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I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE | **I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE** |
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Auteur : BREA, Antoine | Auteur : BREA, Antoine |
Les distorsions, le rictus boschien qui animent le style de Brea font de Méduses un livre étrangement captivant, où la conscience malade du monde et de soi, et la puissance des obsessions, se jouent à chaque phrase. | Les distorsions, le rictus boschien qui animent le style de Brea font de Méduses un livre étrangement captivant, où la conscience malade du monde et de soi, et la puissance des obsessions, se jouent à chaque phrase. |
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II- CONTENU GÉNÉRAL | **II- CONTENU GÉNÉRAL** |
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Résumé de l’œuvre : | Résumé de l’œuvre : Cette œuvre est difficile à résumer, puisque même l’auteur se garde de la qualifier de roman. Sur la quatrième de couverture de la première édition de Méduses (2007), il la décrit plutôt comme « une descente dans l’intérieur d’un cœur. » Il s’agit de l’errance du narrateur qui s’adresse d’abord à une fille qu’il aime. Il lui raconte comment il s’est senti la dernière fois qu’il l’a vu. Il lui décrit ensuite le temps qu’il a passé avec une autre. Il parle de sa rencontre avec un certain Jimmy Namiasz qui devient un peu comme le reflet de ce narrateur perturbé et emporté par la drogue et par des pulsions violentes. L’homme derrière cette voix a beaucoup de difficulté à se remettre de sa rupture avec la fille aimée et il est sous-entendu qu’il a essayé à plusieurs reprises de se suicider et qu’il a séjourné quelques fois à l’hôpital, à l’hôpital psychiatrique ou en prison. On apprend qu’il a assisté à l’enterrement de Jimmy qui s’est pendu. Tout au long du texte, les quelques actions ou évènements sont entrecoupés de réflexions et de divagations du narrateur, qui se contredit et change souvent ses versions des faits. Il se demande d’ailleurs à plusieurs reprises s’il a réellement vécu ce qu’il raconte ou s’il a tout inventé et se questionne même sur sa propre existence. Dans les derniers chapitres, le narrateur ne s’adresse plus à son ancienne amante, mais plutôt à sa mère qui lui cause de graves frustrations. En retournant chez ses parents, où son père est immobilisé par une paralysie, il découvre qu’une garde-malade a élu domicile dans la chambre de son enfance. Il pique une crise, car sa mère aurait jeté les souvenirs de son défunt frère, mais sa mère lui rétorque qu’il n’a jamais eu de frère. Le narrateur raconte alors comment lui et la garde-malade sont devenus amants et comment ils ont quitté la demeure des parents. Le livre se termine sur une lettre adressée à Jimmy, lui annonçant la mort de sa mère et lui expliquant sa maladie mentale, une aliénation religieuse, qui lui causerait des psychoses, des dépressions et des illusions. La lettre concerne le traitement que Jimmy doit suivre pour en être guéri et se veut convaincante quant à l’importance de son internement. Elle est signée : « Ton frère qui t’aime. » |
Thème(s) : | |
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III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION | Thème(s) : Famille, folie, amour, mort, errance, fantasme, suicide |
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| **III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION** |
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Explication (intuitive mais argumentée) du choix : | Explication (intuitive mais argumentée) du choix : |
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Appréciation globale : | Appréciation globale : |
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IV – TYPE DE RUPTURE | **IV – TYPE DE RUPTURE** |
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Validation du cas au point de vue de la rupture | Validation du cas au point de vue de la rupture |
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a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc. | Actionnelle et interprétative |
b) interprétative : difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc. | |
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V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES | Ce roman n’a pas vraiment de nœud d’intrigue. Comme je le cite dans le résumé, il s’agit plutôt d’une incursion dans la tête ou le cœur d’un narrateur. Il est difficile de savoir si le personnage pose des gestes concrets. Il pense et se pose énormément de questions, mais il ne semble pas réellement passer à l’action. La logique de son récit est problématique, puisque l’identité du narrateur se modifie au cours du texte : il est à la fois un homme amoureux, un drogué violent, un malade atteint du sida, un artiste, un meurtrier, un violeur, un pédophile et, finalement, un schizophrène. Son rapport au temps est également complexe : « C’était il y a longtemps très longtemps, hier ou avant-hier. C’était vers le début, il y a plusieurs années […] c’était il y a trois ou quatre mois, quelques heures, je ne me rappelle plus bien. » (p. 29) Il raconte également sa propre mort à plusieurs reprises. C’est un narrateur contradictoire, qui ne se décide pas, qui est incapable de démêler ses histoires et ses sentiments ce qui rend ses récits et son rôle problématiques. Sa difficulté à différencier la réalité de ses fantasmes altère la mémoire du narrateur, qui est convaincu d’avoir un frère, alors que sa mère lui assure que non. Il ignore aussi si sa relation avec la fille aimée était réelle : «Possible que rien de tout cela ne fût vrai, que j’eusse tout inventé, ou bien toi ; et puis peut être que non en fait – comment savoir ? » (p. 43) |
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Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.) | J'y verrais donc une rupture à la fois actionnelle (remise en question de l'intention, logiques cognitives/rationnelles et absence d'un nœud d'intrigue) et interprétative (énigmaticité du monde et excentricité interprétative). |
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| **V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES** |
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Résumé de l’œuvre : | Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.) |
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Cette œuvre est difficile à résumer, puisque même l’auteur se garde de la qualifier de roman. Sur la quatrième de couverture de la première édition de //Méduses// (2007), il la décrit plutôt comme « une descente dans l’intérieur d’un cœur. » Il s’agit de l’errance du narrateur qui s’adresse d’abord à une fille qu’il aime. Il lui raconte comment il s’est senti la dernière fois qu’il l’a vu. Il lui décrit ensuite le temps qu’il a passé avec une autre. Il parle de sa rencontre avec un certain Jimmy Namiasz qui devient un peu comme le reflet de ce narrateur perturbé et emporté par la drogue et par des pulsions violentes. L’homme derrière cette voix a beaucoup de difficulté à se remettre de sa rupture avec la fille aimée et il est sous-entendu qu’il a essayé à plusieurs reprises de se suicider et qu’il a séjourné quelques fois à l’hôpital, à l’hôpital psychiatrique ou en prison. Il assiste également à l’enterrement de Jimmy qui s’est pendu. Tout au long du texte, les quelques actions ou évènements sont entrecoupés de réflexions et de divagations du narrateur, qui se contredit et change souvent ses versions des faits. Il se demande d’ailleurs à plusieurs reprises s’il a réellement vécu ce qu’il raconte ou s’il a tout inventé et se questionne même sur sa propre existence. Dans les derniers chapitres, le narrateur ne s’adresse plus à son ancienne amante, mais plutôt à sa mère qui lui cause de graves frustrations. En retournant chez ses parents, où son père est immobilisé par une paralysie, il découvre qu’une garde-malade a élu domicile dans la chambre de son enfance. Il pique une crise, car sa mère aurait jeté les souvenirs de son défunt frère, mais sa mère lui rétorque qu’il n’a jamais eu de frère. Le narrateur raconte alors comment lui et la garde-malade sont devenus amants et comment ils ont quitté la demeure des parents. Le livre se termine sur une lettre adressée à Jimmy, lui annonçant la mort de sa mère et lui expliquant sa maladie mentale, une aliénation religieuse, qui lui causerait des psychoses, des dépressions et des illusions. La lettre concerne le traitement que Jimmy doit suivre pour en être guéri et se veut convaincante quant à l’importance de son internement. Elle est signée : « Ton frère qui t’aime. » | |
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Narration : Autodiégétique | |
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Explication : Il s’agit d’un monologue adressé d’abord à une certaine femme, puis à une mère. Le texte est très dense et les paragraphes sont longs (plusieurs pages). Le récit est confus et le narrateur peu cohérent à plusieurs reprises. Certains extraits tombent presque dans le fantastique, mais il est difficile de distinguer les moments où le narrateur raconte quelque chose et les moments où il divague. Les temps de narration sont également étranges : il intègre de façon sporadique du passé simple à l’imparfait, ce qui donne l’effet de quelqu’un qui essaie de bien écrire, mais qui ne maitrise pas tout à fait ce temps de verbe plus archaïque. La position du narrateur est donc très instable, il se remet lui-même en doute, ce qui problématise la lecture et rend méfiant le lecteur. | |
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Personnage(s) en rupture : Le narrateur | |
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A) Nature de la rupture : Interprétative | |
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Explication : La narration autodiégétique nous offre directement le point de vue du personnage sur le monde et sur les gens qui l’entourent. Il mentionne quelques fois sa mémoire défectueuse et il raconte souvent deux fois la même action, mais différemment ou il avoue que ce qu’il vient de dire n’est pas vrai. Il semble donc y avoir, non seulement un décalage dans le récit entre ce que le narrateur a vécu et ce qu’il s’imagine avoir vécu, mais également une difficulté pour lui à faire la différence entre les deux, car il ne sait plus ce qui tient du réel et ce qui provient de son imagination. | |
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B) Origine de la rupture : Psychique, Actantielle | |
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Explication : Le narrateur est clairement un être perturbé. Son identité se modifie au cours du texte : il est à la fois un homme amoureux, un drogué violent, un malade atteint du sida, un artiste, un meurtrier, un violeur, un pédophile et, finalement, un schizophrène. Ses nombreuses visites à l’hôpital ou l’hôpital psychiatrique ou la prison offraient déjà des indices quant à son état mental, mais c’est surtout la lettre à Jimmy qui permet de croire que le narrateur serait en fait Jimmy et souffrirait d’un dédoublement de la personnalité. Il « assiste » à l’enterrement de Jimmy, mais celui-ci n’est pas mort, il cogne dans son cercueil. Le narrateur voit ensuite Jimmy et croit qu’il s’agit du visage de la mort. Il finit par se reconnaitre en lui : « Je me suis regardé dans la glace et, avant de passer au travers, j’ai trouvé que je ressemblais de plus en plus à ce fils de pute de Jimmy Namiasz. » (p. 84) Dans ce cas, le narrateur serait aussi un personnage de ses récits et aurait donc une double posture narrative. Son rôle de narrateur pose à lui seul un problème, puisqu’il est incohérent. Son rapport au temps est d’ailleurs complexe : « C’était il y a longtemps très longtemps, hier ou avant-hier. C’était vers le début, il y a plusieurs années […] c’était il y a trois ou quatre mois, quelques heures, je ne me rappelle plus bien. » (p. 29) Il raconte également sa propre mort à plusieurs reprises. C’est un narrateur contradictoire, qui ne se décide pas, qui est incapable de démêler ses histoires et ses sentiments ce qui rend ses récits et son rôle problématiques. | |
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C) Manifestations : Mémorielle, Affective, Langagière | |
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Explication : | |
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Mémorielle : Sa difficulté à différencier la réalité de ses fantasmes altère la mémoire du narrateur, qui est convaincu d’avoir un frère, alors que sa mère lui assure que non. Il ignore aussi si sa relation avec la fille aimée était réelle : «Possible que rien de tout cela ne fût vrai, que j’eusse tout inventé, ou bien toi ; et puis peut être que non en fait – comment savoir ? » (p. 43) | |
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Affective : Lorsqu’il est question de sa relation avec sa destinatrice, il raconte un amour passionnel qui le mène à penser à assassiner l’ancien ami de cette dernière. Toutefois, s’il raconte ses histoires avec d’autres femmes, il les représente comme des objets sans valeur qu’il viole à volonté. Dans un extrait, qu’il est difficile de définir comme le fruit de son imagination ou comme la réalité, il bat même sa mère. Il n’a donc aucun respect pour les autres femmes et les considère comme des êtres inférieurs à lui. Il en décrit d’ailleurs une ainsi : « mon bien meuble, ma bête de luxe, mon objet rare et compliqué, mes droits territoriaux. » (p. 69) Son rapport avec Jimmy est également conflictuel. D’abord une simple connaissance, il devient son meilleur ennemi et finit par faire partie de lui-même. | La narration autodiégétique nous offre directement le point de vue du personnage sur le monde et sur les gens qui l’entourent. Il s’agit d’un monologue adressé d’abord à une certaine femme, puis à une mère. Le narrateur mentionne quelques fois sa mémoire défectueuse et il raconte souvent deux fois la même action, mais différemment. À quelques reprises il avoue que ce qu’il vient de dire n’est pas vrai. Il semble donc y avoir, non seulement un décalage dans le récit entre ce que le narrateur a vécu et ce qu’il s’imagine avoir vécu, mais également une difficulté pour lui à faire la différence entre les deux, car il ne sait plus ce qui tient du réel et ce qui provient de son imagination. |
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Langagière : La particularité langagière dans ce texte est vraiment l’insertion spontanée et sporadique du passé simple. Il donne l’impression d’une tentative de contrôle du langage, qui est trahie par des retours constants vers l’imparfait et le passé composé. | Le texte est très dense et les paragraphes sont longs (plusieurs pages). Le récit est confus et le narrateur peu cohérent à plusieurs reprises. Certains extraits tombent presque dans le fantastique, mais il est difficile de distinguer les moments où le narrateur raconte quelque chose et les moments où il divague. Les temps de narration sont également étranges : il intègre sporadiquement du passé simple à l’imparfait, ce qui donne l’effet de quelqu’un qui essaie de bien écrire, mais qui ne maitrise pas tout à fait ce temps de verbe plus archaïque. La position du narrateur est donc très instable, il se remet lui-même en doute, ce qui problématise la lecture et rend méfiant le lecteur. |
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D) Objets : ... | |
Explication : | |
E) Manifestations spatiales : ... | |
Lieux représentés : Explication : | |
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