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FICHE DE LECTURE

INFORMATIONS PARATEXTUELLES

Auteur : Jacques-Pierre Amette Titre : Stendhal. 3 juin 1819 Lieu : Paris Édition : Jean-Claude Lattès Collection : « Une journée particulière » Année : 1994 Pages : 149 p. Cote : UQAM : PQ2661M4S74.1994 Désignation générique : aucune

Bibliographie de l’auteur : Beaucoup de romans et de pièces de théâtre, et au moins deux autres biographies fictives d’écrivains, à savoir : L’adieu à la raison : le voyage de Hölderlin en France (1991) et La maîtresse de Brecht (2003) – il y a des fiches sur ces deux œuvres.

Biographé : Stendhal

Quatrième de couverture : Résumé de l’œuvre (voir « Synopsis »), puis cette phrase qui explicite l’approche biographique d’Amette : « C’est en stendhalien de proximité, mais aussi en romancier et dramaturge que Jacques-Pierre Amette raconte cette journée au sombre éclat, cette passion malheureuse d’où naîtront les plus beaux personnages féminins des romans de Stendhal, tous hantés par la figure de Matilde Dembowski. »

Préface : aucune

Rabats : aucun

Autres (note, épigraphe, photographie, etc.) : épigraphe : « Je ne vis pas dans la société, mais dans les environs de la société. » Journal intime

LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTRATEXTUELLES) :

Auteur/narrateur : Le narrateur ne s’identifie pas explicitement à l’auteur, mais il le fait implicitement. Après chaque chapitre, il y a une sorte d’appendice toujours intitulé « Chambre noire ». C’est là où semblent se développer les rêves : « Enfin, emprisonné, Fabrice se glisse dans la chambre noire de ses rêves. » (p. 42). Une des chambres noires compte d’ailleurs une référence à la photographie : « Comment a-t-il [Stendhal] trouvé la formule magique pour dépeindre la médiocrité française, la vanité française, l’esprit français, la délicatesse française sans qu’il y ait jamais un éclairage appuyé, une explication douteuse, une déformation dans la photographie? » (p. 50).Ceci pour dire que c’est dans la chambre noire qu’il y a coïncidence entre le temps de l’énoncé et le temps de l’énonciation, entre l’auteur et le narrateur. Actualisation : « On reste ébahi de pouvoir lire cela, d’en être encore excité; pas une seconde, nous n’y percevons notre temps, notre siècle de boucherie, de camps de concentration, de péril nucléaire, de vaste crapulerie humaine. Son œuvre ressemble à une parcelle miraculeusement légère et intacte d’un univers innocent, d’un univers qui n’a pas eu la prescience, une seconde, que la liberté humaine trouverait son tombeau dans le XXe siècle. » (p. 51). Si l’auteur-narrateur parle ainsi de la Seconde Guerre et de la Guerre froide, c’est parce que : « Je suis d’une génération (celle des enfants nés pendant la Seconde Guerre mondiale) qui s’est tenue à la lisière des engagements politiques. Oh, bien sûr, nous étions dans l’admiration des grands aînés. Jean-Paul Sartre et Camus, nous les lisions avec passion […] » (p. 67). On voit ici comment la narration glisse au je, puis au nous et, du coup, de la biographie à l’autobiographie (voire la sociologie). Enfin, à un moment, le temps de l’énoncé est clairement… énoncé! « J’achète des journaux, ce matin du 1er janvier 1993. une vue limpide sur le boulevard Saint-Germain […] » (p. 114.) Tout cela se passe toujours dans la chambre noire.

Narrateur/personnage : narration hétérodiégétique.

Biographe/biographé : Comme souvent dans la biographie, il y a un mélange d’admiration (la Grand Œuvre à venir est évoquée et Stendhal apparaît comme un être passionné et tenace) et d’irrespect (Stendhal apparaît aussi un peu ridicule, lui qui se travestit pour approcher sa « proie » et essuie plusieurs refus).

Autres relations :

L’ORGANISATION TEXTUELLE

Synopsis : Quatrième de couverture : Stendhal a trente-cinq ans.Il n’a encore écrit que des traités sans grands succès. Il a pris beaucoup de notes pour ses ouvrages futurs et s’est installé à Milan depuis cinq années. Lorsqu’il rencontre et s’éprend de Matilde Dembowski, il ignore qu’il commence la plus déchirante de toutes ses passions. Car, malgré la cour assidue qui lui est faite, cette républicaine convaincue se méfie de l’ancien officier des armées napoléoniennes à la réputation de cynique et de libertin. Elle ne goûte pas sa conversation et, pour tout dire, le trouve importun. Mais Stendhal est amoureux. Aussi, quand la jeune femme part pour Volterra, visiter ses enfants, il n’hésite pas. Il se teint les cheveux, achète des lunettes vertes, modifie sa façon de s’habiller et prend la diligence. Il va la rejoindre. Sous ce déguisement il espère enfin la séduire. Mais, à peine arrivé, il est reconnu et repoussé par l’indifférente.

Ancrage référentiel : Il y a plusieurs extraits du journal intime de Stendhal (cette « moquerie du soir » - p. 134), ce qui peut montrer un souci documentaire et, par extension, factuel. Il y certes plusieurs éléments de la vie de Stendhal qui sont véridiques. Sa relation avec Matilde Dembowski est authentique, sa course et son espionnage, ça, j’avoue l’ignorer.

Indices de fiction : Dans le genre de la biographie romancée, ceci : incipit narratif : « 3 juin 1819. Nous sommes sur la route entre Florence et Volterra. Très tôt. Stendhal a trente-six ans. Il somnole dans une de ces calèches où sont entassées malles et paperasses. Cela fait plus d’un an qu’il aime Matilde Dembowski. » (p. 13); imagination des pensées : « Quand il s’est ″colleté avec le néant″, pour reprendre son expression (et qui veut dire mourir), il n’a éprouvé qu’un seul sentiment, la surprise, l’incrédulité. » (p. 21); prolepse : « Il reste la blessure et la ferveur, quelque chose qui intéressera un lecteur de l’an 2000, quand il lira un de ces romans qu’il n’a pas encore écrit. » (p. 139). Dans le genre biographie fictive (plus hétérodoxes procédés…) : syntaxe poétique et onirique :

Tu serais prêt à m’entraîner dans les vignobles ou sous des oliviers
pour favoriser une rencontre avec Matilde.
Tu portais même mon manteau, m’escortant à Cheval,
quand je restais étourdi après une entrevue amoureuse. (p. 27);

procédé de la chambre noire : il porte toujours la narration au-delà, dans un paradigme réflexif ou argumentatif, et actualise le récit de vie.

Rapports vie-œuvre : L’œuvre substitut de la femme (de la vie) – voir prochaine catégorie. Exister par l’œuvre : « Il y a sans doute une certaine tristesse, chez Stendhal, à jouer les auteurs d’un monde si achevé qu’il peut se permettre cette pause-café, cette inertie subite. La magie d’exister à l’état pur devient le sujet d’un livre, et la question d’un auteur à sa création, une promesse de bonheur qui s’interroge. » (p. 146).

Thématisation de l’écriture et de la lecture : (/ = changement de paragraphe) Grande thématisation de l’écriture et du devenir écrivain. Il faut dire qu’au moment du récit, Stendhal n’a encore rien écrit qui vaille; cet épisode de juin 1819 se donne comme un déclencheur. « C’est par une lettre à l’Absente que commence, chez lui, la littérature. C’est par l’absence de l’être aimé que commence sa carrière d’écrivain. » (p. 24) « On se demande s’il n’est pas devenu un immense psychologue rien que pour l’emporter, dans un salon, sur ses rivaux, deviner les mouvements de cette énigme absolue : le cœur d’une femme. » (p. 31) « La carte de l’Empire est devenue la carte du Tendre. Bientôt, les chefs-d’œuvre… » (p. 33) « Personne? Vraiment? Personne, si ce n’est sa mémoire, cette forme d’oubli qui permet parfois aux écrivains de réinventer ce qu’ils ont vécu sans le reconnaître. » (p. 40) « Écrire? Une manière d’impatience? De chagrin? » (p. 47) « Tout écrivain écrit une lettre à l’Absente. / La femme absnte, la vie absente, la maman absente, le plaisir absent, le sexe absent. » (p. 95) On voit bien que pour Amette, c’est Martilde qui a transformé Stendhal en écrivain. On se demande, à la lecture, si ce substitue de l’Absente porte, ou pas. L’excipit donne le fin mot de l’histoire : « Il s’amuse, et rit tout seul de ce manège artistique, ce fabuleux mensonge, la création. / À son vieil ami, il peut le dire : mensonge! / La fabrication artistique… » (p. 149)

Thématisation de la biographie : Parallèlement au récit de la journée du 3 juin 1819 (et de l’avant et l’après), il y a ce que Madelénat appelle un « roman du biographe ». Biographes-enquêteurs : « Codes secrets! Méfiance! Cryptogrammes! Journaux intimes rédigés en langage chiffré, espions partout! / Bataillons de chercheurs et d’universitaires pour décoder! » (p. 29). Visite « touristique » du biographe au « Stendhal Hôtel » (comme dans Proust fantôme).

Topoï : Les deux Stendhal : « Il faut découvrir, sous les traits grossiers, un jeune homme exquis et apeuré, mais comment faire comprendre qu’il y a deux hommes en lui et que le laid, le vulgaire, le hâbleur cache un éternel passionné? » (p. 101). La journée signifiante, « particulière », « atomique » (qui résume pratiquement la vie entière).

Hybridation : Outre la biographie romancée, le roman du biographe (ou policier, d’enquête), le roman tout court et la poésie (dont quelques exemples ont été donnés précédemment), la biographie d’Amette intègre le genre de la critique littéraire : « Tout est théâtre et décors, opéra, dans La Chartreuse : les verrous sont plus gros, les jeunes filles plus diaphanes, les rebondissements plus incroyables, et les évasions imprégnées d’un lyrisme qui nous élève loin de la terre. À un moment, Amette compare Flaubert et Stendhal (leurs œuvres surtout) et dit préférer ce dernier, bien sûr (p. 94-96). Il y a une foule de passages critiques du genre.

Différenciation :

Transposition :

Autres remarques :

LA LECTURE

Pacte de lecture : L’importance des réflexions assez subjectives d’Amette dans la « Chambre noire » est assez inattendue et crée une heureuse rupture dans la lecture.

Attitude de lecture :

Lecteur/lectrice : Mahigan Lepage

fq-equipe/stendhal_par_amette.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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