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fq-equipe:proust_par_prieur_-_fantome_1

INFORMATIONS PARATEXTUELLES

Auteur : Jérôme PRIEUR Titre : Proust fantôme Édition : Paris, Gallimard Collection : Le Promeneur Année : 2001 Nombre de pages : 158 Appellation générique : Sans « officielle », mais description sur les rabats. « Ce livre n’est pas une biographie mais une aventure ». Bibliographie de l’auteur : Petit tombeau de Marcel Proust (2000, Éditions La Pionnière) et divers ouvrages sur le ou auteur du cinéma (Nuits blanches, essai) et Jésus (avec Gérard Mordillat) Quatrième de couverture : Non Rabats : Oui, très larges. Rabat gauche : « Qu’est-ce qu’une vie d’écrivain et surtout qu’en reste-t-il? Ce livre n’est pas une biographie, mais une aventure. Une expédition sur les traces de l’auteur de la Recherche, dans les pas de cet homme incroyable et improbable, de ce personnage de roman, et même de roman noir. Des lieux hantés ou des décors abandonnés, quelques photos, des sortes de reliques, des empreintes à demi effacées, des éclats de lumière, des brassées de petits souvenirs servent de talismans. Tout est bon pour redonner corps à l’être invisible, pour deviner à quoi il ressemblait quand il était de ce monde, pour évoquer son image comme on invoque les fantômes. » Rabat droit : Cursus de l’auteur.

LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTRATEXTUELLES) :

Auteur/narrateur : Il faut, il paraît, on… : d’entrée de jeu, le narrateur se fait manifestement discret et n’impose pas un « auteur » omniscient; il choisit plutôt l’impersonnalité, délègue volontiers : « rapporte Céleste dans ses souvenirs » (p. 14).

Narrateur/personnage : Distanciation énonciative mais effet de proximité lié à la multiplication des détails.

Sujet d’énonciation/sujet d’énoncé : Les petits détails de la vie et les lubies, phobies et caprices d’un grand homme à travers les on-dit et les confidences de ses proches et de tous les originaux (surtout les originales) qui ont voulu l’approcher : « Faute d’avoir pu accéder au grand homme,[les princesses slaves et les riches Bostoniennes] désirent au moins rencontrer ceux qui l’ont connu, ceux qui l’ont vu de leurs propres yeux. » (p. 40). « ‘Il avait l’air d’être venu avec son cercueil’, se souvient la princesse Bibesco » (p. 108). « L’enchevêtrement des dates, des noms, des prénoms, ces couches de mémoire, ces précipices d’oubli, ces chagrins, ces absences, ces jalousies, ces sentiments lentement additionnés, tout afflue, tous ces destins en raccourci, ces destins lapidaires que résument des messages cryptés, des mots doux presque effacés ou des trouvailles d’humour noir » (p. 87) : il s’agit presque d’autoreprésentation du processus.

Ancrage référentiel : Les indices sont nombreux : les nombreuses références aux contemporains (Rodin, Sacha Guitry, Octave Mirbeau, Anatole France, Colette, Sarah Bernhard, Renoir, Monet, Cocteau, Apollinaire, Reynaldo Hahn, Raymond Roussel, etc.), voir en particulier l’évocation du cortège funèbre : comtesse Geffuhle habillée par Worth, princesse Bibesco, Robert de Montesquiou, etc. (p. 92); les dates aussi témoignent d’une connaissance exhaustive de la vie du biographé. « Proust a été enterré à Paris le 22 novembre 1922 » (p. 41). « Au mariage de son frère Robert, le 2 février 1903 » (p. 108).

Indices de fiction : Présents surtout dans l’énonciation. Sous forme d’hypothèses : « Marcel Proust n’a été filmé par personne, pas plus que par Sacha Guitry. À quoi ce film aurait-il ressemblé si jamais Proust avait accepté, si jamais les deux hommes ne s’étaient pas cordialement ignorés? » (p. 50). « Même sa voix, nous ne la connaissons pas. […] Sa voix est douce, presque doucereuse, ajoutent certains. On pourrait dire qu’elle est ouatée, prudente, monotone peut-être, ou plutôt chancelante, elle semble former des sons au-delà des dents et des lèvres, au-delà de la gorge. C’est la voix d’un ventriloque » (p. 52). « Nous pourrions faire le rêve d’avoir entre les mains quelques « célestographies » de Proust, pour emprunter la formule de Strindberg. Mais pas plus qu’elle n’a gribouillé de notes ou tenu de livre de bord, Céleste n’a pris la moindre photo de son monsieur Proust. Proust quant à lui, aurait-il au moins une fois dans sa vie, été photographe? On a pu sérieusement soutenir l’hypothèse en observant un cliché qui représente Adrien Proust, son père, en compagnie de Robert Proust » (p. 80). Au cimetière (pages dignes d’une anthologie : p. 87-89) : « À quoi rêve-t-il certains soirs? » (p. 88). « Il donnait l’impression de ne pas vivre dans le présent, mais d’être resté en arrière, une ou deux générations plus tôt, dans les eaux du passé, dans un passé qu’il ne pouvait quitter sous peine d’en mourir » (p. 109). « Selon les dernières volontés de Proust qui l’avait fréquenté à Cabourg ou sur les instances de son frère Robert, on ne sait, arrive Paul César Helleu » (p. 121).

Topoï : Les derniers moments du grand écrivain. + Évocation des funérailles où défilent tous les personnages de La recherche (p. 90).

Biographé : Marcel Proust (les derniers jours de). Pacte de lecture : Voir rabat gauche.

Attitude de lecture : Comme lectrice, j’ai été séduite par le style du biographe, manifestement admirateur de Proust; agacée cependant du portrait nostalgique qu’il en trace, le présentant comme un dandy décadent figé dans le passé, alors que par ailleurs l’œuvre montre bien l’intérêt de Proust pour les nouvelles techniques qui apparaissent alors (téléphone, automobile, avion, ascenseur, etc.) : « pendant qu’il se penche au balcon de sa jeunesse, pendant qu’il scrute la projection d’images du temps jadis, il ne voit pas le temps filer. Les femmes des Années folles sont coiffées à la garçonne…. (p. 109) : je crois qu’au contraire Proust voyait bien tout cela aussi (voir sa description des jeunes filles revenant du tennis par exemple).

Hybridation, Différenciation, Transposition :

Autres remarques : Page 159 : Information sur « Le Cabinet des lettrés » [comme s’il s’agissait d’une collection] : Ceux qui aiment ardemment les livres constituent sans qu’ils le sachent une société secrète. Le plaisir de la lecture, la curiosité de tout et une médisance sans âge les rassemblent. Leurs choix ne correspondent jamais à ceux des marchands, des professeurs ni des académies. Ils ne respectent pas le goût des autres et vont se loger plutôt dans les interstices et les replis, la solitude, les oublis, les confins du temps, les mœurs passionnées, les zones d’ombre. [je souligne] Ils forment à eux seuls une bibliothèque de vies brèves. Ils s’entrelisent dans le silence, à la lueur des chandelles, dans le recoin de leur bibliothèque tandis que la classe des guerriers s’entre-tue avec fracas et que celle des marchands s’entre-dévore en criaillant dans la lumière tombant à plomb sur les places des bourgs.

Rédigé par Élisabeth Haghebaert

fq-equipe/proust_par_prieur_-_fantome_1.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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