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fq-equipe:sebastien_chabot_le_chant_des_mouches_quebec_alto_2007_viviane_asselin

1. Degré d’intérêt général

Il s’agit d’un roman – ou, pour s’en tenir plus exactement à l’esprit du livre, d’un conte – fort divertissant et truculent. L’auteur fait preuve d’une imagination et d’un style fantaisiste qui à la fois déroutent et séduisent. Un livre pour qui apprécie un cynisme poussé à l’extrême, dont ne peut alors que rire.

2. Informations paratextuelles

2.1 Auteur : Sébastien Chabot

2.2 Titre : Le chant des mouches

2.3 Lieu d’édition : Québec

2.4 Édition : Alto

2.5 Collection : -

2.6 (Année [copyright]) : 2007

2.7 Nombre de pages : 162

2.8 Varia : Il s'agit du troisième livre de l'auteur.

3. Résumé du roman

L’histoire n’est pas nécessairement difficile à résumer mais, genre du conte oblige, elle apparaîtra a priori étrange. Le village de Sainte-Souffrance est creusé en son cœur d’un Trou dont le récit des origines divise deux clans rivaux. D’un côté, les Flotteurs prétendent que le sol s’est jadis dérobé sous l’église et que celle-ci, menacée, s’est laissée dériver par la rivière. De l’autre côté, les Torpilleurs maintiennent que le Trou est l’œuvre d’un bombardier allemand. Sur ce fond de conflit violent, deux habitants (Patron et Petite-Mouche) connaissent une brève histoire d’amour qui s’achèvera tragiquement par la mort en couches de Petite-Mouche. Les jumeaux (dam)nés de cette union seront élevés séparément : l’un (Statue) à l’orphelinat, d’où il sortira pour être ordonné curé ; l’autre (Tête-Triste) par des parents adoptifs, qu’il quittera pour devenir compositeur. C’est d’ailleurs sa musique qui permettra aux deux frères de se retrouver, au moment où les villageois se laissent momentanément convaincre d’édifier un pont de la réconciliation pour rallier les clans.

4. Singularités formelles

Le conte est divisé en cinq parties sous-titrées, chacune se décomposant en petits chapitres. Le tout est précédé d’un prologue. On comprend qu’une telle construction n’est pas aléatoire lorsque, à la fin de la troisième partie, le compositeur Tête-Triste fait entendre sa symphonie en quatre mouvements « Le chant des mouches ». Les titres des mouvements ne correspondent pas à ceux des parties, mais on les retrouve plus ou moins exactement dans le texte.

Certes, je l’ai précisé, le livre ne compte pas quatre mais cinq parties. Seulement, les derniers chapitres relatent l’entreprise de réconciliation, laquelle fera l’objet d’une autre symphonie créée par Tête-Triste et Statue. Du reste, on pourra simplement conclure que l’ambition n’était pas nécessairement de reproduire une similitude parfaite entre structure du livre et structure musicale. Mais on ne saurait nier qu’il y a un certain travail effectué à cet effet.

5. Caractéristiques du récit et de la narration

Elliptique mais linéaire, prise en charge par un narrateur extradiégétique et hétérodiégétique, la narration est rendue difficile surtout par les extravagances du discours (métaphores abondantes qu’on ne saisit pas toujours) et de l’histoire (invraisemblances qui nous font parfois perdre le fil). Tout se passe comme si le style exubérant gênait la compréhension du récit, pourtant simple dès lors qu’on le dépouille de toutes ses fioritures (de toute sa saveur, autrement dit).

Ainsi, j’ai eu d’abord quelques difficultés à articuler les parties entre elles, ayant l’impression qu’elles n’étaient pas forcément liées, qu’elles constituaient tout au plus divers épisodes du village de Sainte-Souffrance. Ce n’est qu’en parvenant à la fin du roman que les éléments se sont emboîtés les uns dans les autres. À la lumière des dernières pages, le fil conducteur devient clair et évident. Je n’irais toutefois pas jusqu’à conclure qu’il est nécessaire de lire la fin pour comprendre ce qui précède. S’il y a bien la révélation d’un secret en fin de parcours, celui-ci est secondaire dans l’économie de l’histoire, au point où, même, ce n’est qu’au moment de son dévoilement que l’on réalise que secret il y avait (!). Je mettrais plutôt ma déroute sur le compte d’une faute d’attention de ma part et du style qui, péchant par excès, nuit à l’intelligibilité de l’ensemble (je le constate plus que je ne le déplore, car le plaisir de lecture tient de ces envolées fantaisistes).

6. Narrativité (Typologie de Ryan)

6.1- Simple

6.2- Multiple

6.3- Complexe

6.4- Proliférante

6.5- Tramée (…)

6.6- Diluée

6.7- Embryonnaire

6.8- Implicite

6.9- Figurale

6.10- Anti-narrativité

6.11- Instrumentale

6.12- Suspendue

Justifiez :

La narrativité se veut simple, flirtant légèrement avec une narrativité tramée. C’est-à-dire que le récit relate l’histoire des membres de la « famille » formée des parents Petite-Mouche et Patron, et des enfants Statue et Tête-Triste. Les premiers occupent les deux premières parties, lesquelles racontent leur rencontre, leur union et la naissance des jumeaux. Ceux-ci étant élevés séparément, les parties trois et quatre s’attarderont au destin de Statue puis de Tête-Triste, non sans quelques apparitions de l’un dans le récit de l’autre (sans qu’il ne soit clairement identifié ni reconnu puisque chacun ignore l'existence de l'autre), et vice-versa. Les jumeaux seront réunis en toute fin de parcours. Nous sommes évidemment à des années-lumière de la complexité de Nikolski.

7. Rapport avec la fiction

Les frontières entre le réel et l’imaginaire, entre la folie et la lucidité sont subtilement gommées – ce qui n’est pas étranger, d’ailleurs, à une certaine déroute de lecture. Cela dit, les invraisemblances ou les ambiguïtés sont à verser au compte du genre du conte, lequel autorise de telles libertés. De sorte qu’il ne nous vient pas à l’esprit de mesurer ce pur délire de l’imaginaire à l’aune de la vérité et de la réalité.

8. Intertextualité

On retrouve deux occurrences intertextuelles (dans son acception large) dans le roman. D’une part, l’auteur avoue, dans une page de remerciements, que le discours de la Réconciliation lui a été en partie inspiré par les notes d’Arthur Buies (journaliste québécois [1840-1901] opposé au clergé), qu’il prend même soin de retranscrire pour les bénéfices du lecteur. Aussi, l'orphelinat porte son nom et une critique du clergé traverse l'ensemble du roman. D’autre part, il est fait référence au Parsifal de Wagner, à l’origine du destin de compositeur de Tête-Triste.

9. Élément marquant à retenir

La critique française parle d’une « nouvelle fiction » pour désigner ces œuvres vouées aux délices de l’imaginaire débridé, indemnes (au moins en apparence) de toute perplexité. Au-delà de l’étiquette, c’est bien de ce même débordement qu’il s’agit ici.

fq-equipe/sebastien_chabot_le_chant_des_mouches_quebec_alto_2007_viviane_asselin.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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