Outils pour utilisateurs

Outils du site


ranx:l_echelle_des_sens

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Frank Ruzé

Titre : L’échelle des sens

Éditeur : Albin Michel

Année : 2013

Désignation générique : Roman

Quatrième de couverture : « Elle est étudiante en psycho. Elle se prostitue clandestinement dans une agence de luxe. Le corps pour elle n’est qu’une machine, elle ne croit ni à l’amour ni aux sentiments, seulement au prix qu’on leur donne dans une société où tout se vend. C’est son constat, son analyse et son arme pour se prémunir de la violence du monde et la peur de s’y blesser.

L’échelle des sens est le portrait implacable d’une fille de la génération Y, aussi attachante qu’inquiétante, sans illusions, au nihilisme cru et à la voix saisissante. Frank Ruzé est l’auteur du très remarqué 0%. »

II- CONTENU GÉNÉRAL

Résumé de l’œuvre : Tenessee, 19 ans, se vend pour financer ses études et dit à ses parents, qui n’ont pas beaucoup d’argent, qu’elle travaille dans un magasin à grande surface. Elle commence par vendre sa virginité (quatre ou cinq fois), en se faisant recoudre l’hymen. Ne pouvant plus subir l’opération, elle travaille comme toutes les prostituées de l’agence, et plus le roman avance, plus elle accepte de cocher des cases sur son contrat (elle va jusqu’à cocher la lettre « A » pour « anal »). Elle rencontre Xavier, un garçon de son âge, à qui elle ne veut pas dire ce qu’elle fait comme travail. Il tombe amoureux d’elle, mais un monde les sépare. L’angoisse du sida est omniprésente. Lorsqu’un client enlève le préservatif sans le lui dire, elle fait tous les tests en catastrophe et prend la pilule du lendemain. Mais il est trop tard : Tess (son nom de prostituée) est enceinte. Elle se rend à la clinique d’avortement avec Petia, une jeune femme qui tente d’apprendre le français et qui travaille à la même agence que Tenessee. À la fin, pour être heureuse, elle va s’étourdir dans une masse de monde et ne plus rien comprendre.

Thème(s) : Prostitution, avortement, psychologie, sexe, amour.

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Le roman retrace l’histoire d’une jeune femme qui n’est plus maître de son corps, de sa dignité, d’elle-même, car elle se vend. On se rend vite compte que cette situation est aliénante et que la narratrice, malgré le fait qu’elle voit clair, préfère souvent la voie la moins douloureuse : l’oubli et l’incompréhension de ses propres traumatismes.

Appréciation globale : Le roman se laisse lire. Sarcasme et ironie contrastent parfaitement avec la gravité de la situation. Frank Ruzé est un de ces auteurs qui accrochent le lecteur, moins par le choix du sujet que par la qualité de la narration. Il n’y a pas de longueur. Tennessee est attachante.

IV – TYPE DE RUPTURE

A) Rupture actionnelle : La narratrice est en quelque sorte obligée de se vendre, pour payer ses études, mais ce choix est tout de même un choix. Par contre, elle est réduite à l’état de marchandise, esclave de l’argent et des clients qui la paient. Sa relation avec Xavier ne peut s’épanouir et nous avons l’impression qu’elle se perd un peu, qu’elle devient de plus en plus étrangère à elle-même en se prostituant. De plus, elle a de la difficulté à avoir des relations qui ne soient pas en lien avec le sexe. Par exemple, lorsqu’elle se rend chez l’ancien amoureux de sa mère, qui aurait pu lui servir de père, elle veut le prendre dans ses bras, et lorsque celui-ci interprète ses gestes de manière sexuelle, elle n’ose pas refuser de coucher avec lui.

« [M]ême si je suis étudiante en psychologie, que je veux devenir psychologue, même si j’ai des rêves, et un avenir à construire, un avenir en construction; je suis, maintenant, ce qui me rapporte le plus d’argent.» (p. 113)

« Il veut me refaire l’amour. Je n’ai pas envie, mais je me laisse faire.» (p. 125)

«Je ne peux pas me construire comme prévu, et je ne peux même pas me détruire comme prévu.» (p.135)

B) Rupture interprétative : Le sexe devient un voile à la compréhension de la réalité. Par exemple, la narratrice croit que son psychologue veut coucher avec elle, que tous les hommes veulent coucher avec elle (elle ne peut pas avoir d’amies à cause de leurs copains). Mais tout ne tourne pas seulement autour du sexe, il semble que Xavier l’aime pour ce qu’elle est vraiment, mais elle ne se perçoit que par son apparence. Puis, elle comprend souvent le monde et les relations humaines par leur valeur mercantile.

« Maintenant je vois tout comme des machines. Et pas seulement les corps, ça a l’air assez évident que c’est juste physique, un corps, mais aussi les sentiments. Les sentiments sont des machines. » (p.44)

« — Vous dites ça, mais je ne vous sens pas vraiment intéressé… je sais… aaaah, je sais. Vous voulez coucher avec moi. — Non, je crois vous l’avoir déjà dit.» (p.80)

« [J]e ne devrais pas être de bonne humeur, je devrais me détester; mais non, je ne comprends plus rien. Je vais bien.» (p.198)

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES

Narratrice autodiégétique qui raconte son «nouveau travail». Le texte est entrecoupé d’emails construits comme des monologues entre Xavier et Tennessee.

ranx/l_echelle_des_sens.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki