C. Jérusalem, « À rose des vents : cartographie des écritures de Minuit », p. 53-77
« Nouveaux Nouveaux Romanciers », « écriture minimaliste », « romanciers impassibles », « jeunes auteurs de Minuit » : champ littéraire caractérisé par ses figures de référence (J. Echenoz et J.-P. Toussaint) et ses postulats esthétiques (minimalisme, retour du récit, tonalité ludique, agitation poétique de la prose romanesque). p. 53
« Minimalisme » : « Une constellation de fictions marquée par l’esthétique du moindre, de la litote, de l’abstraction géométrique. » p. 57 « – narratif » : « réduction de l’intrigue, des personnages et du décor à son degré le plus infime » (p. 67). « – énonciatif » : « mise à distance de l’émotion, impassibilité » (p. 67). « – rhétorique » : « art de la litote, érosion syntaxique » (p. 67).
le terme est toujours susceptible d’être chargé de connotations négatives : appauvrissement littéraire, jonglerie, formalisme, pur effet de surface, littérature de paillettes et de poudre aux yeux, etc…
Cette constellation « trouve son origine » dans deux premiers livres, Le Méridien de Greenwich (1979, Echenoz) et La Salle de bain (1985, Toussaint), mais on voit parfois mal comment les oeuvres de ces auteurs pourraient être « corsetés » par l’étiquette d’une écriture de la réserve, de la retenue, du neutre. « Il y a chez ces auteurs une forme d’outrance qui s’accommode mal du terme de minimalisme. » (p. 68)
Quand il s’agit de la « minceur du propos » des premiers romans (de Toussaint, Oster, Gailly), Jérusalem note que le minimalisme est moins un art de l’ellipse que de la dilatation et… dans ce sens, maximale.
À propos de Faire l’amour : « le roman baigne dans une ambiance de surexposition photographique : chambre close, acide révélateur, effets de flou, non réductible à son quadrillage topographique. Un espace littéraire émerge, fantomatique (les mondanités autour du Contemporary Art Space), métaphorique (les larmes de Marie, le séisme de Tokyo), politique (superposition de la Carte de Tendre sur celle de la mondialisation).
Pour J. c’est Oster qui est le romancier par excellence du minimalisme, au moins dans ses premiers romans, grâce à « l’exigence de la précision, la volonté d’épure et le souci du détail » (p. 72).