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ranx:ravel_exercice_de_poetique_sebastien

1. Propriétés du personnage

Ses caractéristiques physiques, psychologiques, relationnelles

Ravel est petit. C'est le plus souvent par sa taille qu'il est décrit: « Mais son trait principal est sa taille, dont il souffre et qui fait que sa tête paraît un peu trop volumineuse pour son corps. Un mètre soixante et un, quarante-cinq kilogrammes et soixante-seize centimètres de périmètre de cage thoracique, Ravel a le format d'un jockey donc de William Faulkner ».

Inadaptation de son corps à sa tâche: Ravel n'a pas pu s’enrôler pour la PGM à cause de son physique jusqu'à ce qu'on finisse par « l'incorporer sans rire comme conducteur au service des convois automobiles, section poids lourds bien entendu. C'est ainsi qu'un jour on avait pu voir un énorme camion militaire descendre les Champs-Élysées, contenant une petite forme en capote bleue trop grande agrippée tant bien que mal à un volant trop gros, surmulot sur un éléphant. » (p. 36-37)

On apprend aussi qu'il porte une canne et des gants (p. 11), qu'au moment du récit, il a cinquante-deux ans (p. 21), qu'il est un fumeur invétéré de Gauloises (p. 9-10, 21), que « son visage aigu rasé de près dessine avec son long nez mince deux triangle montés perpendiculairement l'un sur l'autre. Regard noir, vif, inquiet, sourcils fournis, cheveux plaqués en arrière et dégageant un front haut, lèvres minces, oreilles décollées sans lobes, teint mat. Distance élégante, simplicité courtoise, politesse glacée, pas forcément bavard, il est un homme sec mais chic, tiré à quatre épingles vingt-quatre-heures sur vingt-quatre. » (p. 21-22)

Son manque d'adresse au piano s'explique par la forme de ses mains et sa « paresse dont il ne s'est jamais défait depuis l'enfance ». (p. 44)

Dégénérescence: il y aurait des dizaines de citations à insérer, mais voici celle qui est probablement la plus représentative: « il lui faut bien admettre que cette fois sa musique est au-delà de ses moyens, beaucoup trop compliquée pour ses mains qui se contenteront de la diriger. » (p. 94)

Caractéristiques psychologiques

Ravel est distrait et souvent en retard (p. 9, 10-11). Il dort peu et mal (p. 67). Le roman présente d'ailleurs trois techniques censées faciliter l'endormissement ainsi que trois objections à ces techniques.

Il est également prudent, voire hésitant (p. 7); méticuleux, voire coquet, précieux (p. 8, 26): « Outre une petite valise bleue bourrée de Gauloises jusqu'à la gueule, les autres contiennent par exemple soixante chemises, vingt paires de chaussures, soixante-quinze cravates et vingt-cinq pyjamas qui, compte tenu du principe de la partie pour le tout, donnent une idée de l'ensemble de sa garde-robe. Il a toujours pris soin de la composition de celle-ci, de son entretien et de son renouvellement. Quand il ne les a pas précédées, il a toujours suivi les dernières tendances vestimentaires » (p. 26) Ses chaussettes sont généralement assorties à sa cravate (p. 12).

Son manque d'adresse au piano s'explique entre autres par sa « paresse dont il ne s'est jamais défait depuis l'enfance ». (p. 44)

À la fin du roman, il n'est « même plus de mauvaise humeur, même plus d'humeur » (p. 120).

Caractéristiques relationnelles

Sans être détaché du monde, il n'est pas non plus le plus chaleureux: « S'il a renoncé à la froideur distante de sa jeunesse, il n'est pas devenu pour autant homme à se jeter au cou des gens. » (p. 34)

Il aime bien la solitude, ce que la tournée ne lui permet pas toujours.

On ne connaît à peu près rien des amours de Ravel, hormis les propositions de mariage qu'il a faites et qu'on lui a faites, toutes tombées à l'eau et à peine mentionnées dans le roman.

Intransigeant: Échanges musclés avec Wittgenstein qui a considérablement modifié une des partitions de Ravel: « Les interprètes sont des esclaves. », écrit Ravel à Wittgenstein.

Ingrat sans le savoir: au retour de sa tournée: « Hilare, Ravel trouve naturel qu'ils [ses amis] aient fait le voyage du Havre pour venir l'accueillir et ne pense pas un instant à les en remercier. Eh bien, leur dit-il seulement, j'aurais bien voulu voir que vous ne fussiez pas venus. » (p. 61)

Le cadre dans lequel il évolue

Haute société. Dans le paquebot qui le mène en Amérique, il est en première classe et n'a donc pas de contact avec les autres classes. Cela semble cependant le contrarier un peu.

Il lit habituellement Le Populaire, un journal socialiste.

Sa maison de Montfort-l'Amaury est “petite” et “compliquée” (p. 9), à son image, peut-être. Il fait aussi quelques visites à Paris et, lors de sa tournée en Amérique, visite vingt-cinq villes américaines et canadiennes.

Son rôle dans l'action

Ravel est l'objet de la biographie. Le récit s'attache à ses pas pendant les dix dernières années de sa vie. Il est le centre du récit (toutes les actions décrites ont rapport avec lui) et le seul personnage à être décrit en détail et en profondeur.

Au fur et à mesure que le roman avance et que Ravel dépérit, celui-ci devient de plus en plus passif: l'action tourne autour de lui plutôt que ce soit lui qui la provoque: 105-116 « Il n'a pas l'air d'être absolument présent. » Il s'empêtre dans ses mouvements, et a de la difficulté à écrire et parfois à parler. Il passe par une succession de hauts et de bas. Il en vient à ne même plus reconnaître sa propre musique. (p. 105-116)
« Il observe tout cela clairement [sa déchéance physique], sujet de sa chute en même temps que spectateur attentif, enterré vivant dans un corps qui ne répond plus à son intelligence, regardant un étranger vivre en lui. » Au moins, lui dit Marguerite, même s'il ne peut plus produire, son œuvre est là, accomplie, nombreuse et magnifique. Ravel : « Mais comment pouvez-vous dire ça? La coupe-t-il désespérément. Je n'ai rien écrit, je ne laisse rien, je n'ai rien dit de ce que je voulais dire. » (p. 117)

Son discours

Pas d'exemple.

Constante dans son comportement

Il apprécie la solitude et ressent fréquemment un certain ennui, comme si, avec tout son succès, il lui manquait la motivation nécessaire pour le porter en avant. Dans la cabine du paquebot, par exemple, il sent qu'il n'a « rien d'autre à quoi s'accrocher que [lui]-même » (p. 31).

Même au retour de sa tournée triomphale en Amérique, il sont désoeuvrement le pousse vers l'ennui: « Combiné à l'absence de projet, l'ennui se double aussi souvent d'accès de découragement, de pessimisme et de chagrin qui lui font amèrement reprocher à ses parents, dans ces moments, de ne pas l'avoir mis dans l'alimentation. Mais l'ennui de cet instant, plus que jamais démuni de projet, paraît plus physique et plus oppressant que d'habitude, c'est une acédie fébrile, inquiète, où le sentiment de solitude lui serre la gorge plus douloureusement que le nœud de sa cravate à pois. » (p. 65-66)

À la fin du roman, toutefois, sa solitude devient insoutenable sans la musique: « Il est seul chez lui à Montfort, sans illusion. Il y a toujours été seul, mais suspendu à la musique. Maintenant il n'en peut plus de sa vie inutile, se révolte en vain de ne plus servir à rien, d'être enfermé à l'intérieur de soi. » (p. 117-118)

Identité et désignations

Ravel. Sauf erreur, son prénom - qui devrait être Maurice - n'est jamais mentionné de tout le roman. Par sa petitesse, Ravel est comparé à Joseph Conrad (p. 29) et à William Faulkner (p. 22).

Passé/hérédité

Son passé est connu du fait de l'aspect biographique du roman. On connaît ses principales oeuvres, son séjour passé dans un sanatorium pour soigner une tuberculose, son service militaire pendant la Première Guerre mondiale. On connaît aussi son absence de relations amoureuses connues…

Avec le temps, Ravel perd peu à peu la mémoire et en vient, lui, à ne plus connaître son passé ni ses accomplissements.

Situation, classe sociale, métier

Il est compositeur, au sommet de sa gloire. Il fréquente les plus hautes personnalités de son époque, partout dans le monde, tient parfois salon chez lui. Toutefois

Psychologie fixe ou évolutive

2. Textualisation des procédés de caractérisation

Focalisation

À quelques reprises, la mort de Ravel est évoquée à l'avance par le narrateur, par exemple lorsque celui-ci décrit le visage aigu, pâle et creusé de Ravel, qui le fait ressembler à son masque mortuaire (p. 13). De plus, à la page 18, sa mort est annoncée comme devant avoir lieu dans une décennie: “Il lui reste aujourd'hui, pile, dix ans à vivre.” À la page suivante, le paquebot France, que Ravel emprunte pour rejoindre New York, subit le même traitement: “Quant au paquebot France, deuxième de ce nom, à bord duquel va s'en aller vers l'Amérique, il a encore neuf ans d'activité devant lui avant d'être vendu aux Japonais pour démolition.” En poussant un peu, on pourrait dire que le narrateur traite Ravel un peu comme un objet inanimé.

Le narrateur, projet biographique oblige, avoue lui-même ses lacunes, par exemple, lorsque Ravel saute le menuet alors qu'il dirige sa propre Sonatine: “On peut penser ce qu'on veut de cet incident. On peut croire à un trou de mémoire. On peut supposer que ça le fatigue, de rejouer éternellement cette chose vieille de plus de vingt ans. On peut encore imaginer que, devant un auditoire trop inattentif, il préfère expédier cette exécution. Mais on peut se dire aussi que, pour la première fois en public, quelque chose ne colle plus.” (p. 82) Le narrateur demeure prudent en proposant différentes interprétations d'un même événement.

Ailleurs, le narrateur avoue lui-même ne savoir à peu près rien des amours de Ravel (p. 84).

Quand il s'agit de s'éloigner des faits pour interpréter certains événements, le narrateur se tourne vers d'autres personnages: Ravel oublie tout. C'était déjà le cas avant, mais ça empire. « Marguerite a beau savoir tout cela [que Ravel a toujours tout oublié], elle trouve quand même qu'il oublie de plus en plus de choses. De son côté, Hélène a remarqué l'an dernier que Ravel manifeste à présent, de temps en temps, une sorte d'absence devant sa propre musique. » (p. 99-100)
Parfois, aussi, le narrateur s'en tient à des conjectures et précise chaque fois qu'“on n'est pas obligé de croire” tel ou tel personnage à propos de tel événement racontée, de telle phrase rapportée.

Il s'agit donc, je crois, d'une focalisation externe.

Narration

À la troisième personne. La première moitié du roman, consacrée à sa tournée de quelques mois en Amérique, est très lente. Dans la seconde partie, centrée sur la maladie et la déchéance de Ravel, le rythme accélère et plusieurs années passent à toute vitesse, sans que peu de repères temporels soient donnés.

Discours

Discours indirect. Pas de dialogue. À de très rares occasions, certaines phrases de Ravel ou de ses proches sont rapportées, mais ne sont pas placées entre guillemets.

Niveaux de langue

Littéraire, là, normal pour un roman français.

Identification

Directe.

Introduction (première occurrence)

Ravel, à la page 8, après qu'on l'ait décrit en train de sortir de son bain. Le roman enchaîne ensuite sur le lent récit de son départ en voyage.

Autres notes probablement inutiles

Sur le paquebot: comme les autres passagers, Ravel finit par se lasser de regarder le paysage : « l'ombre de l'ennui pointe son nez, main dans la main avec le retour en boomerang de la fatigue » (p. 24); « Ravel s'égare dans les entrailles du bâtiment pour retrouver sa suite » (p. 25)

Ravel fait ce qu'on attend de lui, mais sans que ça lui fasse nécessairement plaisir : sur le France, il est forcé d'écouter des musiciens jouer un de ses morceaux et de les féliciter ensuite, même si leur interprétation était douteuse. (p. 39)

ranx/ravel_exercice_de_poetique_sebastien.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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