De l’orphelin à l’héritier : dire la précarité du présent
Frances Fortier (novembre 2010)
“Dans un contexte où le passé paraît si près de l’oubli qu’il faut constamment se le remémorer et où le futur semble s’obscurcir faute de projets directeurs, les sociétés contemporaines paraissent enfermées dans un présent inquiet de sa propre capacité à s’inscrire dans l’histoire.” Hamel et Harvey (2009 : 12-13)
Note 1 : Je réfléchis encore à la structuration du texte (4 modèles possibles) : 1. Opposition Québec/France (vision québécoise positive et vision française négative), montrée en succession à partir du Québec ; 2. Ou, sans les opposer, montrer la singularité québécoise, puis la singularité française ; 3. Procéder par configurations (les écrivains imprécateurs, les théoriciens, les critiques) ; 4. Par thématiques québécoises, qui serviraient de point de convergence ou de divergence : la figure de l’autodidacte, le dépaysement, la crise, l’imaginaire de la fin, etc.
Hypothèse : un présent sans certitude, sans repères, un présent inquiet.
Problématique : Le contemporain est vu comme une menace selon qu’il manifeste une déperdition généralisée des valeurs, une remise en cause de l’autorité, la disparition de la littérature. Il est vu sous un angle positif quand il permet de se désengluer des notions de territoire et de nation, de faire advenir de nouvelles formes qui disent mieux le rapport au monde
• Le Grantécrivain et l’Autodidacte : deux figures disparues ; Blanckeman, Biron (La conscience du désert), Raczymov
• Du catastrophisme à l’imaginaire de la fin ; Gefen (bonne cartographie), Ricard (post littérature), Gervais/Figura
• Le dépaysement ; Nepveu, Harel, LeBris/Rouaud (Pour une littérature-monde (2007), Je est un autre. Pour une identité monde (2010)
• Le déclin d’une formation discursive : désémiotisation ou recatégorisation ; Maingueneau (dissolution médiatique, absence de dissensus, repris par Jourde dans Littérature monstre. Études sur la modernité littéraire, 2008 [Voir note 2]), Millet en imprécateur (langue, nation, écrivain dans Désenchantement de la littérature, 2007 :58-59). Les causes : le journalisme culturel, le délitement de la langue, le métissage (!), l’authenticité comme valeur littéraire, etc.
Note 2 : «Quelques moqueries ne vaudraient pas tant de justifications. On les fournit pourtant, presque malgré soi, tant notre époque, pour la première fois depuis des siècles, trouve scandaleuse la satire dès lors qu’elle s’en prend à des productions culturelles. Cela en dit long sur le degré de cagoterie et de révérence auquel nous en sommes arrivés. Dans le sérail intellectuel, le débat d’idées est réglé par les eunuques. Les critiques ressemblent de plus en plus à certains curés d’antan, dont les discours pleins d’onction et d’amour du prochain cachaient mal l’étroitesse d’esprit.» (Jourde, 2008 : 17)
• Que peut la littérature ? ; Xanthos et l’énigme, Dion et l’herméneute, collectif étudiants U. Laval, Brunel, Le cadavre bouge encore, Jourde, La Littérature sans estomac (2002)
Bibliographie
GEFEN, Alexandre ( ) «Ma fin est mon commencement : les discours critiques sur la fin de la littérature», LHT no 6 (page consultée le 5 novembre 2010)
HAMEL, Jean-Baptiste et Virginie HARVEY (dir.) (2009), «Le temps contemporain : maintenant la littérature», Figura no 21.
JOURDE, Pierre (2008), Littérature monstre. Études sur la modernité littéraire, Paris, L’Esprit des péninsules.
MILLET, Richard (2005), Le dernier écrivain, Paris, Fata Morgana.
MILLET, Richard (2007), Désenchantement de la littérature, Paris, Gallimard.
XANTHOS, Nicolas (2008), « Fiction du contemporain : d’une structure énigmatique et de sa pensée du temps » dans Marie-Christine Weidmann Koop (dir.) (2008), Le Québec à l'aube du nouveau millénaire : entre tradition et modernité, Québec, PUL, p. 325-334.