Flieder, Laurent, Le roman français contemporain, Paris, Éditions du Seuil (« Memo »), 1998, 94 pages.
Fiche
Datation du « contemporain » 1. a) Histoire et histoire littéraire
Il est question du dernier « quart de siècle » (1973-1998)
b) i) Critères historiques C'est la période pour la période - « écriture d'aujourd'hui »
ii) Critères esthétiques
Aucun n'est évoqué pour spécifier la périodisation – mais on évoque, en début d'ouvrage, les grandes lignes, les « tendances générales »
− La marque générique « Roman » a davantage une valeur marchande que « poétique »
− « Le roman d'aujourd'hui parle d'aujourd'hui, quitte à le faire sous le masque de l'Histoire; en parle à la manière d'aujourd'hui, qui n'est pas unique mais toujours nouvelle, et, enfin, considère les romans d'hier non comme des modèles à imiter mais comme des références à partir desquelles il importe de construire les oeuvres nouvelles ». (p. 7)
− Le « grand écrivain » est mort: plus vraiment d'écoles comme après-guerre et jusqu'à Tel quel.
− Fin de suspicion (de l'intrigue et du personnage): « Aujourd'hui, une nouvelle page est tournée. Si l'apport des démarches formalistes n'est pas contestable, la rigidité des conceptions, l'approche plus intellectuelle qu'artistique du fait littéraire ont fini par détourner le grand public qui s'est senti exclu: l'idée s'est répandue, en France comme à l'étranger où ils jouissaient jusque-là d'un prestige incomparable, que les auteurs français n'avaient plus rien à dire
et que, trop occupés d'eux-mêmes ou de questions théoriques, ilns ne savaient plus raconter, faire rire ou faire rêver. » (p.9).
− Méfiance à l'endroit du roman à partir de 1950
− Méfiance qui perdure chez la génération suivante (Quignard, Michon, Macé, Bobin)
− Il subsiste un « complexe français » - depuis que les années 80 ont vu s'affirmer le domaine anglo-saxon (populaire et d'avant-garde), « plus fraîche et moins prétentieuse que celle du Vieux Continent » (p. 9)
2. Auteurs nommés:
voir 3.
3. Sous-genres majeurs de la littérature contemporaine
Décliner ici la table des matières permet de voir à la fois la conceptualisation (à la fois générique, thématique, « de réception » et d'intention) et le corpus
a) Tradition psychologique Les romans de moeurs (Green, Troyat, Sagan) Le roman d'éducation (Sabatier, Nourissier, Déon) b) Tradition philosophique Tournier, Kundera, d'Ormesson, Le Clézio,
c) Romans de l'intime
Biancotti, Rinaldi, Roberts, Pancrazi, Salvayre, Holder, Visage, Laclavetine
d) Alternative autobiographique Livre-vie: Des Forêts, Borel Du journal au roman: Boris Schreiber, Charles Juliet Dire ses origines: Ernaux, Bergounioux Nostalgie euphorique des pluies d'enfance: Rouaud
e) Les détours de l'autofiction La recherche indicibles d'origines: Modiano, Perec L'impudeur d'écrire: Doubrovsky, Guibert Reconstruire comme un chemin de vie: Roubaud, Chaillou
f) métamorphose des « avant-gardes »
Évolution du nouveau roman: Robbe-Grillet, Simon, Pinget Auteurs difficiles: de la marge au succès: Sarraute, Duras, Sollers
g) de la parodie au minimalisme
La dérision virtuose: Echenoz, Gailly, Oster, Éric Laurent Irrésistibles impassibles: Toussaint, Chevillard
h) le nouveau réalisme, une littérature de « l'infra-ordinaire »
Le roman des anonymes: Danièle Sallenave, Anne-Marie Garat Pesanteur du quotidien: Pierre Fleutiaux, Régine Detambel
i) le roman oulipien (la prééminence du cadre formel – et de la contrainte) Perec, Roubaud, Jacques Jouet, Marcel Bénabou j) Le groupe littéraire de la « nouvelle fiction »
Tristan, Petit, Chateaureynaud, Hubert Haddad, François Coupry, Jean Lévi, Patrick Carré
k) Le souffle épique
Truculence et fantaisie: Orsenna, Pierre Combescot Renouvellement permanent: Didier Decoin, Claude Klotz (Patrick Clauvin), Patrick Besson
l) des univers très personnels fresques sombres, destins tragiques: Agota Kristof, Volodine,
fraîcheur, verve et voyage: Richard Jorif, Paula Jacques, Tahar ben Jelloun
m) hyperréalisme fantastique l'horreur au tournant du quotidien: Beletto, Carrère soulèvement du voile: Ndiaje, Sylvie Germain n) roman historique
du roman au roman historique: Bernard Merle, Bernard Clavel, Amin Maalouf les spécialités du genre: Jeanne Bourin, Françoise Chandernagor, Michel Peyramaure, Art du conteur: Claude Michelet, Christian Signol
o) du néo-polar au roman noir
une alternative au roman engagé: Thierry Joncquet, Didier Daeninckx, Frédéric F. Fajardie la révision des poncifs [du genre]: Patrick Raynal, Benacquista, Daeninckx le mélange des genres: Alain Demouzon, Maurice G. Dantec, Fred Vargas, Serge Brussolo littérature populaire ou littérature tout court: Jean Vautrin, Dan Franck, Djian, Pennac
p) le nouvel âge de la littérature antillaise
Métissage culturel: Glissant, Condé Éloges de la créolité: Chamoiseau, Confiant
q) romans de crise et romans branchés
écrire la déconnexion des êtres: François Bon, Jacques Serena écrire la dissolution du tissu social: Vincent Ravalec, Michel Houellebecq
4. Quelles questions préoccupent le discours sur le contemporain
5. Concepts pour parler de cette littérature
Voir 3.
Le chapitre final est intitulé « Bilan: les nouveaux aspects du roman »
a) Nouveau regard sur le monde Tendance à l'introspection Écriture de la sensibilité Une école du regard b) Nouveaux visages des romanciers La revanche des femmes Le modèle sartrien de l'engagement romanciers moins intellectuels « de terrain » s'occupent d'engagement politique romanciers intellectuels « investissent davantage le social » la créolité se revendique sur le terrain de la langue et de l'écriture c) Nouveaux canons de l'écriture Le désir du récit Une écriture minimaliste « rendre transparente l'écriture du réel » (p. 94) Un humour froid
6. Littérature contemporaine et Histoire
7. Littérature contemporaine et littérature précédente
« Le roman d'aujourd'hui parle d'aujourd'hui, quitte à le faire sous le masque de l'Histoire; en parle à la manière d'aujourd'hui, qui n'est pas unique mais toujours nouvelle, et, enfin, considère les romans d'hier non comme des modèles à imiter mais comme des références à partir desquelles il importe de construire les oeuvres nouvelles ». (p. 7)
8. Valeur de la littérature contemporaine
« Si, évitant la frivolité, on attend [du roman contemporain] qu'il apporte du sens, c'est au moyen de ses vertus propres – et elles demeurent nombreuses. Pour approcher la gravité, voire pour peindre la détresse, c'est ainsi au roman plus qu'au cinéma et combien plus qu'à l'actualité, de prendre du recul et d'oser des transpositions, moyens inaliénables de sa durée. » (p. 94)