alors sur l'amour et c'est son incompréhension du monde et son impossibilité de recevoir d'explications qui le poussera à tuer son père pour trouver où dans son corps se cache ses sentiments. Sa difficulté à donner sens au monde influence donc le personnage du fils Courge du point de vue de son comportement dans l'histoire et de son rôle de narrateur dans le roman.
V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES
Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)