Table des matières
Henry Rousso (2012), La dernière catastrophe. L’histoire, le présent, le contemporain
Paris, NRF Gallimard, coll. « NRF essais ».
NOTES DE LECTURE
« Écrire l’histoire du temps présent ne signifie pas écrire toute l’histoire et tout de suite. » (125)
Remarques générales :
- Malgré le titre prometteur, cet ouvrage en est un d’historien et se confine majoritairement à ce domaine. L’auteur cherche à faire l’histoire de la discipline que constitue l’histoire du temps présent, à en cerner les enjeux et les modalités. Je m’en tiens donc ici à des notes de lecture.
- Un constat me paraît cependant essentiel : dans le domaine de l’histoire, tout ce qui touche la postmodernité ou bien un changement de paradigme au début des années 80 ne s’applique pas. Il n’y a pas consensus autour d’une date qui définirait l’objet de l’historien du temps présent. Pour certain, c’est la Révolution française (1789), pour d’autres, différentes dates liées à la première ou à la deuxième guerres. D’autres postulent enfin que quelque chose s’est clôt du XXe siècle avec la chute du mur de Berlin (fin des grandes idéologies ayant débuté en 1917 avec la Révolution léniniste). Pour les différentes explications sur le choix de ces périodes, on pourra se reporter au passage intitulé « Une définition par critères variables », p. 230-245.
- La question de savoir s’il demeure des acteurs ou des témoins vivants de ces époques constitue toutefois une balise pour déterminer le « temps présent », bien qu’elle demeure mobile.
- On retiendra finalement que, même en histoire, le terme « contemporain » existe pour se démarquer de la modernité, mais demeure sujet à controverse.
Introduction
Démarche et contradictions de l’histoire du temps présent :
L’histoire du temps présent relève « d’une démarche tout entière marquée par la tension, parfois l’opposition entre l’histoire et la mémoire, entre la connaissance et l’expérience, entre la distance et la proximité, entre l’objectivité et la subjectivité, entre le chercheur et le témoin, autant de clivages qui peuvent se manifester au sein d’une même personne. Comme d’autres manières de faire de l’histoire, cette partie de la discipline doit prendre en compte des temporalités différenciées et une dialectique particulière entre le passé et le présent. Ce temps sur lequel elle se penche appartient surtout au domaine de l’imaginaire. » (2012 : 12)
Histoire du temps présent vs histoire du contemporain : Selon Rousso, ces deux types d’histoire ne doivent pas être confondues (14); il ne donne pas vraiment d’autres explications.
Variabilité du contemporain vu comme période historique : « Des quatre grandes séquences de l’historiographie occidentale : Antiquité, Moyen Âge, Temps modernes et Époque contemporaine, seule la dernière possède une périodisation constamment incertaine et discutée. Suivant les lieux et les traditions nationales, le “contemporain” pourra en effet commencer aussi bien en 1789, en 1917, en 1945 ou encore en 1989. Quant à sa date terminale, elle est par définition mobile, autre différence banale mais de taille. De ces quatre périodisations, l’histoire contemporaine est la seule à faire l’objet de désaccords récurrents non sur l’interprétation des séquences temporelles elles-mêmes […], mais sur sa faisabilité, sa signification, sa dénomination […]. » (2012 : 15)
La dernière catastrophe : L’idée selon laquelle c’est par rapport à celle-ci que l’on détermine le passé proche (2012 : 19)
CHAPITRE I – LA CONTEMPORANÉITÉ DANS LE PASSÉ
Historique de la notion elle-même :
- Telle qu’on l’utilise aujourd’hui, elle apparaît vers le milieu du XIXe siècle, avec la parution de L’Envers de l’histoire contemporaine, roman de Balzac (1848), et Origines de la France contemporaine (Taine, 1875). Déf : « l’étude d’un temps qui est aussi celui de l’observateur et celle d’une séquence distincte qui vient progressivement compléter la tripartition historiographique occidentale de l’histoire antique, médiévale et moderne […]. » (30)
- La notion vient en quelque sorte créée une quatrième période, « pour créer de la distance avec une “modernité” qui avait pris de l’âge et changée de nature après le surgissement révolutionnaire de 1789. » (30)
- « C’est au moment même où la notion de contemporanéité commence à s’enraciner dans l’univers mental du XIXe siècle que la discipline historique en voie de professionnalisation décide de séparer l’histoire contemporaine du reste de l’histoire, lui donnant de fait une singularité puisque son identité se voit renforcée du fait même de cette exclusion. » (2012 : 33) – [il s’agit d’une hypothèse de Pierre Nora que Rousso dira reprendre à son compte]
- « L’apparition même de l’histoire comme discipline autonome rend du coup suspecte une histoire contemporaine qui, jusque-là, faisait partie intrinsèque du regard et de la pratique des historiens. » (2012 : 65)
- Avec la fin du XIXe siècle : « Conséquence de la coupure révolutionnaire entre passé et présent, l’historien a désormais pour tâche non pas de fournir des exemples de bonne conduite aux actions humaines par l’étude d’un passé édifiant, ontologiquement lié au présent, mais de mettre au jour les traces d’un passé révolu qu’il est impératif de connaître pour ne pas se couper entièrement des générations précédentes : la discipline ne sert plus à maintenir la continuité mais plutôt à atténuer les effets de rupture de l’Histoire. » (70)
Dimension « juridique » du discours historique : « Cette attitude, qui s’est très largement répandue dans l’écriture récente de l’histoire du temps présent, montre à quel point face à l’héritage à court ou moyen terme d’une grande catastrophe ou d’un grand bouleversement, l’historien du contemporain doit affronter des enjeux qui dépassent de très loin le simple exercice intellectuel et académique. Ces enjeux ont pour objet la quête de vérité, la prise en compte de toutes les souffrances subies, l’avide nécessité de trancher entre le bien et le mal, le besoin souvent tendu et angoissé d’une narration, même imparfaite, qui fasse sens dans l’après-coup de l’événement. » (2012 : 61)
CHAPITRE II – LA GUERRE ET LE TEMPS D’APRÈS
Importance prise par les figures de l’historien et du témoin avec la Grande guerre : « Il est frappant de constater que la Grande guerre a fait surgir ou resurgir dans l’espace public à la fois la figure de l’historien du temps présent, sommé par les circonstances de donner du sens à la catastrophe advenue, et celle du témoin, qui cherche par d’autres voies et d’autres supports les mots pour le dire. Leur compagnonnage, leur rivalité, leur opposition va constituer, tout au long du XXe siècle un élément central de l’écriture de l’histoire tragique du temps présent. » (2012 : 99)
Démonstration de l’historien Marc Bloch sur l’importance du présent pour expliquer le passé : « Il montre comment la connaissance de son temps offre à l’historien des ressources essentielles pour comprendre le passé. Cette idée repose d’abord sur l’observation des continuités, des permanences de certaines structures matérielles (par exemple, le dessin des campagnes) ou culturelles (les modalités de l’héritage) qui, observées dans leur état présent, permettent de saisir ce qu’elles ont pu être dans le passé. Cette idée s’appuie ensuite sur l’hypothèse que de grands ébranlements historiques (la Réforme) peuvent continuer de jouer dans leurs effets sur une très longue durée, parfois plus durablement que des ébranlements plus proches dans le temps […]. Leur observation dans le présent permet là encore d’accéder à une certaine intelligibilité du passé. Le propos s’appuie enfin sur le constat que l’expérience directe de l’historien peut lui permettre de comprendre par analogie ou parce qu’existe une permanence anthropologique, des gestes du passé par l’observation de ses propres gestes du présent. » (2012 : 110) – [Ces réflexions sont tirées de Apologies pour l’histoire ou Métier d’historien, un manuscrit inédit rédigé dans les années 1940 et paru en édition complète en 1997]
La vague du « devoir de mémoire » viendrait, selon lui, de l’Histoire allemande : « D’où cette notion à la fois centrale et ambivalente d’une nécessaire “maîtrise du passé” (Vergangenheitsbewältigung) qui imprègne depuis les années 1950-1960 le rapport des Allemands à leur histoire, et qui fini par se diffuser avec des variantes – comme le “devoir de mémoire” – un peu partout en Europe dans les années 1980-1990. Si l’on éprouve un tel besoin de maîtrise, c’est précisément que cette histoire échappe à notre contrôle. » (2012 : 136)
Posture rétroactive : Notre époque serait le lieu d’un phénomène historique inédit, soit l’« effet-retard dans la représentation d’une catastrophe et le fait que des générations nées trois ou quatre décennies après les faits aient décidé de refonder complètement un système de représentation né durant les événements et dans leur postérité immédiate. » (141-142)
CHAPITRE III – LA CONTEMPORANÉITÉ AU CŒUR DE L’HISTORICITÉ
Omniprésence des catastrophes du XXe siècle dans l’imaginaire contemporain : « Les images des catastrophes qui se sont succédé [sic] depuis 1914 tournent en boucle sur nos écrans et forment un élément déterminant de l’imaginaire contemporain tandis que les images du passé plus lointain semblent s’estomper, en tout cas perdre de leur prégnance et de leur force structurante d’une identité collective. » (2012 : 144)
Définition de l’histoire du contemporain (selon René Rémond) : « une histoire en train de se faire que l’on peut tenter de saisir par bribes mais dont on ne peut tirer encore toutes les leçons. » (159)
« [L’]historien qui tente de saisir l’histoire en mouvement est lui-même pris dans la marche du temps et il doit accepter que son regard ne soit que partiel, limité, fragile, tout le contraire de l’illusion d’une maîtrise par la science du sens ultime de l’Histoire. » (163)
Regain d’intérêt pour le passé :
« [À] compter des années 1970, émergent de nouvelles formes de curiosité pour le passé. L’histoire en général devient un objet de consommation de masse, d’investissement culturel et de divertissement dont les indices sont bien connus et ont donné lieu à une littérature abondante : émergence de la mémoire comme nouvelle catégorie intellectuelle, sociale et culturelle, multiplication des commémorations, patrimonialisation tous azimuts, succès de la littérature ou du cinéma à composante historique, omniprésence de l’histoire sur les chaines de télévision, et, depuis une décennie, explosion des sites en ligne ou des forums de discussion dédiés à l’histoire. Toutefois, cette passion d’un genre nouveau pour l’histoire ou la mémoire – deux termes qui vont peu à peu se confondre dans le sens commun – va progressivement se concentrer sur le passé récent, et concerner de manière privilégiée les grandes catastrophes du XXe et du XXIe siècle, objets quasi exclusifs des grandes polémiques et des “politiques du passé” depuis deux décennies. Cet intérêt s’est considérablement accru après 1989 à une échelle mondiale : dans les pays de l’Europe centrale et orientale qui ont connu une transition démocratique, dans les pays d’Amérique latine libérés des dictatures, dans une Afrique du Sud délivrée de l’Apartheid ou encore dans nombre de pays toujours marqués par des héritages coloniaux, aussi bien en Algérie qu’en Corée du Sud. Mais ce phénomène a débuté bien avant et relève d’une évolution plus profonde que les seuls effets de la chute du Mur de Berlin. » (2012 : 170)
L’intérêt pour le passé est toutefois mortifère :
« Se forme ainsi dans les années 1970 une interrogation qui ne va cesser de croître sur la dimension mortifère du siècle, très différente à mon sens de l’attrait pour l’histoire médiévale ou moderne, ou encore pour l’héritage de la Révolution française qui va occuper les Français lors du Bicentenaire de 1989. Elle n’appartient pas au registre de la positivité, celle de traditions réactualisées et revendiquées, celle d’une histoire exemplaire qui doit guider le présent et l’avenir, mais à celui de la négativité, celle d’un passé qui a pris la forme d’un fardeau dont il va falloir prendre la mesure pour l’affronter ou tenter de s’en délivrer. » Selon Rousso, le présentisme de l’époque ressortirait beaucoup de cela : « D’où cette autre tension entre exigence du souvenir et nécessité de l’oubli qui caractérise les débats récents autour des dernières catastrophes du siècle. » (173) De même, ce serait « dans ce contexte que l’histoire contemporaine va connaître une forme d’apogée » (174).
La contemporanéité serait une histoire « en mouvement » :
« Qu’elle soit écrite à chaud par des acteurs ou des témoins, par des journalistes, par des historiens cherchant à comprendre les racines d’un événement ou d’un processus en cours, cette histoire relève moins de l’“immédiateté” que de l’observateur, une idée simple mais centrale car elle montre que la contemporanéité ne définit pas un moment figé du temps mais un mouvement en cours. » (2012 : 175)
L’histoire du contemporain revalorise « l’événement » :
L’épistémologie d’une histoire du temps présent implique que le temps et l’événement font problème [idée latente, autour de p. 150]
« Le renouveau de l’histoire contemporaine traduit une évolution culturelle et sans doute un changement d’historicité qui va s’appuyer sur des éléments jusque-là délaissés, voire méprisés par les historiens : l’événement, conçu différemment et qui occupe une place de choix dans l’imaginaire contemporain; les médias, pris à la fois comme source d’information, comme objets d’histoire et, bientôt, comme vecteurs de diffusion d’une nouvelle pratique de la discipline inscrite dans un espace public; enfin, la mémoire, un objet dont la prégnance sociale va apparaître peu à peu, mais qui présente, dans un premier temps, l’intérêt stratégique de lier l’étude du passé et du présent, et donc de permettre à une “histoire du présent” de s’insérer dans un dispositif scientifique ou médiévistes et modernistes restent hégémoniques. » (2012 : 179)
CHAPITRE IV – NOTRE TEMPS
La Guerre a mis fin au mythe de l’objectivité de l’historien :
« La Grande guerre a contribué au déclin, voire à l’effondrement du paradigme de l’objectivité développé au XIXe siècle, suite à l’engagement sans réserves des historiens et des universitaires en général de tous les camps, dans la guerre idéologique. Elle a vu aussi surgir la figure de l’historien-expert, chargé d’aider à la redéfinition des frontières et devenant de ce fait acteur, encore mineur, d’un processus en cours ou encore celle du témoin, survivant d’une expérience de violence extrême qui parle au nom de ses camarades disparus et s’impose dans l’espace public en osmose ou en conflit avec les discours savants, eux-mêmes imprégnés de l’expérience directe de la guerre. Émerge de manière générale un nouveau rapport au passé marquée par une obligation politique et morale, une “dette” dirait Paul Ricoeur, de construire un souvenir collectif. » (2012 : 190)
La question du « paradigme national » pourrait expliquer l’importance que prend (ou non) le temps présent dans une histoire donnée :
« Plus la nation a des racines anciennes, plus elle aurait tendance à les valoriser, et plus la période la plus récente aurait relativement un moindre poids. Au contraire, si la dimension nationale s’amoindrit, c’est le temps horizontal qui sera plus volontiers privilégié, celui d’un “temps mondial”, moins dépendant de l’obsession des origines, plus marqué par la transversalité, et donc plus orienté vers les périodes récentes. » (2012 : 198)
L’intérêt pour le temps présent, selon Rousso, ne participerait pas du présentisme dont parle Hartog :
« Du point de vue de ses intentions sinon de ses réalisations effectives, l’histoire du temps présent telle qu’elle s’est déployée depuis une trentaine d’années me paraît donc au contraire une forme de résistance au présentisme, une prétention à redonner, comme tous les historiens, une profondeur au passé proche ou à l’actualité, une manière de l’insérer dans une durée. […] Mais si, comme l’écrit François Hartog […], le présent, détaché à la fois du futur et du passé, privilégie l’immédiat, alors l’histoire du temps présent constitue un antidote et non un symptôme. » (2012 : 201-202) Note : je ne suis pas certaine de l’argument. Rousso fait ici référence aux procès qui ont pour sujet le passé et dit donc que le passé est convoqué dans le présent. Mais reste que le passé est vu comme du « présent » non? Il est encore présent dans le présentisme? Plus loin il explique que nous sommes « dans un univers où la frontière entre le passé et le présent s’atténue précisément à cause de cette volonté de ramener et de conserver dans l’actualité les souffrances ou les crimes du passé […] » (2012 : 208) – Mais, encore là, je ne suis pas convaincue que le passé soit à ce point présent, autrement que dans la conscience d’une perte qui a pris racine avec les premières consciences écologiques émergeant dans les années 1980.
Histoire du temps présent et histoire immédiate seraient « synonymes » selon Jean-François Soulet, car les deux expressions désigneraient la même séquence historiographique, « celle pour laquelle existe encore des témoins » (204 – Bilan et perspectives de l’histoire immédiate : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=188 )
But de l’histoire du temps présent (citation intéressant) :
« Faire l’histoire du temps présent, c’est au contraire postuler que ce présent possède une épaisseur, une profondeur, qu’il ne se réduit pas à une somme d’instantanés que l’on va saisir au vol. Comme toute bonne histoire, il s’agit de restituer une généalogie, d’insérer l’événement dans une durée, de proposer un ordre d’intelligibilité qui essaye d’échapper à l’émotion de l’instant, ou pour user d’un vocabulaire lacanien, d’instituer un peu de symbolique là où l’imaginaire a tout envahi : c’est l’une des tâches essentielles de l’histoire, et l’une des missions les plus importantes de l’histoire du temps présent. » (2012 : 206)
Distance et proximité avec l’objet :
- « Paradoxalement, travailler sur l’histoire proche, c’est prendre en permanence la mesure de la distance constamment variable avec l’objet ou le sujet étudié. Il y a proximité variable avec l’objet ou le sujet étudié. Il y a proximité parce que l’on étudie un processus en cours, inachevé par définition, ou parce qu’il s’agit d’un acteur vivant, accessible, et donc sujet à réactions devant les propos de l’historien. Il y a distance relative parce que le processus est malgré tout daté ou le sujet plus âgé que l’observateur : on retrouve cette idée centrale que le temps présent définit une durée significative et non un instant fugace. » (2012 : 209)
- « L’historien du temps présent n’est pas un historien de l’instant et n’a pas à vocation à courir derrière l’actualité. » (2012 : 214)
- « [L]’enjeu d’un historien du temps présent consiste à créer de la distance avec de la proximité. » (2012 : 223)
- « Si faire l’histoire d’un temps présent, c’est toujours aborder une durée significative, une “période” au sens le plus classique du terme […], l’expérience montre que celle-ci sera souvent plus réduite qu’un histoire médiévale ou moderne. » (2012 : 215)
- Nécessité de prendre une distance avec le sujet : « Ce n’est donc pas tant la présence de l’observateur sur place au moment du déroulement de tel ou tel fait qui va créer les conditions d’une meilleure connaissance, mais bien la capacité de distanciation à l’égard des faits ou des personnes observées, la qualité d’énonciation et de mise en récit, la possibilité de mettre en relation une connaissance préalable, un questionnement premier face aux observations sur le terrain. » (2012 : 210)
- « En revanche, tant pour l’anthropologue que pour l’historien du temps présent, la scène contemporaine est un lieu où leurs écrits peuvent avoir des effets presque immédiats puisqu’ils s’insèrent dans un processus en cours, au même titre qu’un journaliste. » (2012 : 211)
Pour ceux qui ont adopté le calendrier grégorien, « le passage des siècles et des millénaires constituent des moments sensibles de l’imaginaire social » (2012 : 221).
« Cela étant, si toute histoire peut être aujourd’hui considérée comme inachevée, l’histoire du temps présent l’est un peu plus que les autres. Sa difficulté tient précisément à cette plus grande incertitude quant aux propositions qu’elle émet qui la rapproche des autres sciences sociales, au moins les disciplines qui ne prétendent pas expliquer le réel par des lois, mais s’attachent à comprendre des individus ou des faits sociaux en mouvement, avec tous les risques que cela suppose. » (2012 : 229)
CONCLUSION. FACE AU TRAGIQUE
L’auteur revient ici sur les différents enjeux soulevés dans le livre. En particulier la question du présent dans le passé et du passé dans le présent : « Tant à cause de la conjoncture particulière de la fin du XXe siècle que des traits constants de toute contemporanéité, l’historien du temps présent a eu pour tâche de prendre en charge un double mouvement contraire, à l’œuvre sous ses yeux : d’un côté, la mise au passé du présent, de l’autre, la mise au présent du passé. Il ne s’agit pas ici d’un jeu de rhétorique mais bien d’une question essentielle qui se pose à tous les historiens du contemporain sans qu’ils en aient pour autant l’exclusivité. » (2012 : 260)