"Il ne s'agit pas, aujourd'hui, de "revenir au moi" (à l'auteur, à la biographie) comme s'il ne s'était rien passé : notre "égotisme", après Freud, ne peut plus être celui de Stendhal. Si nous transgressons désormais l'interdit qu'un certain dogmatisme intellectuel, il y a quelques années, faisait porter sur la subjectivité, si nous revenons à la lecture (et peut-être à l'écriture) de journaux intimes, de confessions, de correspondances, cela n'implique pas pour autant un retour du romantisme, de l'emphase psychologique. Plus précisément : ce qui revient, après "l'ère du soupçon", c'est sans doute moins la psychologie que le corps (sensations, perceptions, rythme, singularités physiques, nerveuses, saveurs, éclats de sensualité, etc.). Et même, il n'est pas certain que l'on doive penser tout cela en termes de pure et simple "réhabilitation du sujet" : celui qui écrit un journal ne peut manquer (même s'il croît livrer "spontanément" son expérience vécue de sujet) de se proposer aussi comme objet, - dans les cas les plus lucides, passage d'une mythologie de l'Expression à une stratégie de la Séduction." (p. 289) | "Il ne s'agit pas, aujourd'hui, de "revenir au moi" (à l'auteur, à la biographie) comme s'il ne s'était rien passé : notre "égotisme", après Freud, ne peut plus être celui de Stendhal. Si nous transgressons désormais l'interdit qu'un certain dogmatisme intellectuel, il y a quelques années, faisait porter sur la subjectivité, si nous revenons à la lecture (et peut-être à l'écriture) de journaux intimes, de confessions, de correspondances, cela n'implique pas pour autant un retour du romantisme, de l'emphase psychologique. Plus précisément : ce qui revient, après "l'ère du soupçon", c'est sans doute moins la psychologie que le corps (sensations, perceptions, rythme, singularités physiques, nerveuses, saveurs, éclats de sensualité, etc.). Et même, il n'est pas certain que l'on doive penser tout cela en termes de pure et simple "réhabilitation du sujet" : celui qui écrit un journal ne peut manquer (même s'il croît livrer "spontanément" son expérience vécue de sujet) de se proposer aussi comme objet, - dans les cas les plus lucides, passage d'une mythologie de l'Expression à une stratégie de la Séduction." (p. 289) |
« il n’y a pas (de cervantes à aujourd’hui) de “forme-roman“ canonique, comme il y a, si l’on veut, une forme-sonate ; et que, par conséquence, le genre romanesque ne peut être défini par d’autres lois que celles de sa crise perpétuelle, de sa perpétuelle réinvention. Mais cela ne suffit pas : cette crise de la modernité, il importe aussi de l’aborder de front, - c’est-à-dire de nous donner les moyens d’une critique non régressive du progressisme esthétique. » (p. 293) | « il n’y a pas (de cervantes à aujourd’hui) de “forme-roman“ canonique, comme il y a, si l’on veut, une forme-sonate ; et que, par conséquence, le genre romanesque ne peut être défini par d’autres lois que celles de sa crise perpétuelle, de sa perpétuelle réinvention. Mais cela ne suffit pas : cette crise de la modernité, il importe aussi de l’aborder de front, - c’est-à-dire de nous donner les moyens d’une critique non régressive du progressisme esthétique. » (p. 293) |