Selon elle, parce que le sens de l'intrigue modifie nécessairement l'intuition et l'imagination de l'événement, celui-ci peut alors s'entendre aussi bien au sens où il a lieu qu'à celui où il est attendu. On peut donc aussi bien produire que construire l'événement: | Selon elle, parce que le sens de l'intrigue modifie nécessairement l'intuition et l'imagination de l'événement, celui-ci peut alors s'entendre aussi bien au sens où il a lieu qu'à celui où il est attendu. On peut donc aussi bien produire que construire l'événement: |
* « Si on raconte ce qui s’est passé ou ce qui peut se passer, c’est bien parce que quelque chose s’est déjà produit, laissant une trace, un effet, témoignant de ce que des événements adviennent et peuvent encore advenir. [...] [I]l est construit, nommé, parce qu'il faut bien nommer ce qui arrive, surtout si ce qui arrive modifie considérablement le cours des choses. Il y a donc du récit parce qu'il y a du manque (on n'arrive jamais à saisir vraiment et exactement ce qui est arrivé) et du trop (l'évidence des traces et des effets encombre le présent). Plus la narrativité semble toucher à son impossible, à sa fin, plus de démultiplie la demande de narrativité. [...] L'événement n'est pas une catégorie antinarrative [comme certains théoriciens le prétendent] ; il est le principe négatif par lequel la narrativité renoue de nouvelles intrigues » (p. 384). | - « Si on raconte ce qui s’est passé ou ce qui peut se passer, c’est bien parce que quelque chose s’est déjà produit, laissant une trace, un effet, témoignant de ce que des événements adviennent et peuvent encore advenir. [...] [I]l est construit, nommé, parce qu'il faut bien nommer ce qui arrive, surtout si ce qui arrive modifie considérablement le cours des choses. Il y a donc du récit parce qu'il y a du manque (on n'arrive jamais à saisir vraiment et exactement ce qui est arrivé) et du trop (l'évidence des traces et des effets encombre le présent). Plus la narrativité semble toucher à son impossible, à sa fin, plus de démultiplie la demande de narrativité. [...] L'événement n'est pas une catégorie antinarrative [comme certains théoriciens le prétendent] ; il est le principe négatif par lequel la narrativité renoue de nouvelles intrigues » (p. 384). |
La posture de René Audet sur l'événement, inspirée par les travaux philosophiques de Claude Romano, fait écho à celle de Villeneuve. Il conçoit l'événement dans une perspective phénoménologique, laquelle, contrairement aux postures formaliste et structuraliste, ne cherche pas à comptabiliser, à dénombrer, à quantifier, à isoler l'événement. Le préférant au terme connoté d'« [[action]] », il en fait le principe fondateur, le phénomène au coeur de la narrativité, en ce que l'événement serait « un changement qui survient ; il "advient" quelque chose » à un sujet. C'est dire le caractère fulgurant de l'événement, lequel, surgissant, bouleverse l'environnement. De là se dessine le potentiel d'une histoire. (« La narrativité est affaire d'événement », dans René Audet, Claude Romano, Laurence Dreyfus et ''al''., ''Jeux et enjeux de la narrativité dans les pratiques contemporaines'', Paris, Dis voir (Arts visuels / essais), p. 7-35). | La posture de René Audet sur l'événement, inspirée par les travaux philosophiques de Claude Romano, fait écho à celle de Villeneuve. Il conçoit l'événement dans une perspective phénoménologique, laquelle, contrairement aux postures formaliste et structuraliste, ne cherche pas à comptabiliser, à dénombrer, à quantifier, à isoler l'événement. Le préférant au terme connoté d'« [[action]] », il en fait le principe fondateur, le phénomène au coeur de la narrativité, en ce que l'événement serait « un changement qui survient ; il "advient" quelque chose » à un sujet. C'est dire le caractère fulgurant de l'événement, lequel, surgissant, bouleverse l'environnement. De là se dessine le potentiel d'une histoire. (« La narrativité est affaire d'événement », dans René Audet, Claude Romano, Laurence Dreyfus et //al//., //Jeux et enjeux de la narrativité dans les pratiques contemporaines//, Paris, Dis voir (Arts visuels / essais), p. 7-35). |