diffraction:frontieres_et_manipulations_generiques_dans_la_litterature_canadienne_francophone

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LALONDE, Lucie, et Pierre SIGURET (dir.), Frontières et manipulations génériques dans la littérature canadienne francophone. Actes du colloque organisé par les étudiants du département des Lettres françaises de l'Université d'Ottawa du 20 au 22 mai 1992, Ottawa, Le Nordir, 1992. [VA]

Note : les communications qui ne portent pas sur un corpus contemporain ont été ignorées.

1. Terminologie pour désigner le pluriel et/ou l'effacement des frontières

On ne saurait dire qu'il y a de véritables efforts terminologiques pour désigner la labilité - du moins pour la rassembler sous des étiquettes, fortes, éloquentes ; tout au plus des expressions ponctuelles :

- Les auteurs associent la littérature à la « lutte des frontières, voire à un décloisonnement généralisé » (7), qui se traduisent par des « mélanges hyper-génériques (roman-poésie-essai) » (7), des « transferts génériques » (7).

2. Explications ou concepts utilisés pour aborder le phénomène du pluriel et/ou de l'effacement des frontières

La pluralité et l'effacement des frontières sont surtout observés sur le plan du genre, dont la « transgression » (29), la « contamin[ation] » (34), la « manipulation » (78), la « subversion » (79), le « métissage » 79), l'« hybrid[ité] » (98), etc, donnent lieu à des formules hétérogènes. Une citation, parmi d'autres :

« Le roman canadien francophone contemporain se caractérise par l'emprunt à une multitude de discours : analyse dite psychologique, exposé et allusions historiques, examen philosophique, roman policier, science de la fiction, opéra-savon, tentative et illustrations poétiques, théâtralité référentielle, etc. Ces emprunts forment des agrégats discursifs et/ou textuels confirmant la confusion des genres et désorientant le lecteur qui s'en remet à l'étiquette imposée par l'éditeur. C'est aussi l'aveu du renouvellement insolite des énoncés littéraires et non littéraires au Canada francophone » (Pierre Siguret, « Déploiement du paradigme dans l'analyse des juxtapositions des discours : Anne Hébert, Jacques Godbout et Réjean Ducharme », p. 36).

Le genre semble une assise forte pour la critique ; c'est son apparente homogénéité qui permet aux critiques d'en relever aujourd'hui l'hétérogénéité :

« La littérature contemporaine est-elle tout à fait exempte de distinctions génériques ? On peu en douter. Certes, ces distinctions ne correspondent plus aux notions léguées par les théories littéraires du passé. Mais […] [n]e pas reconnaître la norme générique, c'est aussi s'interdire d'en déceler la possible transgression. Mieux vaut donc […] préserver l'idée du genre [comme si elle maintenait l'idée du genre pour en permettre les transgressions - comme un repère qui facilite la tâche du critique…]» (Anna Gural-Migdal, « La transgression générique, une quête initiatique dans La vaironne d'Évelyne Bernard », p. 78).

3. Cause(s) du pluriel et/ou de l'effacement des frontières

- Le renouvellement du genre est « suscité par une culture solidement ancrée dans les hommes, les femmes et le terroir » (7). Il en résulte une « inéluctable transformation de la littérature » (7).

Dans le même ordre d'idées, Allan Walsh (« Texte, genre et frontières génériques dans le roman historique au Canada francophone », p. 20-28) propose une hypothèse intéressante d'un point de vue socio-littéraire - cela dit à partir d'un corpus non contemporain : « À mon avis, l'intérêt d'une analyse générique est de nous permettre de grouper des textes et de montrer de quelle façon ils participent au système textuel d'une époque donnée, tout en mettant en évidence les liens que ces textes entretiennent avec la société, avec les textes qui les ont précédés et avec les autres types de discours » (20). Autrement dit, le renouvellement des genres - leur croisement, leur mélange - participerait des transformations socio-littéraires d'une époque donnée. Par exemple, Les engagés du Grand Portage (1938) « textualise dans son organisation formelle toute une série de préoccupations propres aux années trente, telles l'objectivité et un mode de description réaliste » (25), avec comme résultat une transformation du genre historique. Kamouraska (1970), pour sa part, « thématise non seulement toute la question de la véridicité historique, mais aussi le problème de la construction de l'identité, tout en donnant une image de celle-ci comme processus en cours » (26).

On pourrait rattacher à cette hypothèse socio-littéraire la posture défendue par Nirmaljeet Sandhu (« Québécité et polyphonie dans La Québécoite de Régine Robin et L'autre rivage d'Antonio D'Alfonso, p. 96-103), selon laquelle l'écriture migrante, dans les années 1980, est entrée « en jeu intertextuel avec “le texte national” [ ; ] elle subvertit, elle déconstruit et transforme les notions de la race, de la nation et de l'Histoire québécoise » (97).

4. Traces du discours critique des années 1960-1970

« Pour les structuralistes, tel Todorov, la littérature apparaît comme un système en continuelle transformation, comme une exploration des puissances fictionnelles du langage » (29) : on voit bien là, chez Denis Guay (« Métamorphose et saga chez Victor-Lévy Beaulieu », p. 29-35), le discours structuraliste dont hérite la critique contemporaine.

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