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HAMON, Philippe, « Pour un statut sémiologique du personnage », Littérature, vol. 6, n° 6, 1972, p. 86-110.

Résumé

P. Hamon poursuit deux objectifs : montrer que le personnage est un phénomène sémiotique; élaborer un modèle d'analyse sémiotique du personnage. Chevauchement qui devient parfois mélangeant, voir par exemple le 4e critère de différenciation du héros.

Fil argumentatif

En introduction, quelques remarques intéressantes sur le personnage dans la critique littéraire : peu importe le genre, le problème des modalités d'analyse et du statut du personnage est un des points de fixation traditionnel de la critique et de toute théorie de la littérature. Le personnage comme objet d'étude serait survalorisé, en conséquence, peut-être, de l'idéologie humaniste et romantique (point de vue classique sur le personnage, celui de Mauriac). « Comme si on parlait d'êtres vivants dont il faut justifier une conduite incohérente (pourquoi Julien Sorel tire-t-il sur Mme de Rênal?) »

Considérer a priori le personnage comme un signe, pour ensuite distinguer plusieurs domaines et niveaux d'analyse.

Le héros

Autour de la différenciation du héros, qui s'observe d'abord par l'emphase, la focalisation, la modélisation de l'énoncé (le texte), mise de l'avant par différents procédés (tactiques, quantitatifs, graphiques, etc.); l'accentuation est pré-déterminée par une série de codes culturels (x est héros dans telle culture et à telle époque, ce qui provoque parfois des distorsions de lecture, mais il y a des constantes).

5 procédés de différenciation : 1) une qualification différentielle (le héros supporte des qualités que d'autres n'ont pas ou dans une moindre mesure) 2) une distribution différentielle (apparition fréquente à des moment-clés) 3) une autonomie différentielle (apparaît seul ou conjoint avec n'importe quel autre personnage; souvent seul à disposer du monologue) 4) une fonctionnalité différentielle (enregistré comme héros à partir d'un corpus et à postériori. Référence à la globalité de la narration. Le héros de Propp est défini sur ce type de critères fonctionnels, par sa sphère d'action) 5) Une prédésignation conventionnelle (le genre de l'oeuvre définit à priori le héros).

Les types de signes

a) Signes référentiels (qui renvoient à une réalité extérieure)/ personnages référentiels (historiques, mythologiques, etc.)

b) Embrayeurs (les déictiques, par exemple, qui renvoient à une instance d'énonciation, à un contenu flottant qui ne prennent sens que dans une situation concrète de discours)/personnages-embrayeurs (marques de la présence en texte de l'auteur, du lecteur, de leurs délégués, personnages porte-parole, choeurs, interlocuteur socratique, Watson…)

c) Signes anaphoriques (certains emplois du nom propre, les articles, dont le contenu est uniquement fonction du contexte auquel il renvoie)/personnages-anaphoriques (tissent dans l'énoncé un réseau d'appels et de rappels, personnages prédicateurs, mémoire, sème ou interprète des indices…) Un même personnage peut être a, b et c.

Le personnage comme unité d'un système

Le personnage est comme un morphème doublement articulé : manifesté par un signifiant discontinu, renvoyant à un signifié discontinu et faisant partie d'un paradigme original (le système propre des personnages du texte).

Il est donc nécessaire de définir le personnage par :

1) son signifiant

*personnage-narrateur anonyme, grammaticalement homogène (Je-me-moi) ou personnage ordinaire, grammaticalement hétérogène (Julien Sorel, notre héros, il) *paradigme spécialisé (parenté) *ordre d'appartion *distribution *récurrence (facteur de la cohésion textuelle) *segments textuels variés (de « celui-ci » à la description) *stabilité du signifiant vs instabilité du signifié (André = plus d'un personnage dans un même texte, voir Ricardou, Mort du personnage fictif)

2) son signifié

La détermination de l'information du personnage se fait progressivement. La signification du personnage se constitue par différenciation vis-à-vis des signes de même niveau. Mode de relation avec les autres personnages, jeu sur les axes sémantiques (sexe, hiérarchie, physique, classe sociale…)

3) par des restrictions sélectives

L'ensemble des règles (linguistiques, logiques, stylistiques) qui limitent ses possibilités de combinaisons avec d'autres signes. Régi aussi par le contexte (Culture, Histoire). Par exemple, un personnage historique comme Napoléon est « prévisible ».

4) par des redondances

Procédés de caractérisation indirecte, comme le lieu, métonymie narrative; le décor en harmonie ou non avec les sentiments/pensées du personnage. Référence à des histoires connues, mises en abyme, actions itératives non-fonctionnelles, etc.

Conclusion : but de l'article. Homogénéiser le problème de la description du personnage. Les concepts sémiotiques utilisés seraient garants de la spécificité d'une sémiologie du personnage et permettraient de distinguer celle-ci des approches historique, psychanalytique, psychologique ou sociologique.

ranx/hamon.1362487635.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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