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fq-equipe:paul_ricoeur_2000_la_memoire_l_histoire_l_oubli

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fq-equipe:paul_ricoeur_2000_la_memoire_l_histoire_l_oubli [2013/07/02 16:21] – [III – LA CONDITION HISTORIQUE] manonfq-equipe:paul_ricoeur_2000_la_memoire_l_histoire_l_oubli [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
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-===== Paul RICOEUR (2000), La mémoire, l’histoire, l’oubli =====+====== Paul RICOEUR (2000), La mémoire, l’histoire, l’oubli ======
  
 **Paris,  Seuil, Coll. « Points Essais » **Paris,  Seuil, Coll. « Points Essais »
 Notes de lecture par Mariane Dalpé** Notes de lecture par Mariane Dalpé**
  
-==== I – DE LA MÉMOIRE ET DE LA RÉMINISCENCE ====+===== I – DE LA MÉMOIRE ET DE LA RÉMINISCENCE =====
    
 La première partie de l’ouvrage, « consacrée à la mémoire et aux phénomènes mnémoniques, est placée sous l’égide de la phénoménologie au sens husserlien du terme. » (2000 : I)  La première partie de l’ouvrage, « consacrée à la mémoire et aux phénomènes mnémoniques, est placée sous l’égide de la phénoménologie au sens husserlien du terme. » (2000 : I) 
  
-=== CHAPITRE 1 : Mémoire et imagination ===+==== CHAPITRE 1 : Mémoire et imagination ====
  
 Objectif du chapitre : procéder à un découplage entre imagination et mémoire.  Objectif du chapitre : procéder à un découplage entre imagination et mémoire. 
Ligne 23: Ligne 23:
 « Il doit y avoir dans l’expérience vive de la mémoire un trait irréductible qui explique l’insistance de la confusion dont témoigne l’expression d’image-souvenir. Il semble bien que le retour du souvenir ne puisse se faire que sur le mode du devenir-image. La révision parallèle de la phénoménologie du souvenir et de celle de l’image trouverait sa limite dans le processus de mise en image du souvenir […]. » (2000 : 7)  « Il doit y avoir dans l’expérience vive de la mémoire un trait irréductible qui explique l’insistance de la confusion dont témoigne l’expression d’image-souvenir. Il semble bien que le retour du souvenir ne puisse se faire que sur le mode du devenir-image. La révision parallèle de la phénoménologie du souvenir et de celle de l’image trouverait sa limite dans le processus de mise en image du souvenir […]. » (2000 : 7) 
  
-=== CHAPITRE 2 : La mémoire exercée : us et abus ===+==== CHAPITRE 2 : La mémoire exercée : us et abus ====
  
 **I. Les abus de la mémoire artificielle : les prouesses de la mémorisation :**  **I. Les abus de la mémoire artificielle : les prouesses de la mémorisation :** 
Ligne 31: Ligne 31:
 « C’est aux abus de la mémoire naturelle que sera ensuite consacrée la plus longue section de ce chapitre ; nous les distribuerons sur trois plans : au plan pathologique-thérapeutique ressortiront les troubles d’une mémoire empêchée ; au plan proprement pratique, ceux de la mémoire manipulée ; au plan éthico-politique, ceux d’une mémoire abusivement convoquée, lorsque commémoration rime avec remémoration. Ces multiples formes de l’abus font ressortir la vulnérabilité fondamentale de la mémoire, laquelle résulte du rapport entre l’absence de la chose souvenue et sa présence sur le mode de la représentation. La haute problématicité de ce rapport représentatif au passé est essentiellement mise à nu par tous les abus de la mémoire. » (2000 : 69)  « C’est aux abus de la mémoire naturelle que sera ensuite consacrée la plus longue section de ce chapitre ; nous les distribuerons sur trois plans : au plan pathologique-thérapeutique ressortiront les troubles d’une mémoire empêchée ; au plan proprement pratique, ceux de la mémoire manipulée ; au plan éthico-politique, ceux d’une mémoire abusivement convoquée, lorsque commémoration rime avec remémoration. Ces multiples formes de l’abus font ressortir la vulnérabilité fondamentale de la mémoire, laquelle résulte du rapport entre l’absence de la chose souvenue et sa présence sur le mode de la représentation. La haute problématicité de ce rapport représentatif au passé est essentiellement mise à nu par tous les abus de la mémoire. » (2000 : 69) 
  
-=== CHAPITRE 3 : Mémoire personnelle, mémoire collective ===+==== CHAPITRE 3 : Mémoire personnelle, mémoire collective ====
  
 **I. La tradition du regard intérieur :**  **I. La tradition du regard intérieur :** 
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 **III. Trois sujets d’attribution du souvenir : moi, les collectifs, les proches :**  **III. Trois sujets d’attribution du souvenir : moi, les collectifs, les proches :** 
 +
 « C’est à ce stade de la discussion que je proposerai de recourir au concept d’attribution comme concept opératoire susceptible d’établir une certaine commensurabilité entre les thèses opposées. Suivra l’examen de quelques-unes des modalités d’échange entre l’attribution à soi des phénomènes mnémoniques et leur attribution à d’autres, étrangers ou proches. » (2000 : 114-115)  « C’est à ce stade de la discussion que je proposerai de recourir au concept d’attribution comme concept opératoire susceptible d’établir une certaine commensurabilité entre les thèses opposées. Suivra l’examen de quelques-unes des modalités d’échange entre l’attribution à soi des phénomènes mnémoniques et leur attribution à d’autres, étrangers ou proches. » (2000 : 114-115) 
  
Ligne 53: Ligne 54:
 Phénoménologie de la mémoire au sein de la réalité sociale : Alfred Schutz souligne l’aspect transgénérationnel de la mémoire qui s’inscrit dans la zone mitoyenne entre mémoire individuelle et mémoire collective : la mémoire des proches, c’est-à-dire des autres prochains, des « autruis privilégiés » (2000 : 162) dont la mémoire partagée viendra notamment combler les lacunes de la mémoire individuelle, puisqu’ils sont ceux qui gardent en mémoire les deux événements qui limitent la vie humaine, soit la naissance et la mort.  Phénoménologie de la mémoire au sein de la réalité sociale : Alfred Schutz souligne l’aspect transgénérationnel de la mémoire qui s’inscrit dans la zone mitoyenne entre mémoire individuelle et mémoire collective : la mémoire des proches, c’est-à-dire des autres prochains, des « autruis privilégiés » (2000 : 162) dont la mémoire partagée viendra notamment combler les lacunes de la mémoire individuelle, puisqu’ils sont ceux qui gardent en mémoire les deux événements qui limitent la vie humaine, soit la naissance et la mort. 
  
-==== II – HISTOIRE/ÉPISTÉMOLOGIE ====+===== II – HISTOIRE/ÉPISTÉMOLOGIE =====
    
 La deuxième partie de l’ouvrage, « dédiée à l’histoire, relève d’une épistémologie des sciences historiques. » (2000 : I)  La deuxième partie de l’ouvrage, « dédiée à l’histoire, relève d’une épistémologie des sciences historiques. » (2000 : I) 
Ligne 59: Ligne 60:
 Précision : par phase de l’opération historiographique, Ricœur ne renvoie pas à des étapes qui seraient bien distinctes, mais plutôt à des niveaux. Dans la note d’orientation du second chapitre, il écrit : « À vrai dire, cette nouvelle phase [l’explication/compréhension] de l’opération historiographique était déjà imbriquée dans la précédente dans la mesure où il n’y a pas de document sans question, ni de question sans projet d’explication. » (2000 : 231)  Précision : par phase de l’opération historiographique, Ricœur ne renvoie pas à des étapes qui seraient bien distinctes, mais plutôt à des niveaux. Dans la note d’orientation du second chapitre, il écrit : « À vrai dire, cette nouvelle phase [l’explication/compréhension] de l’opération historiographique était déjà imbriquée dans la précédente dans la mesure où il n’y a pas de document sans question, ni de question sans projet d’explication. » (2000 : 231) 
  
-=== CHAPITRE 1 : Phase documentaire : la mémoire archivée ===+==== CHAPITRE 1 : Phase documentaire : la mémoire archivée ====
    
 **I. L’espace habité :** **I. L’espace habité :**
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 **III. Le témoignage :**  **III. Le témoignage :** 
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 « [N]ous suivrons le mouvement à la faveur duquel la mémoire déclarative s’extériorise dans le témoignage ; nous donnerons toute sa force à l’engagement du témoin dans son témoignage […]. » (2000 : 181)   « [N]ous suivrons le mouvement à la faveur duquel la mémoire déclarative s’extériorise dans le témoignage ; nous donnerons toute sa force à l’engagement du témoin dans son témoignage […]. » (2000 : 181)  
  
Ligne 130: Ligne 132:
 Confusion : faits avérés et événements survenus. L’événement est bref, fugace. C’est cela au sujet de quoi on témoigne. Le fait est le contenu d’un énoncé visant à la représenter. Il est construit dans le discours historique et par conséquent lié au langage.  Confusion : faits avérés et événements survenus. L’événement est bref, fugace. C’est cela au sujet de quoi on témoigne. Le fait est le contenu d’un énoncé visant à la représenter. Il est construit dans le discours historique et par conséquent lié au langage. 
  
-=== CHAPITRE 2 : Explication/compréhension ===+==== CHAPITRE 2 : Explication/compréhension ====
  
 **I. La promotion de l’histoire des mentalités :**  **I. La promotion de l’histoire des mentalités :** 
Ligne 187: Ligne 189:
 Ricœur, après avoir évoqué les travaux de Carlo Ginzburg, conclut sur un problème qui subsiste par rapport au terme de représentation et à l’utilisation qu’il en fait : comment parler des représentations-objets sans anticiper sur les représentations opérations ?  Ricœur, après avoir évoqué les travaux de Carlo Ginzburg, conclut sur un problème qui subsiste par rapport au terme de représentation et à l’utilisation qu’il en fait : comment parler des représentations-objets sans anticiper sur les représentations opérations ? 
  
-=== CHAPITRE 3 : La représentation historienne ===+==== CHAPITRE 3 : La représentation historienne ====
  
 Objectif du chapitre : « Ainsi sera souligné avec force le fait que la représentation au plan historique ne se borne pas à conférer un habillage verbal à un discours dont la cohérence serait complète avant son entrée en littérature, mais qu’elle constitue une opération de plein droit qui a le privilège de porter au jour la visée référentielle du discours historique. » (2000 : 304) Ricœur insiste donc à la fois sur la capacité du discours historique à représenter le passé et sur la dimension cognitive de cette dernière phase de l’opération historiographique.  Objectif du chapitre : « Ainsi sera souligné avec force le fait que la représentation au plan historique ne se borne pas à conférer un habillage verbal à un discours dont la cohérence serait complète avant son entrée en littérature, mais qu’elle constitue une opération de plein droit qui a le privilège de porter au jour la visée référentielle du discours historique. » (2000 : 304) Ricœur insiste donc à la fois sur la capacité du discours historique à représenter le passé et sur la dimension cognitive de cette dernière phase de l’opération historiographique. 
Ligne 306: Ligne 308:
 Ricœur emploie le terme de « lieutenance pour préciser le mode de vérité propre à la représentance […]. » (2000 : 365)  Ricœur emploie le terme de « lieutenance pour préciser le mode de vérité propre à la représentance […]. » (2000 : 365) 
  
-==== III – LA CONDITION HISTORIQUE ====+===== III – LA CONDITION HISTORIQUE =====
  
 La troisième partie de l’ouvrage, « culminant dans une méditation sur l’oubli, s’encadre dans une herméneutique de la condition historique des humains que nous sommes. » (2000 : I)  La troisième partie de l’ouvrage, « culminant dans une méditation sur l’oubli, s’encadre dans une herméneutique de la condition historique des humains que nous sommes. » (2000 : I) 
Ligne 320: Ligne 322:
 L’oubli ; le pardon.  L’oubli ; le pardon. 
  
-=== CHAPITRE 1 : La philosophie critique de l’histoire ===+==== CHAPITRE 1 : La philosophie critique de l’histoire ====
  
 **I. « Die geschichte selber », « l’histoire même » :**  **I. « Die geschichte selber », « l’histoire même » :** 
Ligne 391: Ligne 393:
  
  
-=== CHAPITRE 2 : Histoire et temps ===+==== CHAPITRE 2 : Histoire et temps ====
  
 **I. Temporalité :** **I. Temporalité :**
Ligne 405: Ligne 407:
 « C’est au niveau de l’intratemporalité – de l’être-dans-le-temps – que l’ontologie du Dasein rencontre l’histoire, non plus seulement dans son geste inaugural et ses présuppositions épistémiques, mais dans l’effectivité de son travail. […] Ces catégories – databilité, caractère public, scansion des rythmes de vie – permettent de nouer un débat original avec la pratique historienne. Cette appréhension positive du travail de l’historien me donne l’occasion d’une relecture de l’ensemble des analyses antérieures au point où histoire et mémoire se recroisent. Il m’a paru que l’ontologie de l’être-historique qui embrasse la condition temporelle dans sa triple membrure – futur, passé, présent – est habilitée à arbitrer des prétentions rivales à l’hégémonie dans l’espace clos de la rétrospection. D’un côté, l’histoire voudrait réduire la mémoire au statut d’objet parmi d’autres dans son champ d’enquête ; de l’autre, la mémoire collective oppose ses ressources de commémoration à l’entreprise de neutralisation des significations vécues sous le regard distancié de l’historien. Sous les conditions de rétrospection communes à l’histoire et à la mémoire, la querelle de priorité est indécidable. C’est de cette indécidabilité même qu’il est rendu raison dans une ontologie responsable de son vis-à-vis épistémique. En replaçant le rapport présent de l’histoire au passé, qui jadis fut mais n’est plus, sur l’arrière-plan de la grande dialectique qui brasse l’anticipation résolue du futur, la répétition du passé ayant été, et la préoccupation de l’initiative et de l’action sensée, l’ontologie de la condition historique justifie le caractère indécidable du rapport de l’histoire et de la mémoire […]. » (2000 : 458-459)  « C’est au niveau de l’intratemporalité – de l’être-dans-le-temps – que l’ontologie du Dasein rencontre l’histoire, non plus seulement dans son geste inaugural et ses présuppositions épistémiques, mais dans l’effectivité de son travail. […] Ces catégories – databilité, caractère public, scansion des rythmes de vie – permettent de nouer un débat original avec la pratique historienne. Cette appréhension positive du travail de l’historien me donne l’occasion d’une relecture de l’ensemble des analyses antérieures au point où histoire et mémoire se recroisent. Il m’a paru que l’ontologie de l’être-historique qui embrasse la condition temporelle dans sa triple membrure – futur, passé, présent – est habilitée à arbitrer des prétentions rivales à l’hégémonie dans l’espace clos de la rétrospection. D’un côté, l’histoire voudrait réduire la mémoire au statut d’objet parmi d’autres dans son champ d’enquête ; de l’autre, la mémoire collective oppose ses ressources de commémoration à l’entreprise de neutralisation des significations vécues sous le regard distancié de l’historien. Sous les conditions de rétrospection communes à l’histoire et à la mémoire, la querelle de priorité est indécidable. C’est de cette indécidabilité même qu’il est rendu raison dans une ontologie responsable de son vis-à-vis épistémique. En replaçant le rapport présent de l’histoire au passé, qui jadis fut mais n’est plus, sur l’arrière-plan de la grande dialectique qui brasse l’anticipation résolue du futur, la répétition du passé ayant été, et la préoccupation de l’initiative et de l’action sensée, l’ontologie de la condition historique justifie le caractère indécidable du rapport de l’histoire et de la mémoire […]. » (2000 : 458-459) 
  
-=== IV. L’inquiétante étrangeté de l’histoire ===+==== IV. L’inquiétante étrangeté de l’histoire ====
  
 « Le dernier mot sera laissé à trois historiens qui, joignant l’existentiel à l’existential, témoignent de ‘‘l’inquiétante étrangeté’’ de l’histoire, sous le signe d’une aporie qui, une fois comprise, aura cessé d’être paralysante […]. » (2000 : 459) Les trois historiens qu’aborde Ricœur sont Maurice Halbwachs, Yerushalmi et Pierre Nora.  « Le dernier mot sera laissé à trois historiens qui, joignant l’existentiel à l’existential, témoignent de ‘‘l’inquiétante étrangeté’’ de l’histoire, sous le signe d’une aporie qui, une fois comprise, aura cessé d’être paralysante […]. » (2000 : 459) Les trois historiens qu’aborde Ricœur sont Maurice Halbwachs, Yerushalmi et Pierre Nora. 
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 « Le contresens sur la notion même de lieu de mémoire est en place : d’instrument symbolique, dont l’intérêt heuristique était d’immatérialiser le ‘‘lieu’’, la notion est devenue la proie de la commémoration de type patrimonial : ‘‘Et le patrimoine est carrément passé du bien qu’on possède par héritage au bien qui vous constitue.’’ [Nora] » (2000 : 534)  « Le contresens sur la notion même de lieu de mémoire est en place : d’instrument symbolique, dont l’intérêt heuristique était d’immatérialiser le ‘‘lieu’’, la notion est devenue la proie de la commémoration de type patrimonial : ‘‘Et le patrimoine est carrément passé du bien qu’on possède par héritage au bien qui vous constitue.’’ [Nora] » (2000 : 534) 
  
-=== CHAPITRE 3 : L’oubli ===+==== CHAPITRE 3 : L’oubli ====
  
 **I. L’oubli et l’effacement des traces :**  **I. L’oubli et l’effacement des traces :** 
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 L’amnistie est une thérapie sociale d’urgence, qui est sous le signe de l’utilité et non de la vérité.  L’amnistie est une thérapie sociale d’urgence, qui est sous le signe de l’utilité et non de la vérité. 
  
-==== ÉPILOGUE – LE PARDON DIFFICILE ==== +===== ÉPILOGUE – LE PARDON DIFFICILE =====
 === I. L’équation du pardon : === === I. L’équation du pardon : ===
  
fq-equipe/paul_ricoeur_2000_la_memoire_l_histoire_l_oubli.1372796466.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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