BIRON, Michel, François DUMONT et Élisabeth NARDOUT-LAFARGE (2007), « Introduction » et « Cinquième partie : Le décentrement de la littérature (depuis 1980) », dans Histoire de la littérature québécoise, Montréal, Boréal, p. 11-16 / 529-626.
INTRODUCTION L’ensemble de cet ouvrage se veut une relecture, à la lumière des travaux critiques contemporains, de l’ensemble de la littérature québécoise. Trois principes de l’ouvrage : 1) Faire prédominer les textes sur les institutions 2) proposer des lectures critiques 3) marquer les changements entre les conjonctures qui distinguent chacune des périodes. (11) Cette « histoire » se distingue donc des autres entreprises du genre (telle La Vie littéraire) par le fait qu’elle s’intéresse et met l’accent sur les œuvres elles-mêmes : « … il nous a semblé que le temps était venu d’entreprendre une nouvelle lecture historique des textes littéraires québécois. » (11) [ —- Il importe donc déjà de remarquer que, si le contemporain sera défini à la lumière des œuvres qui le composent, cela découle d’une méthodologie d’ensemble – qui s’applique à tout l’ouvrage. Il sera donc davantage significatif de voir quelles œuvres et quels courants retiennent l’attention pour définir le contemporain.]
Il leur faut dès lors définir ce qu’on entend par « textes littéraires » - sans répondre à la question qui reviendra tout au long de l’ouvrage, ils remarquent déjà une spécificité de la littérature québécoise, à savoir que, « pour beaucoup de commentateurs […] le meilleur de la littérature québécoise se trouve à certaines époques du côté des genres non canoniques, comme la chronique ou la correspondance, et non du côté du roman ou de la poésie. » / « Le mot “littéraire” a donc une acception particulièrement large aux Québec. Pendant longtemps, des textes qui ailleurs appartiendraient aux marges de l’histoire littéraire en forment ici l’armature. » (12) Ils s’interrogent ensuite sur le statut particulier de la littérature québécoise, puisque ce statut nécessite une façon de raconter particulière : « Petite littérature », marquée par la question nationale. Ils choisissent une approche médiane entre l’approche externe et l’approche interne de la littérature : « Les ambitions individuelles, les choix esthétiques et les inventions formelles s’éclairent si on les articule à ce qui se passe dans l’ensemble du champ littéraire de même que dans les autres sphères d’activité (culturelle, sociale, politique, religieuse, économique ». (13)
L’ensemble de l’ouvrage pourrait lui-même être vu, de façon presque métadiscursive, comme une façon de construire le contemporain : « À partir d’un point de vue contemporain sur l’histoire, nous avons visé à dégager la cohérence et l’originalité des œuvres littéraires. » (13) Plus loin : « Adopter un point de vue contemporain sur la littérature québécoise, c’est forcément aborder la question de ses frontières non seulement au regard de la tradition, mais aussi à partir des interrogations auxquelles fait face à présent la culture québécoise. » (14-15)
Opérer aussi une sélection parmi les lectures du corpus québécois ; il y aurait aujourd’hui une “tradition de lecture”, ce qui constituerait aussi un des aspects du contemporain (on rejoint ici la lecture de Nepveu) : « La littérature québécoise n’est plus un projet, comme à l’époque de la Révolution tranquille, mais un héritage de lectures qui se sont plus ou moins imposées dans la critique contemporaine. » (13) Il y a désormais des « classiques » de la littérature québécoise, dont Anne Hébert, Nelligan, Gabrielle Roy et Réjean Ducharme.
En ce qui concerne la périodisation, voici comment ils définissent la période contemporaine : « À partir de 1980, sans qu’il y ait de rupture à proprement parler, une cinquième période commence, caractérisée par le décentrement de la littérature et marquée à la fois par un pluralisme exacerbée et par l’expansion phénoménale de la production littéraire. » (16) Ils ont toutefois voulu se montrer prudent par rapport à la période actuelle : « Toutefois, pour l’époque actuelle, nous sommes restés plus mesurées, estimant qu’il faudra un certain temps avant de pouvoir l’évaluer avec la distance critique requise. » (16)
LE DÉCENTREMENT DE LA LITTÉRATURE (DEPUIS 1980) Introduction générale 1- L’échec du référendum fait éclater l’orientation de la littérature québécoise (le projet national vers une recherche d’identité qui va maintenant dans plusieurs directions) 2- Effervescence de la production culturelle et de l’institution (plus d’auteurs, de lecteurs, culture accessibles à tous, etc.) 3- Absence de repères et de figures de proue. Littérature qui se représente par la négative. → « D’où le paradoxe central qui colore toute la période contemporaine : c’est au moment où la littérature québécoise paraît plus vivante et plus reconnue que jamais qu’elle est entraînée, comme toute culture lettrée, dans un vaste processus de minorisation et de décentrement. » (532) [—- Mais est-ce vraiment un paradoxe ? N’est-ce pas normal que, à partir du moment où la littérature n’a plus à se battre pour voir son identité reconnue, elle puisse véritablement connaître son expansion et son « autonomisation » ?]
Ils énumèrent les divers « décentrements » : 1. décentrement par rapport à la question nationale – « … le plus évident concerne le rapport extrêmement chargé au Québec entre la littérature et la nation. » (532) Sorte d’évacuation de la « Québécité ». Il y a plus de transferts culturels mais la question nationale est encore présente. On peut aussi parler de décentrement par rapport au « nous ». 2. décentrement par rapport à l’Histoire – le rapport au passé n’est plus le même, entre autres à cause de la présence d’écrivains étrangers. Intégration de plusieurs traditions et héritages. Inclut un décentrement face à l’histoire littéraire – plus de ruptures, plus d’avant-gardes. Vision postmoderne, tournée vers le présent mais désabusée. Sentiment de ne pas faire l’histoire. Certaine nostalgie face au passé – surtout aux idéaux des individus passés. 3. décentrement par rapport à un certain héritage culturel (français et catholique pour les générations précédentes). Les écrivains ne se définissent plus par rapport à la France, mais par rapport à « l’international », plus difficile à définir, et par rapport à diverses cultures plus proches, dont la culture américaine. Perte de l’héritage catholique. 4. décentrement de la littérature par rapport à elle-même. « Enfin, la littérature se décentre aussi par rapport à elle-même, c’est-à-dire par rapport à ce qui se définissait jusque-là comme littérature. » (533) L’idée de transgression se serait répandue au point de devenir obsolète et banale, créant un sentiment de lassitude dans la littérature contemporaine, « épuisée de toujours se lancer à la quête du nouveau ». (534) * « Tous ces décentrements (par rapport à la nation, à l’Histoire, à la France, à la religion catholique, à la littérature elle-même) se ramènent peut-être au fond à un seul, qui est celui du sujet individuel lui-même, lequel doit reconstruire son identité dans un monde où la nation et la famille se sont décomposées. » (534) – cela coïncide en partie avec le « retour du sujet » souvent évoqué pour cette période, mais il s’agirait « moins en réalité d’un retour à un “je” ancien qu’une plongée en soi-même, à une profondeur qui n’a pas d’équivalents dans la littérature antérieures. » (534) Retour de SDG et intérêt grandissant pour les écrivains de l’intériorité.
La production contemporaine, par son éclectisme et son décentrement, devient elle-même difficile à définir dans une vision totalisante, ce qui oblige les commentateurs (du moins ici, mais ce sera à vérifier) à adopter la même posture : « Qui dit pluralisme dit bien sûr un ensemble de voix singulières qui ne se laissent pas aisément réduire à des catégories ou à des courants comme ce pouvait être le cas dans les périodes antérieures. Toute synthèse paraît vouée à l’échec, tant les nuances d’écriture sont nombreuses. Comment rendre compte de l’éclatement contemporain sans tomber dans la simple énumération ? Comment parler en détail d’écrivains singuliers si aucun d’entre eux en se démarque franchement, si l’effet dominant demeure “l’égalité des voix” dont parle André Brochu à propos de la poésie ? » (535) Ils proposeront donc plusieurs petits chapitres sur divers courants qui ne se recoupent ou ne se prolongent pas nécessairement ; voir les divers titres. Mais ils précisent : « On peut toutefois se faire une idée de l’évolution générale en observant certains enchaînements particulièrement significatifs : les trois premiers chapitres portent sur le roman, qui domine largement la production littéraire contemporaine ; les trois chapitres suivants examinent des textes et des œuvres marqués par la question identitaire, de l’écriture migrante au corpus anglo-québécois en passant par la francophonie canadienne… » etc. (535) Trop long à énumérer, mais il me semble que ces « enchaînements significatifs » sont malgré tout assez fragiles. Il n’y a pas nécessairement de suite logique mais plutôt différents chapitres consacrés à différents phénomènes regroupés selon leurs affinités génériques, que ce soit par l’affirmation d’une suprématie (le roman) ou, justement, pour faire « ressortir l’imprécision des frontières génériques en régime contemporain » (535) De plus, si le roman domine, on constate que l’espace qui lui est accordé est plutôt restreint. Enfin, égal aux autres genres comme le théâtre ou la poésie.
1 Des best-sellers Phénomène de la littérature de masse se développant au tournant des années 1980. Romans qui obtiennent la faveur populaire (et non celle de l’institution, ce qui ne l’exclut pas) et qui s’inscrivent peu ou prou dans la veine réaliste. Donnent en exemple l’œuvre de Tremblay (le salut par l’art), de Beauchemin (mettant pour la première fois en scène un canadien-français victorieux – visée positive), de Noël (roman de la nouvelle génération). « La prolifération de best-sellers constitue certainement l’un des traits dominants de la littérature québécoise contemporaine, et de plus en plus au fur et à mesure qu’on avance dans la période. » (542) Donc, apparition d’une sphère de grande production. → « L’avènement d’une sphère de grande production entraîne aussi, par réaction, l’essor d’un roman qui se définit justement par opposition aux best-sellers. » (543)
2 Jacques Poulin ou le roman en mode mineur Les romans en « mode mineur » - dont Poulin représente une figure de proue, s’opposent donc aux « gros romans » du chapitre précédent. Son œuvre devient donc prédominante pour définir un courant de la littérature québécoise contemporaine, courant dans lequel s’inscriront d’autres écrivains mais qui seront d’abord situés par rapport à Poulin. Par exemple : « Si JP se caractérise par la constance de son écriture, tout entière placée sous le signe de la retenue, il n’en va pas ainsi chez quelques autres romanciers qui, à l’inverse, parcourent un assez long chemin avant d’arriver à ce roman en mode mineur. » (549) Il s’agit de Louis Gauthier et d’Yvon Rivard. Poulin : « À l’aliénation collective le roman poulinien oppose une aliénation individuelle, qui ne s’exprime plus que sur le mode mineur et dont les causes restent obscures, liées à une vie ancienne dont on n’entendra à peu près jamais parler. » (545)
3 Romans baroques et hyperréalisme Le chapitre s’ouvre ainsi : « Entre le roman minimaliste et le roman d’action, on trouve quantité de fictions à l’architecture complexe, marquées à la fois par le goût des jeux formels et par une interrogation sur l’identité subjective sur fond de violence et de chaos. » (552) Suivi d’une définition. Roman postmoderne, « tentation du baroque », éclatement du sens, brouillage des frontières, hyperréalisme plutôt que réalisme, etc. Marie-Claire Blais , Yolande Villemaire, Suzanne Jacob. Les « fictions à la forme originale publiées dans les années 1980 » (555), dont celles de Monique LaRue, de Madeleine Monette, de Lise Tremblay – , Sylvain Trudel. Apparition d’une nouvelle génération d’auteurs avec Christian Mistral et Louis Hamelin – et plus tard Guillaume Vignault – qui se définit par rapport à l’américanité et revendique une certaine filiation à la Kerouac. Gaétan Soucy, « l’écrivain le plus follement baroque de cette période » (558) D’une façon générale, « les références à la littérature, au cinéma, à la chanson, à la télévision ou au monde virtuel abondent dans ce type de roman. Elles ne constituent pas seulement des indicateurs permettant de situer le personnage dans une certaine réalité contemporaine : elles tiennent souvent lieu de réalité et fournissent un récit préalable auquel s’identifie le personnage principal. Par là, ces récits brouillent les frontières de la fiction. » (559) Rober Racine, Jean-François Chassay, Nicolas Dickner. * En somme, dans ce chapitre, une foule de figures se bousculent pour rendre compte d’un courant assez dominant mais qui n’occupe, dans l’économie globale de la partie, qu’un chapitre équivalent à celui presque entièrement consacré à Jacques Poulin.
4 L’écriture migrante « …une des transformations les plus visibles de la littérature québécoise des années 1980 » (561), à la fois comme production d’écrivains immigrants et comme esthétique littéraire. Devient un phénomène qui intéresse beaucoup l’institution et la critique (Nepveu, Harel). La littérature québécoise se reconnaît dans l’écriture migrante. En ce qui concerne les écrivains venus d’ailleurs, ils ont des esthétiques fort différentes les unes des autres. Ce mouvement semble s’essouffler et s’affadir dans les années 2000.
5 La nouvelle francophonie canadienne Le rapport des autres littératures francophones du Canada. L’Acadie et l’Ontario français. Apparition de nouvelle marginalité, consécutive de l’autonomisation de la littérature québécoise.
6 La traduction de la littérature anglo-québécoise Le phénomène de la traduction devient de plus en plus important à partir de 1970. Échanges avec le Canada anglais. « Avant l’époque contemporaine, on ne parlait guère de littérature anglo-québécoise. » (574) « Pour plusieurs, les frontières entre les langues et les cultures s’estompent. Leur brouillage témoigne par là même des importants décentrements que connaît la littérature québécoise contemporaine. Cette dernière ne renvoie plus à un projet collectif construit autour de l’équation “une langue, une culture” et n’est plus assimilable à un nous homogène. » (575)
7 Le théâtre comme performance * Les années 1980 marquent véritablement un tournant pour toutes les disciplines – c’est ici, du moins, une des dominantes de l’analyse de la littérature contemporaine * « La plupart des critiques de théâtre s’entendent pour dire que 1980 marque, sinon une rupture, du moins un “virage” ou un “tournant”. » (581) Détournement de la vocation du théâtre (comme de toute la littérature) de la cause nationale après l’échec référendaire : « On voit par là que les principaux thèmes renvoient à des drames intimes et sociaux qui ne passent plus par le référent national. En donnant la parole à des personnages situés le plus souvent dans les marges de la société, ces mêmes pièces assument encore une fonction politique, mais de façon oblique et non plus mimétique comme cela avait été le cas du théâtre d’intervention. » (581)
8 La spécialisation des genres « Tout en s’élargissant de façon spectaculaire à partir de 1980, le domaine littéraire tend à se fragmenter en fonction de publics de plus en plus ciblés. » Subdivision de la littérature en secteurs relativement indépendants avec leurs propres appareils institutionnels. « Le phénomène de spécialisation peut être perçu comme une conséquence du décentrement de la littérature et de la perte d’influence de l’écrivain. » (591) Engouement pour la nouvelle, devient genre autonome et non plus subordonné à d’autres genres, comme le roman. « Les thèmes les plus fréquemment observés dans les recueils de nouvelles contemporains recoupent en grande partie ceux qu’on peut repérer dans le reste de la littérature québécoise de cette période : disparition de la thématique nationaliste, plongée dans les énigmes du moi, expériences de la solitude, de l’ennui, de la marginalité sous toutes ses formes. » (594) Émergence, dans la période contemporaine, de sous-genres tels la science-fiction et les récits policiers, avec aussi la fondation de revue. Écriture pour enfants et adolescents.
9 L’opposition entre la recherche et l’essai 1- Recherche : « À partir des années 1980, la critique savante est progressivement orientée vers la “recherche”, tandis que s’impose dans les universités un système de financement issu des disciplines scientifiques, fondé sur les subventions qu’obtiennent les chercheurs. » (597) « morcellement des spécialisations » / Autonomisation des champs d’expertise. 2- Essai : « Souvent présentée comme une preuve de la vitalité de la littérature québécoise, la recherche suscite aussi la méfiance, et un autre pan de la critique trouve une place dans l’essai. » (598) Ce chapitre est donc une autre façon de comparer deux « genres », l’essai et la recherche = « Ces deux pratiques définissent deux conceptions de la littérature qui se distinguent, voire s’opposent, surtout par le type de rapport que le critique entretient avec son objet, observation objective et application de grilles méthodologiques dans un cas, mise à l’épreuve d’une subjectivité dans l’autre. » (598)
10 La poésie et la fiction intimistes Ils remarquent moins de changements du côté de la poésie que du côté des autres genres. Elle se marginalise quelque peu, se replie sur elle-même. L’importance, encore, de la figure de Gaston Miron : « Il est d’ailleurs assez significatif que le moment le plus mémorable de toute la période contemporaine ait été la mort de Miron en 1996, qui a donné lieu aux premières funérailles nationales accordées à un écrivain dans l’histoire du Québec. Avec lui, c’est une certaine idée de la poésie québécoise comme projet collectif qui semble mourir. » (605) « Les poètes contemporains abandonnent la fonction de célébration de la poésie au profit de sa puissance d’interrogation. » (605)
11 Du pays au paysage Un des rares chapitres qui ne soit pas axé sur la question des genres, mais davantage sur une thématique comme celui sur l’exil. On oppose ici la question du paysage par rapport à celle du pays, mais plus spécifiquement dans la poésie, ce thème devenant important dans la période contemporaine.
12 La postérité des avant-gardes Essoufflement des avant-gardes poétiques. « La critique a l’habitude d’interpréter cette fin des avant-gardes comme la conclusion de la tradition de la rupture traversant toute la modernité. Il faut toutefois remarquer aussi que les avant-gardes ont une importante postérité et qu’il est difficile de comprendre une part de la production contemporaine si on exagère la coupure de 1980. » (618) – surtout sur la poésie.
13 Les fictions de soi « Les thématiques liées à l’identité […] dominent toute la période contemporaine. Mais le récit de soi subit d’importantes mutations durant les années 1990 et 2000, et il ressemble de moins en moins à l’autobiographie traditionnelle. » (624) On entre encore ici dans un genre, celui de l’autofiction. Impudeur, obscénité, etc. De plus, l’inflexion autobiographique que donne de plus en plus d’auteurs à leurs écrits.
* En somme : - la question du rapport au genre devient prédominante tant dans la façon de faire de la littérature que dans la façon de l’analyser, de l’étudier, de la critiquer, mais cela peut être consécutif du fait que les auteurs font prédominer les œuvres sur l’institution. - La thématique de l’écriture migrante est ici aussi très importante – elle était à l’état embryonnaire chez Nepveu. - On situe sans cesse la période contemporaine par rapport à la période précédente, marquée par la question nationale qui disparaît au profit d’une revalorisation de l’intime et du soi, de l’expérience individuelle. À cet égard, ce collectif est héritier de la pensée et de la méthode de Pierre Nepveu. - « Les thématiques liées à l’identité […] dominent toute la période contemporaine. » (624) - La méthodologie de l’ensemble de l’ouvrage s’appuyait sur la volonté de faire prédominer les œuvres sur les institutions. Cela revenait-il à dire de faire prédominer les genres sur les courants littéraires ? Oui et non ; on ne sépare pas explicitement par genre, mais par thématiques qui sont souvent propres à des genres. Il est difficile, cependant, de statuer, puisque je n’ai pas vraiment de point de comparaison. Je peux spéculer, par contre : Des entreprises comme La vie littéraire s’intéresse aux institutions et ont une approche sociologique (à la Bourdieu) de la littérature mais ne travaille pas la période contemporaine – cette approche nécessitant-elle un certain recul par rapport à la période concernée ? Je n’en sais évidemment rien et je suppose que non. Je ne peux savoir comment ont véritablement procéder les auteurs, comment le fait qu’ils ont choisi de parler de la période contemporaine ont influé sur la méthodologie d’ensemble.