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De façon générale, la catégorie Ontologie renvoie aux modes d’être. Elle subsume ce qui va des affects jusqu’à l’identité, en marquant également son caractère distinct de ces éléments. À la psychologie traditionnelle, compliquée ou non de psychanalyse, qui inscrit ce qui s’éprouve dans une durée douée de sens, elle substitue une attention à des états subtils et éphémères que la langue autant que les formes romanesques ordinaires peinent à saisir. Nombre d’œuvres contemporaines s’emploient ainsi à saisir ce qui, autant euphorique que dysphorique, affecte ponctuellement l’être, et par le fait même soumettent le temps narratif à d’importantes variations pour lui permettre l’expression de ces états transitoires que la grammaire de la psychologie ne nomme pas. Ce faisant, ces œuvres bousculent les conceptions de l’intériorité en construisant des objets désolidarisés de la durée comme de l’agir; conséquemment, elles déploient des espaces narratifs qui ne sont plus fondés sur des affects qui expliquent l’être d’action ou dont on suit le patient développement, mais qui disent les teintes intimes de l’instant. À l’identité fondée sur un équilibre de permanence et de changement se substitue une identité essentiellement mobile et fluctuante, en constante réinvention ou redécouverte, naissant et renaissant de contingences toujours variables – ou, sur son versant dysphorique, en manque d’enracinement, de persistance ou de substance, figée dans une incapacité à se dire dans la continuité d’une histoire ou dans la foi en une révélation. Si les liens entre identité et récit ont été richement commentés par Ricoeur notamment, il reste qu’il s’agit d’une conception identitaire où la permanence tient un rôle de premier plan (ou le partage); lorsqu’au contraire le récit doit dire l’impermanence ou débusquer la mythologie identitaires, il s’éloigne de la mise en intrigue au profit d’une structure autrement paratactique.
Nous recherchons ici des récits qui explorent l'expérience humaine sur le plan de l'intériorité et de l'identité, de la remise en question (ou pas) de tout ce qui touche à «l'être intérieur» du personnage.
L'ontologie est la branche de la philosophie concernant l'étude de l'être, de ses modalités, de ses propriétés; c'est donc l'étude de l'être en tant qu'être (Aristote), des propriétés générales de ce qui existe.
L'ontologie du personnage passe d'abord par sa distinction avec la personne. Généralement, on n'emploie pas le terme personnage pour désigner des personnes vivantes ou décédées, sinon, par métaphore : « c'est tout un personnage ! »; à l'inverse, on précisera que le personnage est un « être de papier », un « vivant sans entrailles » (Valéry) pour le distinguer, du moins en partie, de la personne. Voir anthropomorphisme.
L'ontologie intratextuelle. Le statut des personnages référentiels (au sens strict de personne ayant existé dans la réalité) en terres fictionnelles a préoccupé bien des théoriciens, dont Margaret MacDonald (« Le langage de la fiction », 1954), Genette et Searle. La question est celle-ci : est-ce qu'un personnage référentiel, comme Sarkozy (présent dans la Théorie de l'information de Bellanger), importe avec lui son statut référentiel dans le texte de fiction ou cette même fiction l'absorbe, lui confère un statut logique indistinct de celui des personnages fictionnels ? Pour les deux premiers il y a absorption, pour le troisième, importation. Pavel critiquera l'approche « ségrégationniste » de Searle.
Par ailleurs, les propriétés des individus, les classes qu'ils forment, leurs attributs et leurs relations constituent autant paramètres permettant de faire un portrait de type ontologique; Uri Margolin, partisan de la théorie des mondes possibles, s'y consacrera dans « Individuals in Narrative Worlds. An Ontological Perspective ».