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ranx:un_garcon_maladroit
I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Marc-Alain Wolf

Titre : Un garçon maladroit

Éditeur : Triptyque

Collection :

Année : 2012

Éditions ultérieures :

Désignation générique : Roman

Cote : 1

Quatrième de couverture :

« Il ne se fait guère remarquer, il est plutôt du genre à se fondre dans le décor. Il a pourtant un physique particulier, une drôle de tête, une façon bien à lui de se déplacer dans l’espace et de fuir le regard du monde. Il sursaute quand on l’appelle par son nom. Il souffre d’un manque de coordination motrice. Sa mère, qui pourrait être sa grand-mère, vient le retrouver à l’école tous les matins et tous les après-midi pour l’accompagner aux toilettes. Il ne sait pas faire pipi tout seul. À son âge, c’est assez rare. Est-ce bien ce même garçon qui, seul devant son ordinateur, se transforme en maître d’oeuvre insoupçonné de stratégies destinées à mettre fin à la pauvreté et à la faim dans le monde, à la guerre voire même à la mort ? »

II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre :

Le roman porte sur un jeune homme autistique qui souhaite réparer le monde. Dans sa vie de tous les jours, il a beaucoup de difficulté avec les contacts sociaux, mais la nuit, derrière son écran d’ordinateur, il se forme un réseau de contacts puissants afin de mener ses recherches et de faire ses expériences. Il veut combattre la famine, faire la paix dans le monde et même, enrayer la mort en allongeant l’espérance de vie. Habile avec les chiffres, il gagne son argent grâce à la bourse.

Tout au long du roman, les projets de ce garçon extrêmement intelligent semblent aller bon train. Lui-même fait beaucoup de progrès : il réussit à se faire une bonne amie, à faire pipi tout seul et, de façon générale, à mieux se comporter. Jusqu’au jour où un petit incident qui le bouleverse le plonge en pleine crise : s’étant infligé différentes blessures, il est retenu à l’hôpital en psychiatrie. Sujet à des délires, il meure quelque temps plus tard.

Thème(s) :

Trouble du spectre autistique

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix :

Ce personnage est indéniablement en rupture, tant sur le plan actionnel qu'interprétatif. Autiste, il a du mal avec la notion d'identité, interprète difficilement les signes d'autrui, est parfois sujet à des délires paranoïaques, mais malgré tout, élabore d'ambitieux projets auxquels personne à part lui ne croit vraiment. Soit ses buts sont complètement irrationnels, soit il agit de façon impulsive, sans pouvoir expliquer le motif de ses actions.

Appréciation globale :

Quoique parfois un peu répétitif, j’ai beaucoup apprécié ce roman. Souffrant d’un trouble psychologique, le personnage principal est intéressant à voir penser et agir. Il a selon moi tout à fait sa place auprès des autres personnages déconnectés.

IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture :
a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc.
b) interprétative : difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc.

a) rupture actionnelle :

Plusieurs projets habitent les pensées du personnage principal (combattre la famine mondiale, la mort de l’homme, les guerre, etc). Mais un seul grand but, au fond, les englobe tous : remplacer Dieu qui lui, est bon pour le retraite. Déjà, par l’extravagance de ce projet, on peut questionner la logique actionnelle du personnage. Celui-ci ne semble pas percevoir les limites de ce qui est possible ou non, permis ou non (les exemples pouvant illustrer cette incapacité sont nombreux, ne serait-ce que lorsqu’il tente de guérir sont père par lui-même ou injecte toutes sortes de produits à ses proches en pensant bien faire…)

Ainsi, la mission quasiment christique du personnage se montre colossale et ses projets se court-circuitent les uns les autres : par exemple, comment peut-on à la fois réduire le nombre de naissances pour contrer la famine, tout en combattant la mort de l’homme en allongeant son espérance de vie? Chaque fois qu’un projet semble bien entamé, le personnage le délaisse pour s’occuper d’autre chose. S’il semble énormément agir par la voie du web, on peut tout de même douter de la réalisation de nombreux de ses projets secrets…

D’ailleurs, en dehors de toutes ses conspirations secrètes pour sauver le monde, dans sa vie de tous les jours, le personnage se montre très passif. Chaque fois qu’on l’attaque, qu’on l’insulte ou simplement qu’il ne se sent pas bien, le personnage ferme les yeux et fait le mort en attendant que passe le moment pénible, ou encore, s’enfuit chez lui pour s’enfermer dans les toilettes. De plus, ne supportant pas les contacts physiques réels, il préfère visualiser mentalement ses actions plutôt que de les poser concrètement. Par exemple, toutes ses relations sexuelles n’ont lieu que dans son imagination. Il enregistre tout ce qui se passe, mais interagit très peu avec son milieu. Souvent, ses interlocuteur pense qu’il n’écoute pas ou qu’il ne pense rien, mais derrière son apparence passive, son cerveau ne cesse de fonctionner au maximum. Si personne ne se doute de ses projets sur le web, personne ne peut davantage concevoir la rapidité et l’intensité de ses réflexions.

Quant aux actions qu’il pose concrètement, la plupart du temps, celles-ci sont impulsives et irrationnelles. Le personnage lui-même ne peut les expliquer, puisqu’elles ne sont reconduites par aucune motivation ni par aucune logique. Ses désirs et ses besoins en sont le moteur. Par exemple, il envoie des cadeaux ou de l’argent à de purs inconnus, simplement pour offrir des cadeaux. Il écrit des poèmes à des filles, simplement parce qu’il les trouve attirantes ou désirables, mais sans jamais vouloir quelque chose d’elles en retour. Il ne peut expliquer pourquoi il n’arrive pas à faire pipi tout seul, ni pourquoi il conserve toutes ses particules corporelles dans un bocal (cheveux, ongle, sperme, etc.), ni pourquoi il s’est infligé des blessures à lui-même lors de sa crise et encore moins pourquoi il a visé, lors de celle-ci, l’œil et le sexe.

Bref, soit ses actions se dirigent vers un but irrationnel qui semble complètement impossible au lecteur et aux autres personnages du roman, soit ses actions ne sont même pas motivées par un but quelconque. Si le personnage s’imagine capable de transformer le monde, il n’y a pour autant ni intrigue ni résolution (le roman se termine sur le mort du personnage sans qu’il n’est pu achever sa mission).

b) rupture interprétative :

Enfin, du côté de l’interprétation, en raison de son trouble autistique, il est évident que le personnage démontre quelques difficultés. S’il est extrêmement brillant et enregistre tout ce qui se passe autour de lui, cela ne veut pas dire qu’il parvient à comprendre le sens de ce qu’il perçoit, en particulier lorsqu’il s’agit de comprendre les signes émis par autrui. Non seulement il interprète mal les mots, gestes, ou expressions d’autrui, ne sachant pas trop ce qu’on attend de lui ni comment réagir, mais de surcroît, il est sujet à la paranoïa; méfiant envers presque tout le monde, il est convaincu d’avoir des ennemis qui lui veulent du mal. Bref, sa mémoire est fabuleuse, son intelligence mathématique est remarquable, mais il ne peut parvenir à décoder le monde correctement.

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES
Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)

Narration extrahétérodiégétique. Le récit est faiblement configuré, quoique linéaire. Peu de choses à dire sur le plan narratif. Le discours du narrateur passe parfois du coq à l'âne, comme s'il suivait les pensées du personnage principal. D'ailleurs, côté fiabilité de la voix, je suis mitigée… On se demande parfois si le narrateur relate vraiment des faits qui surviennent en réalité, ou s’il ne fait que narrer des fabulations du personnage principal. Il semble en effet peu vraisemblable que celui-ci s’allie avec des gens puissants partout dans le monde pour mener à bien diverses expériences sur l’humanité.

ranx/un_garcon_maladroit.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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