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JOPECK, Sylvie, Le fait divers dans la littérature, Paris, Gallimard-Éducation, 2009, 128 p.

Définitions:

  • “Nouvelle ponctuelle, concernant des faits non caractérisés par leur appartenance à un genre; fait de ce genre, souvent dans le domaine délictueux ou criminel (dans le contexte journalistique).” (Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française) (7)
  • Le rédacteur chargé des faits divers (“nouvelles de toutes sortes qui courent le monde”) est celui qui rehausse la saveur d'un journal fade. Par conséquent, “s'il ne fait pas valoir un acte de dévouement, raconter [sic] avec détail un assassinat, décrire [sic] minutieusement une exécution, il est perdu.” (Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle) (8)

L'origine antique du fait divers, puis la révolution de la presse de masse : p. 10


Divers (!)

Raconter sans preuves:

  • “Le fait divers désigne en même temps un événement - témoin du malheur, des peurs et de la folie humaine - et le récit qui le médiatise et lui permet de se déployer dans l'imaginaire et d'exister dans les mémoires. Ce double aspect souligne l'importance de la miise en discours comme de la mise en récit. Il se définit par ce que l'on dit de l'événement, ce que l'on raconte à son sujet, par sa transmission. Il prend tout son sens dans un jeu de rapports et de combinaisons: entre le fait et le récit du fait, entre le médiateur et son propre message, entre le médiateur et le récepteur, entre le fait lui-même et son récepteur, entre les différents récepteurs possibles. Car transmettre un fait divers, c'est raconter sans preuves. À la différence du fait politique ou du fait historique qui ont besoin de la caution de la vérité, le fait divers existe hors de la preuve dans l'enchaînement discursif et narratif entre le fait, le médiateur et le récepteur. Le fait divers se développe hors de toute garantie scientifique, il se nourrit de la force de séduction de la parole, véritable machine à fantasmes. […] D'une certain façon, il appartient déjà au champ fictionnel et peur-être est-ce la raison pour laquelle il fascine les écrivains. […] Écrire sur le fait divers et à partir de lui se nourrit de la tension entre le rapport inattendu des choses et des êtres.” (11)

Brièveté: “Tant que le fait divers se cantonne à la rubrique des “chiens écrasés”, il relève de la concision et de la brièveté”, générant de fait des genres littéraires courts: poème, nouvelle, anecdote ou encore “nouvelle en trois lignes” de Félix Fénéon. (21)

Un révélateur paradoxal: “Le fait divers, par la monstruosité qu'il met au jour, sa violence ou son simple aspect inattendu, contrarie l'ordre social, familial, conjugal ou moral. Par définition, il relève ce qui s'oppose à la banalité du quotidien, à l'opinion dominante. Tout en bouleversant l'ordre social, il le révèle, il fait apparaître ses règles au moment même où il en transgresse les codes. En ce sens, il agit comme un paradoxe.” (23)

La loi de l'antithèse: “La tournure antithétique permet de donner plus d'impact à la formulation en la ramenant à des oppositions fondamentales […]. Le fait divers par sa formulation ramassée et totalisante se suffit à lui-même et donne plus d'intensité à l'expression de la négativité humaine.” (25)

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