I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE
Auteur : SOUBLIÈRE, Alexandre
Titre : Charlotte before Christ
Éditeur : Boréal
Année : 2012
Désignation générique : Roman
Quatrième de couverture : « Sacha et Charlotte sont amoureux. Amoureux fous. Il perd son temps à l’université. Elle étudie la danse. Lui est fils de riches et souffre de la maladie de Still, sorte d’arthrite qui l’empêche parfois de bouger tant la douleur est grande. Elle a des cicatrices sur le coeur : jamais connu son père, pas un sou, une fille brisée.
Dans leurs temps libres, ils squattent des maisons, font du vandalisme, écoutent beaucoup de musique, écrivent sur Facebook. Ils ne passent jamais plus de douze heures sans se texter Je t’aime.
Mais surtout, ils partagent un journal intime, le Black Book:
“Choses à essayer ensemble :
Faire une overdose, faire des photos porno, partir sur le pouce (pas dans l’Ouest), avoir juste des amis chats (de race), des bengales surtout, tuer quelqu’un, vivre un an dans un chalet, avoir chacun notre psychologue, ne pas se survivre l’un l’autre.
BB — Entrée 18.” »
II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre : Sacha est un jeune adulte, qui vit à Montréal et qui étudie en sciences à l’université, sans réelle passion. Il est atteint de la maladie de Still, qui lui cause de l’arthrite douloureuse. Provenant d’une famille fortunée, il a toujours été et demeure gâté par ses parents. Il ressent pourtant une colère et un dégoût par rapport à la vie et à la société qu’il partage avec son amoureuse, Charlotte, qui ne vit pas du tout dans les mêmes conditions. Ayant été abandonnée par son père et vivant avec le revenu très modeste de sa mère, elle s’évade dans la danse contemporaine. Le roman raconte donc l’histoire de ces deux amoureux qui vivent des expériences fortes mêlant la drogue, l’alcool, le sexe, le vandalisme et les effractions. Sacha et Charlotte ont besoin de ces expériences limites pour évacuer leur rage et fuir leur mal d’être. Ils se voient comme des marginaux qui ne s’intègrent pas à la société, mais qui se retrouvent l’un dans l’autre. Ils tiennent ensemble un Black Book, sorte de journal, dont plusieurs extraits sont révélés au cours du roman. Lorsque leur couple est compromis par l’adultère de Charlotte, les deux personnages sombrent encore plus profondément dans leur déprime, approchant Sacha très près du suicide : il vole une fiole d’insecticide puissant dans le bureau de son père et affirme vouloir la boire si Charlotte et lui ne s’aiment plus. Ils se retrouvent toutefois et se réconcilient. Pour prouver son amour, Charlotte réalise devant Sacha une des « Choses à essayer ensemble », notées dans le Black Book : tuer quelqu’un. Elle prend la fiole d’insecticide, la verse dans un café et l’offre à un sans-abri.
Thème(s) : Liberté, amour, adolescence, mal d’être, drogue, culture contemporaine, sexe
III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Appréciation globale :
IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture
b) interprétative : difficulté à donner sens au monde de façon conforme à certaines normes interprétatives et excentricité interprétative
Sacha et Charlotte sont très lucides par rapport au monde qui les entoure. Ils ne souhaitent tout simplement pas s’y intégrer. Ils poussent ensemble les limites des autorités sociales. Ils font du vandalisme, entrent chez des gens par effraction, participent à des soirées illégales et font du terrorisme. Ils se complaisent dans leur marginalité, car c’est justement leur rupture avec le monde qui les rapproche. Sacha se voit comme différent entre autres à cause de sa maladie, qui le limite et qui lui donne un aspect physique plus faible. Il en est souvent question dans le roman. Il semble assez asocial : les autres sont pour lui des instruments ou des objets de désir charnel passagers. Il ne se reconnait qu’en dehors des limites posées par les autres et la société. Charlotte, elle, n’a pas besoin de donner l’illusion de sa normalité à personne. Elle se laisse donc complètement porter par sa marginalité. Elle veut repousser ses limites et essayer de nouvelles expériences. Leur décalage par rapport à la société se manifeste à travers leur relation amoureuse fusionnelle et leur indifférence par rapport aux autres. Leur vision désabusée du monde et leur colère les lient jusqu’à un point malsain où ils s’autodétruisent par amour. Ils sont tous les deux prêts à n’importe quoi l’un pour l’autre : Sacha à perdre sa vie, Charlotte à prendre celle de quelqu’un.
V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES
Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)
La narration est autodiégétique. Le roman est narré par Sacha, qui livre ses pensées, ses états d’âme et ses aventures. Le livre est également ponctué d'extraits du Black Book tenu par le couple d’adolescents. Tout au long du roman, une foule de références culturelles au cinéma, à la musique et à la littérature montre aussi les influences de Sacha et marque, d’une certaine façon, son repli vers la culture dans laquelle il se retrouve, soit seul ou avec Charlotte.
Le vocabulaire employé par Sacha, Charlotte et leurs amis est parsemé d’anglais et d’expressions populaires, parfois vulgaires. Le couple a également l’habitude de parler à l’imparfait plutôt qu’au présent.
L’auteur dit lui-même que Montréal est le troisième personnage principal de son roman. La ville est présentée comme hostile et froide. Elle est le lieu de perdition de ces deux jeunes adultes qui en font à la fois leur repère, leur terrain de jeu et un endroit étouffant.