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ranx:avis [2008/08/14 10:58] – admin | ranx:avis [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1 |
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Titre : La théorie du récit à l'épreuve du romanesque contemporain : décalage, inadéquation ou aporie méthodologique ? | Titre : La théorie du récit à l'épreuve du romanesque contemporain : décalage, inadéquation ou aporie méthodologique ? |
Ce projet de recherche part d'une observation partagée par nombre de chercheurs sur le contemporain : le discours critique sur les oeuvres romanesques actuelles souffre d'un rapport décalé avec ses objets. D'une part, les témoignages abondent d'une appréciation mitigée des singularités narratives de ces oeuvres, le discours mettant en évidence une banalité, un manque d'action ou un éclatement de l'histoire qui viendraient dissoudre l'idée même du roman (ou plutôt qui tromperaient les attentes génériques des lecteurs). D'autre part, les traces sont nombreuses d'une inadéquation du métalangage littéraire à décrire les romans, expliquer leur fonctionnement et saisir leur poétique — ainsi retrouve-t-on plusieurs énoncés critiques fondés sur des formulations théoriques approximatives ou jugées insatisfaisantes par leur énonciateur même. Si ces constats reposent sur un examen encore superficiel de la critique du roman contemporain, ils suffisent déjà à repérer un malaise sensible dont il paraît important d'identifier les manifestations, mais surtout les plus profondes motivations. | |
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Dans cette conjoncture, notre hypothèse porterait davantage sur les apories du discours critique que sur l'unique caractère d'exception ou d'innovation des oeuvres romanesques contemporaines. Elle soutiendrait que la construction d'une critique souvent déçue ou gênée, au delà de son évaluation de la qualité littéraire et esthétique des objets, dépend largement d'un rapport problématique entre les pratiques romanesques et des notions théoriques, principalement celles qui sont liées au champ de la narrativité (p. ex.: récit, intrigue et action). Ces notions exprimeraient ainsi leur validité mitigée dans le cadre de la littérature contemporaine, illustration de leur définition sous l'empire de la modernité et du structuralisme. | Ce projet de recherche part d'une observation courante : le discours critique sur les oeuvres romanesques actuelles souffre d'un rapport décalé avec ses objets. D'une part, les configurations narratives spécifiques de ces œuvres sont pensées, presque négativement, à l’aune d’une banalité, d’un manque d'action ou d’un éclatement de l'histoire qui viendraient dissoudre l'idée même du roman (ou plutôt qui tromperaient les attentes génériques des lecteurs). D'autre part, les lectures savantes ou littéraires mentionnent souvent explicitement leurs difficultés à décrire les romans, expliquer leur fonctionnement et saisir leur poétique. Ces deux premiers constats suffisent déjà à repérer un malaise sensible dont nous souhaitons identifier les manifestations et, surtout, les motivations épistémologiques. |
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| Dans cette conjoncture, notre hypothèse cherche à confronter les apories du discours critique et le caractère d'exception ou d'innovation qu’on reconnaît à tout un pan de la production romanesque contemporaine. Elle soutient que la construction d'une critique qui se pense en situation d’incomplétude, au-delà de son évaluation de la qualité littéraire et esthétique des objets, dépend largement d'un rapport problématique entre pratiques romanesques et notions théoriques. Dans le cas présent, ces notions sont principalement liées au champ de la narrativité (récit, intrigue, action). Elles révéleraient ainsi leur validité incertaine dans le cadre de la littérature contemporaine, du fait de leur définition sous l'empire de la modernité et du structuralisme. |
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| Il nous intéressera donc d'explorer plus avant cette relative inadéquation de la critique dans le contexte du roman français contemporain. Il s’agira d’abord d’évaluer, sur un corpus romanesque et critique restreint, les écueils méthodologiques rencontrés par les commentateurs des romans actuels et, ainsi, d'établir le degré de validité du métalangage de la théorie du récit dans la description des phénomènes propres à ce corpus. Cette incursion dans le discours critique nous conduira ensuite à identifier, en amont, les notions cadres de la théorie du récit qui sont actuellement mobilisées dans la critique ; leurs définitions canoniques (tout comme leur arrière-plan idéologique) seront évaluées en regard des “théories implicites du récit” qui conditionnent les analyses de la production romanesque récente. Enfin, en aval, nous reprendrons ces notions jugées problématiques en les confrontant aux oeuvres, ce qui amènera à cibler, puis à opérer les recadrages ou déplacements théoriques appelés par le roman actuel. C’est ainsi par le moyen d’une investigation sur la mythologie de la critique que nous entendons sonder les fondements de la narrativité contemporaine. |
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Il nous intéressera donc d'explorer plus avant cet inconfort de la critique dans le contexte du roman français contemporain Il s’agira d’abord d’évaluer, sur un corpus romanesque et critique restreint, quels écueils méthodologiques rencontrent les commentateurs des romans actuels et, ainsi, d'établir le degré de validité du métalangage de la théorie du récit dans la description des phénomènes propres à ce corpus. Cette incursion dans le discours critique nous conduira ensuite à aller en amont, afin d'identifier les notions cadres de la théorie du récit qui sont actuellement mobilisées dans la critique ; leurs définitions canoniques (tout comme leur arrière-plan idéologique) seront évaluées en parallèle avec les “théories implicites du récit” formulées au sein même des analyses de la production romanesque récente. Enfin, en aval, nous reprendrons ces notions jugées problématiques afin de les confronter aux oeuvres et d'engager une réflexion sur d'éventuels recadrages ou déplacements des notions liées à la narrativité, opération rendue nécessaire dans le contexte du contemporain. C'est en fait une interrogation vive de la mythologie de la critique contemporaine que nous souhaitons opérer, dans la mesure où cette mythologie est en large part définie par la présence obsédante de la narrativité dans la littérature actuelle. | |