1. Degré d’intérêt général
Pour le projet diffraction : intérêt moyen
Pour le projet enquête : aucun intérêt
J'ai beaucoup rit en lisant ce roman! La thématique du couple en train de se désagréger est un peu usée, mais traitée ici avec beaucoup d'humour et de réalisme… Le pauvre héros est d'une telle maladresse - qui frise l'incompétence généralisée - que la moindre activité se transforme en absurde parcours du combattant.
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Jean-Luc Benoziglio
2.2 Titre : Tableaux d'une ex
2.3 Lieu d’édition : Paris
2.4 Édition : Seuil
2.5 Collection : Points
2.6 (Année [copyright]) :2004 [1989]
2.7 Nombre de pages : 314p.
2.8 Varia :
Présentation de l'auteur avant la page de titre :
« Or donc, est-il scénario plus classique? L'un en a de l'un assez, alors que l'un n'est point de l'une las encore.La belle affaire, en effet : tous les matins, dans les journaux, on se massacre pour bien moins que ça. Entre-temps, ravalant avec maladresse les murs et quelques larmes, le héros de cette tragi-comédie s'efforce de dissimuler sous d'épaisses couches de peinture les nuages de plus en plus noirs qui s'accumulent à l'horizon. Mais ce sera en vain et l'héroïne toute barbouillée de motifs guerriers, ne tardera pas à l'envoyer proprement se faire peindre ailleurs. La mort dans l'âme et une sacrée boule à l'estomac, il prendra donc le chemin de l'exil, non sans quelques soubresauts incohérents qui constitueront tout le piquant de l'histoire. Mmmm. Et alors? Alors rien. Sinon que l'auteur, ayant récemment acquis une nouvelle machine à écrire sur laquelle la touche « § » a été remplacée par « $ », s'est promis d'utiliser ce signe une fois au moins dans un roman. Et dans cette entreprise là, il n'aura pas échoué. » J.-L. B.
3. Résumé du roman
Quart de couverture :
« En plusieurs « tableaux », un homme entreprend de faire le portrait de la femme qu'il a aimé, dont il s'est séparé, et du couple qu'ils formaient. Un couple où les signes de dégradation se sont multipliés au fil des mois, jusqu'à un voyage en Grèce qui prend des allures d'épopée burlesque, ultime tentative de reconquête tournant au fiasco le plus complet. Mais l'amant maladroit révèle aussi, de scène en scène, son mauvais caractère, brossant le portrait drôle et tendre à la fois d'un compagnon pour le moins difficile à vivre. »
4. Singularité formelle
Le roman est constitué de plusieurs chapitres de longueurs variables. Hormis ce découpage irrégulier, la forme est assez classique.
La forme des phrases est cependant à noter : beaucoup de phrases sont interrompues en plein milieu sans signe de ponctuation particulier; des mots sont soient interrompus dès la première lettre, ou bien coupés en plein milieu; les phrases nominales sont nombreuses. Toutes ces irrégularités reflètent le cours de la pensée du personnage ou des conversations houleuses dans lesquelles les interlocuteurs s'interrompent constamment.
5. Caractéristiques du récit et de la narration
Le récit est non linéaire : le premier chapitre raconte un voyage du couple en Grèce. Les chapitres suivants relatent des anecdotes et des scènes de la vie commune du couple, mais dans le désordre. Les marques temporelles sont à peu près absentes, mais on peut déduire l'ordre réel des évènements grâce à des éléments récurrents - un cube devant servir de table de chevet est tantôt jaune, tantôt naturel, le couple a un chien, ou non, etc..
Un seul chapitre détonne un peu de l'ensemble : le narrateur se projette en 2017, et, vieux et décrépi, raconte le défi herculéen d'aller tout seul aux toilettes la nuit…
La narration surprend parce qu'elle alterne entre le nous, le vous et le je. Les premiers chapitres - dans lesquels le couple va encore bien - sont au « nous »; l'usage du « vous » semble désigner les deux membres du couple plus que le lecteur. Le « je », finalement, est employé dans les chapitres où le protagoniste, nouvellement célibataire, va le plus mal!
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.3- Complexe : ce n'est peut-être pas la désignation la plus adéquate, mais la trame n'est pas non plus simple. Le point de vue semble toujours le même, mais le mélange des temporalités complexifie la narration.
6.6- Diluée : le moindre évènement est considérablement allongé par de longues descriptions et une attention démesurée aux détails anodins. (Voir en particulier la scène dans laquelle le héros doit peindre un cube en jaune (de la page 42 à la page 61), ou, encore pire, la scène de l'achat d'un bidon de peinture au chapitre suivant).
7. Rapport avec la fiction
Rien à signaler.
8. Intertextualité
Rien de bien marquant, si ce n'est quelques tournures de phrases empruntées à des grands classiques.
9. Élément marquant à retenir
L'obsession de la peinture qui fait écho aux tableaux du titre. [Or, comme le protagoniste est incapable de peindre quoi que ce soit de façon décente, peut-être peut-on y voir une sorte de dérision métatextuelle…], les mots interrompus, l'humour parfois caustique.