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FICHE DE LECTURE (faite avec l'édition de 2010)

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Fortier, Dominique

Titre : Du bon usage des étoiles

Éditeur : Alto

Collection : -

Année : 2008

Éditions ultérieures : Alto, Collection « Coda », 2010, 346 p.

Désignation générique : Aucune désignation générique explicite

Quatrième de couverture :

« Mai 1845, les navires Terror et Erebus, sous le commandement de sir John Franklin, partent à la conquête du mythique passage du Nord-Ouest avec, à leur bord, cent trente-trois hommes et suffisamment de provisions pour survivre trois ans aux rigueurs de l’Arctique. L’expédition doit permettre à l’Angleterre d’asseoir sa suprématie sur le reste du globe, mais les deux navires se trouvent bientôt prisonniers des glaces dans une immensité sauvage. Commence alors un nouveau voyage, immobile celui-là, au cœur de la nuit polaire et vers les profondeurs de l’être, dont Francis Crozier, commandant du Terror, rend compte dans son journal. Il se languit aussi de la belle Sophia, restée avec sa tante Jane Franklin à Londres, où les thés et les bals se succèdent en un tourbillon de mondanités.

Inspiré de la dernière expédition de Franklin, Du bon usage des étoiles brosse un tableau foisonnant des lubies de la société victorienne lesquelles ne sont pas sans rappeler certains des travers de la nôtre dans un patchwork qui mêle avec bonheur le roman au journal, l’histoire, la poésie, le théâtre, le récit d’aventures, le traité scientifique et la recette d’un plum-pudding réussi. »

II- CONTENU GÉNÉRAL

Résumé de l’œuvre :

L’histoire est celle du voyage, en 1845, des navires Terror et Erebus, respectivement sous le commandement des capitaines Francis Crozier et de John Franklin, en quête du passage du Nord-Ouest. En parallèle à l’histoire tragique de ses cent trente-trois membres d’équipage devant lutter contre l’immensité glaciaire et y périr trois ans plus tard (faute de vivres et de secours) est présentée celle de la femme de John Franklin, Jane, et de Sophia cette dernière étant la nièce recueillie par Lady Jane dans sa demeure de Londres. Le lecteur accède ainsi aux réjouissances mondaines, aux thés d’après-midi, aux angoisses de Lady Jane et ses tentatives infructueuses de convaincre l’amirauté de lancer des expéditions de secours. Francis Crozier, avant son départ, avait fait la rencontre de la superbe nièce de Jane et John Franklin. Amoureux éperdu (en secret) de Sophia, Crozier sera hanté par celle-ci jusqu’à son dernier souffle, jusqu’à l’issue fatale de l’expédition tandis que Sophia, de son côté, sera, d’une façon de plus en plus prenante, tourmentée par le souvenir de cet homme. (Résumé pris sur Orion)

Thème(s) : La navigation, l’Arctique et l’immensité de la nature, l’Angleterre victorienne, la mondanité, la littérature, le monde des hommes vs le monde des femmes, l’amour, le magnétisme et autres sciences, la vanité.

Fiche de l'oeuvre sur Orion

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Ce roman emprunte à l’Histoire certains faits vécus qu’il appuie de documents officiels ou d’informations précises sur la navigation ou les mœurs victoriennes de l’époque, par exemple. Toutefois, comme il s’agit d’un roman historique, les données apportées n’ont pas les mêmes effets, notamment sur la construction des personnages, que les autres romans étudiés dans le cadre du projet, c’est pourquoi je lui ai accordé la note de 2,5.

Appréciation globale : J’ai adoré la poésie qui se dégage de ce roman de Dominique Fortier. L’histoire d’amour et de moeurs victoriennes mélangée à l’Histoire avec un grand H des marins prisonniers des glaces de l’Arctique m’a rapidement séduite.

Cote : 2,5

IV – CONSTRUCTION GÉNÉRALE DE L'OEUVRE : Le roman est divisé en cinq parties intitulées « Argo Navis », « Les Voiles », « La Croix du Sud », « Cathedra foraminata » et « Stella Maris ». Le récit oscille constamment entre des journaux intimes (celui de Crozier et celui de Sir John Franklin), des entrées de dictionnaires (scientifiques ou non, avec ou sans illustration à l’appui), six psaumes bibliques, une pièce de théâtre, un poème (avec page-titre et préface), un menu, une recette, un extrait de partition de musique, un dessin d’une constellation, des listes ainsi que des feuillets, notes et messages codés historiques.

V – ENCYCLOPÉDISME :

Contenu (Types de données imbriquées, à quoi servent-elles dans l'économie générale du roman, dans la construction des personnages, etc.):

Bien que le roman mentionne de nombreux faits historiques, ceux-ci ne peuvent être vus comme un discours encyclopédique qui sert la construction des personnages. Au contraire, la « Note de l’auteur » mentionne clairement que si le récit « est en partie inspiré d’évènements véridiques et si plusieurs personnages sont basés sur des personnes réelles, il ne prétend ni à l’objectivité ni à l’exactitude historique et appartient tout entier au domaine de la fiction. » (p. 339) L’auteure avoue cependant avoir parfois retranscrit fidèlement (ou traduit) certains passages d’ouvrages scientifiques, historiques, etc. : « Le tout premier paragraphe du roman, où il est question de la possibilité de congeler de l’eau de mer, est tiré presque textuellement de Discovery and Adventure in the Polar Seas and Regions : with illustrations of their climate, geology ; and natural history, publié par sir John S. Leslie en 1881, d’où proviennent également les instructions de John Barrow à John Franklin » (p. 339) que l’on retrouve à la page 39 du roman.

Les données scientifiques, notamment à propos du magnétisme, traversent le roman et montrent comment la vanité de navigateurs expérimentés a pu les mener à leur perte. Ainsi, la théorie voulant que l’eau salée ne puisse pas geler engendre la mort des marins prisonniers des glaces arctiques. L’obsession que développe le personnage d’Adam pour le magnétisme l’amène aussi à remettre en question les principes de navigation établis.

L’encyclopédisme du roman concerne aussi les arts, tout particulièrement la littérature et le théâtre, qui servent à désennuyer les marins. L’équipage adapte d’ailleurs États et Empires de la Lune (1657), un roman de Savinien de Cyrano de Bergerac (auteur français dont s’est inspiré Rostand pour créer son célèbre personnage de Cyrano de Bergerac !), pour en faire une pièce de théâtre qu’il intitule le Voyage dans la Lune. On retrouve ainsi, des pages 89 à 95, la comédie en trois actes présentée par le Théâtre Nordique de Sa Majesté ! Les marins ne sont toutefois pas les seuls à s’intéresser aux arts ; Eleanor Porden, la première femme de John Franklin, était poète (Les Voiles ou le Triomphe de la Constance, poème en six livres par mademoiselle Porden, p. 113, existe réellement), alors que Sophia Cracroft s’intéresse à la musique (partition de Das wohltemperierte klavier, Praeludium 1 de Bach, p. 302).

Puis, un encyclopédisme que je qualifierais d’alimentaire sert à montrer la mondanité et le mode de vie fastueux que mènent lady Jane Franklin et sa nièce. En effet, les descriptions des variétés de thé (p. 76-79) ou la retranscription du menu (p. 266) montrent l’opulence dans laquelle elles vivent et, par le fait même, opèrent un contraste saisissant avec la situation précaire des marins qui meurent de faim.

Le roman contient quelques définitions : Entrée de dictionnaire sur le thé (p. 281), inspirée de la définition du Robert historique de la langue française. Cette définition montre par ailleurs que l’histoire des « T » tracés sur les caisses et qui auraient donnés leur nom au produit, racontée par Fitzjames avant l’expédition, était totalement fausse (p. 53). Le chirurgien, Peddie, possède aussi son propre dictionnaire des plantes médicinales dont nous avons quelques exemples (p. 222).

Enfin, certaines données servent davantage la connivence avec le lecteur ; pensons à la recette de plum-pudding (p. 274) ou aux documents d’archives auxquels l'auteure nous donne accès (p. 227, 322) et qui constituent les seules preuves écrites qui nous sont parvenus pour témoigner de cette tragédie.

Forme (narration, comment elles sont intégrées):

La plupart des données encyclopédiques se trouvent à part du texte et servent à appuyer ce qui est dit par le personnage ou encore à illustrer ce qu’il fait. Ainsi, après l'enterrement d'un des marins, on retrouve les psaumes de l’Ancien Testament (p. 69) qui ont été lus par John Franklin pour lui rendre un dernier hommage. Puis, la reproduction du ciel étoilé illustre le geste que fait Crozier pour montrer à Sophia le « S » qu’il perçoit à travers les étoiles (p. 204). Ces illustrations, extraits d’œuvres de toutes sortes, recette de plum-pudding, etc. sont souvent placés à la suite de l’événement auquel ils se rattachent et occupent l’entièreté de la page, mais il arrive parfois qu'ils soient insérés entre les paragraphes afin d’assurer une meilleure continuité (ex:calculs et formules sur le magnétisme, p. 135-138).

ranx/du_bon_usage_des_etoiles.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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