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**Marginalité Revendiquée** | **Marginalité Revendiquée** |
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//// | //Envers et contre tous// |
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Marginalité Revendiquée se définit par une non-appartenance à son milieu. Souvent cynique ou largué face aux idées admises, la contre-culture est son milieu de prédilection, un emploi stable n'est pas une priorité et ses habiletés sociales sont très limitées. Son univers est sordide et peu reluisant. Toutefois, sa fierté se construit sur le fait de ne pas être comme les autres, de se distinguer clairement de son entourage, source de mépris. Sa différence ostentatoire est la base de sa personnalité et de ses actions. Étonnamment, les Marginalités Revendiquées viennent souvent en paire, tirant leur force d'un rejet commun de leur monde et d'un renforcement mutuel de leur sentiment d'unicité.\\ | Marginalité Revendiquée se définit par une non-appartenance à son milieu. Souvent cynique ou largué face aux idées admises, la contre-culture est son milieu de prédilection, un emploi stable n'est pas une priorité et ses habiletés sociales sont très limitées. Son univers est sordide et peu reluisant. Toutefois, sa fierté se construit sur le fait de ne pas être comme les autres, de se distinguer clairement de son entourage, source de mépris. Sa différence ostentatoire est la base de sa personnalité et de ses actions. Étonnamment, les Marginalités Revendiquées viennent souvent en paire, tirant leur force d'un rejet commun de leur monde et d'un renforcement mutuel de leur sentiment d'unicité.\\ |
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__Morvan Trépanier et Anonciade Milicska dans //Trépanés// de Patrick Brisebois ;__ | __Morvan Trépanier et Anonciade Milicska dans //Trépanés// de Patrick Brisebois ;__ |
Morvan Trépanier ne resent aucune appartenance à son monde, se considère comme un être de noirceur et de destruction. Il a été trépané dans sa jeunesse après un accident de moto. De passage à Montréal, il tombe amoureux de la sœur de sa fiancée. Ils vivent une histoire d'amour passionnée, mais tumultueuse, unis par leur décalage. Elle aussi trépanée lors d'un accident de voiture, Annonciade est une marginale : elle traîne ses bottes d'armée dans les squats de Montréal et fréquente des punks. Elle entraine Morvan dans un faux parti nazi. Tous deux consomment volontairement beaucoup de drogue et d’alcool, ce qui brouille leur compréhension du monde et entraîne énormément de violence. | Morvan Trépanier ne ressent aucune appartenance à son monde, se considère comme un être de noirceur et de destruction. Il a été trépané dans sa jeunesse après un accident de moto. De passage à Montréal, il tombe amoureux de la sœur de sa fiancée. Ils vivent une histoire d'amour passionnée, mais tumultueuse, unis par leur décalage. Elle aussi trépanée lors d'un accident de voiture, Annonciade est une marginale : elle traîne ses bottes d'armée dans les squats de Montréal et fréquente des punks. Elle entraine Morvan dans un faux parti nazi. Tous deux consomment volontairement beaucoup de drogue et d’alcool, ce qui brouille leur compréhension du monde et entraîne énormément de violence. |
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Patrick Brisebois, //Trépanés//, Montréal, Éditions de L’effet pourpre, 2000, 197 p.\\ | Patrick Brisebois, //Trépanés//, Montréal, Éditions de L’effet pourpre, 2000, 197 p.\\ |
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__Le père Courge dans //Le jour des corneilles// de Jean-François Beauchemin ;__ | __Le père Courge dans //Le jour des corneilles// de Jean-François Beauchemin ;__ |
Le père Courge s'est physiquement coupé du monde. Il vit seul avec son fils en forêt depuis la mort de sa femme, loin de toute civilisation. Profondément troublé par ce décès et par celui, antérieur, de ses parents, il est victime d'hallucinations et d'excès de violence. Il s'est créé un monde à part, presque sans langage et exempt des normes qui régissent la société. Le père Courge s’est inventé une spiritualité, voire une mythologie qui lui est propre : il lit dans les étoiles et son fils et lui prient la déesse Lune. Le langage limité qu’il partage avec son fils est lui aussi facteur de marginalisation et de coupure face à la société : lorsqu'ils sont obligés d'aller voir le médecin et donc, au village, leur rupture est manifeste. | Le père Courge s'est physiquement coupé du monde. Il vit seul avec son fils en forêt depuis la mort de sa femme, loin de toute civilisation. Profondément troublé par ce décès et par celui, antérieur, de ses parents, il est victime d'hallucinations et d'excès de violence. Il s'est créé un monde à part, presque sans langage et exempt des normes qui régissent la société. Le père Courge s’est inventé une spiritualité, voire une mythologie qui lui est propre : il lit dans les étoiles et son fils et lui prient la déesse Lune. Le langage limité qu’il partage avec son fils est lui aussi facteur de marginalisation et de coupure face au monde : lorsqu'ils sont obligés d'aller voir le médecin et donc, d'aller au village, leur rupture est manifeste. |
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Jean-François Beauchemin, //Le jour des corneilles//, Montréal, Les Allusifs, 2004, 160 p.\\ | Jean-François Beauchemin, //Le jour des corneilles//, Montréal, Les Allusifs, 2004, 160 p.\\ |
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__Hope Randall dans //Tarmac// de Nicolas Dickner ;__ | __Hope Randall dans //Tarmac// de Nicolas Dickner ;__ |
| Hope Randall est issue d'une famille atteinte par des maladies mentales et dont chacun des membres est assailli par des visions de la fin du monde et tente de découvrir la date exacte de l'Apocalypse. Elle est décalée par rapport aux autres adolescents de son âge : elle s'habille étrangement étant donné sa pauvreté, elle est fascinée par la bombe nucléaire et elle a des obsessions curieuses, notamment pour les personnages qui sont déchaussés. Hope mélange des données scientifiques pour arriver à des résultats qui peuvent paraître absurdes. Par exemple, elle convertit l’énergie de la bombe atomique d’Hiroshima en citrons (p.60 à 63). Elle est volontairement marginale par rapport au réel : elle est de nature excentrique, ne cadre pas dans le moule social. Sa propre prédiction de la fin du monde, le dix-sept juillet 2001, trouvée sur un sac de ramen, la mènera au Japon et se traduira par ses premières règles, alors dans la trentaine. |
Hope Randall est issue d'une famille atteinte par des maladies mentales et dont chacun des membres est assailli par des visions de la fin du monde et tente de découvrir la date exacte de l'Apocalypse. Elle est décalée par rapport aux autres adolescents de son âge : elle s'habille étrangement parce qu'elle est pauvre, elle est fascinée par la bombe nucléaire et elle a des obsessions étranges, notamment pour les personnages qui sont déchaussés. Hope mélange des données scientifiques pour arriver à d’étranges résultats, par exemple, elle convertit l’énergie de la bombe atomique d’Hiroshima en citrons (p.60 à 63). Elle est volontairement marginale par rapport au réel : elle est de nature excentrique, ne cadre pas dans le moule social. Sa propre prédiction de la fin du monde, le dix-sept juillet 2001, trouvée sur un sac de ramen, la mènera au Japon et se traduira par ses premières règles, alors dans la trentaine. | |
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Nicolas Dickner, //Tarmac//, Québec, Alto, 2009, 280 p.\\ | Nicolas Dickner, //Tarmac//, Québec, Alto, 2009, 280 p.\\ |
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__Le mortimiste, l'enchantée et l'ami dans //L'enchantée// de Pierre Drachline ;__ | __Le mortimiste, l'enchantée et l'ami dans //L'enchantée// de Pierre Drachline ;__ |
Le mortimiste, l'enchantée et l'ami constituent un triangle amoureux au coeur de ce roman et chacun d'entre eux peut être aisément qualifié de misanthrope marginal. Ils sont tous les trois prisonniers d’eux-mêmes, de la vie, de toute cette absurde noirceur qui empoisonne leur existence. Ils démontrent également une inaptitude à vivre normalement et à agir socialement. S'ils sont capables d’agir, ils savent que tout ce qu’ils font ne rime à rien, que l’existence humaine ne vaut pas la peine. Ils méprisent leurs contemporains et la société qu’ils habitent, donc refusent de s’y insérer. Le mortimiste et l'enchantée se rencontrent par hasard. Parce qu'ils sont semblables, ils sentent une liaison très forte entre eux : « Tous deux étaient des personnes déplacées parmi leurs contemporains. Ils ne s’étaient pas reconnus. Ils s’étaient flairés. À l’instinct » (p. 71). Avant de rencontrer le mortimiste, l’enchantée a passé quelques jours avec un vieil homme qu’elle surnomme L’ami. Ce dernier fut un séducteur et un joueur. Une étrange relation s’instaure entre eux et ils partent en Normandie, jouent au Casino et éprouvent quelque chose comme de la tendresse et du divertissement lorsque l’autre est présent. Le vieil homme se sent étranger à son corps malade et vieux. Mais à la dernière minute, il se suicide pour ne pas laisser la mort gagner. | Le mortimiste, l'enchantée et l'ami constituent un triangle amoureux au coeur de ce roman et chacun d'entre eux peut être aisément qualifié de misanthrope marginal. Ils sont tous les trois prisonniers d’eux-mêmes, de la vie, de toute cette absurde noirceur qui empoisonne leur existence. Ils démontrent également une inaptitude à vivre normalement et à agir socialement. S'ils sont capables d’agir, ils savent que tout ce qu’ils font ne rime à rien, que l’existence humaine ne vaut pas la peine. Ils méprisent leurs contemporains et la société qu’ils habitent et refusent donc de s’y insérer. Le mortimiste et l'enchantée se rencontrent par hasard. Parce qu'ils sont semblables, ils sentent une liaison très forte entre eux : « Tous deux étaient des personnes déplacées parmi leurs contemporains. Ils ne s’étaient pas reconnus. Ils s’étaient flairés. À l’instinct » (p. 71). Avant de rencontrer le mortimiste, l’enchantée a passé quelques jours avec un vieil homme qu’elle surnomme L’ami. Ce dernier fut un séducteur et un joueur. Une étrange relation s’instaure entre eux et ils partent en Normandie, jouent au Casino et éprouvent quelque chose comme de la tendresse et du divertissement lorsque l’autre est présent. Le vieil homme se sent étranger à son corps malade et vieux. Mais à la dernière minute, il se suicide pour ne pas laisser la mort gagner. |
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Pierre Drachline, //L'enchantée//, Paris, Le cherche midi, 2003, 163 p. | Pierre Drachline, //L'enchantée//, Paris, Le cherche midi, 2003, 163 p. |
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__Frédéric Langlois dans //Du mercure sous la langue// de Sylvain Trudel ;__ | __Frédéric Langlois dans //Du mercure sous la langue// de Sylvain Trudel ;__ |
Frédéric Langlois, dix-sept ans, est hospitalisé et condamné à mort par un cancer des os. Sa condition lui confère une lucidité désarmante et un mépris de tous. Dans l'antichambre de la mort, le jeune homme déverse son fiel sur le monde qui l'entoure et qu'il n'a jamais considéré aussi lucidement qu'à ce moment. Il se détache de plus en plus du monde qui l'entoure puisque ce monde, celui des gens en santé, ne peut comprendre le dédain de la vie qui est comme la morphine de Frédéric (p. 121), qui lui permet d'attendre la mort avec le moins d'angoisse possible. Il s'attaque aux illusions de la religion et de la science. Il ne peut plus se satisfaire des illusions et abhorre la pitié : « Ça paraît peut-être pas aux yeux crevés qui m'entourent, mais je suis plus humble, plus généreux et plus humain que jamais, mais ma façon d'être humain leur est si étrangère qu'ils n'y voient que de l'inhumanité » (p. 92). Sa marginalité,imposée par la maladie, lui sert d'armure et est le véhicule de sa colère. | Frédéric Langlois, dix-sept ans, est hospitalisé et condamné à mort par un cancer des os. Sa condition lui confère une lucidité désarmante et un mépris de tous. Dans l'antichambre de la mort, le jeune homme déverse son fiel sur le monde qui l'entoure et qu'il n'a jamais considéré aussi lucidement qu'à ce moment. Il se détache de plus en plus du monde qui l'entoure puisque ce monde, celui des gens en santé, ne peut comprendre le dédain de la vie qui est comme la morphine de Frédéric (p. 121), qui lui permet d'attendre la mort avec le moins d'angoisse possible. Il s'attaque aux illusions de la religion et de la science. Il ne peut plus se satisfaire des illusions et abhorre la pitié : « Ça paraît peut-être pas aux yeux crevés qui m'entourent, mais je suis plus humble, plus généreux et plus humain que jamais, mais ma façon d'être humain leur est si étrangère qu'ils n'y voient que de l'inhumanité » (p. 92). Sa marginalité, imposée par la maladie, lui sert d'armure et est le véhicule de sa colère. |
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Sylvain Trudel, //Du mercure sous la langue//, Montréal, Les Allusifs, 2001, 132 p.\\ | Sylvain Trudel, //Du mercure sous la langue//, Montréal, Les Allusifs, 2001, 132 p.\\ |
[[http://orion.crilcq.org/#du_mercure_sous_la_langue|Orion]] | [[http://orion.crilcq.org/#du_mercure_sous_la_langue|Orion]] |