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ranx:le_gardien_enferme [2010/11/24 11:47] – genevieve | ranx:le_gardien_enferme [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 |
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====== Mise à l'épreuve de la grille de pré-analyse sur article journalistique sur Chevillard - théorie implicite du récit ====== | ====== Mise à l'épreuve de la grille de pré-analyse sur article journalistique sur Chevillard - théorie implicite du récit ====== |
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** PETILLON, Monique, « Le gardien enfermé », dans Le Monde des livres, 18 novembre 1994, p. 3. [à propos de Préhistoire]]. PDF [GD] ** | ** PETILLON, Monique, « Le gardien enfermé », dans //Le Monde des livres//, 18 novembre 1994, p. 3. [à propos de //Préhistoire//]]. {{:ranx:petillon_monique.pdf|PDF}} [GD] ** |
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* **Quels éléments retient la critique pour présenter le personnage? S’attache-t-elle à sa description physique ? À ses actions ? À son rôle dans le récit ? En quels termes ?** | * **Quels éléments retient la critique pour présenter le personnage? S’attache-t-elle à sa description physique ? À ses actions ? À son rôle dans le récit ? En quels termes ?** |
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* Le capitaine Cook « ne constitu[e pas] le sujet véritable de l’œuvre ». | Le personnage est probablement le même que le narrateur, étant donné que c’est de ce dernier dont il est question tout au long de la chronique. On signale que son nom n’est pas mentionné et ensuite, on enchaîne avec l’énumération des événements qui fondent l’histoire du roman. On ne le présente donc pas d’emblée comme un personnage, mais plutôt comme un narrateur. Toutefois, on établit des parallèle entre les personnages de Chevillard : parfois, on les connaît, d’autres non ; ils sont rêveurs ; et font penser aux personnages de Beckett : « Ses personnages dont les noms, quand on les connaît – Plock, Crab, Furne – rappellent l’univers de Beckett, sont des rêveurs qui, dans leur folie sauvage et déductive, essayent de modifier la réalité. » À défaut de saisir l’étrangeté du personnage de Préhistoire, on semble tenter de faire des comparaisons pour parvenir à une compréhension d’ensemble des personnages de Chevillard. |
* « Notre homme », « personnage de simple commodité dont l’auteur ne relève qu’un seul et dérisoire trait distinctif » (d’où que Lebrun ne peut le présenter). Il suit un parcours imprévisible. | |
* Chevillard laisse ses personnages « en plan au bord du récit ». | |
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* **Comment réagit-elle au traitement du personnage chez Chevillard ?** | * **Comment réagit-elle au traitement du personnage chez Chevillard ?** |
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* Pas de réaction particulière. Il accepte l’absence du capitaine Cook et l’absence presque totale d’informations sur « notre homme ». Il y voit l’expression de la conception du roman de Chevillard, que celui-ci cherche à réinventer. | * On présente brièvement les autres personnages, on les mentionne en fait plus qu’on ne les décrit : « le professeur Glatt, lui a confié une "clé" » ou encore « le gardien et guide, en proie à une exaltation croissante, s’adresse à des visiteurs imaginaires ». |
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* **De ces informations, quelle conception du personnage est véhiculée par la critique ?** | * **De ces informations, quelle conception du personnage est véhiculée par la critique ?** |
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* « L’essentiel est donc ailleurs » : ayant en premier lieu abordé la question du personnage, c’est laisser entendre que l’essentiel se trouve généralement dans la description, la substance du personnage. Faute de pouvoir présenter le personnage, il se tourne vers les autres composantes du récit. Cela dit, parce qu’il ne s’en formalise pas, il semble reconnaître que le personnage n’est pas la finalité du récit. | * Le fait de ne mentionner les personnages qu’au passage indique dans une certaine mesure que la critique considère qu’ils sont secondaires et/ou qu’ils participent du sentiment d’inconfort face à l’ensemble du récit. |
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====Intrigue / histoire==== | ====Intrigue / histoire==== |
* **Quels éléments retient la critique pour proposer un résumé de l’histoire ?** | * **Quels éléments retient la critique pour proposer un résumé de l’histoire ?** |
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* L’histoire est annoncée dans le titre : les absences du capitaine Cook. | * Les événements marquants constituent l’essence de la critique. Les premiers temps de l’article repose sur ce qu’on suppose être la situation initiale. Puis on précise que la narrateur accumule les digressions et on termine en signalant la situation finale : « Finissant par se boucler dans son sous-sol ». |
* Les titres des chapitres annoncent chaque fois un programme dont le texte se détournera invariablement. | |
* Lebrun ne fournit aucun résumé de l’histoire, sinon celui annoncé par le titre. Autrement, il livre quelques parcelles de l’histoire – ou des histoires, moins par dépit que par amusement : « Avec Éric Chevillard, l’on comprend définitivement pourquoi la vie du triton ne peut se réduire qu’à une imperceptible et infinie oscillation. Ou pourquoi le sommeil dans la paille est devenu inconfortable ». Chevillard déploie ainsi « d’insoupçonnés horizons narratifs », que Lebrun ne peut que présenter tel quel, puisqu’ils ne s’inscrivent pas dans une histoire homogène. | |
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* **Comment réagit-elle au traitement de l’histoire chez Chevillard ?** | * **Comment réagit-elle au traitement de l’histoire chez Chevillard ?** |
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* Qu’il n’y ait aucune histoire à résumer ne trouble pas Lebrun. | * L’histoire en est une « drôle » (« drôle d’histoire ») mais elle n’est pas soutenue par un récit. Il y a un malaise certain dans cet article. Le résumé de l’histoire est lui-même plus ou moins convaincant. On sent que ce n’est pas dans les événements comme tel que se trouve l’intérêt du roman. D’ailleurs, plusieurs citations sont utilisées pour illustrer ces digressions et non pas, les événements du récit comme tel. L’une des citations les plus massives repose sur un scénario hypothétique mettant en scène le narrateur et l’autre est du même type, avec en surcroît une longue énumération. |
* Il se réjouit des « surprises continûment garanties pour le lecteur ». | |
* « Il appartient au roman de se livrer à d’autres explorations […] sur les territoires […] de l’imaginaire ». | |
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* **De ces informations, quelle conception de l’intrigue / histoire est véhiculée par la critique ?** | * **De ces informations, quelle conception de l’intrigue / histoire est véhiculée par la critique ?** |
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* Le roman, le récit, ne saurait se réduire à l’histoire racontée. Que celle-ci se fractionne en plusieurs épisodes non liés entre eux – sinon lâchement – est le signe d’une conception renouvelée du genre romanesque. | * Visiblement, il manque quelque chose pour que le récit advienne mais pour définir l’intrigue comme telle, il n’y a pas vraiment de piste proposée. À deux reprises, on précise que le récit ne survient pas, au début et à la fin de l’article : « Drôle d’histoire que "Préhistoire" : un délire angoissant et jubilatoire prend la place d’un récit qui ne vient jamais. » et « Et l’écriture, avec ses réticences, ses variations burlesques, ses accélérations et ses ruptures, nous entraîne dans un délire angoissant et jubilatoire, au seuil du récit à jamais différé. ». |
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| '' * [VA : Il y a un narrateur, des personnages, des événements (voire des histoires), tous problématisés à des degrés divers mais, si la critique conclut à l' « absence » d'un récit, c'est en raison essentiellement des nombreuses digressions qui en gênent la construction et le cours. C'est dire que, pour cette critique, le récit se définit par une intrigue forte, vectorialisée, dont la cohérence des parties assure la cohérence de l'ensemble. C'est bien là une conception conventionnelle du récit, qui rappelle Ricoeur.]'' |
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====Narrateur / narration / discours==== | ====Narrateur / narration / discours==== |
* **Quels éléments retient la critique de la figure du narrateur et/ou de son discours ?** | * **Quels éléments retient la critique de la figure du narrateur et/ou de son discours ?** |
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* Les récits se succèdent sur la base non pas de l’histoire, mais du discours, « poussés en avant d’eux-mêmes par des associations de mots et d’idées, des rémanences et des récurrences, des cascades d’allitération ». | * On mentionne qu’il n’est pas nommé. |
* Le discours assure la progression et la cohésion du récit, suivant l’idée selon laquelle il s’agit avant tout d’une « aventure langagière » : « Offrant à l’esprit des opportunités de voyages sans limites, de passages vers des univers dont la dynamique des mots constitue la seule force gravitationnelle, sans pour autant déraper vers le formalisme, encore moins l’hermétisme ». | |
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* **Comment réagit-elle au traitement de la figure du narrateur et/ou du discours chez Chevillard ?** | * **Comment réagit-elle au traitement de la figure du narrateur et/ou du discours chez Chevillard ?** |
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* Que le récit s'organise sur la base du discours ne semble pas troubler Lebrun, qui y voit un « roman en train de s'inventer une autre dimension ». Il apprécie, pour peu que cela ne bascule pas vers le formalisme - ce que Chevillard évite en faisant preuve d'une virtuosité et d'une profondeur inégalables. | * On signale les nombreuses digressions : « Cependant le discours u gardien, dans son ensemble, est une immense digression, destinée à retarder le moment décisif de la réouverture [du musée] . […] Pour gagner du temps, le narrateur multiplie remarques incidentes, énumérations, inventaires, se laissant aller à la tentation insensée d’un recensement universel » (lorsqu’on parle de recensement universel on fait référence à la citation qui suit dans l’article pour illustrer le moment où le personnage énumère des topoïs – la tempête, le baiser, la chanson, la fracture – qu’il pourrait écrire éventuellement dans un tome ultérieur à ce roman). |
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* **De ces informations, quelle conception du discours, dans son rapport au récit et/ou à l’histoire, est véhiculée par la critique ?** | * **De ces informations, quelle conception du discours, dans son rapport au récit et/ou à l’histoire, est véhiculée par la critique ?** |
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* Lebrun ne se rabat pas sur le discours à défaut de pouvoir retracer une histoire homogène ou un personnage fort. Que le récit – sa progression, sa cohésion, sa cohérence – repose sur le discours semble faire partie de la conception du récit de Lebrun – ou, plutôt, de ce que pourrait devenir le récit dans la forme romanesque renouvelée que propose Chevillard. | ... |
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| ''[VA : peut-on déduire des commentaires de la critique si elle considère les digressions comme narratives ou discursives? À lire la citation ci-dessus, les digressions semblent proposer des énumérations, des listes, des inventaires - bref, des apartés discursifs plus que narratifs, ce qui reviendrait à dire que l'abondance du discours gênerait le geste narratif de l'ensemble en retardant l'avènement du récit.]'' |
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* **Impact sur la progression de l'intrigue, sur la structure narrative ?** | * **Impact sur la progression de l'intrigue, sur la structure narrative ?** |
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* Les digressions, interminables et superflues, donnent chair à la matière du roman. Privé d’une histoire homogène, le récit se construirait selon toute vraisemblance sur ces développements superflus. | * On signale les nombreuses digressions : « Cependant le discours u gardien, dans son ensemble, est une immense digression, destinée à retarder le moment décisif de la réouverture [du musée] . […] Pour gagner du temps, le narrateur multiplie remarques incidentes, énumérations, inventaires, se laissant aller à la tentation insensée d’un recensement universel » (lorsqu’on parle de recensement universel on fait référence à la citation qui suit dans l’article pour illustrer le moment où le personnage énumère des topoïs – la tempête, le baiser, la chanson, la fracture – qu’il pourrait écrire éventuellement dans un tome ultérieur à ce roman). |
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* **Réaction de la critique** | * **Réaction de la critique** |
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* Les coq-à-l’âne sont jugés « éblouissants ». Interminables, superflus, ils ne participent pas moins du plaisir de lecture ; ils constituent des surprises. | * À deux reprises, on utilise l’expression « délire jubilatoire » en parlant de ce récit doté de digressions. |
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====Fragmentation==== | ====Fragmentation==== |
* **Impact sur la progression de l’intrigue, sur la structure narrative, sur l’œuvre ?** | * **Impact sur la progression de l’intrigue, sur la structure narrative, sur l’œuvre ?** |
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* Des récits qui se succèdent. On devine la fragmentation, à hauteur de narration et d’œuvre, mais cette fragmentation semble être le moteur narratif. | ... |
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* **Réaction de la critique** | * **Réaction de la critique** |
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* Là encore, la fragmentation semble participer du plaisir de lecture (d’une certaine façon associée à la surprise, l’éclatement de la trame narrative ne permettant pas de prévoir ce qui s’en vient). | ... |
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====Cohérence de l’ensemble==== | ====Cohérence de l’ensemble==== |
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* Lebrun fait reposer la cohérence de l’ensemble sur la volonté de Chevillard d’arpenter les nouvelles possibilités du roman. La prédominance du discours, l’absence – ou presque – de personnages et d’intrigue, les digressions… : tout cela traduirait la conception du genre romanesque de Chevillard. En ce sens, d’aucune façon il ne qualifie l’ensemble d’incohérent. Au contraire, il fait état d’une parfaite maîtrise de la part de l’écrivain. | ... |
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====Varia==== | ====Varia==== |
* **Reprises et citations de l’œuvre de Chevillard pour décrire celle-ci, dans un geste circulaire. Autrement dit, la critique utilise (ou transforme ?) l’œuvre de Chevillard comme matière théorique pour commenter l’œuvre.** | * **Reprises et citations de l’œuvre de Chevillard pour décrire celle-ci, dans un geste circulaire. Autrement dit, la critique utilise (ou transforme ?) l’œuvre de Chevillard comme matière théorique pour commenter l’œuvre.** |
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* - | * On n’utilise pas la citation afin de renvoyer à la théorisation de l’œuvre mais pour illustrer l’œuvre, comme si le discours du critique ne pouvait que faillir dans l’exercice. En fait foi la longueur des citations : les plus longues d’entre elles occupent le tiers de l’article. |
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====Déclarations de l’écrivain==== | ====Déclarations de l’écrivain==== |
* **Recours aux entrevues de l’écrivain pour appuyer ses idées – comme figure d’autorité ou pour d’autres usages qu’il faudrait identifier, le cas échéant.** | * **Recours aux entrevues de l’écrivain pour appuyer ses idées – comme figure d’autorité ou pour d’autres usages qu’il faudrait identifier, le cas échéant.** |
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====Comparaisons / rapprochements intertextuel(le)s==== | ====Comparaisons / rapprochements intertextuel(le)s==== |
* **Lesquel(le)s ? Vérifier si ces rapprochements intertextuels sont énoncés faute de pouvoir rendre compte de l’œuvre (incapable de décrire celle-ci, la critique se résout à comparer pour donner au moins « une idée » de l’œuvre). Vérifier si ces rapprochements sont seulement énoncés ou expliqués.** | * **Lesquel(le)s ? Vérifier si ces rapprochements intertextuels sont énoncés faute de pouvoir rendre compte de l’œuvre (incapable de décrire celle-ci, la critique se résout à comparer pour donner au moins « une idée » de l’œuvre). Vérifier si ces rapprochements sont seulement énoncés ou expliqués.** |
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* - | * On rapproche les personnages de Chevillard à ceux de Samuel Beckett. |
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====Vocabulaire approximatif==== | ====Vocabulaire approximatif==== |
* **Étrange, singulier, bizarre, incongru, déroutant, insaisissable : les qualificatifs passe-partout qui empêchent d’avoir à décrire l’œuvre.** | * **Étrange, singulier, bizarre, incongru, déroutant, insaisissable : les qualificatifs passe-partout qui empêchent d’avoir à décrire l’œuvre.** |
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* « Le roman est en train de s’inventer une autre dimension » : mais laquelle ? Tout au plus Lebrun fait-il état de cette invention d’une autre dimension après avoir constaté que l’œuvre de Chevillard rompt avec la représentation classique. Une sorte de description par la négative qui évite les véritables enjeux. | * « Et l’écriture, avec ses réticences, ses variations burlesques, ses accélérations et ses ruptures, nous entraîne dans un délire angoissant et jubilatoire, au seuil du récit à jamais différé. » |
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====Varia==== | ====Varia==== |