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Robert Lalonde, Des nouvelles d'amis très chers

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Robert Lalonde

Titre : Des nouvelles d’amis très chers

Éditeur : Boréal

Collection :

Année : 1999

Éditions ultérieures :

Désignation générique : Histoires (couverture)

Quatrième de couverture : « Ni pastiches, ni exercices de style, ces histoires sont écrites « sous l’influence » d’autres écrivains : Jean Giono, Colette, Flannery O’Connor, Francis Scott Fitzgerald, Gabriel García Márquez, Anton Tchekhov, Guy de Maupassant, Gabrielle Roy, Michel Tremblay. Participant de l’œuvre de fiction de Robert Lalonde, tout en poursuivant la voie inaugurée dans Le Monde sur le flanc de la truite et Le Vacarmeur, ces neuf textes constituent autant d’hommages à des auteurs admirés, du « piratage par amour ».

Le plus beau dans tout ça, le plus surprenant — j’aurais pu, évidemment, m’y attendre —, c’est que pillant à tour de bras je me suis vu retomber dans les sillons de ma calligraphie à moi, ce fameux timbre «naturel », qui est peut-être fait de bien plus de chants qu’on pense. Chemin faisant — car rien ne saurait arrêter le pilleur ravi ! —, je découvris, avec une joie quasiment surnaturelle, comment travaillait celui-ci, besognait celle-là, bûchait cet autre, virgulait et adjectivait cet autre encore, et crus même apercevoir le paysage qui tremblait dans la fenêtre de l’un, ou ventait dans celle de l’autre, pendant qu’il ou elle écrivait. À tel point que je fus souvent bien étonné de déposer ma plume, une fois l’histoire achevée, dans un présent absolument personnel et inimitable, où m’attendaient des occupations de revenant, pour lesquelles il me semblait que je n’étais pas né. [tiré de l’avant-propos] R .L. »

Notice biographique de l’auteur : « Né à Oka, près de Montréal, Robert Lalonde mène en parallèle des carrières de comédien et d’écrivain. »

II - CONTENU ET THÈMES

Résumé de l’œuvre : Dans ce recueil, il y a neuf « histoires », neuf nouvelles. Chacune est un hommage à un écrivain et/ou à son œuvre. Une citation tirée de l’œuvre au début de chaque nouvelle nous indique de qui il s’agit, ce qui fait qu’on n’a pas à tenter de dénicher l’intertextualité; elle est explicite. Lalonde parsème de plus ses nouvelles de phrases empruntées directement aux auteurs et on retrouve la liste complète, à la fin, en « notice bibliographique ».

Voici les titres des nouvelles et les écrivains à qui ont rend hommage dans chacune d’elles, ainsi que les textes mentionnés par Lalonde :

1. Toine et Fred : Jean Giono, Deux cavaliers de l’orage, 1965.

2. Nous nous aimons l’après-midi : Flannery O’Connor, Good Country People, 1955 [nouvelle].

3. L’amour est une région bien intéressante : Anton Tchekhov, correspondance avec sa femme, l’actrice Olga Knipper.

4. Tigre, ou comment l’amour ne vient jamais trop tard : Colette, La naissance du jour, 1928; Chéri, 1920.

5. À distance respectueuse : Francis Scott et Zelda Fitzgerald, correspondance avec sa femme, Zelda Fitzgerald.

6. La boîte vide : Gabriel Garcia Marquez, Cent ans de solitude, 1967.

7. Une ruse : Guy de Maupassant, Une vie, 1883; correspondance entre Maupassant et Flaubert

8. La chaleur du réel : Gabrielle Roy, correspondance avec sa sœur, publiée sous le titre Ma chère petite sœur. Lettres à Bernadette 1943-1970 (1988).

9. Une histoire vraie : Michel Tremblay, Les Belles-Sœurs, 1965.

Je ne donnerai pas ici un résumé de chaque histoire. J’aimerais toutefois signaler que, dans les trois dernières, les écrivains sont directement mis en scène. Les six premières histoires sont quant à elles des formes de réécriture, des « variations » sur les thèmes et le style des écrivains choisis.

Par ailleurs, l’auteur explique son projet dans un avant-propos : Dans un premier temps, il explique à quel point la lecture a tôt fait partie de sa vie, que, comme il avait toujours un livre à la main, les voix des écrivains qu’il lisait prenaient dans sa tête plus de place que celles des gens qui l’entouraient : « Tant et si bien que certaines voix me devinrent peu à peu plus familières, plus réelles, plus justes et surtout plus vraisemblables que toutes les voix aimées depuis mon commencement sur la terre, et même que la mienne propre. » (7) Il explique ensuite que c’est par une volonté de proximité, mais surtout d’identification, qu’il s’est engagé très tôt dans des activités de pastiches, de réécriture : « J’ai si longtemps souhaité devenir l’un d’eux, l’une d’elle, comme par magie – une magie que je savais impraticable et surtout dangereuse –, que je me suis mis, un beau jour, à les imiter, c’est-à-dire à les copier, époustouflé par cette facile sincérité qui enfin coulait de ma plume comme l’eau du robinet. Quand on aime, il est assez facile de se mettre à la place de l’autre. Pour peu, évidemment, que l’autre vous laisse vous y mettre. Mais l’autre, si proche qu’il parût, était loin, et donc ne pouvait pas me repousser d’une bonne tape – que j’ai souvent dû mériter. » (7-8)

Voici, plus précisément, comment Lalonde décrit son recueil : « Les neufs histoires qui suivent ne sont ni des décalques, ni des pastiches, ni même vraiment des contrefaçons (certaines ne plagient pas les voix inoubliables, mais leur répondent, comme des échos), tout en étant du copiage, bien sûr, ou si vous voulez – et j’aime bien voir la chose comme ça – du “piratage par amour”. » (8) Ce travail de « copiage », d’une part, fait tout de même ressortir sa propre voix, mais, surtout, permet de mieux comprendre les écrivains qu’il aime :

« Le plus beau dans tout ça, le plus surprenant — j’aurais pu, évidemment, m’y attendre —, c’est que pillant à tour de bras je me suis vu retomber dans les sillons de ma calligraphie à moi, ce fameux timbre “naturel”, qui est peut-être fait de bien plus de chants qu’on pense. Chemin faisant — car rien ne saurait arrêter le pilleur ravi ! —, je découvris, avec une joie quasiment surnaturelle, comment travaillait celui-ci, besognait celle-là, bûchait cet autre, virgulait et adjectivait cet autre encore, et crus même apercevoir le paysage qui tremblait dans la fenêtre de l’un, ou ventait dans celle de l’autre, pendant qu’il ou elle écrivait. À tel point que je fus souvent bien étonné de déposer ma plume, une fois l’histoire achevée, dans un présent absolument personnel et inimitable, où m’attendaient des occupations de revenant, pour lesquelles il me semblait que je n’étais pas né. » (8) « La danger, c’était là qu’il se cachait, dans la nostalgie. Je passais doucement, naturellement, du désir d’être à celui d’avoir été, et enduré le martyre, parfois le bonheur, de revenir à ce temps d’aujourd’hui, qui n’enchante ni ne surprend apparemment plus personne. Mais j’était allé là où je voulais tant me rendre : chez eux! C’était là tout ce qui comptait pour moi, et puis ça finissait là! (9)

C’est même dans le détail des phrases que les écrivains « font retour », apparaissent : « J’ai parsemé ici et là mes histoires de certaines de leurs phrases, aimées jusqu’au vertige, qui ont donné le coup d’envoi, non seulement à ces nouvelles, mais à beaucoup des ouvrages précédents. En toute dernière page, histoire de ne pas me révéler trop tôt et ainsi de gâcher le plaisir au lecteur qui aimera peut-être les détrousser, je précise d’où sont tirées les locutions très chères. Ce qui va suivre est donc de moi, provenant de chez eux. Se sont tout simplement des nouvelles fraîches de vieux amis. Deux d’entre eux sont toujours vivants, et bien vivants! Quant aux autres, ils ne sont pas partis bien loin. » (9)

Thème principal : la communion par la lecture et l’écriture (intertextualité, style, hommage)

Description du thème principal : Il est certes difficile de cerner une thématique précise dans ce recueil, autrement que par une posture plus grande, qui embrasse l’ensemble du recueil et du projet d’écriture. L’intertextualité, le style, l’hommage, la lecture, l’écriture sont alors des thèmes qui dominent, mais je crois que l’on peut les rassembler sous l’idée d’une communion qui passe par la lecture et l’écriture, que ce soit cette communion dont parle l’auteur dans son avant-propos ou celle qui est mise en scène dans la nouvelle « La chaleur du réel » (dans un échange épistolaire fictif entre Gabrielle Roy – sous le pseudonyme de Renée Duhamel – et une lectrice admiratrice), etc.

Thèmes secondaires : Certains thèmes, comme celui de l’amour, et spécialement de l’amour homosexuel revient souvent (mais l’homosexualité comme telle n’est pas mise en scène; il s’agit d’histoire entre personnes du même sexe).

III- CARACTÉRISATION NARRATIVE ET FORMELLE

Type de roman (ou de récit) : recueil de nouvelles – inclut des fictions biographiques

Type de narration : hétérodiégétique dans plusieurs cas – narration autodiégétique dans « Une histoire vraie » où, vraisemblablement, l’auteur se met en scène et raconte un épisode de sa venue à l’écriture.

Personnes et/ou personnages mis en scène : Plusieurs personnages fictifs, mais des écrivains réels également : Guy de Maupassant, Flaubert, Gabrielle Roy, Michel Tremblay.

Lieu(x) mis en scène : Divers

Types de lieux : Divers

Date(s) ou époque(s) de l'histoire : Diverses, selon l’histoire.

Intergénérité et/ou intertextualité et/ou intermédialité : Intertextualité forte avec plusieurs œuvres, incluant des romans, des nouvelles, du théâtre et de la correspondance (voir le « résumé »).

Particularités stylistiques ou textuelles : Chaque nouvelle rappelle le style d’un auteur, ou cherche à y répondre.

Auteur(e) de la fiche : Manon Auger

fq-equipe/lalonde_robert_1999_des_nouvelles_d_amis_tres_chers.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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