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« Chaque fois, le romancier procède à une citation de l’Histoire qui, effet de réel si l’on veut, vaut surtout comme manière ironique d’attirer l’Histoire à soi pour mieux se revendiquer d’un discours autonome sur les grands événements. » En faisant concurrence aux grands événements historiques, | « Chaque fois, le romancier procède à une citation de l’Histoire qui, effet de réel si l’on veut, vaut surtout comme manière ironique d’attirer l’Histoire à soi pour mieux se revendiquer d’un discours autonome sur les grands événements. » En faisant concurrence aux grands événements historiques, | ||
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+ | ===== Gérald Moralès (2010). L’écriture du réel. Pour une philosophie du sujet, Paris, Cerf, coll. « La nuit surveillée ». ===== | ||
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+ | « Le réel est nommé dans le titre même de ce travail où l’écriture se présente comme un reste ouvrant à l’expérience du réel. Elle témoignerait d’un réel en ce qu’il est lié au corps propre. Un sous-titre possible serait “le sujet dans sa nescience du réel”. La “nescience”, | ||
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+ | Sur le Il y a : « Faire de ce syntagme, comme je le fais ici, un des pôles fondamentaux de cette ontologie qui tisse notre travail oriente et éclaire à la fois l’écriture du réel. Car il y a renvoie à l’exister, | ||
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+ | « Oui, je ne peux qu’être d’accord avec lui [François Wahl], même si je n’ai pas insisté sur l’importance du langage, ni comment la réalité est tissée sur fond de langage. Sans doute parce que je tente, à travers l’écriture du réel, de décrire l’effort d’un individu, de l’un, pour ramener dans le langage ce qui se situe dehors, hors langage, et qui troue d’une certaine manière le langage. » (2010 : 166) | ||
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+ | ===== Naïm Kattan (2008). Écrire le réel, Montréal, Hurtubise HMH, coll. « Constantes ». ===== | ||
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+ | Le changement de culture redéfinit le rapport au réel de l’auteur. | ||
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+ | L’aspect rhétorique de l’écriture du réel : pour séduire le lecteur, on peut embellir ou enlaidir la réalité, la barder de décors, la charger de fioritures » (2008 : 32), etc. L’auteur souligne également qu’il faut respecter les conventions propres à la langue et éviter les formules inusitées qui font état d’une falsification. | ||
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+ | Rapport entre l’esprit et le réel : c’est l’esprit, notamment dans son aspect linguistique, | ||
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+ | Le changement d’espace, de langue, de culture, forcent à prendre en compte son rapport avec le réel. Ainsi, ce qui compte pour l’auteur c’est moins le réel en tant que réalité objective que le rapport subjectif qu’on a avec celui-ci. | ||
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+ | « Au cours des siècles, la représentation du réel a oscillé entre sa substitution par un monde parallèle et la quête d’une conscience, d’une présence que révèlent l’action, la méditation ou l’art. » (2008 : 118) | ||
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+ | L’hégémonie de l’anonymat, | ||
+ | « Dès qu’il est dépouillé de sens, ou du moins d’un souci, d’une quête de sens, le réel se dissout dans l’insaisissable. L’art est né en partie d’un besoin de comprendre en même temps que d’une recherche de cohérence. Il donne naissance à un environnement, | ||
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+ | Les écrivains tombent souvent, de nos jours, dans la dissection psychanalytique de n’importe quel événement du quotidien. Toutefois, « [s]avoir atteindre les petits faits dans leurs points de fuite est une manière de capter le présent. » (2008 : 124) | ||
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+ | L’auteur établit un parallèle entre l’écriture et la photographie (en tant qu’art), qui ne transmet pas l’image dans le but d’informer, | ||
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+ | L’auteur déplore la disparition du personnage dans le roman contemporain, | ||
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+ | Le roman postmoderne a renoué avec des éléments traditionnels, | ||
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+ | ===== Christiane Kègle et al. (dir.) (2007). Les récits de survivance. Modalités génériques et structures d’adaptation au réel, Québec, Presses de l’Université Laval, coll. « Mémoire et survivance ». ===== | ||
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+ | ==== Christiane Kègle, « Introduction », p. 1-16. ==== | ||
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+ | L’hybridité formelle du témoignage : « il brode des situations narratives sur fond de vérité historique, engendre des figures mi-réelles, | ||
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+ | « Une des questions que pose au chercheur le récit de survivance est de savoir si le passage par la fiction rend possible un meilleur traitement du trauma. Bien qu’il soit admis que tout récit comporte une part d’imaginaire, | ||
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+ | ==== Alexandre Prstojevic, « L’appel des cendres : la Shoah et le témoignage littéraire », p. 87-113. ==== | ||
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+ | À propos des œuvres de Primo Levi et d’Élie Wiesel : « Récits authentiques d’une expérience extrême, ces témoignages sont souvent perçus comme littérature parce que le contexte culturel actuel met en valeur leurs propriétés esthétiques et en suspens la question de l’intentionnalité auctoriale. » (2007 : 87) | ||
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+ | À propos de Sablier de Danilo Kiš : Kiš présente les mêmes événements selon quatre angles qui correspondent à autant de registres narratifs : « par la voie du morcellement systématique d’un réel historique, l’auteur obtient une image claire de la persécution que subit son héros [c’est-à-dire son père]. » (2007 : 107) | ||
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+ | À travers ce que l’auteur nomme une esthétique de l’émergence, | ||
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+ | « [L]’esthétique de l’émergence peut être définie comme le principe d’écriture selon lequel le lecteur est incité à reconnaître graduellement le sujet réel de l’œuvre […] [ce qui conduit, à la fin du roman, à] amarrer le monde fictionnel au monde réel et de procurer, a posteriori, à celui-là une légitimité dont il s’est senti privé. » (2007 : 109) | ||
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+ | « Cet investissement esthétique du matériau autobiographique montre que Kiš et Perec n’ont jamais mis en doute la primauté de leur mission d’écrivain sur celle de témoin. Leurs œuvres constituent une formidable entreprise de positionnement par rapport à leurs pairs, non seulement dans le domaine strict de la littérature de la Shoah, mais avant tout dans un domaine qui ne connaît pas de limites clairement dessinées : celui du roman. Il n’est pas nécessaire de rappeler le caractère exorbitant de cette entreprise, qui constitue une jonction entre le pan fictionnel et le pan documentaire de la littérature mondiale, dans une aire thématique dont la charge morale et la gravité du sujet semblent interdire le métissage générique. En effet, pour un témoin oculaire de la Shoah, le choix de la fiction comme mode d’expression constitue une petite révolution, | ||
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+ | ==== Raymond Lemieux, « Postface. Raconter pour survivre », p. 221-235. ==== | ||
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+ | « Raconter une histoire, raconter son histoire, devient ainsi pour le sujet mal assuré de son existence, le mode privilégié de son accès à l’être. Le rapport de la littérature avec les tragédies humaines n’a rien d’accidentel. L’écriture, | ||
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+ | « C’est ici que l’artifice, | ||
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+ | ===== Paul Ricœur (2000). La mémoire, l’histoire, | ||
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+ | Barthes : l’histoire-récit installe une illusion référentielle ; l’effet de réel. Pour Ricœur, ce mode d’interprétation n’est pas approprié au discours historique : « Ma thèse est que celle-ci [la référentialité] ne peut être discernée au seul plan du fonctionnement des figures qu’assume le discours historique, mais qu’elle doit transiter à travers la preuve documentaire, | ||
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+ | La représentance : « Elle désigne l’attente attachée à la connaissance historique des constructions constituant des reconstructions du cours passé des événements. » (2000 : 359) Elle repose sur un pacte particulier entre l’auteur et le lecteur : l’auteur s’engage à représenter des événements, | ||
+ | Comment l’historien satisfait-il aux exigences de ce pacte ? | ||
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+ | - 1. Le soupçon pèse malgré les intentions de l’historien. | ||
+ | - 2. La réplique au soupçon ne réside pas que dans la phase littéraire, | ||
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+ | Ricœur revient sur les divers obstacles qui peuvent entraver la représentance et qui ont déjà été évoqués plus haut : les formes narratives, les figures de style, la clôture du texte, l’effet de réel. Il se penche aussi sur les soupçons qui pèsent d’une part sur la microhistoire (difficile d’obtenir une vue d’ensemble, | ||
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+ | ===== Gérard Genette (1991). Fiction et diction, Paris, Seuil, coll. « Poétique ». ===== | ||
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+ | « Le texte de fiction ne conduit à aucune réalité extratextuelle, | ||
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+ | « Si seule la fiction narrative nous donne un accès direct à la subjectivité d’autrui, ce n’est pas par le fait d’un privilège miraculeux, mais parce que cet autrui est un être fictif (ou traité comme fictif, s’il s’agit d’un personnage historique comme le Napoléon de Guerre et Paix), dont l’auteur imagine les pensées à mesure qu’il prétend les rapporter […]. » (1991 : 76) | ||
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+ | ===== Clément Rosset (2008). L’école du réel, Paris, Minuit, coll. « Paradoxe ». ===== | ||
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+ | « J’appelle ici réel […] tout ce qui existe en fonction du principe d’identité qui énonce que A est A. J’appelle irréel ce qui n’existe pas selon ce même principe : c’est-à-dire non seulement tout ce qui ne fait parade d’existence que sous le mode de l’imaginaire ou de l’hallucination, | ||
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+ | « Le réel est donc d’abord ce qui reste quand les fantasmagories se dissipent. Comme le dit Lucrèce : “le masque est arraché, la réalité demeure”. Encore faut-il, évidemment, | ||
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+ | « Il en va de même du réel. Celui-ci déborde toujours les descriptions intellectuelles qu’on peut en donner. Il peut les déborder en bien, comme lorsque Mme de Rênal, dans Le Rouge et le Noir, découvre que le futur précepteur de ses enfants, loin d’être l’ecclésiastique austère et repoussant qu’elle redoute, se révèle être un jeune et charmant laïc. Il peut malheureusement aussi les déborder en mal. Proust en fait l’amère expérience lorsqu’il apprend de la bouche de Françoise que “mademoiselle Albertine est partie”. L’idée de cette rupture, qui séduisait Proust quelques instants plus tôt, était une pensée agréable. Mais le fait de cette rupture provoque une souffrance atroce. Ainsi l’avènement du réel déjoue-t-il et prend-il généralement en faute les anticipations qu’on s’était figurées. C’est pourquoi j’ai suggéré à plusieurs reprises que le réel était la seule chose du monde à laquelle on ne s’habituait jamais. » (2008 : 466) | ||
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+ | ===== Camille Bloomfield et Marie-Jeanne Zenetti (dir.) (2012). Dossier « Usages du document en littérature. Production, appropriation, | ||
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+ | Note : Les réflexions contenues dans ce dossier poussent à se questionner sur l’usage de documents dans le corpus qu’on envisage : les auteurs recourent-ils à des sources externes (citations de documents, recours à des photographies, | ||
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+ | ==== Tiphaine Samoyault, « Avant-propos. Du goût de l’archive au souci du document », p. 3-6. ==== | ||
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+ | « À une époque où les jeux avec la fiction autant que le soupçon porté sur cette dernière ont fait du document ou du documentaire une forme-sens, il est frappant de voir se regrouper un certain nombre de chercheurs (et parmi eux beaucoup de jeunes chercheurs) autour de cette question. » (2012 : 4) | ||
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+ | « Comment et pourquoi le souci du document a-t-il remplacé en partie le goût de l’archive si clairement mis en évidence par Arlette Farge naguère ? Il y va d’un rapport au temps et la première hypothèse est inférée d’un glissement observable d’un âge de la mémoire à un moment de la reprise, du souvenir en avant, de la récupération productive. Le présent est valorisé, non contre l’histoire mais dans un dialogue avec celle-ci. La préoccupation du contemporain s’assortit d’une façon renouvelée de travailler la mémoire. Cela s’explique en partie par la disparition des témoins directs des événements qui ont provoqué les déchirures majeures du XXe siècle et qui ont modelé pour longtemps l’épistémologie des sciences humaines. Une transformation nécessaire de l’« ère du témoin », pour reprendre l’expression d’Annette Wieviorka, implique une culture différente de l’archive. Le document intervient alors comme ouverture du discours. Non qu’il faille déplorer comme certains ont pu le faire une pléthore de mémoire […], mais il est important d’apprendre à lire les documents avec le regard du médiateur indirect, de celui qui n’a pas vu mais qui tente de se donner les moyens de lire et de dire. User du document, ce n’est pas seulement le classer ou l’interpréter, | ||
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+ | Deuxième hypothèse : la littérature est entrée dans un régime de la preuve : « Marque d’une judiciarisation qui atteint toutes les strates de la société et pas forcément pour le meilleur quand tout se juge à l’aune de critères moraux élaborés sur une base relative et changeante, elle pense pouvoir retrouver une puissance perdue en étant une des disciplines de la vérité, un art du réel et des faits. On pourrait y voir un signe supplémentaire de l’éloignement de la littérature, | ||
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+ | ==== Lionel Ruffel, « Un réalisme contemporain : les narrations documentaires », p. 13-25. ==== | ||
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+ | Note : bien que le corpus de Ruffel ne soit pas précisément celui qui nous intéresse pour notre part, je pense néanmoins que sa démarche peut se révéler éclairante. | ||
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+ | « Elles [les narrations documentaires contemporaines] semblent aussi partager un certain nombre de suspicions puisque, dans leur volonté de s’ouvrir à la puissance du réel, elles contestent, tout en empruntant leurs méthodes, les pouvoirs du journalisme, | ||
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+ | « La narration documentaire, | ||
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+ | « Les narrations documentaires, | ||
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+ | « Dans leur volonté de s’ouvrir à la puissance du réel, elles [les narrations documentaires] contestent, tout en empruntant leurs méthodes, les pouvoirs du journalisme, | ||
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+ | ==== Véronique Montémont, « Vous et moi : usages autobiographiques du matériau documentaire », p. 40-54. ==== | ||
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+ | Sur l’utilisation plutôt fréquente de documents dans les autobiographies et les récits de filiation : « La nature même des pièces convoquées est variable : elle va du journal intime à la notice de médicament, | ||
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+ | Diverses fonctions du document dans les écrits biographiques : fonction conservatoire, | ||
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