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I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Jean Echenoz

Titre : Au piano

Éditeur : Minuit

Collection :

Année : 2003

Éditions ultérieures :

Désignation générique :

Cote : 3

Quatrième de couverture :

« La pratique professionnelle du piano suppose une discipline stricte. Elle exclut tout divertissement susceptible d’éloigner l’artiste de son clavier. Pourtant, il aimerait, lui aussi, jouir de la lumière du monde, de la douceur de vivre, de la tiédeur de l’air et de l’amour des femmes. Eh bien non : mort ou vif, le pianiste se doit d’abord à son public. [Extraits du Monde, du Journal du Dimanche, de Télérama.]»

II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre :

Dans la première partie, Max, pianiste, n’a plus que quelques semaines à vivre avant d’être violemment tué, mais ne le sait pas encore. Il vit avec une femme qu’on apprendra être sa sœur, rêve à Rose, rencontrée il y a trente ans, suit une voisine, la femme au chien, sous la surveillance de son impresario et d’un assistant qui doit veiller à ce qu’il ne boive pas trop avant les concerts et qui le pousse sur scène pour l’obliger à jouer, ce qui terrorise Max. Dans la deuxième, mort, il attend dans un centre sous la supervision de béliard, où l’on va décider s’il ira « dans le parc » ou « dans la section urbaine » et fait l’amour avec Doris Day, infirmière dans l’au-delà. Dans la troisième et dernière partie, il « ressuscite » en Amérique du Sud et se retrouve finalement à Paris à travailler comme barman dans un hôtel de passes. Son ancien assistant, ignorant qu’il était mort, le reconnaît, le fait engager comme pianiste. Béliard apparaît, puisque se faire reconnaître et reprendre son ancienne occupation sont interdits (on a modifié le visage de Max). Max croit à nouveau reconnaître Rose, mais Béliard apparaît et la ramène dans l’au-delà, geste cruel qui fait réaliser à Max qu’il est probablement en enfer.

Thèmes :

Alcoolisme, malheur, absurde, mort

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix :

C’est surtout la narrativité particulière (narrateur joue avec les éléments de suspense et de surprise) qui en fait un livre pertinent ainsi que la rupture interprétative (le personnage principal comprend finalement peu de choses autour de lui), car il manifeste certaines intentions et agit. Ces tentatives sont cependant souvent minimes et échouent, ce qui explique pourquoi je le laisse dans la sélection, mais seulement avec un 3.

Appréciation globale :

J’ai bien aimé. Moins froid que certaines livres d’Echenoz, mais aussi étrange, drôle par moments, très belles phrases. Ai préféré la première partie aux suivantes, côté vaguement « ésotérique » de la vie après la mort bizarre.

IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture :

==a) actionnelle :

Max demande permission pour alcool (12) y a droit après ses concerts seulement (20). « Sans ralentir le pas ni lui répondre, Max feignit de jeter un coup d’oeil sur le monde et haussa légèrement les épaules. » (13)

Occasion manquée avec Rose, y pense encore trente ans plus tard (28), suit une femme qui lui ressemble dans le métro (68). Pareil avec femme de son quartier (33), la suit, renonce, y retourne (51-53)

Bernie le pousse au piano « quand il s’y attendait le moins » (15)

Lors de l’agression, « il lui vient à l’idée de crier, oh pas crier vraiment, crier juste un petit peu, sait-on jamais, pour la forme, si cela pouvait faire venir quelqu’un », « puis d’ailleurs à vrai dire voici qu’il s’abandonne, qu’il aime mieux prendre le parti de se laisser aller, de se laisser faire, enveloppé soudain par une résignation presque confortable, presque honteusement voluptueuse, dans le renoncement à tout et la vanité de tout. » (84)

Meurt à la fin de la première partie, au beau milieu du livre. (86)

Se réveille dans endroit inconnu, « il déploya de faibles efforts pour comprendre ce qui avait bien pu se passer, sans résultats. » (89) Veut partir, se fait ramener au centre par Dino sans dire un mot (125) Est renvoyé à Paris sous une nouvelle identité sans l’avoir choisi.

==b) interprétative :

Peur depuis le début, en vomi à plusieurs reprises (13) Anxieux (32)

Salle silencieuse lorsqu’il joue « sans que Max maîtrisât aucunement ce que faisaient ses dix doigts sur le clavier, sans qu’il sût d’où cela venait, de son travail ou de son expérience ou bien d’ailleurs comme un éclair, comme une grande lumière imprévue. » (80)

Ne reconnaît pas comme la blessure qui l’a tué la « tache sombre à la base de son cou » (92), confusion, ne sait pas où il est, centre étrange, semble savoir qu’il est mort « max envisagea l’avenir avec optimisme, ayant assez confiance dans le bilan de sa vie. » (197) On discute à son sujet devant lui sans qu’il comprenne de quoi il s’agit (116).

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES
Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)

« Il a peur. Il va mourir violemment dans vingt-deux jours mais, comme il l’ignore, ce n’est pas de cela qu’il a peur. » (9)

Indirect libre prend le dessus (15)

« Vous je vous connais, par contre, je vous vois d’ici. Vous imaginiez que Max était encore un de ces hommes à femmes, un de ces bons vieux séducteurs, bien sympathiques mais un petit peu lassants. Avec Alice, puis Rose, et maintenant la femme au chien, ces histoires vous laissaient supposer un profil d’homme couvert d’aventures amoureuses. Vous trouviez ce profil convenu, vous n’aviez pas tort. Eh bien pas du tout. La preuve, c’est que des trois femmes dont il a été question jusqu’ici dans la vie de cet artiste, l’une est donc sa sœur, l’autre un souvenir, la troisième une apparition et c’est tout. Il n’y en a pas d’autres, vous aviez tort de vous inquiéter, reprenons. » (60)

« Comme il ne se passe pas grand chose dans cette scène, on pourrait l’occuper en parlant de ce ticket. » (71)

« Analysons la situation. De quatre choses l’une. Soit c’était, à Passy, Rose en imperméable beige. Soit c’était, à Bel-Air, Rose en blouson vert. Soit c’était Rose dans les deux cas, s’étant changée en moins d’une heure pour emprunter le métro dans deux sens différents, ce qui n’était pas très vraisemblable. Soit ce n’était elle dans aucun cas, ce qui n’était que trop vraisemblable. Allez, laisse tomber. Rentre chez toi. Reprends le métro, replonge sous terre. C’est ça, rachète un ticket. Et ne fais pas cette tête. » (76)

ranx/au_piano.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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