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ranx:et_au_pire_on_se_mariera

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-Notice bibliographique : BIENVENU, Sophie, //Et au pire, on se mariera//, Montréal, La mèche, 2011, 152 p. +**I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE**
  
-Résumé de l’œuvre :+Auteur BIENVENU, Sophie
  
-Le roman raconte l’histoire d’Aïcha, une adolescente de treize ans obsédée par un certain Baz, qui se retrouve en entrevue avec une travailleuse sociale. Les raisons de cet entretient restent floues. Au départ, Aïcha explique qu’elle habite à Montréal, dans un appartement avec sa mère. Elle indique que leur relation est très mauvaise. En effet, Aïcha entretient une profonde haine envers sa mère depuis qu’elle a chassé Hakim (son beau-père) du domicile familial, sans même la laisser lui dire au revoir. Elle est convaincue que sa mère a agi ainsi parce qu’elle était jalouse de l’amour de Hakim envers sa fille et qu’elle l’a empêché de lui parler parce qu’elle savait que Aïcha se sauverait avec lui. L’adolescente explique par la suite qu’elle passait ses journées à traîner dans le parc ou à perdre son temps avec ses deux seules amies, deux prostituées transsexuelles nommées Mel et Jo, jusqu’au jour où elle a rencontré Baz (Sébastien), un jeune homme dans la vingtaine de qui elle est tombée amoureuse. Au fur et à mesure que l’entrevue avance, Aïcha commence à se contredire et à revenir sur des histoires pour rectifier certains éléments, changeant complètement la tournure des évènements. Le lecteur comprend alors que Hakim abusait d’elle sexuellement (bien que la jeune fille n’ait jamais perçu ses caresses ainsi et soit toujours convaincue que leur relation était saine), que sa mère essaie tant bien que mal de se rapprocher de sa fille, qui refuse de voir son amour et de se laisser aider et que Baz n’est pas amoureux d’elle, mais ressent plutôt de la pitié pour la jeune fille et souhaite seulement l’aider. Il la laisse donc dormir chez lui, puisque Aïcha invente que sa mère ne la nourrit pas et qu’elle couche avec des hommes à la maison. La jeune fille devient tellement obsédée par Baz qu’elle va jusqu’à briser la télévision pour mettre sa mère en colère, de manière à obtenir une excuse pour se réfugier chez lui. Durant tout le récit, Aïcha est convaincue de sa normalité et croit dur comme fer que ses sentiments pour Baz sont réciproques. Elle raconte parfois des évènements qu’elle s’imagine, mais ne précisera qu’ils ne se sont pas réellement passés que plusieurs pages plus loin. Elle raconte, entre autres, que Baz et elle auraient fait l’amour la première nuit qu’elle a passée chez lui, alors qu’en réalité, le jeune homme a dormi sur le divan pour lui laisser son lit. Pour le rendre jaloux et attiser son désir, Aïcha va même jusqu’à perdre sa virginité avec le frère d’un camarade de classe. La relation entre elle et Baz s’envenime encore davantage lorsque ce dernier commence à fréquenter une femme de son âge, Élisanne Blais. Lorsque son nom est mentionné, Aïcha feint de ne pas trop savoir de qui il s’agit. Puis, après avoir contourné le sujet un moment, on apprend la véritable raison de l’entrevue : le meurtre d’Élisanne Blais. Recommence alors un récit confus où Aïcha avoue finalement être allée chez Baz et avoir poignardé sa copine qui s’y trouvait, seule. Elle raconte ensuite différentes versions de son entretient avec Baz, chez elle, après qu’il ait découvert le cadavre d’Élisanne. Dans tous les cas, il aurait voulu la protéger en lui disant de se laver et de nier les évènements pour que le blâme ne tombe pas sur elle. Il se serait ensuite fait arrêter pour le meurtre de sa copine, mais Aïcha aurait affirmé que s’était plutôt elle la meurtrière. Malgré cet aveu, les autorités croiraient qu’elle ne veut que protéger Baz, par amour pour lui, d’où l’entrevue avec la travailleuse sociale. Le roman se termine ainsi, laissant le lecteur interpréter les évènements et décider qui est réellement coupable de quoi et qui veut réellement protéger qui. +Titre : //Et au pire, on se mariera//
  
-Narration Autodiégétique+Éditeur La mèche
  
-Explication :Le roman se présente comme une entrevue entre Aïcha et un interlocutrice identifié par un « tu ». Le lecteur n’obtient que les paroles de la jeune fille, les propos et l’identité de l’interlocutrice étant plutôt suggérés par les réponses et les réactions de la narratrice. Par cette narration, qui se veut une mise en scène et qui se rapproche ainsi d’un monologue théâtral, le lecteur est placé dans la peau de la travailleuse sociale qui reçoit une histoire trouée et parfois inventée. Plusieurs éléments doivent être devinés ou interprétés de manière à combler les lacunes volontaires de la narration. Le parcours narratif est donc à l’image de la pensée d’Aïcha, qui tente, non seulement de convaincre son interlocuteur, mais aussi de se convaincre elle-même. Il s’agit donc d’une narration souvent trompeuse, sinueuse et marquée par l’oralité. +Année 2011 
  
-Personnage(s) en rupture Aïcha+Désignation générique Récit 
  
-A) Nature de la rupture Interprétative et Actionnelle+Quatrième de couverture « Avant de rencontrer Baz, Aïcha était tout le temps enragée. Elle traînait son enfance brisée en essayant d’éviter sa mère, les vieux puants et les seringues usées du parc. Maintenant qu’elle est amoureuse, elle voit les balançoires dans les parcs de Centre-Sud. Voilà pourquoi, pour Baz, Aïcha ferait tout, même le pire. Tout, c’est ce qu’elle doit raconter à cette femme qui la regarde comme une page de faits divers. Mais suivre le récit d’Aïcha, c’est entrer dans un labyrinthe pour s’y perdre autant qu’elle.
  
-Explication : Aïcha est une adolescente profondément perturbée et déconnectée de la réalité qui ment plus souvent qu’autrement. On peut affirmer que son décalage commence dans son interprétation du monde et affecte sa manière d’agir dans la société. L’adolescente prête des intentions aux gens qui l’entourent, faussées par sa propre interprétation de leurs gestes ou de leurs parolesSi Baz lui dit qu’il s’inquiète pour elle lorsqu’elle passe la nuit à se promener dehors en tenue sexy, elle entend une grande déclaration d’amour. Si sa mère la protège contre Hakim, elle y voit de la jalousie maladive. Aïcha s’imagine des scénarios et module sa perception des choses de façon à ce que sa vision de la réalité s’accorde avec ses fantasmes. Cette rupture interprétative la mène alors à une rupture actoriellepuisqu’elle agit en fonction de ce qu’elle s’imagine et non en fonction de la réalitéElle va donc entrer plusieurs fois par effraction dans l’appartement de Baz, considérant qu’il s’agit de quelque chose de « cute », de normal et de bien. Elle va briser la télévision de sa mère pour créer une chicane, de manière à pouvoir être plainte par Baz. Lorsqu’elle raconte ces agissements étranges, elle ne réalise jamais ce qu’elle fait de mal ou, du moins, elle tente de se convaincre qu’elle ne fait rien de mal. Elle s’accroche à ses illusions et refuse d’accepter les choses telles qu’elles sont.+Une confrontation déchirante et drôle où l’émotion courtLa langue à fleur de peau de Et au pire, on se mariera se trouve à la croisée du romanesquedu théâtre de rue et de la déposition »
  
-B) Origine de la rupture : Actorielle+**II- CONTENU GÉNÉRAL**
  
-Explication Comme je l’ai expliqué dans le résumé et dans la nature de la rupture, Aïcha a subi des abus sexuels dans sa jeunesseJe qualifierais son origine d’actorielle, puisque ces évènements ont fait en sorte qu’elle est devenue incapable de se voir et d’agir comme une petite fille. Ce traumatisme l’a décalée de la normalité dune enfant (elle nallait plus à l’école, restait à la maison avec Hakim et repoussait sa mèreet l’a fait vieillir trop viteCeci fait en sorte qu’elle ne se reconnait pas comme une enfant, qu’elle ne veut pas vivre parmi les jeunes de son âge et qu’elle est attirée par les hommesElle se perçoit comme une adulte depuis qu’elle a huit ansdepuis que Hakim l’a initié à la sexualitéElle se sent donc constamment infantilisée par la société.+Résumé de l’œuvre Le roman raconte l’histoire d’Aïcha, une adolescente de treize ans obsédée par un certain Baz, qui se retrouve en entrevue avec une travailleuse sociale. Les raisons de cet entretient restent floues. Au départ, Aïcha explique qu’elle habite à Montréal, avec sa mère. Elle entretient une profonde haine envers cette dernière depuis qu’elle a chassé Hakim (son beau-père) du domicile familial. L’adolescente raconte par la suite qu’elle passait ses journées à traîner dans le parc ou à perdre son temps avec ses deux seules amies, deux prostituées transsexuelles nommées Mel et Jo, jusqu’au jour où elle a rencontré Baz (Sébastien), un jeune homme dans la vingtaine de qui elle est tombée amoureuse. Au fur et à mesure que l’entrevue avance, Aïcha commence à se contredire et à revenir sur des histoires pour rectifier certains éléments, changeant complètement la tournure des évènementsLe lecteur comprend alors que Hakim abusait d’elle sexuellement (bien que la jeune fille n’ait jamais perçu ses caresses ainsi et soit toujours convaincue que leur relation était saine), que sa mère essaie tant bien que mal de se rapprocher de sa fille et que Baz n’est pas amoureux d’elle, mais ressent plutôt de la pitié pour la jeune fille et souhaite seulement l’aider. Baz laisse donc Aïcha dormir chez lui, puisqu’elle invente que sa mère ne la nourrit pas et quelle couche avec des hommes à la maison. La jeune fille devient tellement obsédée par Baz qu’elle va jusqu’à provoquer volontairement des conflits avec sa mère, de manière à obtenir une excuse pour se réfugier chez lui. Durant tout le récit, Aïcha est convaincue de sa normalité et croit dur comme fer que ses sentiments pour Baz sont réciproquesElle raconte parfois des évènements qu’elle s’imagine, mais ne précisera qu’ils ne se sont pas réellement passé que plusieurs pages plus loin. Elle raconteentre autres, que Baz et elle auraient fait l’amour la première nuit qu’elle a passée chez lui, alors qu’en réalité, le jeune homme a dormi sur le divan pour lui laisser son lit. La relation entre elle et Baz s’envenime davantage lorsque ce dernier commence à fréquenter une femme de son âge, Élisanne Blais. Après que la narratrice ait évité le sujet un moment, le lecteur apprend la véritable raison de l’entrevue : le meurtre d’Élisanne Blais. Recommence alors un récit confus où Aïcha avoue finalement être allée chez Baz et avoir poignardé sa copine qui sy trouvait, seule. Elle raconte ensuite différentes versions de son entretient avec Baz, chez elle, après qu’il ait découvert le cadavre d’Élisanne. Dans tous les cas, il aurait voulu la protéger en lui disant de se laver et de nier les évènements pour que le blâme ne tombe pas sur elleIl se serait ensuite fait arrêter pour le meurtre de sa copine, mais Aïcha aurait affirmé que sétait plutôt elle la meurtrière. Malgré cet aveules autorités croiraient qu’elle ne veut que protéger Baz, par amour pour lui, d’où l’entrevue avec la travailleuse socialeLe roman se termine ainsi, laissant le lecteur interpréter les évènements et décider qui est réellement coupable de quoi et qui veut réellement protéger qui
  
-CManifestations AffectiveMémorielle+Thème(s) : amouradolescence, mensonge, manipulation, jalousie, relation mère/fille, violence, enfance, sexualité
  
-Explication : La rupture interprétative d’Aïcha se manifeste d’abord très clairement dans sa perception de son rapport affectif avec Baz. Son amour pour lui la pousse à faire une grave folie : commettre un meurtre. Bien qu’il lui répète à maintes reprises qu’il ne peut pas être amoureux d’elle, elle s’entête à se voir avec lui comme un couple. Sa haine pour sa mère vient aussi de ce décalage qui la fait interpréter ses inquiétudes en tentative pour lui gâcher sa vie par jalousie. Nous pouvons aussi y voir une manifestation mémorielle, car Aïcha oublie certains éléments de l’histoire, éléments qui ne cadrent pas avec ses scénarios et qu’elle a bien voulu oublier. C’est lorsque l’interlocutrice mentionne ces faits que la mémoire d’Aïcha la rappelle à la réalité. +**III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION**
  
-DObjets Projets qui n'aboutissent pas+Explication (intuitive mais argumentéedu choix le personnage d'Aïcha me semble en rupture à plusieurs niveaux. À l'intérieur de l'histoire, elle n'assume pas son rôle d'enfant: elle cherche à plaire à des hommes plus vieux, elle se fait amie avec des prostitués, elle veut éloigner sa mère et elle se sent infantilisées par tout le monde. D'un point de vue extérieur à l'histoire, elle n'assume pas non plus son rôle de narrateur, puisqu'elle tente de cacher des parties de son histoire et d'en modifier d'autres. Aïcha est donc un narrateur et un personnage non fiable et son déphasage structure et teinte tout le récit.
  
-Explication Aïcha simagine souvent comment sera sa vie avec Baz lorsquils emménageront ensembleBaz lui indique pourtant qu’il ne veut pas qu’elle habite chez lui, il ne l’autorise qu’à y venir pour les urgences. Elle se convint toutefois du contraire. Elle aurait également voulu que Hakim vienne la chercher pour partir avec lui. Cette fuite non plus ne se réalisera pas. De plus, après le meurtre d’Élisanne Blais, Baz passe chez Aïcha et lui dit de se laver et de nier son implication dans le crime. Lorsqu’il part, ladolescent prépare un sac avant de le rejoindre chez lui, car elle croit quils vont s’enfuir ensemble « quelque part de cool où vivre, genre Outremont, mais à la plage (p. 151)»+Appréciation globale La manière dont lhistoire est racontée ma paru particulièrement intéressante, puisque le lecteur devient en quelque sorte la victime de la narratrice non fiableCeci lui permet de faire l’expérience du caractère manipulateur du personnage. De plus, le ton de la narration et les marques doralité permettaient de bien cerner la psychologie marginale dAïcha.
  
-E) Manifestations spatiales : rien de particulièrement pertinent à signaler+**IV – TYPE DE RUPTURE**
  
-Lieux représentés : l’appartement de la mère d’Aïcha, l’appartement de Baz +Validation du cas au point de vue de la rupture  
-Explication : Le lieu où se déroule lentrevue n’est pas défini comme telmais l’on peut déduire qu’il s’agit d’un poste de policeDans l’histoire racontée par Aïcha, les évènements se produisent généralement dans l’un ou l’autre des appartements, mais ceux-ci ne sont pas beaucoup décrits.+ 
 +Interprétative 
 + 
 +Dans le cas du personnage d’Aïcha, il serait question d’une rupture interprétative. Elle est incapable de rendre adéquatement compte de son monde, car celui-ci n’est pas réel. Elle fait de sa vie une fiction. L’adolescente prête des intentions aux gens qui l’entourent, faussées par sa propre interprétation de leurs gestes ou de leurs paroles. Si Baz lui dit qu’il s’inquiète pour elle lorsqu’elle passe la nuit à se promener dehors en tenue provocante, elle entend une grande déclaration damour. Si sa mère la protège contre Hakim, elle y voit de la jalousie maladive. Aïcha simagine des scénarios et module sa perception des choses de façon à ce que sa vision de la réalité s’accorde avec ses fantasmes. Lorsqu’elle raconte ces agissements étranges, elle ne réalise jamais ce qu’elle fait de mal ou, du moins, elle tente de se convaincre de la normalité de ses actes. Elle s’accroche à ses illusions et refuse d’accepter les choses telles qu’elles sont. Voulant vieillir trop vite, Aïcha a également une perception d’elle-même qui est décalée, puisqu’elle ne se voit pas comme une enfant. À seulement treize anselle se considère comme une femme, ce qui brouille constamment son interprétation, notamment lorsqu’il s’agit de ses rapports affectifs avec Baz et sa mère 
 + 
 +**V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES** 
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 +Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.) 
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 +La narration est autodiégétique. Le roman se présente comme une entrevue entre Aïcha et une interlocutrice identifié par un « tu ». Le lecteur n’obtient que les paroles de la jeune fille, les propos et l’identité de l’interlocutrice étant plutôt suggérés par les réponses et les réactions de la narratrice. Par cette narration, qui se veut une mise en scène et qui se rapproche ainsi d’un monologue théâtral, le lecteur est placé dans la peau de la travailleuse sociale qui reçoit une histoire trouée et parfois inventée. Plusieurs éléments doivent être devinés ou interprétés de manière à combler les lacunes volontaires de la narration. Le parcours narratif est donc à l’image de la pensée d’Aïcha, qui tente, non seulement de convaincre son interlocuteur, mais aussi de se convaincre elle-même. Il s’agit d’une narration souvent trompeuse, sinueuse et marquée par l’oralité. 
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 +[[Et au pire, on se marieraancienne fiche]]
  
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