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ranx:le_herisson_de_chevillard_un_obstacle_ethnique

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ranx:le_herisson_de_chevillard_un_obstacle_ethnique [2011/01/03 20:17] – [Narrateur / narration / discours] vivianeranx:le_herisson_de_chevillard_un_obstacle_ethnique [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
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   * On ne saurait dire que Liénart résume l'histoire. S'il annonce d'emblée qu' « il est question du hérisson de Chevillard dans le roman de Chevillard //Du hérisson// » (40), il refuse plus loin de paraphraser un passage de l’œuvre qu’il vient de citer, car il ne veut pas « raconter l’histoire de ce hérisson naïf et globuleux » (48). Ce parti pris relève de la posture qu'il choisit de défendre, celle que //Du hérisson// est un « non-roman » (44), un « pseudo-roman » (48), un « faux roman » (50) ou, tout au plus, un « roman-autobiographie » (49).   * On ne saurait dire que Liénart résume l'histoire. S'il annonce d'emblée qu' « il est question du hérisson de Chevillard dans le roman de Chevillard //Du hérisson// » (40), il refuse plus loin de paraphraser un passage de l’œuvre qu’il vient de citer, car il ne veut pas « raconter l’histoire de ce hérisson naïf et globuleux » (48). Ce parti pris relève de la posture qu'il choisit de défendre, celle que //Du hérisson// est un « non-roman » (44), un « pseudo-roman » (48), un « faux roman » (50) ou, tout au plus, un « roman-autobiographie » (49).
-  * En fait, affirmant que le livre de Chevillard « est centré sur la vie [du narrateur] ou sur l'écriture [de Chevillard] » (47), Liénart conclut qu'il s'agit d'un « projet autobiographique » (47), lequel est dans un premier temps empêché par le hérisson. +  * En fait, affirmant que le livre de Chevillard « est centré sur la vie [du narrateur] ou sur l'écriture [de Chevillard] » (47), Liénart conclut qu'il s'agit d'un « projet autobiographique » (47), lequel est dans un premier temps empêché par le hérisson. La « véritable histoire », si l'on peut s'exprimer ainsi (à tout le moins la matière du discours), ne s'amorcerait donc qu'à la page 54 lorsque le narrateur avoue ses ambitions autobiographiques
  
 * **Comment réagit-elle au traitement de l’histoire chez Chevillard ?** * **Comment réagit-elle au traitement de l’histoire chez Chevillard ?**
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 * **Comment réagit-elle au traitement de la figure du narrateur et/ou du discours chez Chevillard ?** * **Comment réagit-elle au traitement de la figure du narrateur et/ou du discours chez Chevillard ?**
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 +  * La mise au premier plan de la fonction discursive semble conduire Liénart à conclure, sur un ton un peu méprisant, qu'il ne s'agit donc pas là d'un « bon vieux roman » qui ne se réduirait qu'à l'expression d'une histoire.
  
 * **De ces informations, quelle conception du discours, dans son rapport au récit et/ou à l’histoire, est véhiculée par la critique ?** * **De ces informations, quelle conception du discours, dans son rapport au récit et/ou à l’histoire, est véhiculée par la critique ?**
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 +  * D'abord, on a vu que Liénart semble confondre récit et histoire. Mais qu'importe : le discours paraît dominer l'ensemble.
 +  * Je ne sais pas si on peut dire que le hérisson, signifiant et signifié vides, en repoussant le projet véritable du narrateur et du livre - l'entreprise autobiographique -, est le signe d'un discours qui tente de noyer l'histoire. Car, en fait, le hérisson n'est pas le seul à n'être qu'un « mot » ; logiquement, l'ensemble du livre ne serait que des « mots », ce qui revient à dire que le discours empêcherait comme il stimulerait le discours : le mot hérisson empêche le discours autobiographique du narrateur en même temps qu'il « explose littéralement au sein de l'espace textuel ouvert par Chevillard et contamine les mots qui l'entourent » (55-56).
  
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   * Sur la question du genre, Liénart propose l'hypothèse de l'« ethnique », dont il reprend la définition à Jean Gagnepain : « mon frère n'est pas moi ; et je ne suis pas lui » (41). Le critique y entend que Chevillard, en ce qui a trait à la question du genre - s'agit-il d'un « bon vieux roman » ? d'un roman ? d'autre chose? -, ne ressemble à personne. Liénart lui fait dire : « moi, Éric Chevillard, je ne suis pas Pierre-Jean Remy, moi je ne suis pas Virginie Despentes, moi je ne suis pas Alain Robbe-Grillet, moi je ne suis pas Philippe Roth, moi je ne suis pas James Joyce » (41). Autrement dit, Chevillard serait unique en son genre - commentaire qui se déduit de nombre de critiques qui utilise l'oeuvre de Chevillard ou ses déclarations d'auteur pour rendre compte du livre, faute, selon toute apparence, de pouvoir se référer à autre chose. Liénart, d'ailleurs, n'y échappe pas, en multipliant les citations d'autorité de l'auteur  ; plus encore, il fait de ce statut d'« ethnique » l'objet principal de son argumentation.   * Sur la question du genre, Liénart propose l'hypothèse de l'« ethnique », dont il reprend la définition à Jean Gagnepain : « mon frère n'est pas moi ; et je ne suis pas lui » (41). Le critique y entend que Chevillard, en ce qui a trait à la question du genre - s'agit-il d'un « bon vieux roman » ? d'un roman ? d'autre chose? -, ne ressemble à personne. Liénart lui fait dire : « moi, Éric Chevillard, je ne suis pas Pierre-Jean Remy, moi je ne suis pas Virginie Despentes, moi je ne suis pas Alain Robbe-Grillet, moi je ne suis pas Philippe Roth, moi je ne suis pas James Joyce » (41). Autrement dit, Chevillard serait unique en son genre - commentaire qui se déduit de nombre de critiques qui utilise l'oeuvre de Chevillard ou ses déclarations d'auteur pour rendre compte du livre, faute, selon toute apparence, de pouvoir se référer à autre chose. Liénart, d'ailleurs, n'y échappe pas, en multipliant les citations d'autorité de l'auteur  ; plus encore, il fait de ce statut d'« ethnique » l'objet principal de son argumentation.
   * Liénart s’interroge sur l’étiquette générique du roman de Chevillard. Il reconnaît qu’il s’agit d’un roman en raison, d'abord et surtout, de la mention générique sur la couverture, que l’écrivain affiche « de manière //spectaculaire//, c’est-à-dire de manière à ce que cela se voie, de manière à ce que cela se sache » (41), mais il demande s’il correspond au « bon vieux roman ». Suivant les déclarations de Chevillard, Liénart postule que « la mention générique //roman// est un masque qui découvre un visage défiguré » (42).   * Liénart s’interroge sur l’étiquette générique du roman de Chevillard. Il reconnaît qu’il s’agit d’un roman en raison, d'abord et surtout, de la mention générique sur la couverture, que l’écrivain affiche « de manière //spectaculaire//, c’est-à-dire de manière à ce que cela se voie, de manière à ce que cela se sache » (41), mais il demande s’il correspond au « bon vieux roman ». Suivant les déclarations de Chevillard, Liénart postule que « la mention générique //roman// est un masque qui découvre un visage défiguré » (42).
-  * Liénart introduit l'idée d'une « structure de la bouffonnerie » pour décrire l'oeuvre de Chevillard – structure de leurre, de duperie perpétuelle qui prend la forme d'une « construction gigogne » (47). La bouffonnerie lui « apparaît comme l’équivalent en théorie de la littérature de ce qu’est le scepticisme pour la philosophie [« un fils légitime mais parricide et suicidaire » parce qu’il pousse à « l’interrogation qui tourne à vide », 43], notamment par rapport à la question de la définition des genres, tandis que l’exigence de brisure des miroirs posée par Chevillard constituerait un écho à […] la nécessité de l’arrêt [arrêter cette interrogation qui tourne à vide], chez Aristote » (43-44). Ainsi, « [l]a mise en place de la structure de la bouffonnerie provoque une réflexion, une hésitation sur le genre […]. Pour le dire simplement, le roman chez Chevillard //semble// échapper au roman au moment même où il s’affirme //comme// roman [on ne sait pas encore pourquoi, après 5 pages – il n’entre dans le vif du sujet qu’à la p. 45]. Mais cette oscillation qui tient de l’//artifice// entre le roman et le non-roman […] force néanmoins à un choix, à un choix //arrêté// » (44). +  * Liénart introduit l'idée d'une « structure de la bouffonnerie » pour décrire l'oeuvre de Chevillard – structure de leurre, de duperie perpétuelle qui prend la forme d'une « construction gigogne » (47) et qui met en question le genre. La bouffonnerie lui « apparaît comme l’équivalent en théorie de la littérature de ce qu’est le scepticisme pour la philosophie [« un fils légitime mais parricide et suicidaire » parce qu’il pousse à « l’interrogation qui tourne à vide », 43], notamment par rapport à la question de la définition des genres, tandis que l’exigence de brisure des miroirs posée par Chevillard constituerait un écho à […] la nécessité de l’arrêt [arrêter cette interrogation qui tourne à vide], chez Aristote » (43-44). Ainsi, « [l]a mise en place de la structure de la bouffonnerie provoque une réflexion, une hésitation sur le genre […]. Pour le dire simplement, le roman chez Chevillard //semble// échapper au roman au moment même où il s’affirme //comme// roman [on ne sait pas encore pourquoi, après 5 pages – il n’entre dans le vif du sujet qu’à la p. 45]. Mais cette oscillation qui tient de l’//artifice// entre le roman et le non-roman […] force néanmoins à un choix, à un choix //arrêté// » (44). 
   * Le genre doit être fixé, au risque d’empêcher le discours critique : « Un arrêt [entre le choix de roman ou de non-roman] s’impose […] sous peine de sombrer dans la grossièreté ou dans l’impossibilité de la tenue d’une parole critique. » (44) Encore que Liénart pose la difficulté de la posture critique devant l’œuvre de Chevillard, les hypothèses pouvant varier selon les exemples convoqués ou les inclinaisons respectives – autrement dit, l’œuvre de Chevillard semble pouvoir autoriser une variété de postulats contradictoires : « Mais le lieu ou le moment de l’arrêt [entre roman et non-roman] est évidemment frappé d’//arbitrarité// » (44).   * Le genre doit être fixé, au risque d’empêcher le discours critique : « Un arrêt [entre le choix de roman ou de non-roman] s’impose […] sous peine de sombrer dans la grossièreté ou dans l’impossibilité de la tenue d’une parole critique. » (44) Encore que Liénart pose la difficulté de la posture critique devant l’œuvre de Chevillard, les hypothèses pouvant varier selon les exemples convoqués ou les inclinaisons respectives – autrement dit, l’œuvre de Chevillard semble pouvoir autoriser une variété de postulats contradictoires : « Mais le lieu ou le moment de l’arrêt [entre roman et non-roman] est évidemment frappé d’//arbitrarité// » (44).
  
ranx/le_herisson_de_chevillard_un_obstacle_ethnique.1294103834.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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