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-Notice bibliographique : JAUFFRETRégis, //Univers, univers//, Paris, Verticales2003610 p.+PAVELThomas G., //Univers de la fiction//, Paris, Seuil1988.  
 +Chapitre 1. « Les êtres de fiction », p. 19-58.
  
 +__**Résumé**__
  
 +Les propos de Pavel sur le personnage s'inscrivent dans une réflexion plus générale sur la fiction; il tente de caractériser la //fictionalité//. Il examine plusieurs propositions concernant les statuts référentiel et fictif des personnages, et plaide en faveur d'une approche intégrée : Jojo et Napoléon Bonaparte évoluent dans le //même// univers. Les considérations sur le personnage devaient se faire selon cette prémisse et exclure le réel comme mesure-étalon. C'est donc moins l'agir et l'interprétation du personnage qui sont traités ici que ses « degrés d'être ». 
  
-== Résumé de l’œuvre : == 
  
-Une bourgeoise, dans son appartement, surveille un gigot par le hublot du four. Mais cette situation initiale assez simple éclate rapidement. La femme (appelons-la ELLE) ne sait pas trop ce qu'elle fait dans cette cuisine qui lui semble inconnue et elle ne peut s'empêcher de s'imaginer différentes identités (d'autres femmes, la plupart du temps), différentes existences, allant parfois jusqu'à devenir un objet, un animal, un concept. S'ensuit une pléthore de noms propres tous plus communs les uns que les autres, des femmes et des enfants battus, violés, subissant l'inceste, des fugues, des fuites, des voyages désespérés, des invités qui arrivent à l'improviste, un mari inintéressant, des rapports sexuels presque toujours décevants, etc.  +__**Fil argumentatif**__
-« Tu es aussi bien Paulette Jannier […]. Tu peux devenir Marie-Pierre Carolet […]. Tu peux être tout un bataillon de filles à la fois, des femelles de tous âges, de tous les temps […]. Tu existes peut-être d’une façon générale sans qu’on puisse t’attribuer avec certitude aucune personnalité particulière tu fais partie de la ville comme l’air un peu sale qu’on y respire. Tout le monde te contient en une quantité infinitésimale, comme une vitamine, un sel, un métal en suspension. Tu es dans tous les cerveaux à l’état d’idée fixe, de concept incompréhensible […]. » (p. 276-278). +
-Outre la femme au gigot, deux autres éléments sont récurrents dans //Univers, univers//: un mari qui cherche à vendre son agence depuis des années et les Pierrot. Ces "terroristes de l'invitation" (http://www.livresse.com/Bibliotheque/jauffret-regis-univers.shtml), ces démons de la piscine ne cessent de convier (ou de kidnapper, à l'occasion) ELLE et son époux à de fastidieuses et fastueuses soirées à leur domaine, leur imposant chaque fois une baignade de plus en plus sophistiquée et des loisirs de plus en plus extravagants. En participant à des conflits armés au bout du monde ou en en organisant chez eux (p. 515-517), en faisant construire un aquarium, un cimetière, un vélodrome, un hôpital, une école dans leur cour (ces constructions s'additionnent et demeurent à chacune des visite de ELLE, contrairement à tout le reste de l'univers qui paraît sans cesse recommencer à zéro à chaque "réincarnation"), en vivant dans un camp de réfugié, en construisant un parc d'attraction dans une zone de guerre, en se faisant torturer à qui mieux mieux, en mourant d'en d'atroces souffraces, les Pierrot cherchent à tout prix à tromper leur confortable et ennuyeuse vie bourgeoise. ELLE et les Pierrot constituent donc les pôles opposés de la vie bourgeoise: l'une veut à tout prix trouver une nouvelle identité, une nouvelle existence, tandis que les autres cherchent continuellement à agrémenter la leur de la façon la plus extrême possible.+
  
-== Narration extradiégétiquehétérodiégétique ==+L'incipit du deuxième chapitre des //Aventures de M. Pickwick// de Dickens (seule œuvre convoquée) sert de tremplin le matin du 13 mai 1827une matinée bien ensoleillée, Samuel Pickwick se lève et observe la longue rue Goswell. Le lecteur, dit Pavel, sait distinguer les éléments fictifs (M. Pickwick) des référentiels (le soleil), mais il accorde aux fictifs une sorte de réalité qui l'amène à s'identifier aux aventures et réflexions du personnage. L'essentiel du chapitre sur les êtres de fiction sera consacré aux théories ayant tenté de rendre compte de ces « intuitions incompatibles ».
  
-Explication : Pendant la majeure partie du roman, l'histoire des multiples identités de ELLE est racontée à la troisième personne et l'espèce d'entité abstraire qu'est ELLE glisse d'un personnage à l'autre de façon, semble-t-il, assez aléatoire et involontaire. Cependant, à quelques reprises (entre les pages 276 et 349, notamment), la deuxième personne fait son apparition, ce qui donne l'impression que le narrateur commande au(xpersonnage(s) de ELLE. Ce changement est aussi l'occasion d'éclairer en partie le processus de transformation ou de déplacement de ELLE d'une identité à l'autre. Par exemple, « À l’âge de dix-neuf ans une crise d’épilepsie emportera Françoise Querrat pendant son sommeil, mais tu prendras la précaution de devenir sa sœur juste avant son décès et elle remplacera dans la mourante » (308). On constate alors également, pendant quelques pages, que ELLE devient une sorte d'intruse dans le corps et l'esprit de son hôtesse: « Tu entendras le corps gémir, tu lui feras même pousser un cri que tu étoufferas dans l’oreiller. Puis tu le lèveras, tu lui feras enfiler un pull, ouvrir la fenêtre et gagner le balcon » (p. 340; "Elle ira tout de suite dans sa chambre, elle se couchera. Tu utiliseras sa mémoire pour te souvenir qu'elle avait été de garde toute la nuit [...]. Vous vous réveillerez de concert à dix-neuf heures, vous prendrez une tasse de café [...]. Vous prendrez dans la penderie une robe en velours vert, vous l'enfilerez et vous tournerez sur vous-même devant la glaceElle se trouvera assez jolie, tu jugeras son contentement très excessif. Ta façon de dénigrer son aspect teintera sa bonne humeur d'un nuage de tristesse" (p. 345).+Pavel circonscrit deux points de vue selon les positions adoptées par les théoriciens vis-à-vis des rapports entre fiction et réalité : les points de vue ségrégationniste (S) - les œuvres d'imagination n'ont pas de valeur de vérité - et intégrationniste (I) - aucune véritable différence ontologique entre fiction et description non fictive de l'univers; entre ces postures extrêmes il existe quelques intermédiairesPavel est plutôt I
  
 +Pavel reproche aux théoriciens, S ou I, deux choses : d'étudier indirectement les œuvres de fiction; de mélanger les questions de métaphysique (les êtres et la vérité de la fiction), de démarcation (possibilité des tracer des frontières entre fiction et non-fiction) et d'institution (place et importance de la fiction en tant qu'institution culturelle).
  
 +Le S classique est représenté par B. Russell, philosophe du langage. Du côté métaphysique, il s'agit de refuser tout statut ontologique aux objets non existants, en prouvant que les affirmations sur de tels objets sont fausses pour des raisons logiques. Pour les questions de démarcation, sont exclues du domaine du discours vrai les phrases qui parlent d'objets de fiction. Corollaire : attribuer aux œuvres de fiction une valeur purement non cognitive, la théorie « émotionnelle » des propositions littéraires (I. A. Richard) est à cet égard exemplaire. 
  
-== Personnage(sen rupture ELLE == +Le S nuancé considère la situation d'énonciation; le contexte d'usage de la phrase pourra déterminer son statut (vrai, fausse, oiseuse). Par exemple //L'actuel roi de France fait preuve de sagesse//. L'énonciateur vit au temps de Henri IV, la phrase est vraie; l'énonciateur est un sujet de Charles IX, la phrase est fausse; prononcée dans la France républicaine d'aujourd'hui, elle est oiseuse. Donc, une phrase au sujet inexistant au moment de l'énonciation n'est ni vraie ni fausse, seulement inappropriée. Par conséquent, les affirmations de la fiction tombent dans les limbes des phrases oiseuses, à jamais non pertinentes.  
  
 +L'approche externe : place la fiction dans une théorie de l'être et de la vérité; l'ontologie de référence sera celle de l'univers non fictionnel, les êtres de fiction seront sans objet, les propositions, fausses ou oiseuses.
 +L'approche interne : évite de comparer les êtres et les propositions de fiction à leur correspondant non fictionnel; représenter la fiction telle que ses usagers la conçoive,  une fois qu'ils entrent dans le jeu et oublient le domaine du non fictif. 
  
 +La question des frontières (démarcation) devient obsolète lorsqu'on adopte une approche interne : Pendant la lecture, Pickwick nous apparaît-il moins réel que le soleil? Ou Napoléon plus vrai que Natacha à la lecture de Guerre et Paix? « Aux yeux de leurs lecteurs, les œuvres de fiction bénéficient d'une certaine unité discursive et nulle ligne de faille ne sépare visiblement, dans les mondes qu'ils décrivent, la part de vérité de celle de la fiction. » Obsolète, aussi, l'idée de considérer les textes de fiction comme un ensemble de propositions isolées : la vérité d'un ensemble ne se définit pas de manière récursive à partir de la vérité des propositions individuelles qui le compose.
  
-== A) Nature de la rupture Interprétative d'abordpuis actionnelle == +La figure du « modèle en panne » 1. affirmer que la littérature forme une sous-classe d'un champ plus vaste 2. présenter un modèle de ce champ 3. démontrer que les phénomènes littéraires ne peuvent pas être saisis à partir des distinctions offertes par le modèle proposé. Le modèle en panne et la conviction que la fiction n'est pas un acte de langage comme les autres fondent les théories de John Searle et Gottfried Gabrielplutôt axées sur les problèmes de démarcation. 
  
-Explication En regardant cuire son gigot, une activité routinière, ELLE devient étrangère au monde. De par la nature excessivement banale de son occupation et son attitude passive, ELLE ressemble à des milliers d'autres personnes. Elle n'a ainsi plus d'identité propre, mais erre ou s'imagine errer d'une identité à une autrePrivée de son identitéELLE s'égare "dans le pandémonium de noms qui grouillent dans sa tête" (p.90) et n'arrive plus à comprendre ce qui se passe autour d'elle et à agir en conséquence puisqu'elle est sans cesse étrangère, déconnectéeÀ l'ordre de la vie rangée qu'elle menait avant sa "dispersion" s'oppose alors le chaos de ses errances imaginaires (ou réellesselon la lecture qu'on en fait). Dans les deux caselle n'est toutefois personne, soit en étant trop normalesoit en étant trop de gens différents à la fois. Cela donne au lecteur l'impression qu'il est impossible d'échapper à la perte d'identité liée à la vie quotidienne.+**John Searle** Un auteur de roman fait semblant d'énoncer les assertions, les actes de langage sont feints, imaginaires, mais les affirmations peuvent être sérieuses, et vraiesL'intérêt de cette théoriedit Pavel, c'est qu'elle attire l'attention sur les propriétés pragmatiques de la fiction et qu'elle considère la fiction comme une « activité » plutôt qu'une suite de propositionsPavel met en doute cependant un certain nombre d'éléments fondamentaux de la théorie des actes de langage : la correction des règles d'assertion; le locuteur comme point d'origine du discours de fiction (le locuteurmembre d'une communauté langagière, commande moins la teneur de ses propos qu'on pourrait le croire; jeu des voix dans le discours littéraire); la notion de simulation en rapport avec la fiction (dans une fictionle mélange d'affirmations authentiques et feintes est parfait; la fiction produit du sens en tant que systèmedifficile de suivre à la trace les affirmations authentiques ou feintes).
  
 +La théorie des actes de langage (une forme de S, un modèle en panne) marginalise arbitrairement les phénomènes qui n'entrent pas dans la grille; tient pour acquis l'existence et la stabilité des conventions linguistiques, ce faisant, elle néglige la dynamique de leur apparition et  leur fluidité intrinsèque. Une approche intégrationniste considèrera que la norme et la marginalité forment un continuum; elle encourage à voir les comportements marginaux comme des manifestations du côté créateur des comportements sociaux. La fiction cesse d'être une anomalie.
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 +**L'ontologie de Meinong** (I): À chaque liste de propriétés possible correspond un objet, qu'il soit existant ou non. Par exemple, la liste (dorée, montagne) correspond à l'objet //montagne dorée//, dépourvu d'existence mais ayant le statut d'objet. 
 +Parsons reprend ce modèle et le spécifie, en distinguant les propriétés nucléaires (doré, humain, grand...) des propriétés extranucléaires (ontologiques (existe, est mythique); modales (possible ou non); intentionnelles et logiques). Dans le système de Parsons les objets de fiction possèdent les propriétés que nous leur attribuons et n'en jouissent que dans le texte auquel ils appartiennent. Les propriétés nucléaires décrivent leurs qualités à l'intérieur de la fiction, les extranucléaires se chargent de garder les objets en-dehors du monde réel.
  
-== B) Origine de la rupture actorielle et/ou psychique ==+a. Personnages et objets autochtones inventés ou créés par l'auteur du texte 
 +b. Personnages et objets immigrants : viennent du monde réel ou d'autres textes 
 +c. Personnages et objets substituts : objet réel dont les propriétés ont été considérablement modifiées. 
  
-Explication : +La différence entre b et c dépend de la fidélité de la représentationdonc elle n'est pas toujours évidente à établir. La théorie de Meinong garde les entités fictionnelles à l'intérieur du domaine des êtres, mais elle ne différencie pas assez leurs objets. Pavel propose la notion de degré d'êtrela propriété extranucléaire « exister » peut avoir plusieurs degrés de dilution, qui incorporerait divers niveaux d'existence symboliques.
-Actorielle : ELLE ne parvient pas à supporter son rôle de femme, de ménagèrede mère de famille **anonyme** (d'où la profusions de noms qu'elle se donne) à la vie tellement ordinaire qu'elle en est aliénante : « Elle se laisserait emmener dans n’importe quel hôtel particulier, n’importe quelle chambrette, elle aurait servi de chatde chien, on aurait pu la mettre comme un écureuil dans une cage dont elle aurait fait tourner la roue toute la journée, pourvu qu’on lui attribue un rôle quelconque qui lui tienne lieu d’identité. » (p390)+
  
-Psychique Étant donné que l'ambiguïté règne sur la façon dont ELLE erre d'une identité à l'autreon ne peut exclure que cette errance soit seulement le fruit d'un dérèglement mental (qui auraitc'est vraiété suscité par sa sensation d'être personne et tout le monde à la fois: « Elle est allée au salon, elle a allumé le téléviseurTout le monde avait son visagepar contre elle ne reconnaissait pas toujours son corps quand il était celui d’un homme ou d’une femme de quatre-vingt-dix ans qu’on interviewait après un cambriolageElle souffraitelle se rendait compte qu’elle vivait dans un monde anormal où elle était seule malgré la multitude apparente des individus qui semblaient le peupler» (537))+**Les êtres de fiction et la théorie causale des noms**. D'abord une difficulté on parle d'Hamlet ou de la madeleine de Proust comme si ces êtres ou objets étaient individués et bénéficiaient d'une existence empiriquemais ces noms ou descriptions définies ne dénotent pas des objets réels appartenant à notre monde. Pour Pavel, la théorie causale des noms propres rend vraisemblable le point de vue intégrationniste, alors que les tenants de cette théorie (KripkeKaplanPutnam) sont plutôt S. (La référence en fiction et dans le langage quotidien sont dans des camps opposés) Pavel montre que la référence aux êtres et objets de fiction ressemble aux procédés de référence habituelsPour Kripkeles noms propres ne renvoient pas à un ensemble de propriétés, mais fonctionnent comme désignateurs rigidesUn nom imposé à un être continue d'y référermême si les propriétés de cet être sont inconnues, variables ou différentes de ce que nous connaissons. Le nom propre agit comme étiquette linguistique fixée à un individu, voilà le côté structural de la théorie causale des noms; l'acte d'attacher les noms aux êtres qu'ils désignent constitue son côté historique. Pour Pavel, si on traite différemment les noms réels et les noms de fiction, c'est toujours pour des considérations historiques; structuralement parlant, il n'y a aucune différence
  
 +Au final, Pavel plaide en faveur de modèles étoffés qui incorporent des champs autres que l'univers réel. Les êtres ne fiction ne viennent pas nécessairement à l'existence en sautant les barrières individuelles qui entravent leur histoire référentielle. Leur sort est lié aux mouvements de groupes nombreux qui partagent le même destin ontologique. La fictionalité ne peut être comprise comme trait individuel, elle comprend de vastes domaines d'êtres.
  
-== C) Manifestations : posture passive et désorientée == 
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-Explication : Bien qu'à quelques reprises, ELLE semble passer consciemment et volontairement d'une identité à une autre, la plupart du temps, elle est plutôt ballottée d'existence en existence. Elle occupe également (comme bon nombre de femmes chez Jauffret) une position faible ou soumise dans l'univers où elle évolue : Ménagère dévouée à son mari et à sa famille, femme soumise au plaisir des hommes ou incapable de faire preuve d'autonomie, par exemple.  
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-== D) Objets : ... == 
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-Explication : 
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-== E) Manifestations spatiales : lieux hostiles, étrangers == 
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-Lieux représentés :  
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-L'appartement: la cuisine, là où elle prend conscience de son absence d'identité ; la chambre à coucher, où il faut accomplir le plus souvent dans la douleur le devoir conjugal ; la salle à manger qui réserve toutes sortes de surprises puisqu'ELLE ne sait jamais si des invités seront présents ni à quoi ressemble son mari, si elle a des enfants, etc. 
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-La rue: en général représentée comme une échappatoire à la vie bourgeoise de l'appartement, parfois hostile, mais en général un lieu de découverte et d'aventure vers l'inconnu où tout peut arriver. 
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-Chez les Pierrot: leur domaine est un symbole de la déchéance entraînée par la volonté de tromper l'ennui. ELLE a toujours peur d'aller chez eux, car la piscine la rend toujours malade ou bien elle est forcée de participer à leurs projets extravagants. 
ranx/fiche_de_lecture.1342632427.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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