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fq-equipe:kafka_par_pingaud

FICHE DE LECTURE (VERSION ABRÉGÉE) (lecture en diagonale de l’oeuvre; fiche comme point de repère seulement)

INFORMATIONS PARATEXTUELLES

Auteur : PINGAUD, Bernard Titre : Adieu Kafka Édition : Paris, Gallimard Collection : Aucune Année : 1989 Appellation générique : Roman Bibliographie de l’auteur : Romans (Le prisonnier; La voix de son maître; Mon beau navire; L’amour triste), Récits (La scène primitive; L’imparfait), Essais (Inventaire; Inventaire II : Comme un chemin en automne; L’expérience romanesque; L’étranger, essai sur le roman de Camus; Madame de La Fayette), Entretiens (avec Brice Parain et André Frénaud). Quatrième de couverture : Un résumé de l’oeuvre, que je transcris ici : « À Vienne, dans les années trente, Max B. a pour collègue de bureau un certain Franz Klaus. Un jour, F.K. disparaît, sans explication. Quelque temps plus tard, Max reçoit de Berlin un paquet de récits, fragments et notes diverses, accompagné d’une lettre lui suggérant, sans le lui notifier clairement, de détruire ces “griffonnages”. Cette responsabilité l’embarrasse; il range le paquet dans un tiroir. Les années passent. L’Autriche est gagnée par la peste brune, et Max B., militant socialiste connu, doit s’enfuir aux États-Unis. À son retour, en 1947, il apprend que Franz est mort à Dachau. Il décide alors de publier un choix de textes de F.K., en racontant tout ce qu’il sait de lui. C’est une façon de sauver sa mémoire, et peut-être aussi de lui dire adieu, définitivement ». Suit une notice concernant Pingaud, spécifiant qu’il est l’auteur de romans, nouvelles, essais et recueils d’entretiens avec Brice Parain et André Frénaud. Rabats : Sans

LES RELATIONS (INSTANCES EXTRA ET INTRATEXTUELLES)

Auteur/narrateur : L’auteur ne prend pas ici la parole en son nom propre. Il la délègue plutôt à Max B. (B. pour Brod, sans doute, Max Brod ayant effectivement consacré des travaux à Kafka).

Narrateur/personnage : Le narrateur apparaît à titre de personnage dans la diégèse (narrateur homodiégétique). Il se présente comme l’ami de Franz Klaus, auteur disparu dont il veut faire revivre la mémoire, et va d’ailleurs jusqu’à affirmer : « Au début, je ne pensais écrire que quelques pages d’introduction. Mais il m’est apparu que je ne pouvais raconter l’histoire de ce livre sans raconter aussi certains épisodes de ma propre vie dont elle est inséparable » (p. 61-62).

Sujet d’énonciation/sujet d’énoncé : Max B./Franz Klaus (un « double », si l’on veut, de Kafka)

Ancrage référentiel : Très marqué, ce qui concerne Franz Klaus ressemblant ainsi, par certains aspects, à ce que vécut Franz Kafka. -Nombreuses allusions à des individus réels, appartenant à la sphère politique, sociale, littéraire, etc. (le secrétaire d’État Ferdinand Hanusch (p. 38), la psychanalyste Muriel Gardiner qui a aidé les réfugiés autrichiens à leur arrivée à New York, au début des années 1940 (p. 51), les écrivains Zweig, Broch, Musil, Kafka (justement), etc. (p. 16)) -Des allusions à des occupations, à des événements qui ont marqué la vie de Kafka (ses études de droit (p. 26), l’emploi pour une compagnie d’assurances (p. 13) , l’horaire de la journée de travail de 8hres à 14hres (p. 33; aussi dans Citati, Kafka, p. 11-12), l’écriture de nuit (p. 19, 31,…) -Certains des traits de caractère de Franz Klaus ou des éléments de sa vie sociale correspondent à ceux de Kafka (sa profonde solitude/le sentiment de sa singularité (p. 21/25), ses rapports un peu difficiles avec les femmes et le mélange d’attirance et de répulsion qu’il éprouve à l’égard du mariage (p. 36…), etc.) -Certains éléments des oeuvres de Kafka se retrouvent dans celles de Klaus (« Ce n’est certainement pas un hasard si le projet romanesque sur lequel il a travaillé le plus longtemps était l’histoire d’un employé qui, pour ne pas s’être plié à des usages qui lui répugnent, finit par succomber à l’hostilité de ses collègues » (p. 29), un scénario qui me semble rejoindre celui du Procès de Kafka). -On peut établir d’autres points de rapprochement entre Klaus et Kafka, dont celui-ci, par exemple : Klaus « est mort, parmi beaucoup d’autres, de la barbarie des hommes » (c’est-à-dire à Dachau en 1945) (p. 61), tandis que Kafka témoigne, par certaines de ses oeuvres, de cette barbarie, de cette absurdité.

Indices de fiction : -Des personnages imaginaires (Franz Klaus, sa compagne de vie Frieda Stein (p. 36), l’entourage familial de Klaus, dont il faudrait vérifier s’il s’apparente à celui de Kafka, etc.) -Une transposition de Kafka en Klaus qui entraîne également une transposition dans le temps (l’action se situe principalement dans les années 1930-1940 (et la période d’écriture, au début des années 1930 ), alors que Kafka, dans les faits, meurt en 1924), et qui entraîne aussi l’ajout d’éléments fictionnels (des détails au sujet de la relation d’amitié/de travail entre Franz Klaus et Max Brod, des détails concernant la vie, privée et sociale, du premier , des événements/considérations socio-politiques réels à propos de l’époque et des lieux concernés, mais auxquels Kafka n’a pu prendre part, etc.) -Les oeuvres de Klaus

Topos : La mémoire de Franz Klaus (en qui on peut voir un double (partiel) de Kafka) sauvée par ses écrits et les commentaires que publie Max B.

Biographé : Au premier degré, il s’agit de Franz Klaus (1903-1945), écrivain imaginaire derrière lequel il faut reconnaître, mais partiellement seulement, Franz Kafka (1883-1924), auquel le titre du roman renvoie pourtant (?).

Pacte de lecture : Explicite : « [C]’est plutôt par fidélité à sa mémoire que je tiens à rapporter ici les informations que j’ai pu réunir » (p. 21). « Il n’était pas en mon pouvoir de ressusciter Franz Klaus. Mais je pouvais être ce passant anonyme qui, tendant la main à l’oeuvre oubliée au bord de la route, lui rendrait chaleur et vie » (p. 58). Et à la fin de la partie ouvertement assumée par Max B., c’est-à-dire avant la supposée transcription des textes de Franz Klaus réunis et présentés par B. : « C’est horrible à dire, mais il faut que je le dise : je suis las de Franz Klaus, las de sa famille, de ses écrits, et même de sa mort. Je crois avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour sauver son nom, j’ai payé ma dette; j’ai été ce “témoin”, ce “frère” dont l’image hante tous ses récits. L’heure est venue, à présent, de nous dire adieu. Comment ne le comprendrait-il pas, lui qui ne rêvait que de disparaître? Je veux vivre et respirer à nouveau. Ce froid me glace, j’ai envie de soleil » (p. 69). Et tout à la fin du roman, aux dernières lignes des notes (d’ailleurs suivies de l’indication « M.B. Vienne, le 21 janvier 1948 »), cette « fatigue » liée au travail de mémoire-hommage-adieu à Klaus se trouve amplifiée : « Pour moi, ma tâche est terminée. Il n’y a plus personne au “guichet”, la loge du “portier” est définitivement fermée. Je ne veux plus, vous m’entendez, je ne veux plus qu’on me parle de Franz Klaus » (p. 356).

Thématisation de l’écriture et de la lecture : Dans la première partie, la thématisation de l’écriture est présente, mais moins chez le biographé que chez le biographe, qui dit et redit les difficultés inhérentes à l’écriture : « Je me suis pris au jeu —, un jeu auquel je n’avais jamais joué jusqu’à présent et dont je devais découvrir les règles. Cette expérience m’a beaucoup appris. Je ne suis pas un écrivain, et je ne prétends pas le devenir. Mais il me semble que je comprends mieux, maintenant, le cheminement de Franz Klaus et ses angoisses devant la page blanche. J’avance péniblement, rayant, déchirant, recommençant. Les phrases les plus simples me donnent un mal infini, et j’ai failli tout abandonner à plusieurs reprises. Dans les moments de doute, l’exemple du “griffonneur” me sert de guide. Deux ou trois lignes suffisent parfois pour éclairer toute une journée. Rosa [tante « par alliance » de Klaus], qui a hâte de me lire, prétend que je fais durer le plaisir, volontairement. Elle croit sans doute qu’on écrit comme on coud, comme on tricote, à petits points réguliers, tous pareils à eux-mêmes. Elle ne soupçonne pas les embûches qui guettent un narrateur même modeste comme moi. Comment lui faire comprendre qu’on risque la chute à chaque mot? Mais tout cela, Franz l’a dit bien mieux que je ne saurais le faire, et je ne vais pas le répéter » (p. 62). Dans la seconde partie, toute la place est réservée aux écrits (le plus souvent à caractère autobiographique) de Franz Klaus, qui questionne lui-même son rapport à l’écriture et au monde. Dans la troisième partie (constituée des notes de Max B., directement liées aux textes de Klaus), l’écriture est évidemment thématisée dans ses aspects les plus techniques, et se fait parfois critique : « L’histoire de L’Homme noir se limite à ce premier chapitre que F.K. n’a pas recopié. Mais les deux passages qui suivent prouvent qu’il songeait à d’autres développements, inspirés par l’histoire de l’oncle. Curieusement, Gustave occupe ici la position de l’accusé, et c’est Franz qui s’imagine, pour une fois, dans celle du “bourreau” » (p. 350).

Attitude de lecture : Convient et présente des enjeux intéressants (tout à la fois biographie et autobiographie imaginaires). Il pourrait d’ailleurs être bien d’observer les supposés écrits de Klaus en parallèle avec ceux de Kafka, afin de relever de potentielles similitudes.

Hybridation, Différenciation, Transposition : Hybridation de nombreux faits avérés et de plusieurs éléments fictionnels (personnages, événements, dates, etc.). On pourrait peut-être voir une forme de différenciation dans le fait d’accoler la mention générique « roman » à une oeuvre intitulée Adieu Kafka, titre qui laisse d’ailleurs présager une quelconque « biographie-hommage » consacrée à Kafka, mais qui se concentrera plutôt sur Franz Klaus (autre différenciation?). L’ensemble me semble néanmoins relever d’une transposition englobante, de Kafka en Klaus, de Max Brod en Max B., des années 1910-1920 aux années 1930-1940, etc.

Autres remarques : -Une épigraphe de Kafka ouvre le roman : « Pourquoi veilles-tu? Il faut que quelqu’un veille, dit-on. Il faut quelqu’un » (Nocturne). Cette épigraphe, évoquant l’importance du fait de « veiller » sur les jours (et les nuits) de quelqu’un, rejoint en quelque sorte le double but que dit poursuivre Max B., celui de sauver la mémoire de Klaus, d’une part, et de lui offrir une forme d’hommage, d’adieu, d’autre part. -À titre indicatif, mentionnons que l’ouvrage comporte trois grandes parties : 1) Franz Klaus, par Max B. 2) Les textes de Klaus (Le fatras habituel, Un chien noir, Le violoniste, L’amateur de puzzles, Rapport sur une disparition, L’autre moi, L’habitant du château, Ma fille, Un homme occupé, L’été finissant, suivi de Commentaire, Sur le plateau désert, La clairière, Les finis, Cahiers (Extraits) Le souffleur, L’oeil du portier) 3) Notes, par Max B.

Lecteur/lectrice : Caroline Dupont

fq-equipe/kafka_par_pingaud.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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