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ranx:le_jour_des_corneilles

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Jean-François Beauchemin

Titre : Le jour des corneilles

Éditeur : Les Allusifs

Année : 2004

Désignation générique : Roman

Quatrième de couverture : Une cabane au fond des bois abrite deux êtres hallucinés : le père Courge et son fils. Menacés de névrose parmi les apparitions des morts, ces asociaux vivotent en autarcie jusqu'au jour du meurtre du père. Mandé à comparaître en jugement, le fils dévoilera alors le destin tragique de son père et fera la lumière sur sa propre carence affective. Mais ce qui étonnera le plus est le langage même de cet ermite illettré, un verbe inouï, inventif et archaïque, qui coule les questions existentielles dans une forme sans pareille. Jean-François Beauchemin est né au Québec en 1960.

II- CONTENU GÉNÉRAL

Résumé de l’œuvre :

Ce roman se veut le témoignage d'un homme devant un tribunal. Il raconte son histoire et sa réflexion l'ayant mené au meurtre de son père. La mère du narrateur est morte en lui donnant naissance, dans une cabane bâtie en forêt par son mari, loin de toute civilisation. Le père, déjà profondément troublé par la mort de ses propre parents, se met alors à halluciner des gens qui lui font poser des actes incompréhensibles et d'une grande violence à l'égard de son fils. Vivant ainsi, seul avec son père, en ermite, le narrateur subit ces épreuves sans trop se poser de question, puisque cette vie est tout ce qu'il a jamais connu. Il voit aussi des fantômes, dont celui de sa mère, ce qui trouble d'autant plus le père, qui est terrifié par la mort. Les deux hommes ont leur propre croyance, ils prient la déesse Lune et le père lit dans les étoiles. À la suite d'un accident, le narrateur se voit obligé d'aller au village le plus près pour trouver un docteur pour aider son père. Le court séjour des deux hommes au village suffit pour que le narrateur apprenne qu'il a un nom, il est le fils Courge, qu'il est incapable de communiquer adéquatement avec les gens, car ses connaissances langagières sont très limitées, et qu'il peut éprouver un sentiment amoureux. En effet, le contact avec une femme, Manon, qui l'aide à se nettoyer, lui fait découvrir ce sentiment jusqu'alors inconnu. De retour dans le bois, son amour pour Manon l'attire vers la ville et déclenche une réflexion sur le sens de sa vie et sur la signification des sentiments. Il se demande si son père l'aime et se questionne sur l'endroit dans le corps où se logent les sentiments. Incapable de recevoir de réponses de son père devenant de plus en plus violent, le narrateur en vient à le tuer et à le dépecer dans l'intention de trouver où se cache ses sentiments. Le lendemain, il est trouvé couvert de sang par un villageois. En prison, on lui apprend le langage, ce qui lui permet de témoigner de son histoire.

Thème(s) : L’amour, le langage, la mort, le sens de la vie, la violence

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Le narrateur ne connait que ce que son père, déconnecté et retiré du monde, lui a appris. Son interprétation du monde est donc modulée par la névrose et la rancœur du père violent et solitaire. Bien que l’histoire en tant que telle soit racontée de façon traditionnelle, c'est-à-dire en ordre chronologique et sans particularités structurelles, la poétique du discours me paraît grandement influencée par la rupture du narrateur. Il emploie et mélange, en effet, des termes archaïques, des néologismes et des régionalismes. Il utilise «esgourdes» (p. 101) pour qualifier ses oreilles, son «casque» (p. 7) pour sa tête, il parle de «pétulante sensibleté» (p. 91) et affirme que les gens «pleuroyaient» (p. 91). Les tournures de phrases et certaines expressions sont également témoins du déphasage du narrateur, qui n’est «instruit de vocabulaire» qu’à la fin de l’histoire et qui fait donc usage de certains mots pour la première fois. La poétique du discours du narrateur et son regard décalé par rapport au monde m’ont paru assez intéressants pour que l’œuvre soit étudiée.

Appréciation globale : : Ce roman me faisait beaucoup penser à La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaëtan Soucy. Après une rapide vérification de la réception critique de l’œuvre, mon sentiment de ressemblance a été confirmé, puisque plusieurs critiques qualifiaient Le jour des corneilles de pastiche de l’œuvre de Soucy.

IV – TYPE DE RUPTURE

Validation du cas au point de vue de la rupture

b) interprétative : Le narrateur est isolé de la civilisation depuis toujours. L'absence de précision par rapport au temps et aux lieux où l'histoire se déroule témoigne dès le début du roman de ce décalage. Ce n'est qu'assez tard dans le livre que le fils Courge devra aller au village et s'apercevra de son déphasage langagier, alors qu'il essayera de se faire comprendre par les habitants. Hors de ce que son père lui a présenté (la déesse Lune et la vie en forêt), le narrateur perd prise sur son univers. C'est d'ailleurs sa rencontre avec Manon qui le poussera à vouloir comprendre son monde et à le remettre en question, sans toutefois posséder les ressources nécessaires. Il se questionne alors sur l'amour et son incompréhension du monde et son impossibilité de recevoir d'explications le poussent à tuer son père pour trouver où dans son corps se logent les sentiments. Sa difficulté à donner sens au monde influence donc le personnage du fils Courge du point de vue de son comportement dans l'histoire et de son rôle de narrateur dans le roman.

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES

Le récit se présente comme un long retour en arrière, puisque le narrateur se trouve devant un tribunal et raconte des événements passés. La voix du narrateur et son langage est, comme je l'ai déjà dit, très influencé par son isolement et son déphasage. Ses problèmes interprétatifs par rapport au monde rendent parfois sa version des faits moins fiable.

ranx/le_jour_des_corneilles.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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