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Monluçon, Anne-Marie, Agathe Salha & Brigitte Ferrato-Combe (ed.), Fictions biographiques XIXe-XXe siècles, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2007.

Études de cas : Vies minuscules de Michon (2), Une vie dans les mots & Antibiotiques de Perec,

Monluçon, M. & A. Salha. « Fictions biographiques XIXe – XXIe siècles : un jeu sérieux ? (Introduction) », p. 7-32.

Macé, Peuch, Garcin

fictions biographiques : « biographies imaginaires de personnages réels » roman biographique : « une variété de roman qui se soumettrait aux règles de la biographie », « récit de vie d’un personnage fictif, reprenant la forme, les conventions du genre biographie, dans une perspective souvent parodique » (p. 8)

La « renaissance contemporaine de la fiction biographique en 1984 se présente comme un phénomène collectif, comme la coïncidence de multiples publications convergentes » : Vies minuscules de Michon, Tablettes de buis d’Avitia Apronenia de Quignard. Dans la domaine de la critique, La Biographie de D. Madelénat, et chez les historiens, Guillaume le Maréchal ou le meilleur chevalier du monde de G. Duby. En 1989 Pontalis lance la collection L’Un et l’Autre, en 1991 Alain Buisine est le premier à s’emparer de la question et appelle le phénomène « biofiction ». Depuis, on a pu aussi entendre « biographies fictives ». (p.10) Ce phénomène coïncide aussi avec la fin des grandes espérances collectives qui provoque un retour à l’individu, et donc un retour au / du sujet. Ce n’est pas un genre, mais un phénomène « qui investit en effet plusieurs genres et plusieurs formes – romans, nouvelles, essai, voire poésie ou théâtre -, mais aussi plusieurs supports artistiques. » (p. 16)

« la fiction biographique explore les rapports entre création et créateur, accédant à un type de vérité qui l’apparente au genre de l’essai ou de la critique. » (p. 24) « Il serait réducteur de voir la fiction biographique comme une forme postmoderne, vouée à la confusion du vrai et du faux, à la transgression des genres, à la déconstruction ludique, même si ces traits peuvent la caractériser… [Ces textes] témoignent d’une conscience antipositiviste des limites de la science et d’une confiance retrouvée dans les pouvoirs heuristiques de la littérature, une série d’oeuvres préservées de l’indifférence consécutive à la mort des idéologies, bien qu’il s’agisse d’une écriture informée, avertie, par les sciences humaines, les théories littéraires et les désillusions historiques. Concilier ainsi l’héritage de la modernité et sa critique postmoderne fait assurément de la fiction biographique un jeu sérieux. » (p. 32)

Viart, D. « Naissance moderne et renaissance contemporaine des fictions biographiques », p. 35-54.

Michon aurait été « l’inventeur contemporain » de cette forme, au sens juridique, c’est-à-dire dans le sens d’inventer ou désenfouir un trésor. (p. 36)

La position emblématique d’une certaine littérature des années 1980 : « comment continuer ? Continuer le roman sans le roman, comment explorer le sujet sans recourir à l’autobiographie ? » (p. 45)

« Décentrements » : « -biographique, du sujet qui trouve à parler de soir en traitant d’autrui ; -méthodique, qui préfère n’aborder son objet que par le truchement d’un tiers ; -formel, d’une forme littéraire résolument en marge de tout genre canonique, ni biographie ni fiction, ni narration ni discours, ni portrait, ni nouvelle, ni compte rendu factuel, ni transfiguration poétique, mais tous à la fois avec sa plus grande liberté de ton ; -épistémologique, ne procède d’aucune des grandes catégories cognitives mais construit son propre mode d’intellection du réel par la confrontation de celui-ci à des modèles culturels… et, par ce geste, met en question le fonctionnement même des stratégies de représentation ; -heuristique et hiérarchique, qui n’aborde jamais la figure concernée par ce qu’elle a de plus identifié, mais par le détail incongru, le biographème inattendu… les détails anodins ; -cognitif, ne procède quasiment jamais d’une enquête directe sur le sujet considéré mais toujours de glosses amassées, d’archives, de récits reçus, de représentations picturales, etc. » (p. 52)

Gefen, A. « Soi-même comme un autre : présupposés et significations du recours à la fiction biographique dans la littérature française contemporaine », p. 55-76.

Collection « L’Un et l’Autre » de Pontalis, Quignard, Mertends, Michon, Schneider, Bobin, Louis-Combet, Oster, Peuch, Macé, Camus

Les vingt dernières années du XXe siècle constituaient le second âge d’or de la biographie. Le terme de « vies » réapparaît pour désigner les formes biographoïdes les plus variées, en allant de l’autofiction à la biographie pure, en passant par le roman historique. Le « biographique désigne désormais souvent moins un espace conceptuel précis, que l’éclatement et la privatisation des genres canoniques, peu à peu contaminés par l’autofiction et la biofiction, au point où se brouillent parfois les distinctions entre récit homodiégétique (autobiographique) et hétérodiégétique (biographique), récit fictionnel et récit référentiel, récits personnels et vies littéraires, témoignages ou mémoires fictionnels – à la première personne – et récits biographiques, essais et récits fictionnels. » (p. 58) Et tout cela, dans la dernière décennie du XXe siècle, sous l’étiquette de « vie ».

À partir des années 80, les historiens assument l’hybridité textuelle de leurs dispositifs, revalorisent la subjectivité du discours historique, et cherchent à travailler avec la fiction.

« Le geste déterminant de J.-B. Peuch, dans lequel se diffracte toute la littérature contemporaine, est non seulement de faire d’une existence une construction textuelle mais d’inverser le rapport de nécessité entre le biographe et son objet. À la limite, l’écrivain peut rester sans oeuvre du moment où il est objet de biographie. Et ce qui vaut pour l’écrivain, acteur conscient de sa propre biographie, vaut dans une large mesure pour tout humain, en attente de biographe pour exister, “car qui peut exister dans témoin ? ” » (p. 64)

« Par delà le simple délitement des systèmes génériques, c’est cette conception d’une identité personnelle comme un processus en devenir, constamment négocié et surtout intersubjectif (et donc, en quelque sort, intertextuel puisque “narratif”) qui est sans doute à l’origine … du recours explicite à la biographie comme forme légitime de quête de soi, au prix d’une rupture avec ce qui fut l’ambition fondamentale du genre : rendre compte d’une frontière séparant la conscience de soi du corps d’autrui, dire l’incomparable d’une individualité périssable saisie dans ce qu’elle a du propre… » (p. 67)

Gefen n’est pas pour les idées d’ « auto-hétérobiographie » ou d’ « allo-autobiographie » puisqu’il lui semble excessif de ramasser toute écriture de vie sous la catégorie d’écriture de soi.

« Sentiment d’antériorité, nécessité du témoin, suspension des distinctions de personnes et des écarts temporels, “mélancolie du roman” comme genre (Dominique Rabaté), mises en doute et réaffirmations dialectiques des pouvoirs du verbe, qu’accompagnent sur le plan esthétique la bascule entre une écriture délibérément appauvrie et une emphase lyrique : telles sont ainsi les orientations des fictions biographiques de la fin du XXe siècle. » (p. 74)

Demartini, A.-M. « Le retour au genre biographique en histoire : quels renouvellements historiographiques ? », p. 77-92.

« retour en force de la biographie dans le paysage historiographique français depuis la fine des années 1970. » (p. 80)

Vers 1980 l’historiographie « s’infléchit du scientifique vers le littéraire », elle aussi aurait connu un retour au récit. (p. 80-81)

Aussi est-elle maintenant « installée au centre même de la recherche historique et elle se voit attribuer un rôle clef dans le renouvellement historiographique et le questionnement épistémologique. Le genre ayant cessé d’être crédible dans sa forme classique, la biographie est devenue objet d’expérimentation historique. Elle joue le rôle d’une expérience limite, pour reprendre l’expression de Jacques Revel, puisque s’y éprouve une écriture historique inventive. » (p. 89) (Il semble en effet que ce qui se passe en littérature – le retour au biographique, soit du sujet et du récit - suit de très peu, voire coïncide avec ce qui se passe en historiographie !)

Tendances en biographie « historique » : biographies croisées, études de cas portant le plus souvent sur des personnages obscurs ou mineurs, analyse des différentes images et figures du personnage, dans la perspective d’une histoire des représentations qui, scrutant légende et mythe, intègre les fictions sécrétées par un personnage dans la construction biographique, montage de textes, récits de séquences biographiques… Le souci de problématiser le genre s’affiche parfois dans le texte

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