I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE
Auteur : JAUFFRET, Régis
Titre : Tibère et Marjorie
Éditeur : Éditions du Seuil
Année : 2010
Désignation générique : Roman
Quatrième de couverture : « « Va-t’en. Moi, je t’aime trop pour te quitter. Quand on aime trop, c’est comme une cuite. On ne tient plus debout, on ne peut même pas s’enfuir. On devrait changer nos noms, comme des bateaux qui changent de propriétaire. On ne sera plus ensemble, on ne sera plus les mêmes. On deviendra d’autres gens, ce serait une escroquerie de se faire appeler encore Tibère et Marjorie. »
R. J. »
II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre : Tibère et Marjorie forment un couple depuis une dizaine d’années. Subitement, Marjorie annonce à son conjoint qu’elle veut le quitter et ne veut plus le voir, parce qu’elle l’aime trop. Tibère, un peu confus, refuse de partir ainsi. Ils retournent à leur appartement où une bagarre se déclenche. Commence alors une très longue nuit. Marjorie doit être portée à l’hôpital duquel elle se sauve alors qu’elle a encore un soluté de planté dans le bras. Elle tombe sur le ministre des Affaires étrangères, Gauthier Volvic, ancien médecin, qui lui retire la perfusion. Il la raccompagne et s’attache inexplicablement à elle. Au cours de la nuit, il revient plusieurs fois à l’appartement du couple, obsédé par l’idée de la revoir. Tibère et Marjorie, eux, réfléchissent et parlent de leur couple. Ils n’ont pas fait l’amour depuis un an et demi, car Marjorie a développé une phobie du sexe masculin. Elle collectionne toutefois les jouets sexuels, ce qui rend Tibère jaloux. Les deux se questionnent sur la profondeur de leur amour. Un accident a soudainement lieu dans l’immeuble, entrainant la mort du voisin d’en dessous et déclenchant une enquête. Le couple, inquiet, se sauve. Le lendemain, ils vont chez Séphora, la sœur obsédée sexuelle de Marjorie, pour lui demander d’héberger Tibère pour un moment. L’enquêteur et le ministre les retrouvent à cet endroit et la voisine devenue veuve les y rejoint. Au cours de la soirée, tout le monde devient très soul. Comme le ministre apparait comme un suspect dans l’accident à cause de ses allées et venues de la soirée près de l’immeuble, le président le recherche et le trouve chez Séphora. Le lendemain, au réveil de tous, le ministre est mort d’un coma éthylique, la veuve est également décédée et Marjorie décide de quitter Tibère pour de bon, car finalement elle l’aime vraiment trop.
Thème(s) : Amour, sexe, estime de soi, phobie, rupture
III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix : La relation de Tibère et Marjorie semblait hors-norme et problématique. Dès les premières pages, on pouvait constater, à travers ses actions et ses réflexions, que le personnage de Marjorie était très complexe et semblait évolué en marge des autres. Son caractère très contradictoire me paraissait potentiellement intéressant.
Appréciation globale : L'idée de départ était originale. Par contre, le récit piétine et tombe parfois dans l'humour facile. Malgré tout, il ne s'agit pas d'un roman drôle, la crise de Marjorie est réelle et profonde, mais je ne suis pas certaine que le traitement de cette rupture soit suffisant pour le projet.
IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture
b) interprétative :
Marjorie est une femme désorientée et contradictoire, qui ne peut pas être seule, mais qui est incapable de se laisser approcher, car elle interprète mal les actions et les dires des gens qui l’entourent. Elle leur prête tous de mauvaises intentions, surtout aux hommes. Son rapport à la sexualité est également déconnecté de la réalité. Elle considère le sexe masculin comme un danger, comme une bête qui se réveille parfois et pourrait la tuer. Elle s’imagine que le ministre des Affaires étrangères a voulu la violer, alors qu’il lui a simplement parlé. À son départ, elle nettoie tout le salon par peur de tomber enceinte : « elle pensait aussi qu’il avait sans bruit vaporisé un nuage de spermatozoïdes dans l’appartement. » (p. 125) Lorsqu’elle était transportée dans une salle de l’hôpital pour y être soignée, elle « se demandait si elle n’avait pas été enlevée par un maniaque qui allait l’entraîner dans une salle d’opération désaffectée et la violer après l’avoir endormie d’une injection de penthotal (p. 35). » Elle résume beaucoup les hommes à leur sexe et est convaincue qu’ils ne veulent que son corps. Ces interprétations faussées la poussent à agir ensuite de façon déconnectée, comme lorsqu’elle se rend à la Closerie des Lilas avec un soluté dans le bras, en trainant son pied à perfusion ou qu’elle enlève sa culotte devant le ministre pour lui présenter à son tour son sexe. Tibère, son amoureux ne réussit pas à la comprendre ou à suivre ses raisonnements. Selon lui, « Elle avait peut-être une douzaine de petits cerveaux comprimés dans son crâne, qui réfléchissaient chacun dans son coin, et lui conféraient une personnalité cacophonique. » (p. 67) « Elle ne l’étonnait jamais, il savait que ses neurones étaient connectés entre eux par un réseau de synapses beaucoup plus complexe que le sien. Cette organisation lui conférait une personnalité qui n’était pas seulement réversible, mais protéiforme, aléatoire […] » (p. 63-64)
V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES
Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)
Le narrateur est omniscient et raconte à la troisième personne. Cette narration ne présent pas de grande particularités.