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La cliente

Quatrième de couverture
En poursuivant des recherches sur la vie d'un écrivain, un biographe découvre par hasard des milliers de lettres de dénonciation. Écrites sous l'Occupation, elles sont en principe inconsultables. L'une d'entre elles concerne l'un de ses propres amis, un commerçant dont la famille avait été déportée.
Qui a fait cela et pour obéir à quel instinct ? Le nom du délateur figure dans les dossiers. Son nom, mais pas ses motivations. Le coupable est quelqu'un de proche, très proche… Révéler son identité, ce serait porter le fer dans la plaie quand tant d'autres voudraient au contraire éteindre les cendres. Ce serait aussi dévoiler un secret mal enfoui au risque de réveiller de vieux démons. Tout se joue dans une rue du XVe arrondissement de Paris entre trois magasins, un bistrot, une église et un autobus. La France en réduction concentrée sur quelques centaines de mètres de bitume.
On peut tout dire, mais peut-on tout entendre ? Méditation sur la banalité du mal, ce récit est celui d'un obsessionnel que la volonté de comprendre a failli faire basculer de l'autre côté du miroir.

Justification
Le thème du roman pousse inévitablement à l'inclure dans la catégorie Mémoire, mettant en scène l'écriture de l'histoire et la vérité indésirable qu'elle peut contenir, la négociation avec la vérité dans l'histoire officielle. Plus encore qu'une affiliation thématique, le roman semble jouer de l'enquête et de la non linéarité pour une reconstruction partielle et problématique de l'histoire et sur sa reproduction, quittant les archives pour traquer la femme.

« Étant admis aux archives secrètes de l'Occupation, espérant y découvrir la vérité de son personnage, le romancier Désiré Simon (Simenon), le narrateur tombe sur une lettre qui changera d'un coup l'orientation de ses recherches. Son enquête quitte rapidement la salle des archives pour se poursuivre rue de la Convention, à Paris. Pourquoi Mme Armand a-t-elle dénoncé des juifs ? Une quête labyrinthique commence qui ne manque pas de bousculer sur son passage l'ordre établi et les conventions. Elle brise certains silences et persécute des mémoires. Elle découvre de vieilles plaies. […] Le narrateur, après son intervention, n'arrive pas à remettre les choses en ordre. Tout toujours sera « sans issue ». Comme devant un miroir qui réfléchit non l'image originelle mais sa copie inversée, une seconde image autrement ordonnée apparaît. Ce mouvement spéculaire explique la symétrie et le parallélisme qu'on observe entre les éléments du roman (sans toutefois que le principe de l'inversion soit intégré et appliqué aux nombreux épisodes redoublés). Le magasin des Fechner, les juifs dénoncés, est situé devant celui de Mme Armand, la délatrice ; au coin de la rue, un miroitier ; le premier est rempli de miroirs, celui de Mme Armand n'en contient aucun ; le narrateur trouble l'ordre quand son ami François s'engage, lui, à le maintenir ; le narrateur veut comprendre le pourquoi de la délation, alors il dénonce la délatrice, il lui envoie des lettres anonymes comme celle qu'un jour elle envoya, lui reprochant la mort des Fechner, il attentera même à sa vie, etc. Bref, le narrateur marche dans les pas de Mme Armand (les redouble) et participe pleinement de cette logique du miroir qui donne au texte sa structure. Ainsi, la fin du roman en sera le début, car le narrateur comprend que la vérité qu'il entendait révéler est en fait « innommable », trop immense, trop vaste “pour toujours trop peu de mots”.»
Frédéric Boutin, Nuit blanche, n°74 (1999), p. 34.

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