ranx:faire_l_amour
Différences
Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.
Les deux révisions précédentesRévision précédenteProchaine révision | Révision précédente | ||
ranx:faire_l_amour [2013/08/12 17:53] – gabrielle | ranx:faire_l_amour [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 | ||
---|---|---|---|
Ligne 22: | Ligne 22: | ||
III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION | III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION | ||
- | Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Je crois que la déconnexion du narrateur n’est pas nécessairement dans sa nature, mais elle est occasionnée par le voyage à Tokyo. Il affirme lui-même qu’il n’a rien à faire là-bas, à part rompre, « mais rompre, je commençais à m’en rendre compte, c’était plutôt un état qu’une action, un deuil qu’une agonie. » (p. 129) Isabelle Bernard-Rabadi* parle de Faire l’amour en ces mots : « Dans la longue description des étapes de sa rupture avec Marie, le narrateur de Faire l’amour observe minutieusement l’action délétère de ses sentiments, de ses élans et de ses envies, en même temps qu’il scrute ceux de sa compagne avec une acuité et une lucidité surprenantes […] Soulignant la solitude inhérente à l’humain, le roman tout entier se fonde sur le délitement d’un couple d’amoureux fragiles et désorientés. » (p. 116-117) | + | Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Je crois que la déconnexion du narrateur n’est pas nécessairement dans sa nature, mais elle est occasionnée par le voyage à Tokyo. Il affirme lui-même qu’il n’a rien à faire là-bas, à part rompre, « mais rompre, je commençais à m’en rendre compte, c’était plutôt un état qu’une action, un deuil qu’une agonie. » (p. 129) Isabelle Bernard-Rabadi* parle de Faire l’amour en ces mots : « Dans la longue description des étapes de sa rupture avec Marie, le narrateur de //Faire l’amour// observe minutieusement l’action délétère de ses sentiments, de ses élans et de ses envies, en même temps qu’il scrute ceux de sa compagne avec une acuité et une lucidité surprenantes […] Soulignant la solitude inhérente à l’humain, le roman tout entier se fonde sur le délitement d’un couple d’amoureux fragiles et désorientés. » (p. 116-117) |
* BERNARD-RABADI, | * BERNARD-RABADI, | ||
Ligne 38: | Ligne 38: | ||
La rupture du narrateur est plus actionnelle qu’interprétative. Bien qu’il soit capable parfois de s’imaginer un monde changé, cette capacité va et vient. Il n’agit pas concrètement. Il a des idées, mais il ne les fait pas : « J’aurais pu boire cette larme à même sa joue, me laisser tomber sur son visage et ses tempes, arracher ses lunettes de tissu […] Mais je n’ai rien fait, je ne l’ai pas embrassée, je ne l’ai pas embrassée une fois cette nuit-là, je n’ai jamais su exprimer mes sentiments. J’ai regardé la larme se dissiper sur sa joue, et j’ai fermé les yeux – en pensant que peut-être, en effet, je ne l’aimais plus. » (p. 31-32). Il devient parfois perdu entre ce qu’il s’imagine et ce qu’il vit, ne sachant plus trop où il se trouve. Il est aussi confus dans sa réflexion, à la fois atterré par la rupture éminente de son couple et ne posant aucun geste pour l’empêcher. « Marie […) approchait ses lèvres très près de ma bouche et me demandait en tremblant pourquoi je ne voulais pas l’embrasser, | La rupture du narrateur est plus actionnelle qu’interprétative. Bien qu’il soit capable parfois de s’imaginer un monde changé, cette capacité va et vient. Il n’agit pas concrètement. Il a des idées, mais il ne les fait pas : « J’aurais pu boire cette larme à même sa joue, me laisser tomber sur son visage et ses tempes, arracher ses lunettes de tissu […] Mais je n’ai rien fait, je ne l’ai pas embrassée, je ne l’ai pas embrassée une fois cette nuit-là, je n’ai jamais su exprimer mes sentiments. J’ai regardé la larme se dissiper sur sa joue, et j’ai fermé les yeux – en pensant que peut-être, en effet, je ne l’aimais plus. » (p. 31-32). Il devient parfois perdu entre ce qu’il s’imagine et ce qu’il vit, ne sachant plus trop où il se trouve. Il est aussi confus dans sa réflexion, à la fois atterré par la rupture éminente de son couple et ne posant aucun geste pour l’empêcher. « Marie […) approchait ses lèvres très près de ma bouche et me demandait en tremblant pourquoi je ne voulais pas l’embrasser, | ||
- | Il observe énormément, | + | Il observe énormément, |
- | Au tout début du roman, le narrateur affirme qu’il se promène avec un flacon d’acide chlorhydrique dans l’intention de le jeter dans le visage de quelqu’un ou de lui-même. Il affirme que c’est une idée qui l’apaise. À la fin du roman, après avoir imaginé à quelques reprises de s’en servir contre Marie et contre lui-même et après avoir menacé le garde de sécurité du musée, il le vide sur une petite fleur sauvage et sa dernière phrase me semble révélatrice | + | Au tout début du roman, le narrateur affirme qu’il se promène avec un flacon d’acide chlorhydrique dans l’intention de le jeter dans le visage de quelqu’un ou de lui-même. Il affirme que c’est une idée qui l’apaise. À la fin du roman, après avoir imaginé à quelques reprises de s’en servir contre Marie et contre lui-même et après avoir menacé le garde de sécurité du musée, il le vide sur une petite fleur sauvage et sa dernière phrase me semble révélatrice de l’impuissance et de l’inaction du narrateur : « Il ne restait plus rien, qu’un cratère qui fumait dans la faible lumière du clair de lune, et le sentiment d’avoir été à l’origine de ce désastre infinitésimal. » (p. 179) |
ranx/faire_l_amour.1376344415.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)