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ranx:passivite_indifferente

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 **Passivité Indifférente** **Passivité Indifférente**
  
 Passivité Indifférente fait preuve d'un total je-m'en-foutisme face à son destin et aux évènements qui l'entourent. Son incohérence, mais surtout son manque de substance et de présence au monde définissent son caractère. Que l'évolution soit positive ou négative, que les événements soient heureux ou malheureux, Passivité Indifférente reste de glace et les subit de manière silencieuse, quand le fait d'être témoin ne résume pas sa participation à l'action. On ne saurait prétendre que le personnage ne présente aucune émotion mais bien que sa neutralité et son manque de volonté gouvernent le reste de ses attributs. Son hermétisme caractéristique fait en sorte que lecteur et la lectrice n'ont que peu ou pas du tout accès à ses pensées et sentiments, qui peuvent alors paraître, somme toute, assez ternes, voire inexistants.\\  Passivité Indifférente fait preuve d'un total je-m'en-foutisme face à son destin et aux évènements qui l'entourent. Son incohérence, mais surtout son manque de substance et de présence au monde définissent son caractère. Que l'évolution soit positive ou négative, que les événements soient heureux ou malheureux, Passivité Indifférente reste de glace et les subit de manière silencieuse, quand le fait d'être témoin ne résume pas sa participation à l'action. On ne saurait prétendre que le personnage ne présente aucune émotion mais bien que sa neutralité et son manque de volonté gouvernent le reste de ses attributs. Son hermétisme caractéristique fait en sorte que lecteur et la lectrice n'ont que peu ou pas du tout accès à ses pensées et sentiments, qui peuvent alors paraître, somme toute, assez ternes, voire inexistants.\\ 
-Un personnage inactif dont les pensées seraient décrites de manière exhaustive n'aurait pas sa place dans cette catégorie. En effet, Passivité Indifférente vient compléter le tableau des personnages passifs du roman contemporainPassivité Loquace combine réflexion et inaction, Poule-Pas-de-Tête combine action et aucune réflexion alors que Passivité Indifférente combine inaction et aucune réflexion.    +Un personnage inactif dont les pensées seraient décrites de manière exhaustive n'aurait pas sa place dans cette catégorie. En effet, Passivité Indifférente vient compléter le tableau des personnages passifs du roman contemporain Passivité Loquace combine réflexion et inaction, Poule-Pas-de-Tête combine action et aucune réflexion alors que Passivité Indifférente combine inaction et aucune réflexion.    
  
 **Des exemples notables** **Des exemples notables**
  
 __Mas Baldam dans //Baldam l'improbable// de Carle Coppens ;__ __Mas Baldam dans //Baldam l'improbable// de Carle Coppens ;__
-La société dans laquelle vit Mas Baldam est régie par un système de surveillance permettant de comptabiliser les émotions ressenties par tout un chacun. Plus « autrui » a des sentiments, vit des événements extraordinaires, se distingue par sa générosité ou sa bienfaisance, plus il cumule des pointsl'objectif étant de s'illustrer au classement pour atteindre le Cercle des 5000. Le problème avec Baldam, c'est qu'il est neutre. Homme décevant, il fait honte à sa famille, incapable de profiter de ce qui lui arrive pour obtenir de l'avancement, pour « générer de l'avant ». Un jour, quelqu'un décide de prendre le contrôle de Baldam, de l'acheter, croyant qu'il a un potentiel inestimable : il est l'homme parfaitement moyen (Mas Lambda). Grâce à lui, il sera possible de déduire le goût du plus grand nombre à partir de l'opinion d'un seul. Il est le « répondant universel ». C'est la neutralité qui définit le plus fidèlement ce personnage. Ses sentiments ne sont pas explicités. Par exemple, lorsque son père meurt, Baldam reste de glace, tandis qu'un passant lui « vole » son moment, en pleurant à chaudes larmes devant le capteur.+La société dans laquelle vit Mas Baldam est régie par un système de surveillance permettant de comptabiliser les émotions ressenties par tout un chacun. Plus « autrui » a des sentiments, vit des événements extraordinaires, se distingue par sa générosité ou sa bienfaisance, plus il cumule des pointsl'objectif étant de s'illustrer au classement pour atteindre le Cercle des 5000. Le problème avec Baldam, c'est qu'il est neutre. Homme décevant, il fait honte à sa famille, incapable de profiter de ce qui lui arrive pour obtenir de l'avancement, pour « générer de l'avant ». Un jour, quelqu'un décide de prendre le contrôle de Baldam, de l'acheter, croyant qu'il a un potentiel inestimable : il est l'homme parfaitement moyen (Mas Lambda). Grâce à lui, il sera possible de déduire le goût du plus grand nombre à partir de l'opinion d'un seul. Il est le « répondant universel ». C'est la neutralité qui définit le plus fidèlement ce personnage. Ses sentiments ne sont pas explicités. Par exemple, lorsque son père meurt, Baldam reste de glace, tandis qu'un passant lui « vole » son moment, en pleurant à chaudes larmes devant le capteur.
  
-Carle Coppens, //Baldam l'improbable//, Montréal, Le Quartanier (Polygraphe), 2011, 440 p.+Carle Coppens, //Baldam l'improbable//, Montréal, Le Quartanier (Polygraphe), 2011, 440 p.\\
 [[http://orion.crilcq.org/#baldam_l_improbable|Orion]] [[http://orion.crilcq.org/#baldam_l_improbable|Orion]]
  
 __Jacques dans //Si j'y suis// d'Erwan Desplanques ;__ __Jacques dans //Si j'y suis// d'Erwan Desplanques ;__
-La mère de Jacques est mourante et, parti en voyage s'en changer les idées, il retrouve Marion, son ex-femme qui, depuis leur divorce, a refait sa vie. Il se remémore leur vie ensemble,mais finit par quitter la maison de Marion quand il réalise qu'elle l'a bien oublié. De retour à Paris, Jacques est seul avec sa mère qui se meurt à l'hôpital. Jacques évolue dans une sorte de brume, pris par la dégénérescence de celle-ci et le souvenir de Marion. Le dernier chapitre se déroule au Vietnam, où Jacques a décidé de prendre des vacances après le décès de sa mère. Il y fait la rencontre de May. Tous deux un peu ivres, May décide d'enterrer Jacques debout dans le sable; celui-ci se laisse faire et est tout à fait serein quand May repart en moto, le laissant paralysé alors que la marée monte. Le personnage ne fait qu'essayer de fuir pour oublier un peu la douleur de la perte de sa mère. Bien que l'intention et la motivation sous ces fuites répétées soient logiquement attribuables au deuil, le personnage ne paraît pas cohérent, présent aux événements. Il subit les évènements et les décisions d'autrui silencieusement. On devine qu'il souffre parce qu'il se laisse mourir, mais le roman est elliptique et peu bavard à ce sujet.+La mère de Jacques est mourante et, parti en voyage s'en changer les idées, il retrouve Marion, son ex-femme qui, depuis leur divorce, a refait sa vie. Il se remémore leur vie ensemble, mais finit par quitter la maison de Marion quand il réalise qu'elle l'a bien oublié. De retour à Paris, Jacques est seul avec sa mère qui se meurt à l'hôpital. Jacques évolue dans une sorte de brume, pris par la dégénérescence de celle-ci et le souvenir de Marion. Le dernier chapitre se déroule au Vietnam, où Jacques a décidé de prendre des vacances après le décès de sa mère. Il y fait la rencontre de May. Tous deux un peu ivres, May décide d'enterrer Jacques debout dans le sable; celui-ci se laisse faire et est tout à fait serein quand May repart en moto, le laissant paralysé alors que la marée monte. Le personnage ne fait qu'essayer de fuir pour oublier un peu la douleur de la perte de sa mère. Bien que l'intention et la motivation sous ces fuites répétées soient logiquement attribuables au deuil, le personnage ne paraît ni cohérent, ni vraiment présent aux événements. Il subit les évènements et les décisions d'autrui silencieusement. On devine qu'il souffre parce qu'il se laisse mourir, mais le roman est elliptique et peu bavard à ce sujet.
  
 Erwan Desplanques, //Si j'y suis//, Paris, Éditions de l'Olivier, 2013, 112 p. Erwan Desplanques, //Si j'y suis//, Paris, Éditions de l'Olivier, 2013, 112 p.
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 Un client mystère résume sa visite. Il raconte aussi à quel point ça lui plaît d’être aussi effacé. Il décrit sa vie ordinaire, tellement ordinaire qu’il est réduit à néant. La porte automatique ne le détecte pas lorsqu'il cherche à quitter le magasin, alors il s’assoit et attend. Les miroirs renvoient son reflet, comme d’habitude. Il erre dans le magasin, s’assoit sur un divan. Le gardien de sécurité lui dit qu’il peut rester là. Ainsi, le client mystère reste là, même quand les lumières du magasin se ferment. Le personnage n’a aucun but, aucun motif et rien ne le perturbe. « J’attends. Je crois que j’ai toujours attendu. C’est une attente sans objet précis, sans désir identifié, plus proche d’un état fondamental qu’une action consciente. J’attends un signal de départ; je me tiens prêt, disponible. J’attends sur le banc de touche en attendant d’entrer sur le terrain. Mais le terrain n’est pas à la dimension de mon attente. C’est un peu comme si j’avais envie, mais rien ne me fait envie » (p. 36).\\ Un client mystère résume sa visite. Il raconte aussi à quel point ça lui plaît d’être aussi effacé. Il décrit sa vie ordinaire, tellement ordinaire qu’il est réduit à néant. La porte automatique ne le détecte pas lorsqu'il cherche à quitter le magasin, alors il s’assoit et attend. Les miroirs renvoient son reflet, comme d’habitude. Il erre dans le magasin, s’assoit sur un divan. Le gardien de sécurité lui dit qu’il peut rester là. Ainsi, le client mystère reste là, même quand les lumières du magasin se ferment. Le personnage n’a aucun but, aucun motif et rien ne le perturbe. « J’attends. Je crois que j’ai toujours attendu. C’est une attente sans objet précis, sans désir identifié, plus proche d’un état fondamental qu’une action consciente. J’attends un signal de départ; je me tiens prêt, disponible. J’attends sur le banc de touche en attendant d’entrer sur le terrain. Mais le terrain n’est pas à la dimension de mon attente. C’est un peu comme si j’avais envie, mais rien ne me fait envie » (p. 36).\\
 __L'homme dans « Un bonnet » dans //Selon toute vraisemblance// de Laurent Graff ;__ __L'homme dans « Un bonnet » dans //Selon toute vraisemblance// de Laurent Graff ;__
-Un homme perd progressivement les choses qui lui appartiennent : téléphone portable, clefs d’auto, foulard, clefs d’appartement, jusqu’à ses cheveux. Au lieu de tenter d’arranger la situation, il s’accommode de chaque perte et s’installe à l’hôtel, prend les transports en commun, met un bonnet. Dire qu'il s'accommode bien de ces pertes serait exagéré :il est incapable de s’acheter un nouveau foulard, d’appeler un serrurier pour débarrer son auto et son appartement. Il est incapable d’imaginer le monde transformable, il ne fait que se résigner, quoi qui lui arrive. Sa passivité est poussée à l'extrême: « Après mes clés de voiture, quelques jours plus tard, j’ai perdu les clés de mon appartement. […] Je me rends à l’évidence rapidement, n’insiste pas : je ne peux plus rentrer chez moi. […] Je ne savais pas où aller. Je n’ai pas appelé de serrurier, je n’en connais pas, […]. J’ai pris le premier hôtel venu » (p. 89).+Un homme perd progressivement les choses qui lui appartiennent : téléphone portable, clefs d’auto, foulard, clefs d’appartement, jusqu’à ses cheveux. Au lieu de tenter d’arranger la situation, il s’accommode de chaque perte et s’installe à l’hôtel, prend les transports en commun, met un bonnet. Dire qu'il s'accommode bien de ces pertes serait exagéré : il est incapable de s’acheter un nouveau foulard, d’appeler un serrurier pour débarrer son auto et son appartement. Il est incapable de s’imaginer avoir un impact sur le monde qui l'entoure, de pouvoir remédier aux situations, il ne fait que se résigner, quoi qui lui arrive. Sa passivité est poussée à l'extrême: « Après mes clés de voiture, quelques jours plus tard, j’ai perdu les clés de mon appartement. […] Je me rends à l’évidence rapidement, n’insiste pas : je ne peux plus rentrer chez moi. […] Je ne savais pas où aller. Je n’ai pas appelé de serrurier, je n’en connais pas, […]. J’ai pris le premier hôtel venu » (p. 89).
  
 Laurent Graff, //Selon toute vraisemblance//, Paris, le dilettante, 2010, 160 p. Laurent Graff, //Selon toute vraisemblance//, Paris, le dilettante, 2010, 160 p.
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 Michel Houellebecq, //Soumission//, Paris, Flammarion, 2015, 300 p. Michel Houellebecq, //Soumission//, Paris, Flammarion, 2015, 300 p.
  
-__Bosmans Margaret Le Coz dans //L'horizon// de Patrick Modiano ;__ +__Bosmans et Margaret Le Coz dans //L'horizon// de Patrick Modiano ;__ 
-Bosmans se rappelle une période de son passé, quarante ans plus tôt, pendant laquelle il fréquentait une jeune femme, Margaret Le Coz, qu'il avait rencontrée par hasard. Margaret et Bosmans vivent dans une sorte de présent éternel: ils n'ont pas vraiment d'objectif à court ni à long terme, peu de responsabilités. Ils montrent la plupart du temps une sorte d'indifférence, de désinvolture, un désengagement qui semble ne les mener nulle part ailleurs que dans un passé soit à oublier, soit à retrouver. La confiance et la certitude m'ont pas leur place dans le roman : « Je n’ai pas de courage. Je préfère que les choses restent dans le vague » (p. 143). Bien que le sujet du roman soit l'ancienne histoire d'amour, cet élan sentimental et les traces qu'il pourrait laisser sont pratiquement absents du récit.+Bosmans se rappelle une période de son passé, quarante ans plus tôt, pendant laquelle il fréquentait une jeune femme, Margaret Le Coz, qu'il avait rencontrée par hasard. Margaret et Bosmans vivent dans une sorte de « présent éternel » : ils n'ont pas vraiment d'objectif à court ni à long terme, peu de responsabilités. Ils montrent la plupart du temps une sorte d'indifférence, de désinvolture, un désengagement qui semble ne les mener nulle part ailleurs que dans un passé soit à oublier, soit à retrouver. La confiance et la certitude m'ont pas leur place dans le roman : « Je n’ai pas de courage. Je préfère que les choses restent dans le vague » (p. 143). Bien que le sujet du roman soit une ancienne histoire d'amour, l'élan sentimental et les traces qu'il pourrait laisser sont pratiquement absents du récit.
  
 Patrick Modiano, //L'horizon//, Paris, Gallimard (Blanche), 2010, 176 p.\\ Patrick Modiano, //L'horizon//, Paris, Gallimard (Blanche), 2010, 176 p.\\
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 __Jean Blanc et Ben dans //Les inutiles// d'Hervé Prudon ;__ __Jean Blanc et Ben dans //Les inutiles// d'Hervé Prudon ;__
-Jean Blanc a fait voeu d'inutilité et le respecte bien. Il considère le fait de rechercher son ami Ben, soumis à ce même voeu, et de le mener à son père mourant comme une mission qu'on lui a spécialement confiée. Pourtant, il n'entame aucune action particulière pour le retrouver. Il ne semble avoir aucune motivation. Il se contente d'attendre que Ben rentre chez lui de lui-même. Lorsqu'il apprend que Ben est mort, il en est même soulagé. Ben n'est toutefois pas vraiment mort et quand il rentre enfin chez lui, Jean n'a plus qu'à le conduire à son père pour réussir sa mission. Il se conduit plutôt avec mollesse, laisse Ben faire à sa tête et celui-ci disparaît de nouveau. En d'autres mots, Jean n'a qu'un but, pour lequel il fait peu de choses, et il y échoue. Quant à son ami, selon la quatrième de couverture, il « ne faisait rien, il ne dormait pas, il ne rêvait pas, il ne s'ennuyait pas. Il respectait le vœu d'inutilité ». Les deux hommes font de la passivité inactive un projet de vie.+Jean Blanc a fait voeu d'inutilité et le respecte bien. Il considère le fait de rechercher son ami Ben, soumis à ce même voeu, et de le mener à son père mourant comme une mission qu'on lui a spécialement confiée. Pourtant, il n'entame aucune action particulière pour l'accomplir. Il ne semble avoir aucune motivation. Il se contente d'attendre que Ben rentre chez lui de lui-même. Lorsqu'il apprend que Ben est mort, il en est même soulagé. Ben n'est toutefois pas vraiment mort et quand il rentre enfin, Jean n'a plus qu'à le conduire à son père pour réussir sa mission. Il se conduit plutôt avec mollesse, laisse Ben faire à sa tête et celui-ci disparaît de nouveau. En d'autres mots, Jean n'a qu'un but, pour lequel il fait peu de choses, et il y échoue. Quant à son ami, selon la quatrième de couverture, il « ne faisait rien, il ne dormait pas, il ne rêvait pas, il ne s'ennuyait pas. Il respectait le vœu d'inutilité ». Les deux hommes font de la passivité inactive un projet de vie.
  
 Hervé Prudon, //Les inutiles//, Paris, Grasset, 2002, 280 p. Hervé Prudon, //Les inutiles//, Paris, Grasset, 2002, 280 p.
  
 __Stanislas Courtin dans //Certainement pas// de Chloé Delaume ;__  __Stanislas Courtin dans //Certainement pas// de Chloé Delaume ;__ 
-Stanislas Courtin est très conscient de sa passivité ; il la cultive. Il vit dans l'excès de modération. Tout en nuances, il ne va jamais dans les extrêmes : « J'ai toujours détesté ça exagérer. Enfin détester j'exagère » (p. 291). C'est un homme qui semble être toujours dans la retenue et ne semble qu'avoir que deux états de pensée : aimer bien ou n'aimer pas trop. Même définir ce qu'il fait nécessite d'être modérer. +Stanislas Courtin est très conscient de sa passivité ; il la cultive. Il vit dans l'excès de modération. Tout en nuances, il ne va jamais dans les extrêmes : « J'ai toujours détesté ça exagérer. Enfin détester j'exagère » (p. 291). C'est un homme qui semble être toujours dans la retenue et ne semble qu'avoir que deux états de pensée : aimer bien ou n'aimer pas trop. Même définir ce qu'il fait nécessite d'être modéré : 
-« Ça peut paraître bizarre mais je crois qu'il a fallu que je me retrouve ici pour agir. Enfin agir, faire quelque chose disons, n'allons pas trop loin non plus. Agir c'est un peu fort, c'est un peu trop fort pour moi. il ne faut pas exagérer » (p. 291). Il souligne son inaction complète : « Je n'ai jamais rien fait de ma vie d'ailleurs, jamais bougé, jamais rien dit en en plus je paie mes impôts » (p. 293). La fiche le décrivant souligne son caractère passif : son principal trait de caractère est son absence, les qualités qu'il préfère chez les autres sont la placidité et la discrétion, sa principale qualité est son silence, son rêve de bonheur est un sommeil sans rêve, sa couleur préférée le blanc, etc. (p. 296-299). D'ailleurs, le docteur Lenoir dit à son sujet qu'« il s'est quitté. Il y a longtemps déjà. Quitté si loin et si longtemps, oui c'est cela, depuis tellement longtemps qu'il lui est impossible de réapprivoiser le je en ses aigus contours » (p. 300).+« Ça peut paraître bizarre mais je crois qu'il a fallu que je me retrouve ici pour agir. Enfin agir, faire quelque chose disons, n'allons pas trop loin non plus. Agir c'est un peu fort, c'est un peu trop fort pour moi. Il ne faut pas exagérer » (p. 291). Il souligne son inaction complète : « Je n'ai jamais rien fait de ma vie d'ailleurs, jamais bougé, jamais rien dit en en plus je paie mes impôts » (p. 293). La fiche le décrivant souligne explicitement son caractère passif : son principal trait de caractère est son absence, les qualités qu'il préfère chez les autres sont la placidité et la discrétion, sa principale qualité est son silence, son rêve de bonheur est un sommeil sans rêve, etc. (p. 296-299). D'ailleurs, le docteur Lenoir dit à son sujet qu'« il s'est quitté. Il y a longtemps déjà. Quitté si loin et si longtemps, oui c'est cela, depuis tellement longtemps qu'il lui est impossible de réapprivoiser le je en ses aigus contours » (p. 300).
  
 Chloé Delaume, //Certainement pas//, Paris, Verticales, 2004, 360 p. Chloé Delaume, //Certainement pas//, Paris, Verticales, 2004, 360 p.
ranx/passivite_indifferente.1485184683.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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