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ranx:meduses

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : BREA, Antoine

Titre : Méduses

Éditeur : Le Quartanier

Collection : Ovni

Année : 2010

Éditions ultérieures : Série QR, 2007

Désignation générique : Roman

Quatrième de couverture :Récit d’une errance dans un demi-monde hanté d’êtres incertains, Méduses suit le narrateur au long d’une lente descente aux abîmes affective et sexuelle, où s’entend en écho, dans une langue magnifique et bâtarde, le rire de l’ennemi qui l’accompagne.

D'une noirceur distanciée, Méduses fait éprouver l’isolement mental du narrateur et la truculence inquiétante, insane, hilare, des quelques relations qu’il noue et dénoue avec des filles fantomatiques, avant qu’elles ne deviennent autres – disparues, parties, tuées? – et que lui-même ne soit plus tout à fait lui-même, dans une conclusion du meilleur grotesque dont la charge fait mouche.

Les distorsions, le rictus boschien qui animent le style de Brea font de Méduses un livre étrangement captivant, où la conscience malade du monde et de soi, et la puissance des obsessions, se jouent à chaque phrase.

II- CONTENU GÉNÉRAL

Résumé de l’œuvre : Cette œuvre est difficile à résumer, puisque même l’auteur se garde de la qualifier de roman. Sur la quatrième de couverture de la première édition de Méduses (2007), il la décrit plutôt comme « une descente dans l’intérieur d’un cœur. » Il s’agit de l’errance du narrateur qui s’adresse d’abord à une fille qu’il aime. Il lui raconte comment il s’est senti la dernière fois qu’il l’a vu. Il lui décrit ensuite le temps qu’il a passé avec une autre. Il parle de sa rencontre avec un certain Jimmy Namiasz qui devient un peu comme le reflet de ce narrateur perturbé et emporté par la drogue et par des pulsions violentes. L’homme derrière cette voix a beaucoup de difficulté à se remettre de sa rupture avec la fille aimée et il est sous-entendu qu’il a essayé à plusieurs reprises de se suicider et qu’il a séjourné quelques fois à l’hôpital, à l’hôpital psychiatrique ou en prison. On apprend qu’il a assisté à l’enterrement de Jimmy qui s’est pendu. Tout au long du texte, les quelques actions ou évènements sont entrecoupés de réflexions et de divagations du narrateur, qui se contredit et change souvent ses versions des faits. Il se demande d’ailleurs à plusieurs reprises s’il a réellement vécu ce qu’il raconte ou s’il a tout inventé et se questionne même sur sa propre existence. Dans les derniers chapitres, le narrateur ne s’adresse plus à son ancienne amante, mais plutôt à sa mère qui lui cause de graves frustrations. En retournant chez ses parents, où son père est immobilisé par une paralysie, il découvre qu’une garde-malade a élu domicile dans la chambre de son enfance. Il pique une crise, car sa mère aurait jeté les souvenirs de son défunt frère, mais sa mère lui rétorque qu’il n’a jamais eu de frère. Le narrateur raconte alors comment lui et la garde-malade sont devenus amants et comment ils ont quitté la demeure des parents. Le livre se termine sur une lettre adressée à Jimmy, lui annonçant la mort de sa mère et lui expliquant sa maladie mentale, une aliénation religieuse, qui lui causerait des psychoses, des dépressions et des illusions. La lettre concerne le traitement que Jimmy doit suivre pour en être guéri et se veut convaincante quant à l’importance de son internement. Elle est signée : « Ton frère qui t’aime. »

Thème(s) : Famille, folie, amour, mort, errance, fantasme, suicide

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix :

Appréciation globale :

IV – TYPE DE RUPTURE

Validation du cas au point de vue de la rupture

Actionnelle et interprétative

Ce roman n’a pas vraiment de nœud d’intrigue. Comme je le cite dans le résumé, il s’agit plutôt d’une incursion dans la tête ou le cœur d’un narrateur. Il est difficile de savoir si le personnage pose des gestes concrets. Il pense et se pose énormément de questions, mais il ne semble pas réellement passer à l’action. La logique de son récit est problématique, puisque l’identité du narrateur se modifie au cours du texte : il est à la fois un homme amoureux, un drogué violent, un malade atteint du sida, un artiste, un meurtrier, un violeur, un pédophile et, finalement, un schizophrène. Son rapport au temps est également complexe : « C’était il y a longtemps très longtemps, hier ou avant-hier. C’était vers le début, il y a plusieurs années […] c’était il y a trois ou quatre mois, quelques heures, je ne me rappelle plus bien. » (p. 29) Il raconte également sa propre mort à plusieurs reprises. C’est un narrateur contradictoire, qui ne se décide pas, qui est incapable de démêler ses histoires et ses sentiments ce qui rend ses récits et son rôle problématiques. Sa difficulté à différencier la réalité de ses fantasmes altère la mémoire du narrateur, qui est convaincu d’avoir un frère, alors que sa mère lui assure que non. Il ignore aussi si sa relation avec la fille aimée était réelle : «Possible que rien de tout cela ne fût vrai, que j’eusse tout inventé, ou bien toi ; et puis peut être que non en fait – comment savoir ? » (p. 43)

J'y verrais donc une rupture à la fois actionnelle (remise en question de l'intention, logiques cognitives/rationnelles et absence d'un nœud d'intrigue) et interprétative (énigmaticité du monde et excentricité interprétative).

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES

Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)

La narration autodiégétique nous offre directement le point de vue du personnage sur le monde et sur les gens qui l’entourent. Il s’agit d’un monologue adressé d’abord à une certaine femme, puis à une mère. Le narrateur mentionne quelques fois sa mémoire défectueuse et il raconte souvent deux fois la même action, mais différemment. À quelques reprises il avoue que ce qu’il vient de dire n’est pas vrai. Il semble donc y avoir, non seulement un décalage dans le récit entre ce que le narrateur a vécu et ce qu’il s’imagine avoir vécu, mais également une difficulté pour lui à faire la différence entre les deux, car il ne sait plus ce qui tient du réel et ce qui provient de son imagination.

Le texte est très dense et les paragraphes sont longs (plusieurs pages). Le récit est confus et le narrateur peu cohérent à plusieurs reprises. Certains extraits tombent presque dans le fantastique, mais il est difficile de distinguer les moments où le narrateur raconte quelque chose et les moments où il divague. Les temps de narration sont également étranges : il intègre sporadiquement du passé simple à l’imparfait, ce qui donne l’effet de quelqu’un qui essaie de bien écrire, mais qui ne maitrise pas tout à fait ce temps de verbe plus archaïque. La position du narrateur est donc très instable, il se remet lui-même en doute, ce qui problématise la lecture et rend méfiant le lecteur.

Méduses. ancienne fiche

ranx/meduses.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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