FICHE DE LECTURE
INFORMATIONS PARATEXTUELLES
Auteur : Gérard Macé Titre : Colportage I : lectures Lieu : Paris Édition : Le Promeneur Collection : « Le cabinet des lettrés » Année : 1998 Pages : 163 Cote UQAM: Désignation générique : aucune
Bibliographie de l’auteur : en lien avec la biographie : Le manteau de Fortuny (1987), Le dernier des Égyptiens (1989), Vies antérieures (1991).
Biographé : évocations éparses de Nerval, Baudelaire, Étienne-Jean Delécluze, Lewis Carroll, Jean Tardieu et Segalen.
Quatrième de couverture : vierge
Préface : aucune
Rabats : « Des rues d’Istanbul à un théâtre au bord de la mer, et la pantoufle de verre à un signe de ponctuation peut-être inventé par Jean Paulhan, ce volume réunit des essais brefs inspirés par vingt ans de lectures, mais aussi par des rencontres et des amitiés. Les écrivains célèbres y côtoient des auteurs méconnus. On y voyage avec Segalen, mais la Chine est celle de Bartoli, qui fit de l’empire du Milieu une contrée imaginaire et plutôt baroque; on s’interroge sur le rêve avec Mandiargues, sur la poésie avec Bounoure, sur les mirages à propos de Fata Morgana; on y rencontre des morts qu’on a connus vivants, des vivants à qui l’on souhaite d’écrire encore, Lewis Carroll en barque sur l’Isis et même un bibliophile dont l’existence est incertaine. »
Autres (note, épigraphe, photographie, etc.) :
LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTRATEXTUELLES) :
Auteur/narrateur : Comme toujours chez Macé, qui emprunte la forme de l’essai, l’auteur se laisse identifier au narrateur. A=N.
Narrateur/personnage : Dans certains fragments, l’auteur-narrateur, sous la forme de l’autobiographie, plus particulièrement du récit de voyage, devient personnage de son récit.
Biographe/biographé : curiosité et amour de l’intelligence de ses biographés semblent bien décrire l’approche du biographe.
Autres relations :
L’ORGANISATION TEXTUELLE
Synopsis : Au fil de découvertes de lecture et d’associations libres, Macé livre des réflexions sur la vie et l’œuvres d’écrivains soit connus, soit obscurs; sur les voyages et l’exotisme; sur les légendes et les mythes; etc. Chacune de la trentaine de fragments que compte l’essai est autonome. Certains sont plus de l’ordre du récit (de voyage, de vie, de légende – le récit est souvent au second degré), d’autres de l’anecdote, certains encore de l’ordre de la pensée littéraire et philosophique.
Ancrage référentiel : Il y a plusieurs évocations proprement référentielles. On apprend ou réentend par exemple que Delécluze « avait assisté dans l’enfance à certains épisodes de la Terreur, et […] fut témoin d’une explosion aux Tuileries […] » (25). En fait, les « faits » et la fiction se mélangent sans cesse au gré d’associations toujours plus inventives.
Indices de fiction : Dès les premiers paragraphes, Macé imagine le retour de Nerval : « En tapant sur l’épaule du chauffeur pour partir un peu plus tôt, j’ai imaginé un instant que je payais la place de Nerval, car c’était forcément lui le voyageur absent, égaré dans sa mémoire ou marchant sur les traces de l’abbé de Bucquoy, quelque part entre Mortefontaine et les cafés du Caire. À moins qu’il ne soit revenu parmi nous pour traverser encore une fois l’Achéron, dans l’un de ces véhicules brinquebalants qui ont remplacé la barque des Anciens » (10). S’il modélise sa fiction par le verbe « imaginer » (« j’ai imaginé un instant »), Macé ne glisse pas moins dans un univers où s’absente la réalité et où se présente l’écrivain Nerval. En fait, toute l’œuvre de Gérard Macé a le mérite d’inclure l’invention et l’imagination dans l’essai, en dehors du roman.
Rapports vie-œuvre : D’un point de vue biographique, il s’agit sans doute de la catégorie la plus importante de l’œuvre de Macé. Celui-ci entremêle étonnamment vie et œuvre, dans des configurations toujours nouvelles, inédites. Tantôt il produit une interprétation à la Sainte-Beuve du poème « Cygne » de Baudelaire : « c’est sa propre mère, voilée de noir et sublimée par le souvenir, qui lui revient sous les traits d’une fatale héroïne, d’autant que Caroline Dufaÿs épousant en secondes noces le général Aupick a connu en moins glorieux le même sort qu’Andromaque […] » (14). Tantôt pourtant il s’insurge contre le roman à clef : « Mais chercher des modèles aux personnages de romans, c’est vouloir les ramener de force dans la foule des mortels, alors que leur vraie vie se passe de l’autre côté du miroir » (25). Le plus souvent, tout de même, Macé perçoit du vécu dans l’œuvre des écrivains biographés : « Le puits est vraiment très étroit, ou la chute d’Alice vraiment très lente, puisqu’elle a le temps de voir le long des parois, comme dans l’appartement de Lewis Carroll, des placards et des étagères sur lesquelles elle attarpe et repose, on s’en souvient, un pot de marmelade d’oranges » (29; c’est l’auteur qui souligne). Ici, Macé identifie à toute fin pratique le personnage fictionnel d’Alice au pays des merveilles et Alice Liddell, qui aurait servi de modèle à la première (voir Young Alice de Bertrand Claveau). Même que dans deux vers de Jean Tardieu, Macé relève le nom même du poète :
elles sont venues trop tard et, désespérées, elles se taisent : il n’est même plus temps pour LUI dire adieu! (68)
Thématisation de l’écriture et de la lecture : Comme le laisse deviner le titre, Colportage I : lectures, l’activité lectorielle est fort présente dans l’essai. En fait, c’est au fil des lectures et de ses réminiscences que Macé mène sa réflexion – fût-elle sur l’existence de l’écrivain. Le premier fragment s’intitule « La bibliothèque des rues » et Macé y décrit sa préférence pour le bouquinage déambulatoire, les étalages de livres qui côtoient les étalages de marchandises diverses. Il raconte aussi sa découverte, derrière le bazar aux épices à Istanbul, d’un livre de compte encore vierge dans lequel il entreprend de tenir le compte des « chances offertes par le temps » (10).
Thématisation de la biographie : Il y a une évocation poétique de la biographie, qui pour Macé ne dit rien, prise qu’elle est dans une sorte d’entre-deux : « Si j’ajoute maintenant ce que savent tous les amis de Jean Tardieu, et tous les lecteurs attentifs, à savoir que son père était peintre et sa mère musicienne, je sais que je n’aurai rien dit de plus, car la biographie n’est ni la source ni l’embouchure – tout juste le lit défait du jour, les draps du songe où roule un fleuve caché. » (64)
Topoï :
Hybridation : Il s’agit d’abord d’un essai. À la fois essai critique (car il contient des interprétations littéraires) et essai biographique (car il ménage une place importante aux écrivains eux-mêmes).
Différenciation :
Transposition :
Autres remarques :
LA LECTURE
Pacte de lecture :
Attitude de lecture :
Lecteur/lectrice : Mahigan Lepage