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FICHE DE LECTURE | **FICHE DE LECTURE - GÉRARD MACÉ - VIES ANTÉRIEURES** |
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INFORMATIONS PARATEXTUELLES | ====== INFORMATIONS PARATEXTUELLES ====== |
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Auteur : Gérard Macé | Auteur : Gérard Macé |
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Titre : Vies antérieures | Titre : Vies antérieures |
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Lieu : Paris | Lieu : Paris |
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Édition : Gallimard | Édition : Gallimard |
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Collection : Le Chemin | Collection : Le Chemin |
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Année : 1991 | Année : 1991 |
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Pages : 128p. | Pages : 128p. |
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Cote : McGill : PQ2673A244V5.1991 | Cote : McGill : PQ2673A244V5.1991 |
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Désignation générique : aucune | Désignation générique : aucune |
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Autres (note, épigraphe, photographie, etc.) : Épigraphe : une citation de John Keats et sa paraphrase de Charles Baudelaire, que voici : « Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu’il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. » | Autres (note, épigraphe, photographie, etc.) : Épigraphe : une citation de John Keats et sa paraphrase de Charles Baudelaire, que voici : « Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu’il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. » |
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LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTRATEXTUELLES) : | ====== LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTRATEXTUELLES) : ====== |
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Auteur/narrateur : Rien n’indique que le narrateur soit l’auteur, Gérard Macé. | Auteur/narrateur : Rien n’indique que le narrateur soit l’auteur, Gérard Macé. |
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Narrateur/personnage : Le « je » qui traverse l’œuvre en filigrane, fait souvent partie des histoires qu’il raconte : il est alors homodiégétique. Par exemple, le texte commence ainsi : « J’ai essayé en secret la position du scribe […] » (p.11) Puis, au début du chapitre « La passion de étoffes », il dit ceci : « Voleuses entraînées par le plaisir comme dans une valse, je vous suis de loin dans le labyrinthe et les miroirs des grands magasins […] » (p.95) De plus, le dernier chapitre tourne autour de ses propres rêves : « Henri Michaux vu en rêve a les traits de Paul Cocheteux, un ami de mon père mort chauve et vieux garçon. » (p.125) Mais ce narrateur est plus un fantôme, une âme qui investit le corps des biographés qu’un personnage bien défini, l e s s o n t s o u v e n t t r è s c a v a l i è r e s , p o u s s é e s t r è s l o i n e t p l u t ô t p e r s o n n e l l e s . C’est comme si la vie e t l’oeuvre d e B a u d e l a i r e é t a i e n t u n e o c c a s i o n p o u r S c h n e i d e r d e r é f l é c h i r s u r l a l i t t é r a t u r e e t d’e x p l i q u e r s e s p r o p r e s c o n c e p t i o n s . P a r f o i s , l’i n t e r p r é t a t i o n , o n o m a s t i q u e , s u r t o u t, e s t c a r r é m e n t d é l i r a n t e ( a u t a n t q u e s é d u i s a n t e d u r e s t e ) , c o m m e i c i : « C a r c e n o m p r o p r e [ B a u d e l a i r e ] é t a i t a u s s i a l o r s u n n o m c o m m u n , e t d é s i g n a i t u n e s o r t e d e s a b r e d r o i t d o n t l a l a m e c o u r t e e t à d e u x t r a n c h a n t s é t a i t r e c o u r b é e e t é l a r g i e à l a p o i n t e . […] B a u d e l a i r e é t a i t u n d r ô le de couteau, courbé, double, v i s a n t l e b e a u a u cœur . » ( p . 1 1 0 - 1 1 1 ) I l y afaçon cohérente sur un vecteur unique, je vais les résumer un à un. Cette partie de la fiche est ici privilégiée : elle est très longue et contient beaucoup d’informations que je ne réinscrirai pas ailleurs. Je recommande donc de la lire en priorité.) J’ai essayé en secret la position du scribe : le narrateur dit donc avoir essayer la position de scribe, à entendre au double sens de « place » - il a pris sa place, l’a « hanté » - et de posture, car il ajoute avec humour : « mais le scribe accroupi est un athlète de l’écriture, un champion bien entraîné, ni trop maigre ni trop gras. » (p.11) L’écriture que le scribe voudrait magique est avant tout un métier qui lui permet de commander. Il tire son assurance de son enseignement. Il se tient droit car « le grand jour de l’Égypte effraie les figures penchées de la mélancolie. » (13), contrairement aux écrivains modernes, « ces bossus qui s’usent les yeux quand ils lisent sous la lampe en tenant leur crâne incliné […] » (p.13) L’invention de la mémoire : Simonide, lors d’un banquet, devait faire l’éloge de son hôte, mais au milieu de son discours, il se mit à faire l’éloge de Castor et Polux. Par conséquent, l’hôte ne lui donna que le tiers de la somme convenue, l’invitant à réclamer le reste auprès des jumeaux. Plus tard, un esclave vient lui dire que deux jeunes gens essoufflés au visage divin l’attendaient dehors. Il sort donc du palais qui presque aussitôt s’écroule. Pour identifier les victimes qui étaient méconnaissables, Simonide inventa l’art de la mémoire. Ainsi, « La mémoire est une maison hantée à laquelle nous heurtons en rêve – une maison dont nous sommes à la fois le visiteur et le fantôme. » (p.20) À tout moment, dit le narrateur, nous réinventons la mémoire, « avec le souvenir qui revient comme un cadavre abandonné […] » (p.22) La parole retrouvée : Ésope, « vagabond attifé par le vent, moine zen hâlé par les saisons », était un esclave très laid qui se révolta. Comme on ne sait rien d’Ésope, le narrateur se réfère aux fables de La Fontaine. Il raconte comment de bègue il est devenu bon parleur, par la seule fortune qui une nuit le frappa. Connaissant le silence autant que la parole, « Il se rappelle ainsi le temps où pour lui comme pour nous le monde avait l’opacité des choses et non la fragilité des signes […] » (p.30) Une saison dans le désert : Saint Jérôme s’invente un « jardin clos de l’écriture » où il fait l’éloge de la virginité tout en décrivant les vices de la chair et autres « déguisements du diable » dans cette Rome moribonde. Victime d’un supposé complot, il quitte Rome et erre, prie, étudie et jeûne. Puis, accompagné de Paule et de sa fille, il traverse le désert vers la Terre Sainte. Il lit cependant toujours des vers latins, ce qu’il considère comme un péché. On l’accuse d’être cicéronien plutôt que chrétien. Il traduit la bible en langue vulgaire, ce qui lui valu de devenir le patron des traducteurs. Sa résurrection se passe au dix-neuvième siècle. Déjà le titre du chapitre fournissait un indice, mais il ne fait plus aucun doute, quand le narrateur parle du « ciel du Harar », d’une « vierge folle », d’« hallucinations », d’« or à la ceinture », de « crime imaginaire », d’« infirme » et de « rentier », que saint Jérôme est devenu le second Rimbaud! Le jeune homme et la mort : C’est l’histoire de Tarafa, poète analphabète du roi Amr Ibn Hind, qui ne plaît plus à ce dernier et est condamné à mort. Mais pour ne pas se salir les mains, le roi fait copier son arrêt de mort et l’envoie en exil avec le manuscrit serré contre lui. Par respect pour l’écriture et par ignorance du contenu, Tarafa ne s’en départit pas. Il finit par rencontrer un bourreau qui savait lire ou ce messager dont il parle à la fin de son ode. Calendrier perpétuel : Il est d’abord question de traits particuliers et d’anecdotes qui se rapportent au peintre chinois Su Renshan. Puis son autobiographie est transcrite. Elle comporte environ une phrase par année, qui commence toujours par « À l’âge de… » Après, le narrateur note les analogies et les différences entre lui et le peintre. Des ailes de géant : De ce chapitre de réflexions hétéroclites et difficiles à assimiler, je conserve l’idée d’un crime, raconté par Coleridge, contre l’albatros, dit « l’oiseau de bon augure ». Dans cette histoire, comme le dit Baudelaire, la poésie et l’homme ont perdu des plumes. Le nouvel Adam : C’est l’histoire du poète botaniste et médecin (il est poète dans la pratique de la botanique) Linné. Il abrégeait le monde et le mettait à sécher. Il prenait un bananier pour un arbre de l’Éden. Il mêlait déluge et paradis, créant son arche de flore, et c’est James Edward Smith qui en tiendra la barre après sa mort, sorte de Noé qui hérita du trésor botanique de Linné. Quand il ouvrit le coffre contenant ce trésor, « les archives de la création, la connaissance se répandit sur la terre comme un nouveau vice. » (p.78-79) Gladys Brown, qui photographia le trésor, fut piquée par une ortie remplie du « venin de la connaissance ». À la fin du chapitre, le narrateur dit qu’il aimerait, comme Adam et Ève, retrouver « le nom vivant des choses, le trèfle et le bouton-d’or derrière la sombre autorité des langues mortes […] » (p.82) à l’aide desquelles Linné renommait l’ensemble de la flore de la terre. Chanson de toile : Le narrateur parle d’abord d’une femme qu’il accompagnait au lavoir les jours de grand lavage. Puis il parle plus longuement d’une autre femme, Clelia Marchi, qui entreprit de couvrir un drap d’écritures pour en faire un linceul pour son mari mort. Elle se souvient alors de sa triste vie et, par des « vers irréguliers », laisse enfin de la place à l’oubli, « mais une place qui n’est plus vacante. » (p.91) La passion des étoffes : Le médecin Gaëtan Gatian Clérambault interroge des femmes malades qui ont la passion des étoffes, comme lui d’ailleurs. Il a acquis cette passion en 1915, au Marcoc, alors qu’il était affecté au premier régiment de marche d’Afrique. Ses relations sexuelles avec deux femmes voilées de Fez, qu’il photographie, lui font découvrir « les replis de la chair dans les plis de l’étoffe » (p.100) En tant qu’ethnologue, il écrira des livre et prononcera des discours dur les étoffes et leurs modes de fabrication (dont le faux bouton, fort intéressant). Il subit une opération de la cataracte et, quelques semaines plus tard, « se tire une balle dans la bouche, devant le miroir où la mort a la même pâleur argentée qu’un cristallin, le même calibre qu’un faux bouton. » (p.103) Maison hantée : Le narrateur découvre par hasard l’histoire d’un riche Anglais qui rencontre sur sa route une maison dont l’écho fait vibrer comme jadis son âme désaccordée. Il veut acheter cet écho; il achète donc la maison et la fait déménager dans le jardin de sa propriété familiale. Il convie des amis pour venir entendre l’écho. Une fois un peu soûl, il va chercher deux pistolets. Une détonation retentit. « L’Anglais prit alors le second pistolet et le retourna contre lui : la tempe, la bouche ou le cœur, on ne sut jamais où l’écho s’était logé. » (p.108) Le narrateur donne à cet homme le nom de l’écrivain William Beckford, qui transposa dans Vathek, « mot à mot mais d’une langue à l’autre, la maison paternelle et ses souvenirs d’enfance, dans un Orient de fantaisie, pour les besoin d’un conte arabe écrit directement en français […] » (p.109) Puis le narrateur se souvient d’autres maisons hantées. La vocation d’acteur : Ce chapitre est consacré à la vie de Robert Fludd, mais ici, il n’est pas question du médecin et hermétiste du 17e siècle, mais d’un acteur que le narrateur a connu (on ne sait pas bien à quelle époque, ni s’il s’agit du même Robert Fludd, réincarné peut-être). L’acteur hante le corps des autres, dit le narrateur. Puis il raconte la première fois qu’il l’a vu jouer. Il tenait le rôle de Pierrot et devait écrire sur scène, action que le narrateur trouve invraisemblable, car l’écriture est une activité privée. Rendu à Paris, Fludd parle et joue en français, sa langue seconde, mais il dit qu’il ne parle français que par citations, avec sa mémoire d’acteur. Il disparut comme une ombre. Dis-moi qui tu hantes… : Dans les rêves du narrateur, l’écrivain Henri Michaux et Paul Cocheteux, un ami de son père, se confondent. Dans le sommeil, « Michaux n’est pas mort, il a seulement déménagé, pour une rue sans adresse comme au Japon […] » (p.125) Le narrateur trouve quand même sa demeure. « Comment rêvez-vous? », se voit-il demander. Le lit de Michaux est couvert d’une étoffe « dans les plis de laquelle on devinait les motifs irréguliers d’une écriture […] » (p.126), des runes indéchiffrables à cause de la nuit. Le narrateur croit à la vérité de ce rêve. « Cette vie future a commencé à notre insu, quand loin de notre coprs, intouchables et transparents, nous apparaissons défigurés dans les rêves de nos proches ou dans des chambres inconnues. » (p.128) | Narrateur/personnage : Le « je » qui traverse l’œuvre en filigrane, fait souvent partie des histoires qu’il raconte : il est alors homodiégétique. Par exemple, le texte commence ainsi : « J’ai essayé en secret la position du scribe […] » (p.11) Puis, au début du chapitre « La passion de étoffes », il dit ceci : « Voleuses entraînées par le plaisir comme dans une valse, je vous suis de loin dans le labyrinthe et les miroirs des grands magasins […] » (p.95) De plus, le dernier chapitre tourne autour de ses propres rêves : « Henri Michaux vu en rêve a les traits de Paul Cocheteux, un ami de mon père mort chauve et vieux garçon. » (p.125) Mais ce narrateur est plus un fantôme, une âme qui investit le corps des biographés qu’un personnage bien défini, les [???] s o n t s o u v e n t t r |
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| façon cohérente sur un vecteur unique, je vais les résumer un à un. Cette partie de la fiche est ici privilégiée : elle est très longue et contient beaucoup d’informations que je ne réinscrirai pas ailleurs. Je recommande donc de la lire en priorité.) J’ai essayé en secret la position du scribe : le narrateur dit donc avoir essayer la position de scribe, à entendre au double sens de « place » - il a pris sa place, l’a « hanté » - et de posture, car il ajoute avec humour : « mais le scribe accroupi est un athlète de l’écriture, un champion bien entraîné, ni trop maigre ni trop gras. » (p.11) L’écriture que le scribe voudrait magique est avant tout un métier qui lui permet de commander. Il tire son assurance de son enseignement. Il se tient droit car « le grand jour de l’Égypte effraie les figures penchées de la mélancolie. » (13), contrairement aux écrivains modernes, « ces bossus qui s’usent les yeux quand ils lisent sous la lampe en tenant leur crâne incliné […] » (p.13) L’invention de la mémoire : Simonide, lors d’un banquet, devait faire l’éloge de son hôte, mais au milieu de son discours, il se mit à faire l’éloge de Castor et Polux. Par conséquent, l’hôte ne lui donna que le tiers de la somme convenue, l’invitant à réclamer le reste auprès des jumeaux. Plus tard, un esclave vient lui dire que deux jeunes gens essoufflés au visage divin l’attendaient dehors. Il sort donc du palais qui presque aussitôt s’écroule. Pour identifier les victimes qui étaient méconnaissables, Simonide inventa l’art de la mémoire. Ainsi, « La mémoire est une maison hantée à laquelle nous heurtons en rêve – une maison dont nous sommes à la fois le visiteur et le fantôme. » (p.20) À tout moment, dit le narrateur, nous réinventons la mémoire, « avec le souvenir qui revient comme un cadavre abandonné […] » (p.22) La parole retrouvée : Ésope, « vagabond attifé par le vent, moine zen hâlé par les saisons », était un esclave très laid qui se révolta. Comme on ne sait rien d’Ésope, le narrateur se réfère aux fables de La Fontaine. Il raconte comment de bègue il est devenu bon parleur, par la seule fortune qui une nuit le frappa. Connaissant le silence autant que la parole, « Il se rappelle ainsi le temps où pour lui comme pour nous le monde avait l’opacité des choses et non la fragilité des signes […] » (p.30) Une saison dans le désert : Saint Jérôme s’invente un « jardin clos de l’écriture » où il fait l’éloge de la virginité tout en décrivant les vices de la chair et autres « déguisements du diable » dans cette Rome moribonde. Victime d’un supposé complot, il quitte Rome et erre, prie, étudie et jeûne. Puis, accompagné de Paule et de sa fille, il traverse le désert vers la Terre Sainte. Il lit cependant toujours des vers latins, ce qu’il considère comme un péché. On l’accuse d’être cicéronien plutôt que chrétien. Il traduit la bible en langue vulgaire, ce qui lui valu de devenir le patron des traducteurs. Sa résurrection se passe au dix-neuvième siècle. Déjà le titre du chapitre fournissait un indice, mais il ne fait plus aucun doute, quand le narrateur parle du « ciel du Harar », d’une « vierge folle », d’« hallucinations », d’« or à la ceinture », de « crime imaginaire », d’« infirme » et de « rentier », que saint Jérôme est devenu le second Rimbaud! Le jeune homme et la mort : C’est l’histoire de Tarafa, poète analphabète du roi Amr Ibn Hind, qui ne plaît plus à ce dernier et est condamné à mort. Mais pour ne pas se salir les mains, le roi fait copier son arrêt de mort et l’envoie en exil avec le manuscrit serré contre lui. Par respect pour l’écriture et par ignorance du contenu, Tarafa ne s’en départit pas. Il finit par rencontrer un bourreau qui savait lire ou ce messager dont il parle à la fin de son ode. Calendrier perpétuel : Il est d’abord question de traits particuliers et d’anecdotes qui se rapportent au peintre chinois Su Renshan. Puis son autobiographie est transcrite. Elle comporte environ une phrase par année, qui commence toujours par « À l’âge de… » Après, le narrateur note les analogies et les différences entre lui et le peintre. Des ailes de géant : De ce chapitre de réflexions hétéroclites et difficiles à assimiler, je conserve l’idée d’un crime, raconté par Coleridge, contre l’albatros, dit « l’oiseau de bon augure ». Dans cette histoire, comme le dit Baudelaire, la poésie et l’homme ont perdu des plumes. Le nouvel Adam : C’est l’histoire du poète botaniste et médecin (il est poète dans la pratique de la botanique) Linné. Il abrégeait le monde et le mettait à sécher. Il prenait un bananier pour un arbre de l’Éden. Il mêlait déluge et paradis, créant son arche de flore, et c’est James Edward Smith qui en tiendra la barre après sa mort, sorte de Noé qui hérita du trésor botanique de Linné. Quand il ouvrit le coffre contenant ce trésor, « les archives de la création, la connaissance se répandit sur la terre comme un nouveau vice. » (p.78-79) Gladys Brown, qui photographia le trésor, fut piquée par une ortie remplie du « venin de la connaissance ». À la fin du chapitre, le narrateur dit qu’il aimerait, comme Adam et Ève, retrouver « le nom vivant des choses, le trèfle et le bouton-d’or derrière la sombre autorité des langues mortes […] » (p.82) à l’aide desquelles Linné renommait l’ensemble de la flore de la terre. Chanson de toile : Le narrateur parle d’abord d’une femme qu’il accompagnait au lavoir les jours de grand lavage. Puis il parle plus longuement d’une autre femme, Clelia Marchi, qui entreprit de couvrir un drap d’écritures pour en faire un linceul pour son mari mort. Elle se souvient alors de sa triste vie et, par des « vers irréguliers », laisse enfin de la place à l’oubli, « mais une place qui n’est plus vacante. » (p.91) La passion des étoffes : Le médecin Gaëtan Gatian Clérambault interroge des femmes malades qui ont la passion des étoffes, comme lui d’ailleurs. Il a acquis cette passion en 1915, au Marcoc, alors qu’il était affecté au premier régiment de marche d’Afrique. Ses relations sexuelles avec deux femmes voilées de Fez, qu’il photographie, lui font découvrir « les replis de la chair dans les plis de l’étoffe » (p.100) En tant qu’ethnologue, il écrira des livre et prononcera des discours dur les étoffes et leurs modes de fabrication (dont le faux bouton, fort intéressant). Il subit une opération de la cataracte et, quelques semaines plus tard, « se tire une balle dans la bouche, devant le miroir où la mort a la même pâleur argentée qu’un cristallin, le même calibre qu’un faux bouton. » (p.103) Maison hantée : Le narrateur découvre par hasard l’histoire d’un riche Anglais qui rencontre sur sa route une maison dont l’écho fait vibrer comme jadis son âme désaccordée. Il veut acheter cet écho; il achète donc la maison et la fait déménager dans le jardin de sa propriété familiale. Il convie des amis pour venir entendre l’écho. Une fois un peu soûl, il va chercher deux pistolets. Une détonation retentit. « L’Anglais prit alors le second pistolet et le retourna contre lui : la tempe, la bouche ou le cœur, on ne sut jamais où l’écho s’était logé. » (p.108) Le narrateur donne à cet homme le nom de l’écrivain William Beckford, qui transposa dans Vathek, « mot à mot mais d’une langue à l’autre, la maison paternelle et ses souvenirs d’enfance, dans un Orient de fantaisie, pour les besoin d’un conte arabe écrit directement en français […] » (p.109) Puis le narrateur se souvient d’autres maisons hantées. La vocation d’acteur : Ce chapitre est consacré à la vie de Robert Fludd, mais ici, il n’est pas question du médecin et hermétiste du 17e siècle, mais d’un acteur que le narrateur a connu (on ne sait pas bien à quelle époque, ni s’il s’agit du même Robert Fludd, réincarné peut-être). L’acteur hante le corps des autres, dit le narrateur. Puis il raconte la première fois qu’il l’a vu jouer. Il tenait le rôle de Pierrot et devait écrire sur scène, action que le narrateur trouve invraisemblable, car l’écriture est une activité privée. Rendu à Paris, Fludd parle et joue en français, sa langue seconde, mais il dit qu’il ne parle français que par citations, avec sa mémoire d’acteur. Il disparut comme une ombre. Dis-moi qui tu hantes… : Dans les rêves du narrateur, l’écrivain Henri Michaux et Paul Cocheteux, un ami de son père, se confondent. Dans le sommeil, « Michaux n’est pas mort, il a seulement déménagé, pour une rue sans adresse comme au Japon […] » (p.125) Le narrateur trouve quand même sa demeure. « Comment rêvez-vous? », se voit-il demander. Le lit de Michaux est couvert d’une étoffe « dans les plis de laquelle on devinait les motifs irréguliers d’une écriture […] » (p.126), des runes indéchiffrables à cause de la nuit. Le narrateur croit à la vérité de ce rêve. « Cette vie future a commencé à notre insu, quand loin de notre coprs, intouchables et transparents, nous apparaissons défigurés dans les rêves de nos proches ou dans des chambres inconnues. » (p.128) |
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Ancrage référentiel : J’ai vérifié à peu près tous les noms et toutes les histoires biographiques racontées dans cette œuvres et elles sont presque toutes authentiques. L’histoire de Simonide est fidèle à la légende. Linné était bien un botaniste et un naturaliste important. Su Renshan était bien un peintre chinois. Etc. Bien entendu, l’histoire de Michaux s’avoue onirique. Quant à Robert Fludd, si son nom est connu, je n’ai pu trouver trace d’un acteur de ce nom, et je doute que l’hermétiste est fait dans le théâtre. | Ancrage référentiel : J’ai vérifié à peu près tous les noms et toutes les histoires biographiques racontées dans cette œuvres et elles sont presque toutes authentiques. L’histoire de Simonide est fidèle à la légende. Linné était bien un botaniste et un naturaliste important. Su Renshan était bien un peintre chinois. Etc. Bien entendu, l’histoire de Michaux s’avoue onirique. Quant à Robert Fludd, si son nom est connu, je n’ai pu trouver trace d’un acteur de ce nom, et je doute que l’hermétiste est fait dans le théâtre. |
Autres remarques : J’espère ne pas faire de mauvais jeu de mots ni d’interprétation onomastique délirante en entendant, dans le titre Vies antérieures, « vies hantées » et « vies intérieures », dédoublement qui serait en tous cas fort à propos. | Autres remarques : J’espère ne pas faire de mauvais jeu de mots ni d’interprétation onomastique délirante en entendant, dans le titre Vies antérieures, « vies hantées » et « vies intérieures », dédoublement qui serait en tous cas fort à propos. |
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LA LECTURE | ====== LA LECTURE ====== |
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Pacte de lecture : Si la quatrième de couverture annonce le pacte de lecture, le lecteur n’est pas déçu : il constate avec joie que les Vies antérieures s’inscrivent dans la tradition de Plutarque, Aubrey, Schwob et Michon. | Pacte de lecture : Si la quatrième de couverture annonce le pacte de lecture, le lecteur n’est pas déçu : il constate avec joie que les Vies antérieures s’inscrivent dans la tradition de Plutarque, Aubrey, Schwob et Michon. |