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Table des matières
Ouvrage de synthèse - Plan détaillé (version 2) – suite des réflexions de l’atelier du 9 avril 2010
[Titre « poétique » avec le mot « contemporain »] : Discours et pratiques du narratif au Québec et en France depuis 1980
INTRODUCTION GÉNÉRALE : LE CONTEMPORAIN COMME OBJET DISCURSIF
A) NOTIONS PRÉALABLES :
Réfléchir au concept problématique de « contemporain », à son archéologie, à sa difficile appré-hension, aux problèmes méthodologiques que cela suppose (notamment sur le plan historique, mais aussi sur le plan terminologique), l’interroger par rapport à la notion de modernité, de postmodernité, mais aussi d’extrême contemporain et d’ « actuel ».
B) PROPOS/QUESTION :
À l’origine de cet ouvrage, se trouve l’hypothèse que le contemporain n’est plus un déictique pur, qu’il est une notion, un objet construit, particulièrement à l’intérieur du champ littéraire et que, par ailleurs, il y a une spécificité de la narrativité contemporaine repérable tant dans le discours critique que dans les pratiques littéraires.
On s’intéresse ici, d’une part, au discours qui construit la littérature comme contemporaine, à ce par quoi le contemporain peut exister parce que le discours critique (au sens large) a un caractère opératoire (partie I).
D’autre part, on se penche sur les œuvres produites dans la période contem¬poraine (pour l’instant : 1980 et après), en France et au Québec, pour repérer certaines mises en œuvre es-thétiques et poétiques d’un nouvel art narratif (partie II).
C) THÈSE :
Partant du présupposé que ce qu’il y a de contemporain est autant dans le discours que dans les œuvres, il s’agira de montrer comment le narratif balise fortement la littérature contemporaine, non via l'hégémonisme du roman comme au 19e siècle, mais par la transversalité et la portée du narratif dans l'écriture contemporaine. Cette transversalité du narratif serait ainsi une des voies privilégiée par la littérature contemporaine afin de retrouver sa transitivité. Donc, la spécificité du narratif contemporain = ??
En résumé, nous proposons dans un premier temps une saisie du discours sur le narratif contem-porain – dans la mesure où il participe de la construction de celui-ci en insistant sur certains phé-nomènes, en mettant d’autres de côté, construisant notre regard et notre appréhension de cette production –pour voir ce qui ressasse mais aussi ce qui échappe dans ces discours. Dans un deu-xième temps, nous proposons une saisie des productions narratives contemporaines afin d’identifier cette fois certains éléments de ces productions qui, jusqu’à maintenant, ont échappés à la critique.
Certains postulats guideront la réflexion :
1ère partie : Il nous semble que c’est par une autre voie que celle du discours sur la postmodernité que le discours critique cherche à établir cette spécificité du narratif contemporain
2e partie : Qu’il y a un maillage singulier du narratif et de la littérature contemporaine et que cela se traduit par certains usages contemporains du narratif – et vice-versa : certains usages contem-porains du narratif traduisent un maillage singulier du narratif et de la littérature contemporaine.
D) MÉTHODE :
Afin d’envisager comment le contemporain s’est construit, nous avons choisi de privilégier une posture métacritique. On s’intéresse ici, dans un premier temps, au discours qui construit la litté-rature narrative comme contemporaine, à ce par quoi le contemporain peut exister parce que le discours critique (au sens large) lui accorde une certaine valeur. On s’intéresse, dans un deuxième temps, aux œuvres narratives contemporaines elles-mêmes pour saisir ce qui, dans leur poétique et leur esthétique, fonde les grandes orientations thématiques et stylistiques de la littérature narrative contemporaine. Nous postulons, en effet, que le contemporain c’est aussi bien un discours sur la production littéraire qu’une production qui s’élabore au dehors de ces discours.
[À discuter :] Dans cette optique, nous pour¬sui¬vons deux objectifs (sous-jacents), liés à l’idée de « valeur » du contemporain :
1) Questionner les mécanismes de valorisation qui ont cours au sein des diverses instances institutionnelles en identifiant les balises, les caractéristiques, mais aussi certaines apories, points aveugles et frictions du discours critique qui s’attache à définir cette période afin d’apercevoir, entre autres, les biais qu’introduisent les choix théoriques et méthodologiques des diverses critiques.
2) Questionner les enjeux esthétiques et poétiques soulevés par les œuvres narratives con-temporaines afin de mettre en relief les mécanismes de valorisation d’une certaine concep-tion « contemporaine » de l’écriture, de la création, de la représentation, de la littérature, etc.
* Ainsi, la « valeur », c’est ce qui permet de comprendre la structuration du champ sous le rapport de l’esthétique : (1) qu’est-ce qui est valorisé, qu’est-ce qui échappe dans le dis-cours critique et en constitue la marge ? (2) Qu’est-ce qui est valorisé, qu’est-ce qui échappe dans la démarche esthétique des auteurs contemporains ? En contrepartie, on se demande : est-ce que ces choix sont validés par l’institution (prix, anthologie, collections, éditions) ?
→ La confrontation sera donc discursive dans la première partie et mobilisera les œuvres dans la seconde partie. Deux précisions sont toutefois à apporter en ce qui a trait à notre fa-çon d’envisager le con¬tem¬porain : la relation France/Québec ; la restriction au champ du narratif.
A. Choix du corpus : le discours sur le contemporain en France et au Québec
Nous choisissons de nous situer au confluent des postures de la France et du Québec sur le con-temporain ; nous estimons en effet qu’un regard croisé permettra de mieux observer la construc-tion de cet objet discursif qu’est le contemporain. Dans cette optique, nous allons évaluer, dans un premier temps, tant les discours critiques sur le contemporain qui sont développés en France et au Québec que, dans un deuxième temps, les œuvres issues de ces deux littératures.
Nous justifions la pertinence de ce regard croisé sur la base, bien sûr, de la langue commune, mais surtout sur celle d’une communauté de pensée, du point de vue des discours, des idéologies qui se développent tantôt en parallèle, tantôt en dialogue.
→ Cette dimension sera par ailleurs à interroger : la modernité au Québec s’est-elle vrai-ment cons¬truite par rapport à la France ? Et qu’en est-il de l’américanité du Québec ? Se si¬tue¬rait-elle davantage dans les conceptions de l’écriture, dans les perceptions, dans les types de représentation que dans les œuvres elles-mêmes ?
Nous proposons ainsi que, par la circulation universitaire, par le recours aux mêmes ouvrages de référence, par le partage de certaines idéologies (d’une part, la fin des avant-gardes, la postmo-dernité ou modernité en réinvention ; d’autre part, la postmodernité littéraire, le structuralisme plus ou moins triomphant, le rejet des avant-gardes ou leur dérive), une certaine perméabilité des discours critiques entre la France et le Québec est perceptible, circulation qui, traditionnel¬le¬ment, allait de la France vers le Québec, mais qui, de plus en plus, se fait dans les deux sens.
D’où l’intérêt de faire dialoguer la critique et les œuvres de ces deux territoires, sur la base de l’interrogation suivante : la notion de contemporain désigne-t-elle en France et au Québec un même phénomène ? La notion recoupe-t-elle la même réalité en France et ici ? Ces acceptions « nationales » du contemporain se contaminent-elles, s’influencent-elles ?
Il ne s’agit pas ici d’une démarche strictement comparatiste, mais bien d’un regard global sur deux littératures qui présentent des phénomènes similaires mais qui, sans doute, se déclinent dif-féremment. Il s’agira aussi, par ailleurs, de repérer les conta¬mi¬¬nations dans les œuvres, mal¬gré la diversité des réactions vis-à-vis des mêmes thèmes de réflexions (ex : les « retours à »).
Dans le même ordre d’idées, il s’agit également d’aller chercher des points de vue plus originaux, qui permettent de « traverser » les deux territoires, d’offrir de nouvelles perspectives. Ainsi, si on remarque de chaque côté une certaine homogénéité des discours critiques (et que l’on pourrait questionner d’ailleurs), il y a certainement beaucoup à apprendre d’une lecture conjointe de ces deux discours, tout comme d’une étude comparée d’œuvres françaises et québécoises réunies selon une problématique commune pour ensuite en saisir les singularités.
B. Notre angle d’approche du contemporain : le narratif
Outre la restriction à deux littératures seulement, nous nous proposons de nous restreindre aux seules œuvres narratives. Parmi les lignes de force du contemporain (aux côtés du lyrisme, du réel/fiction/virtuel, du sujet), nous élisons le narratif comme zone d’interaction privilégiée entre pratiques et discours. Dans cette optique, nous envisageons le narratif comme :
- une zone d’interaction à examiner, d’abord et avant tout, dans ses traces discursives : quels discours critiques sur ces pratiques ? (partie I) - une zone d’interaction à examiner dans ses manifestations littéraires : quelles pratiques, quelles oeuvres modelées par la rencontre de la narrativité et du contemporain ? (partie II)
* Nous posons ainsi comme hypothèse que le contexte contemporain favorise net¬te¬ment la mise en contact (et la contamination) des pratiques narratives et des discours théo¬riques en France et au Québec, mais qu’il ne laisse pas moins jaillir des sensibilités et des intérêts singuliers dont témoignent les oeuvres et les discours dans leurs traits et leurs obsessions.
** Qu’est-ce qui jaillira de l’étude de cette zone d’interaction, tant sur le versant critique que sur celui des pratiques ? → Il s’agira ici de faire des observations liées à cette zone d'interaction, de faire de cette zone le lieu d'hypothèses spécifiques (ou de points à développer en sous-texte pour les faire valoir en conclusion)
[CHAPITRE PRÉLIMINAIRE OU FIN D’INTRODUCTION] : MISE EN CONTEXTE INS¬TI¬TU¬TIONNELLE ET SOCIO-ÉDITORIALE (France + Québec)
Cette partie sera l’occasion d’une mise en contexte, c’est-à-dire de donner des repères pour tous les publics visés, d’établir les faits et de faire la petite histoire de… Dire par quoi le contemporain se caractérise, ce qui en marque les bornes pour la critique : événements, circonstances, maisons d’édition, collections, grands colloques, prix, etc. Elle sera aussi l’occasion de revenir sur certains lieux communs permettant de définir cette période, afin d’en offrir une synthèse, dont le début en 1980, le lien avec la modernité/la postmodernité, la suprématie du narratif. En somme, un état des lieux.
- Considérations socio-éditoriales comparées, du milieu de siècle jusqu’à 1980 (brève mise en place du contexte socio-historico-éditorial pour la France et le Québec):
. les orientations idéologiques littéraires dominantes, les tensions entre les champs (restreint et populaire ; par exemple : l’organisation sociologique de la littérature dans le pré-80)
. l’état du milieu éditorial (éditeurs, collections, revues, prix)
- Les seuils du contemporain, en France et au Québec (tournant 1980 et après):
. les événements, les transformations, les éléments politico-culturels
- Les manifestations de la contemporanéité, en France et au Québec:
. dans le milieu éditorial (éditeurs, revues, collections) . dans l’évolution de l’institution (nouveaux prix, nouveaux éditeurs, nouveaux lieux cri-tiques (revues, internet, etc.))
- L’état du discours sur le contemporain (le « taux » de prise en charge de cette notion)
. présence d’un discours sur le contemporain
. caractère problématique de l’objet contemporain, vision du contemporain sous un éclai¬rage historique (détachement net du contempo¬rain ? sen¬timent de continuité ?)