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ranx:viviane_elisabeth_fauville

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I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Julia Deck

Titre : Viviane Élisabeth Fauville

Éditeur : Éditions de Minuit

Année : 2012

Désignation générique : Roman

Quatrième de couverture : «Vous êtes Viviane Élisabeth Fauville. Vous avez quarante-deux ans, une enfant, un mari, mais il vient de vous quitter. Et puis hier, vous avez tué votre psychanalyste. Vous auriez sans doute mieux fait de vous abstenir. Heureusement, je suis là pour reprendre la situation en main.»

II- CONTENU GÉNÉRAL Résumé de l’œuvre : Viviane se remémore vaguement sa journée, lorsqu’elle endort son bébé dans son nouvel appartement. Elle se rappelle avoir eu un malaise, lorsqu’elle est passée dans son ancien appartement, celui qu’elle partageait un mois plutôt avec son mari qui l’a quittée (pour une femme plus jeune qui menaçait de prendre sa place au travail, en plus de cela). Son psychiatre accepte de la recevoir en panique, le soir vers 18h. Elle le liquide avec un des couteaux de cuisines que sa mère a offerts à Julien pour leur mariage. Puis, elle rentre chez elle, essayant de ne pas trop laisser de traces, mais il s’agit de son premier meurtre, les traces de son passage sont visibles. Elle est interrogée une première fois par un inspecteur de police, son bébé dans les bras, assurant qu’elle était avec sa mère le soir du meurtre. Parallèlement, Viviane tente de se rapprocher des autres témoins potentiels (la veuve, l’amante, plus tard un autre patient). Puis, la police la fait revenir, lui demande des explications, car sa mère est morte depuis huit ans, son alibi ne colle pas. On la libère quand même. Viviane couche avec Tony, l’autre patient accusé, et ce dernier la violente. Elle se dispute avec Julien, ce dernier remarque les blessures sur son corps, les policiers l’arrêtent et on la soupçonne gravement. Tony a un alibi très solide (il travaillait le soir du meurtre). Finalement, on la libère. Elle est encore une fois supposée rencontrer Julien, mais lui fausse compagnie, préférant le suivre de loin pendant qu’elle est aussi suivie. Elle suffoque lorsqu’on la coince sur un pont, puis, elle est internée pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. On lui laisse sa fille et progressivement, le lecteur réalise qu’elle n’est pas enfermée, donc certainement non coupable. En effet, sa mère vient la chercher pour l’emmener chez elle : ils ont trouvé le vrai coupable, Viviane s’est imaginé beaucoup de choses. À la fin, son patron lui offre un emploi à un autre endroit.

Thème(s) : Relation enfant-parent, meurtre, séparation, maladie mentale.

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Dès les premières pages, le protagoniste se souvient de façon imprécise des évènements récents (de sa journée). De plus, la narration laisse présumer que Viviane ne contrôle pas complètement sa vie.

Appréciation globale : Il s’agit d’une lecture facile, mais active : nous ne pouvons faire confiance ni à la narration ni au protagoniste. Bon roman, j’ai éclaté de rire lorsqu’elle tue son psychiatre : la chose est absurde.

IV – TYPE DE RUPTURE

A) Rupture actionnelle : À première vue, nous pouvons croire que Viviane est un personnage qui agit, mais très vite, on se rend compte que parfois la narratrice change de nom pour Élisabeth et parle en son nom, ou de Viviane à la troisième personne. La narration à la deuxième personne du pluriel laisse aussi présumer que Viviane est soumise à un narrateur (ou narratrice, serait-ce Élisabeth?) contrôlant. Les évènements sont également contre elle, pour qu’elle puisse agir. En effet, c’est son mari qui décide de la quitter, elle est toujours obligée de s’occuper de son enfant, elle se fait interner et elle est prise en charge par les autres. Ses seules actions sont de tuer son psychiatre et d’approcher ceux qui sont en lien avec cette affaire (ce qui est étrange et questionnable). Elle a de la difficulté à savoir ce qu’elle a fait.

« Vous n’êtes pas en mesure de faire des choix. Vous êtes esclave de la nécessité, c’est une position qui vous convient très bien, vous n’en avez jamais réclamé d’autre.» (p.46)

«Puis le vendeur a répété alors madame, un croissant, un pain au chocolat peut-être, vous êtes sûre que ça va madame, sinon je vais alerter le service de sécurité, ça ne sert à rien de semer ainsi la panique, il faut que les gens aillent travailler. Vous l’avez supplié de vos yeux aveugles. Vous auriez prononcé une parole rassurante, affirmer que vous saviez parfaitement qui vous étiez, où vous alliez et ce que vous désiriez comme genre de viennoiserie, mais votre mâchoire ne fonctionnait plus. Vos lèvres s’ouvraient sur un mur de carrelage, et le jeune homme a dit bon, j’appelle du renfort.» (p.49)

«Ensuite je ne sais pas pourquoi je fais ce que je fais, mais je le fais. Qu’on aille pas croire que je pense que c’est une bonne idée ou que j’en suis fière, c’est juste que cela s’impose : mes pieds avancent et je les suis.» (p.63)

B) Rupture interprétative : Viviane Élisabeth Fauville ne comprend qu’en partie sa propre histoire. Elle s’imagine qu’elle a tué son psychiatre et elle embarque le lecteur dans son délire jusqu’à la fin (même s’il est possible de remettre sa parole en doute bien avant). Pour ce qui est de sa mère, le questionnement demeure. On ne sait pas si elle est morte il y a sept ans ou non, car la narratrice croit qu’elle est en vie à certains moments (au début lorsqu’elle affirme avoir été avec elle le soir du meurtre et à la fin lorsqu’elle s’occupe d’elle après sa sortie de la clinique), mais qu’elle est morte à d’autres (lorsque le policier lui dit que selon les dossiers publics sa mère est morte il y a huit ans et lorsqu’elle est en couple avec Julien et que celui-ci veut qu’elle vende son logement hérité et inoccupé). On peut donc en conclure que les résonnements et interprétations de Viviane sont faussés. À partir des quelques semaines finales pendant lesquelles elle est à moitié incarcérée pour meurtre et à moitié gardée sous surveillance à cause de ses problèmes mentaux, sa vision et ses perceptions présentes sont de plus en plus imprécises.

«À vrai dire, vous n’êtes même plus certaine d’être retournée, tout à l’heure, dans cet autre appartement que vous fréquentez en secret depuis des années. Les contours et les masses, les couleurs et le style se confondent au loin. Cet homme qui vous recevait, a-t-il seulement existé? […] Malgré le flou qui règne sur vos souvenirs, vous vous sentez très libre.» (p. 10)

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES

Narrateur extradiégétique et autodiégétique (soit Viviane, soit Élisabeth, soit les deux). Cette multitude de voix rend le récit parfois un peu confus. Le lecteur s’y perd et récent la même chose que le personnage dans l’univers du récit. Aucun n’a de prise sur les évènements. La plupart du temps, pourtant, la narration est au «vous». C’est comme si le narrateur s’adressait directement à Viviane (ou à Héloïse, à un moment).

ranx/viviane_elisabeth_fauville.1432572307.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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